Avec cette décision, notre Confédération voit conforter - CFE-CGC
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Avec cette décision, notre Confédération voit conforter - CFE-CGC
Juin 2011 Suicide d’un salarié chez Renault : La reconnaissance par la Cour d’appel de Versailles de la faute inexcusable de l’employeur A la suite du suicide en 2006 d’un ingénieur du technocentre à Guyancourt, la cour d’Appel de Versailles a confirmé un arrêt du tribunal des affaires de sécurité sociale des Hauts-de-Seine et reconnu par une décision du 19 mai, la faute inexcusable de Renault. Il s’agit d’un premier dossier à parvenir à un tel niveau de procédure. Le suicide de ce salarié avait dans un premier temps été reconnu comme accident du travail par l'assurance-maladie, qui avait attribué une rente mais ne s’était pas prononcé sur la responsabilité de l'employeur. Sa veuve a donc plaidé la faute inexcusable de Renault devant le Tribunal de la sécurité sociale puis, après un recours du constructeur, devant la cour d'appel de Versailles. Dans sa décision, la cour d’Appel juge que, « confrontée à la dégradation de plus en plus marquée de la santé » de son salarié, « s'agissant d'un ingénieur de haut niveau qui avait durant les quinze années précédentes toujours donné entièrement satisfaction à ses supérieurs hiérarchiques en raison de ses compétences techniques très appréciées et de l'importance des travaux réalisés tout en ayant déjà attiré l'attention sur l'exercice de ses fonctions », « la société Renault avait nécessairement conscience du danger auquel était exposé ce salarié en cas de maintien sur une longue durée des contraintes de plus en plus importantes qu'il subissait pour parvenir à la réalisation des objectifs fixés pour chacune des missions confiées et n'a pris aucune mesure pour l'en préserver ou pour permettre à son entourage professionnel d'être en mesure de mettre en place de telles mesures ». Cette décision de la Cour d’Appel ouvre ainsi le droit, pour la veuve, à une majoration de la rente allouée à la famille du salarié. Elle lui permet également de prétendre à des dommages et intérêts, en l’espèce, elle réclamait un euro symbolique. La condamnation de Renault pourrait faire jurisprudence, en effet, déjà qualifié d'accident du travail par les juges, un suicide qui survient durant le temps et sur le lieu de travail pourrait ainsi dans un proche avenir, être reconnu comme résultant d'une faute inexcusable de l'employeur. Néanmoins, pour que cet arrêt puisse potentiellement être considéré comme un précédent jurisprudentiel, il conviendra de suivre la position de Renault quant à un éventuel pourvoi en cassation. La CFE-CGC prend acte avec satisfaction de cette décision. Depuis plusieurs années, nous revendiquons la nécessité de revoir en profondeur l’organisation du travail compte tenu de ses possibles effets délétères sur la santé des salariés. Avec cette décision, notre Confédération voit conforter sa démarche dans la lutte contre le stress au travail et de promotion de la prévention des risques psychosociaux. Notre organisation syndicale continue également de revendiquer la reconnaissance du caractère professionnel des maladies engendrées par le stress au travail. En effet, à l’heure actuelle, les maladies dues au stress ne figurent toujours pas dans les tableaux des maladies professionnelles ouvrant droit à une réparation du type maladie professionnelle. Gilles Castre – Secteur protection sociale