Quel avenir pour Euronext ?

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Quel avenir pour Euronext ?
14 JAN 13
Hebdomadaire Paris
Surface approx. (cm!) : 1010
N° de page : 9-10
91 BIS RUE DU CHERCHE MIDI
75006 PARIS - 01 53 63 55 55
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FOCUS
Actualité
En lançant son projet d'acquisition de Nyse Euronext, l'opérateur ICE a clairement
annonce sa volonté de se séparer de la Bourse paneuropéenne, tout en conservant le
Liffe. Un véritable retour en arrière pour Euronext, qui rend son avenir incertain.
BOURSE
Quel avenir pour Euronext ?
NYSE
Les ambitions de la place de Paris
de devenir un acteur de référence
sur le marché des CDS risquent de
rester lettre morte sans la crédibilité
que donnait à Euronext la bourse
londonnienne des dérivés.
P
our Euronext l'aventure transatlantique risque de s'achever
sur un goût amer. Moins d'un
an après l'échec de la fusion
entre Deutsche Borse et Nyse
Euronext, la Bourse européenne se retrouve
de nouveau confrontée à une opération de
consolidation. Annoncée le 20 décembre
dernier, celle-ci présente une différence de
taille : l'initiateur de l'offre d'acquisition,
la Bourse de dérivés américaine ICE, a clairement affiché son intention, une fois son
EQUINOX
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rachat bouclé, de se défaire des activités
actions européennes... tout en conservant
le Liffe, le marché londonien des dérivés,
qu'Euronext avait racheté en 2002. «Dans
un contexte global de baisse des volumes
sur les marchés actions, les opérateurs boursiers cherchent avant tout à développer leure
activités sur les dérivés, bien plus rentables
et qui offrent des perspectives d'évolution
beaucoup plus prometteuses, explique René
Defossez, stratégiste taux chez Natixis, n
n'est dès lors pas surprenant qu'ICE, lui-
même spécialisé dans ces produits, s'intéresse au Liffe et non à l'activité cash equity
deuronext.» D'autant plus que la fusion
avec la Bourse de New York a montré que,
dans ce dernier domaine, les synergies commerciales étaient quasi impossibles à réaliser. «L'union de Nyse et deuronext avait
parmi ses objectifs de faciliter des opérations
de double cotation sur les places américaines et européennes et de commercialiser
des services communs auprès de leurs plus
grands clients, explique Yvette Roozenbeek,
directeur chez Eurogroup Consulting. Ces
projets ont eu des difficultés à se concrétiser car les réglementations boursières n'ont
pas pu évoluer dans ce sens.» Toutefois, si
la logique d'ICE peut se comprendre, elle est
lourde de conséquences pour Euronext, qui
va perdre à la fois son appartenance à un
grand groupe international et surtout, va
vorr son activité limitée aux seuls marchés
actions.
Des ressources à définir
Les plus optimistes veulent voir dans cette
indépendance nouvelle une opportunité, pour la Bourse de Paris, de reprendre
en main son destin. «Paris est un acteur
majeur des marchés actions et dérivés, en
particulier non cotés, en Europe, explique
Arnaud de Bresson, délégué général de Paris
Europlace. Il faut qu'une éventuelle remise
sur le marché d'Euronext permette de bâtir
une plateforme européenne compétitive sur
les actions et les obligations, en associant les
émetteurs à la gouvernance du dispositif.»
Mais pour la plupart des observateurs du
marché, l'opérateur va se retrouver dans
une situation délicate. La première question
qui se pose est en effet celle des ressources
qui seront mises à la disposition d'Euronext
après sa séparation d'avec Nyse. «Dans le
Eléments de recherche : EQUINOX ou EQUINOX CONSULTING ou EQUINOX STRATEGY : cabinet de conseil en services financiers, toutes
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cadre de la fusion, les dirigeants de Nyse
Euronext ont cherché à réaliser des synergies importantes, notamment au niveau des
effectifs, explique Gaspard Bonin, directeur
associé chez Equinox Consulting. Il sera
certainement nécessaire de reconstituer certaines équipes.» ll faudra également régler la
question de l'utilisation des outils technologiques, qui constituent l'un des points forts
de Nyse Euronext. «Le système informatique
de trading et de contrôle est composé d'éléments qui appartenaient au départ pour
partie au Nyse et pour partie à Euronext,
et qui sont fortement imbriqués dans cette
plateforme informatique, explique Yvette
Roozenbeek. fl sera sûrement indispensable
de mettre en place un système de licences
qui rémunère chaque partie selon son
apport.»
Un rachat très probable
Mais surtout, au-delà des moyens, c'est la
stratégie de l'opérateur qui suscite le plus
d'inquiétudes. En effet, s'il conserve la gestion des dérivés sur actions pour l'Europe
continentale, Euronext sera privé de son
activité dans les dérivés de taux, beaucoup
plus rentable et dynamique. Ce qui risque
de réduire forcément ses ambitions de
développement. «Toutes les grandes places
boursières ont adopté un système intégré,
qui propose la gamme complète de produits, des actions aux dérivés, explique René
Defossez. Limitée aux activités cash equities,
la Bourse paneuropéenne aura du mal à se
présenter comme un acteur suffisamment
fort pour mener la consolidation.» De même,
la perte du Liffe rend peu probable l'émergence à Paris d'un grand marché des CDS,
•
«Les dirigeants de Nyse
Euronext ont cherché à
réaliser des synergies
importantes, notamment
au niveau des effectifs.
Il sera certainement
nécessaire de reconstituer
certaines équipes.»
Gaspard Bonin, directeur associé,
Equinox Consulting
qui était un objectif important de la place.
«Etre actionnaire du marché londonien des
dérivés donnait à Euronext une crédibilité
dans la gestion de ces produits, dont elle ne
disposera plus», souligne un banquier.
Pour la plupart des acteurs du marché, le
risque est donc important de voir Euronext
se marginaliser en restant indépendant.
«Alors que l'heure est à la consolidation,
la fragmentation du marché actions entre
plusieurs petits opérateurs risque d'entraîner une réduction de la liquidité, qui n'est
déjà pas très importante, et par conséquent
des volumes», souligne un banquier. Il est
donc plus que probable que la Bourse européenne fasse l'objet d'un rachat par l'un de
ses concurrents. A priori, Deutsche Borse ne
serait pas intéressé. L'opérateur de Francfort
ne s'est pas prononcé officiellement sur le
sujet, mais des informations parues dans
la presse laissent clairement entendre qu'il
«Cette opération vient
confirmer qu'abandonner
la souveraineté nationale
sur un outil d'une
telle importance pour
le financement des
entreprises était une
erreur monumentale.»
Caroline Weber, directrice générale,
MiddleNext.
EQUINOX
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cherche à se développer dans les dérivés et
non sur les marchés actions. L'hypothèse
d'une union avec la Bourse de Londres a
également été évoquée. Pour l'instant, seul
Nasdaq OMX a confirmé un début d'intérêt
par la voix de son directeur général, Robert
Greifeld, qui a déclaré qu'il n'aurait «pas
d'autre choix que de regarder le dossier».
«Nasdaq OMX constitue un candidat naturel à une reprise deuronext, explique Jean
de Castries, directeur général dequinox
Strategy. L'opérateur, qui possède déjà les
Bourses Scandinaves, aurait ainsi la possibilité de créer un nouveau leader en Europe
sur les marchés actions. Pour la France, cette
opération pourrait se révéler bénéfique. Par
la taille de ses activités, la Bourse de Paris
pourrait devenir le centre décisionnel du
nouvel ensemble en Europe, ce qui ne serait
pas le cas si Euronext était racheté par un
concurrent plus important» Une hypothèse qui avait déjà été évoquée lors de la
fusion avec le Nyse... avec le résultat que
l'on sait. «Cette opération vient confirmer
qu'abandonner la souveraineté nationale
sur un outil d'une telle importance pour le
financement des entreprises était une erreur
monumentale», regrette ainsi Caroline
Weber, directrice générale de l'association
représentative des valeurs moyennes cotées
MiddleNext
Les spéculations sur l'avenir de la Bourse
européenne devraient, en tout cas, durer
encore quèlques mois. L'acquisition de Nyse
Euronext par ICE, si elle se réalise, ne devrait
pas, en effet, être finalisée avant le deuxième semestre de cette année. Le spin off
deuronext, quant à lui, n'aurait alors lieu
qu'en 2014. •
Guillaume Benoit
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