Helena Rubinstein par Michèle Fitoussi
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Helena Rubinstein par Michèle Fitoussi
Helena Rubinstein par Michèle Fitoussi Vogue, octobre 2010 La journaliste Michèle Fitoussi publie une biographie d’ Helena Rubinstein, la femme qui inventa la beauté (Grasset). Un livre qui à travers ce personnage hors-norme, retrace l’émancipation de la femme au XX ème siècle. Comment vous est venue l’envie d’écrire une biographie d’Helena Rubinstein ? Personnellement, j’utilise plutôt des produits Clinique, j’ai découvert Helena Rubinstein par hasard et j’ai trouvé son histoire incroyable. Cette petite femme d’un mètre 47 qui quitte sa Pologne natale pour l’Australie avec 12 pots de crème et va conquérir le monde, c’est un symbole de l’émancipation des femmes. C’est une entrepreneuse, une pionnière, et, cerise sur le gâteau, elle a épousé le prince charmant deux fois : Edward William Titus un journaliste qui va l’initier à l’art moderne en 1908 à Melbourne, et le Prince Gourelli en 1938 à Baltimore. C’est donc avant tout une succès story ? Pas seulement. Avec ses instituts de beauté dans le monde entier elle a fait comprendre aux femmes qu’elles avaient le droit de se faire belle pour elles même. C’est elle qui a sortie le maquillage des théâtres et des bordels… Car la beauté est intiment liée à la libération de la femme. En 1912, à New York, il y a une manifestation de suffragettes pour réclamer le droit de vote où elles sont toutes en robe blanche avec un trait de rouge à lèvre. Vous montrez comment Helena Rubinstein était en prise avec les artistes de son temps. L’autre aspect passionnant d’Helena Rubinstein c’est que, toute sa vie, elle a aidé, collectionnée, fait travaillé les plus grands artistes de son temps sur ses instituts, ses publicités ou ses flacons. Elle a été peinte par Raoul Dufy, Salvador Dali, Marie Larencin, Christian Bérard, Jacques Helleu ou photographiée par Man Ray… Picasso a fait 40 dessins d’elle. Mais il n’a jamais fini le tableau… A sa mort en 1965, à 93 ans, elle possédait dans son appartement du quai de Béthune à Paris, sa villa de Grasse ou sa maison de Greenwitch une des plus grandes collections au monde de tableaux, sculptures, objets, meubles… Elle disait d’ailleurs toujours, « j’ai l’habitude d’acheter en gros. » Que reste-il aujourd’hui d’Helena Rubinstein ? D’abord sa marque, qui demeure une référence, comme celle de sa grande concurrente, l’américaine Elizabeth Arden, adepte d’une beauté plus naturelle. Mais surtout Helena Rubinstein a inventé le métier d’esthéticienne en exigeant que celles qui vendaient ses produits reçoivent une formation payante. En travaillant avec des dermatologues, des chirurgiens esthétiques, en se préoccupant de l’hygiène et de la qualité des produits avant tout le monde elle a vraiment fondé la science de la beauté. Propos recueillis par Jacques Braunstein