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Association des Amis du Patrimoine Médical
de Marseille (A.A.P.M.M.)
Hôpital Salvator -13274 MARSEILLE CEDEX 09
Tél. : 04 91 74 51 71 - Courriel : [email protected]
Site web : http://patrimoinemedical.univmed.fr
Les Augustines quittent l’hôpital
par le Professeur Henri Ruf
Le départ des Augustines des hôpitaux et hospices de Marseille est le résultat de la
laïcisation des hôpitaux publics, qui eut lieu officiellement le 1er janvier 1904. Les
sœurs hospitalières furent remplacées par des infirmières (ou infirmiers) laïques, d’où
la création des écoles d’infirmières. Le diplôme d’Etat sera officiellement créé en
1922 par le ministre de la santé Paul Strauss.
A l’origine la congrégation, créée en 1724, ne s’occupe pas des soins des malades :
elle est instituée pour la garde et le redressement des femmes de mauvaise vie à
l’hôpital du Refuge ou de Saint Joseph. Soumises à de lourdes contraintes et chassées
des hôpitaux pendant la Révolution, elles reprennent leurs places à l’hôpital sous le Consulat ; les
Augustines s’installent à l’hospice de la Charité le 23 août 1804, à l’Hôtel Dieu le 20 décembre 1811
(date de la fondation de la « congrégation des Augustines hospitalières ») et à la maison des aliénés de
Saint Lazare en 1829. Un traité est passé entre la congrégation et la commission administrative des
hôpitaux le 18 avril 1842. Un avenant à ce traité sera établi plus tard lors de leur installation à l’hôpital de
l’Immaculée Conception en 1858 et à l’hôpital Sainte Marguerite en 1897. Entre temps, pour avoir une
indépendance territoriale et financière totale, les Augustines achètent, en 1837, à Saint Just, une
propriété : l’Oratoire qu’elles agrandissent par l’achat de la Colombière en 1851. Elles pourront s’y
réfugier à leur sortie des hôpitaux.
La laïcisation va les frapper de plein fouet en cette fin du XIXe siècle.
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On retrouve plusieurs raisons à celle-ci : les élections législatives de 1881, 1893 et 1899 amènent à
l’assemblée nationale une majorité républicaine de centre gauche, puis de socialistes.
o l’anticléricalisme est très fort à cette époque.
o la laïcisation des hôpitaux va marcher de pair avec celle de l’enseignement primaire, gratuit,
laïque et obligatoire de Jules Ferry mais va s’étendre plus lentement parce qu’elle dépend
essentiellement des administrations hospitalières liées par un contrat avec les religieuses et sous
l’autorité du préfet dans les départements.
o Enfin et surtout, s’accélère l’évolution de la conception des hôpitaux qui vont passer du statut de
lieux de charité à celui d’établissements de soins.
Comment s’est-elle passée à Marseille ?
Pour parvenir à la laïcisation, la commission administrative des hôpitaux et hospices civils de la ville doit
supprimer le traité de 1842, mais cette décision ne peut prendre effet que si elle est entérinée par le préfet.
La complexité de cette procédure a permis l’expression du conflit qui va opposer pendant près de vingt
ans les différents acteurs de cette affaire : les hommes politiques pour la plupart favorables à la
laïcisation, les médecins qui y sont en général opposés, les religieuses, et les habitants de la cité attachés à
la présence de ces dernières.
Le premier acte de cette confrontation est le vœu émis par le conseil municipal le 1er février 1886 de voir
laïciser l’ensemble du personnel hospitalier. Ce vœu rencontre très vite l’opposition du corps médical
hospitalier et d’une partie de la population qui transmet au préfet une pétition signée par plus de 40.000
personnes.
Sept ans plus tard, le 2 mars 1993, c’est la commission administrative, sous la présidence du maire, le
docteur Simeon Flaissières, qui décide de laïciser hôpitaux et hospices civils.
Une fois encore le corps médical et la population manifestent leur opposition au projet.
Mais surtout le préfet émet des réserves, arguant de l’absence de formation du personnel laïque, du
surcoût des dépenses salariales et de l’obligation de rembourser certains legs conditionnés à la présence
des religieuses.
Au sein même de la commission administrative la bataille fait rage, certains membres démissionnent,
d’autres en appellent à l’arbitrage du conseil général.
Un dernier vote de la commission intervient en juin 1903 qui rejette la laïcisation.C’est alors que le
pouvoir central intervient et le 9 juillet 1903 un décret ministériel, signé Combes, dissout la commission
administrative des hospices civils de Marseille. En août 1903, le traité de 1842 avec la communauté des
sœurs hospitalières est supprimé et à la fin de l’année les cinquante quatre religieuses occupées dans les
hôpitaux rentrent à la maison mère.
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Le 1er janvier 1904, le docteur Auguste Queirel, professeur de
clinique obstétricale, directeur de l’Ecole de plein exercice de
médecine et de pharmacie, vice-président de la Commission
administrative, préside à la laïcisation des hôpitaux. (photo cicontre).
Le 5 janvier 1904, tous les crucifix, statues et emblèmes
religieux sont enlevés de tous les établissements hospitaliers.
Pourtant quelques mois plus tard, lors de l’inauguration de
l’hôpital Salvator, le 30 juin 1904, à la demande de la veuve du
donateur, Louis Salvator, les religieuses Augustines y sont
installées.
La laïcisation ne sera complète qu’en 1973, avec le départ de
l’hôpital Salvator des dernières religieuses.
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