TÉMOIGNAGE Lucas défie sa différence à Cheval Passion Lucas

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TÉMOIGNAGE Lucas défie sa différence à Cheval Passion Lucas
TÉMOIGNAGE
Lucas défie sa différence à Cheval Passion
Tout enfant n’a-t-il pas droit à s’épanouir ? Quelle que soit sa différence, ses difficultés au
quotidien, chaque enfant est en quête de découvrir le monde qui l’entoure… Mais comment faire si
la société ne lui donne pas l’espace pour s’épanouir et se réaliser parce qu’il est « différent » ?
Mon petit garçon Lucas est aujourd’hui âgé de 11 ans. Il est né polyhandicapé, c’est-à-dire qu’il
présente des difficultés motrices et un important retard mental. Après un court passage dans une
crèche ordinaire, on m’a fait vite comprendre que mon enfant serait mieux dans une institution
spécialisée. Tout petit, il a donc rejoint le monde « spécialisé » du handicap où la prise en charge lui
a, sans aucun doute, permis de faire des progrès considérables.
Les enfants polyhandicapés ne sont pas « scolarisables » et donc ils évoluent entre eux dans des
centres de rééducation où la journée repose sur des thérapies adaptées, des apprentissages
d’autonomie et sur l’éveil au monde extérieur. Si ces centres n’ont pas le statut officiel « d’école »,
pour nous les parents cela reste néanmoins l’Ecole de nos enfants… Ils y passent la plus grande
partie de leur temps, même durant une bonne partie des vacances scolaires puisque bon nombre
d’entre eux ont besoin de continuité dans les thérapies mais aussi et surtout parce qu’en dehors du
Centre, il n’y a pas d’autres structures d’accueil.
Aller à un concert, au cinéma, au parc d’attraction, sont des activités évidentes pour la plupart
des enfants mais pour les nôtres elles sont simplement impossibles… Quant aux activités
extrascolaires comme les cours artistiques de musique, de théâtre ou de danse, comme le sport ou les
différents stages de vacances sont, à priori, inaccessibles et inadaptés à nos enfants
polyhandicapés.
Pourtant des expériences d’intégration dans des activités extrascolaires commencent à se
développer à Bruxelles : une lueur d’espoir pour nous parents, désireux de voir nos enfants
s’intégrer dans la société et profiter pleinement de la vie.
Ainsi mon petit Lucas a eu l’occasion de participer par deux fois en été à un stage d’une semaine à
Cheval Passion, un manège où se pratique l’hypothérapie. Monter à cheval ne lui était pas
inconnu puisque au Centre il se rend à l’hypothérapie une fois par semaine. Mais à Cheval
Passion, l’occasion s’est présentée de vivre la passion du cheval dans une ferme entourée de
verdure parmi des enfants ordinaires ! Un rêve pour Lucas qui a vécu pleinement cette nouvelle
expérience !
Badje asbl
Bruxelles-Intégration
Rue de Bosnie, 22
1060 Bruxelles
Bruxelles Accueil et Développement pour la Jeunesse et l’Enfance
02 248 17 29
02 242 51 72
[email protected]
www.bruxellesintegration.be
Fortis 001-3290303-42
Il a fallu néanmoins investir énormément dans cette démarche : chaque enfant polyhandicapé a
non seulement ses propres difficultés et limites qu’il faut apprendre à connaître, mais en plus, leur
prise en charge exige du « un pour un » c’est-à-dire un adulte en permanence à leur côté, sinon
l’expérience est impossible. Cheval Passion, déjà familiarisé avec le handicap, a bien compris cette
exigence et a mis une kinésithérapeute spécialisée en hypothérapie, cent pour cent à la disposition
de Lucas. Grâce à son assistance, Lucas a pu ainsi participer au même titre que les autres enfants
du groupe, aux différentes activités de la ferme : s’occuper des lapins, des chevaux, promener en
calèche, faire du pain… Les rythmes du stage sont certainement plus soutenus qu’au Centre et il
est vrai que Lucas a manifesté quelques fois des signes de fatigue car malgré ses efforts, il n’a pas
autant d’endurance que les autres enfants. Ainsi le soir, je retrouvais Lucas fourbu mais tellement
heureux ! Cheval Passion avait d’ailleurs prévu un coin repos pour que Lucas puisse s’allonger un
instant si nécessaire. Les autres enfants du groupe – beaucoup plus jeunes que lui, de 4 à 5 ans ont accueilli Lucas d’abord avec beaucoup d’étonnement mais rapidement son intégration a été un
succès - surtout parmi les petites filles qui manifestaient déjà leur instinct maternel protecteur à
son égard !! Je n’oublie pas non plus mon émotion quand un enfant est venu offrir les dessins qu’il
avait fait la veille chez lui spécialement pour Lucas. La coïncidence de la date a permis aussi de
fêter l’anniversaire de Lucas à Cheval Passion, un moment d’émotion où les autres petits ont
pleinement compris que, oui, Lucas était un enfant comme eux qui apprécie aussi d’être « la
vedette », qui aime tout autant s’amuser, chanter et faire la fête. Ainsi le passage de Lucas à
Cheval Passion a révélé tant d’évidences : nos enfants, si handicapés qu’ils soient, ont aussi besoin
de relations sociales avec les autres enfants ordinaires, ils ont besoin de sortir de leur milieu
d’handicapé, de partager leur vie quotidienne, de faire des choses qui a priori leur sont
inaccessibles, de se surpasser et de défier à chaque instant leur handicap qui trop souvent encore
les isole du reste de la société, de la vie…
La maman de Lucas
Été 2005

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