l?épopée du rock américain, 1961-65
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l?épopée du rock américain, 1961-65
★ ★ 11 L’ÉPOPÉE DU ROCK AMÉRICAIN 1965 De 1954 à 1959, le rock’n’roll acquiert ses lettres de noblesse grâce à Elvis Presley. A partir de 1960 la récupération de ce phénomène voit la suprématie des teenage idols et du twist. En 1963 les Beach Boys et Bob Dylan fourbissent leurs armes. En 1964-65 la british invasion bat son plein. Dès 1966, les Américains sont sur un pied d’égalité face à leurs rivaux anglais. Jacques Barsamian inventorie ce pan méconnu, année par année, mois par mois, de cette période du rock aux USA. 1965 JANVIER : Suite à l’insuccès du LP de Simon & Garfunkel « Wednesday Morning 3AM », Paul Simon repart à Londres où il collabore à la BBC, fournissant des chansons à l’émission Five To Ten et rejoint le circuit folk avec Sandy Denny, Al Stewart, Bert Jansch, Bruce Woodley des Seekers avec qui il écrit « Red Rubber Ball » ; des Américains de passage tel Tom Paxton ou Buffy Sainte-Marie. John Sebastian (né le 17 mars 1944 à New York, chant, guitare, harmonica) et Zal Yanovsky (né le 19 décembre 1944 à Toronto, guitare) forment les Lovin’ Spoonful, nom tiré de « Coffee Blues » de Mississippi John Hurt. John Sebastian a joué avec Bob Dylan au Gerde’s Folk City, Tim Hardin, Tom Paxton, Jesse Colin Young ; fait partie en 1963 de l’Even Dozen Jug Band avec Maria Muldaur, de Pooh & The Heffalumps avec Felix Pappalardi (futur producteur de Cream, bassiste-chanteur de Mountain) et Eric Jacobsen (futur manager des Lovin’ Spoonful), auteurs d’un simple sur Laurie avec le surf « Lady Godiva » et un titre de Sebastian, « Rooty Toot ». Avec Zal Yanovsky il joue de l’harmonica sur un album des Mugwumps de Cass Elliot et Denny Doherty. Ils engagent Steve Boone (basse) et Joe Butler (batterie). Taj Mahal s’installe à Los Angeles où il fonde les Rising Sons, rejoint brièvement par Ed Cassidy (futur batteur de Spirit, qui délaisse son trio de jazz) et Ry Cooder (guitare, passionné de jazz, blues, folk et country). Philip Volk (basse) intègre Paul Revere & The Raiders. Lou Reed (né le 2 mars 1942 à Brooklyn, chant, guitare) forme les Primitives avec John Cale (né le 4 décembre 1940 à Crynant, Pays de Galles, basse), Tony Conrad (guitare) et Walter DeMaria (batterie) pour assurer la promotion de « The Ostrich »/« Sneaky Pete », sur Pickwick. Ils jouent dans des centres commerciaux, participent à des émissions de radio et télé dont American Bandstand de Dick Clark. Grâce à «The Ostrich», parodiant le jerk, Lou Reed, étudiant en littérature et philosophie, rencontre John Cale. Pickwick produit des disques bon marché (1,98 $) avec des originaux qui ont le son du moment. Les auteursinterprètes travaillent vite. Lou Reed affirmera : J’ai composé 33 titres que j’ai chantés, joués et enregistrés en deux jours. Il passe deux mois chez Pickwick à une époque où son répertoire inclut déjà « Heroïn » et « Waiting For The Man » ; réalisant « Cycle Annie » par les Beachnuts, « You’re Driving Me Insane » par les Roughnecks et, avec John Cale, « Why Don’t You Smile » par les All Night Workers. Janis Joplin, après avoir traversé à deux reprises les Etats-Unis pour aller à New York, vit à San Francisco. La revue Sing Out ! parle de Steve Stills qui passe à New York, au Four Winds et au Zigzag dans Greenwich Village. Mike Bloomfield (né à Chicago le 28 juillet 1944, guitare) rejoint le Paul Butterfield Blues Band, premier groupe électrique signé chez Elektra. Il confie : J’ai eu ma première guitare à treize ans car mon cousin Charles en avait une. Glen Campbell remplace Brian Wilson dans les Beach Boys. Bobby Darin chante à Washington pour le gala d’investiture du président Lyndon Johnson. Lors de leur première visite aux USA, les Herman’s Hermits tournent dans le film de Connie Francis « When The Boys Meet The Girls ». MGM publie l’album de Connie « Country Favorites ». Frankie Avalon et Nancy Sinatra sont les vedettes du film « Beach Blanket Bingo ». Les Kinks se produisent à la télé dans Shindig ! MGM annonce que les concerts des Animals des 21 et 22 janvier à l’Apollo de Harlem sont annulés par le service d’immigration. Leur producteur Mickie Most raconte : Ces spectacles à l’Apollo avaient été organisés pour capter un album en public. Un officiel est arrivé alors que les Animals allaient monter sur scène. Finalement, on a juste eu l’autorisation de passer à l’Ed Sullivan Show pour faire « Don’t Let Me Be Misunderstood ». Grâce à « Hold What You’ve Got », Joe Tex est 5e Hot 100, 2e R&B. Extrait de l’album « Keep On Pushing » des Impressions, le gospel « Amen », inclus dans le film « Lilies Of The Field », est 7e Hot 100, 17e R&B. La face B, « Long, Long Winter », est 35e R&B. Del Shannon revient pour la première fois depuis 1961 dans le top 10 avec « Keep Searchin’ », 9e, et sort son album « Handy Man » avec « Memphis Tennessee », « Ruby Baby », « Crying », « Twist And Shout », « World Without Love », etc. Les Larks de Los Angeles sont 7e Hot 100, 9e R&B avec « The Jerk ». Manfred Mann est 12e Hot 100 avec « Sha La La » ; les Shangri-Las 18e avec « Give Him A Great Big Kiss », 91e avec leur reprise de « Maybe » des Chantels. Martha & The Vandellas sont 34e avec « Wild One » ; Jerry Butler & Betty Everett 42e avec « Smile ». Les Drifters sont 43e, 10e R&B, 35e GB avec « At The Club », de Gerry Goffin & Carole King. Ben E. King est 45e Hot 100, 11e R&B avec « Seven Letters », du 33 tours du même titre. Les Miracles sont 50e avec « Come On Do The Jerk ». L’album de Joan Baez « 5 », 12e, inclut « There But For Fortune» de Phil Ochs, «It Ain’t Me Babe» de Bob Dylan et « Stewball ». Le LP « Presenting The Fabulous Ronettes - Featuring Veronica », est 96e. Le 33 tours des Everly Brothers « Gone Gone Gone » offre « Torture » et « It’s Been A Long Dry Spell » de John D. Loudermilk, « Ain’t That Lovin’ You Baby » de Jimmy Reed, « The Fact Of Life » et « Drop Out » de Don Everly. Outre le succès « Gone, Gone, Gone » signé des deux frères, six titres (dont « Donna, Donna ») sont de Boudleaux & Felice Bryant, les problèmes avec leur manager Wesley Rose ayant été résolus. Chuck Berry publie l’album « St. Louis To Liverpool » avec « No Particular Place To Go », « Promised Land », « You Never Can Tell », « The Things I Used To Do », « Our Little Rendez Vous », « Merry Christmas Baby », etc. Le duo anglais Chad & Jeremy est 15e Hot 100 avec sa reprise de « Willow Weep For Me ». Little Richard met en boîte pour Vee-Jay, avec le batteur Earl Palmer à Los Angeles, le 45 tours « Dance What You Wanna »/« Without Love ». En Angleterre, la maquette des Who est rejetée par EMI, mais intéresse le producteur américain Shel Talmy. Déjà réputé pour son association avec les Kinks, il les fait engager chez Brunswick. La composition du guitariste Pete Townshend « I Can’t Explain » est choisie comme face A du premier simple. En studio, pour renforcer les Who, Shel Talmy fait venir le guitariste Jimmy Page ainsi que les Ivy League pour les chœurs. Peter, Paul & Mary interprètent « Le Déserteur » de Boris Vian ; Ben E. King « What Now My Love » d’après « Et Maintenant » de Gilbert Bécaud. Jerry Lee Lewis connaît le succès en France avec le super 45 tours « High Heel Sneakers » et le 30 cm « Au Star-Club D’Hambourg ». Le EP français de Wanda Jackson « Pour Ceux Qui Aiment le Rock » comprend « Whole Lotta Shakin’ Goin’ On », « Honey Don’t », « Rip It Up » et « Searchin’ ». Le premier super 45 tours d’Otis Redding, « Pain In My Heart », paraît dans l’Hexagone. L’une des ambitions d’Otis est de combler le vide laissé par la mort de Sam Cooke, réputé comme lui pour le feeling ressenti dans sa voix. Toujours en France, après « Cry To Me » paru en 1964, le deuxième EP de Solomon Burke offre « Stupidity ». Dans ce format, Atlantic célèbre la mémoire du créateur de « What I’m Living For », Chuck Willis, dans la série Le livre d’or du rhythm’n’blues. A Londres, la mère de PJ Proby confie : Il a toujours été capricieux. Guy Mitchell, quatre fois N°1 au Royaume-Uni dans les années 50, s’y rend pour la dixième fois. (1er) Le New Musical Express révèle que l’Etat américain, pour des motifs non divulgués, a refusé des visas à des groupes anglais. Ainsi les périples des Nashville Teens, Zombies et Hullabaloos, déjà à New York avec le DJ Murray The K de WMCA, ont été annulés. Le journaliste Nat Hentoff note : Si un tourneur peut faire la demande pour qu’une formation travaille ici, par contre il devient difficile de mettre sur pied une tournée ! Si cela continue, les groupes britanniques ne pourront plus venir aux USA que pour des télé et radio ou uniquement pour se produire à New York. (2) La BO du film d’Elvis Presley «Roustabout» est N°1 des 33 tours. Elle est détrônée une semaine plus tard par l’album « Beatles ‘65 », vendu à trois millions. Le King se console avec un disque d’or. Le LP « The Beatles’ Story » est N°7. Merle Haggard classe « (My Friends Are Gonna Be) Strangers » 22 semaines, culminant en N°10 country. Chubby Checker inscrit pour un mois « Lovely, Lovely (Loverely, Loverly) », N°70. (3) En raison d’un différend avec les impôts, le manager des Beatles Brian Epstein annonce que ses poulains risquent de ne plus revenir aux USA. (4) Les guitares Fender sont vendues 13 millions de dollars à CBS. Fondée en 1947 par Leo Fender, Fender Instrumental Company a lancé les six-cordes les plus vendues avec les Gibson (BB King, Chuck Berry, Jimmy Page, Angus Young, Chris Spedding...). Fender a revolutionné l’histoire de la guitare avec 61