Pour les poitrinaires - Œuvre du Marin Breton
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Pour les poitrinaires - Œuvre du Marin Breton
Almanach 1911 : P. 105 Pour les Poitrinaires UN BON TRAITEMENT ANTI-TUBERCULEUX Soigner la tuberculose par le soleil et le grand air... Nous expliquons à nos lecteurs, quel est le meilleur traitement pour guérir et pour empêcher la tuberculose : du grand air pur, jours et nuits, et, des « bains de soleil » le plus possible. Mais pour les malades qui n’ont pas la chance de pouvoir suivre ce traitement pourtant si simple, et d’ailleurs pour tous les malades qui veulent mettre un atout de plus dans leur jeu, il existe un traitement nouveau dont on dit beaucoup de bien, et qui procure, souvent paraît-il, des améliorations précieuses. C’est le traitement du docteur Ferrier : le traitement récalcifiant, c’est-à-dire qui introduit dans l’organisme le plus de chaux possible, en combattant la formation des acides. Voici les grandes lignes de cette médication. Prendre trois fois par jour, avant les repas, un paquet composé de : carbonate de chaux 0 gr. 50 ; phosphate tribasique de chaux 0 gr. 25 ; magnésie calcinée 0 gr. 05. Boire aux repas de l’eau minérale bicarbonatée en supprimant tout le reste (ni bière, ni cidre, ni vin, ni alcools) ; pas de sauces, peu de graisses et de beurre ; jamais de vinaigre. Beaucoup de pommes de terre et de carottes, des pois cassés, du poisson, des œufs, un peu de viande maigre, des fruits cuits, des confitures non acides. Almanach 1911 : P. 110 Le Goémon Guérit-il ?... Nous avons prévenu nos lecteurs, l’an dernier, que des études précises démontreraient sans doute bientôt si, oui ou non, certains goémons possèdent quelque action curative efficace. Nous sommes heureux d’annoncer cette année que des recherches sérieuses, avec expérimentation méthodique, se poursuivent à Concarneau depuis mai 1910. Sur ordonnance du médecin, 24 malades tuberculeux ou pré-tuberculeux boivent, chaque jour, quelques centilitres de jus frais de goémon vivant (petit goémon rouge, Rhodymenia palmata). Des recherches sérieuses, avec expérimentation méthodique, se poursuivent à Concarneau depuis mai 1910. Deux hommes d’étude, l’un Dr es-sciences et l’autre Dr en médecine, guident et contrôlent de leur mieux les malades. Le précieux suc est extrait par pression à froid dans l’Abri-du-Marin, au moyen d’un outillage spécial mais très simple, qui fournit environ 1 litre 1/2 par jour. La plus élémentaire prudence scientifique nous interdit de parler actuellement des résultats obtenus : ils sont trop récents et encore empiriques (les recherches relatives à la composition chimique des sucs sont en bonne voie, ainsi que les études biologiques). Ce n’est qu’après 12 ou 15 mois au moins d’expérimentations que l’on devra se permettre une opinion ; la question est trop grave et trop grosse de conséquences pour qu’on émette à la légère des conclusions. Disons simplement qu’au 1er septembre les résultats constatés (4 mois d’expériences) sont de nature à exciter l’intérêt, et encouragent nettement à poursuivre... L’Œuvre des Abris-du-Marin qui a pris l’initiative de ces recherches espère pouvoir prochainement, dans un autre Abri du Marin, susciter des observations parallèles et portant sur d’autres goémons. CONSEILS AUX FAMILLES DE LA COTE. — Comme conclusion pratique pour les populations maritimes, voici (en attendant plus de certitudes pour l’an prochain) les conseils que l’on peut donner sans aucune témérité : Dès à présent, il ne semble pas téméraire de donner les conseils suivants : Les gens pâles et peu robustes, ceux qui ont des humeurs mauvaises, des abcès rebellés, des plaies tenaces, les scrofuleux, les syphilitiques et surtout tous ceux qui ont des craintes ou des accidents du côte de la poitrine, ont des chances d’améliorer leur santé en consommant du jus frais de goémon. Quel goémon, et, comment ? Petit goémon rouge, ou laminaires (goémon à soude) Jusqu’ici les expériences n’ont porté que sur le petit goémon rouge, mais il semble que les laminaires (goémon à soude) peuvent avoir des propriétés curatives qu’un avenir prochain définira. Pour le moment, l’Œuvre des Abris-du-Marin doit se restreindre, faute de ressources, aux expériences méthodiques et limitées effectuées dans l’Abri de Concarneau ; si elles démontrent définitivement l’action curative du suc de goémon, l’Œuvre pourra prendre des mesures pour établir dans chacun de ses établissements l’outillage approprié, et les malades intelligents pourront y venir, extraire et consommer, gratuitement toujours, le suc bienfaisant... En attendant, les malades avisés peuvent soit s’en faire à la maison avec la pression d’une presse-à-viande, soit tout simplement chiquer du goémon... Dans les deux cas, il faut rincer le goémon dans deux ou trois eaux douces avant de l’employer, et le hacher menu avant de le presser. Le jus frais, vivant, des goémons semble plus efficace, plus actif, que la décoction qui est obtenue en faisant bouillir du goémon avec de l’eau, formule qui a réussi d’ailleurs, assure-t-on, sur certains points de la côte du Morbihan. Mais ce jus frais ne se conserve pas plus de 2 ou 3 jours; à moins que l’on y ajoute moitié de sirop de sucre : dans ce cas, il peut aller plusieurs semaines surtout l’hiver, et il est meilleur au goût. Maintenant c’est aux malades soucieux de leur santé à profiter de nos indications désintéressées. Et nous serons très reconnaissants de toutes observations sérieuses que l’on jugera à propos de nous communiquer ? Almanach 1911 : P. 116 Le Soleil Guérisseur... Les médecins de nos ports bretons ne cessent de signaler les effrayants progrès de la tuberculose pulmonaire (maladie de poitrine) dans les quartiers populaires, tassés ; on en découvre maintenant presque à chaque porte !... Que faire ! Comment se préserver de cette contagion effrayante ? Comment en guérir ? D’abord, comment s’en préserver ? Nos lecteurs savent, puisque nous y revenons sans cesse à tout propos, que les gens résistants n’ont guère à craindre la contagion de la tuberculose : parce que le microbe de cette maladie (bacille de Koch) ne peut vivre et se multiplier que dans les organismes affaiblis par la maladie, par un accident, par une mauvaise habitude, par un surmenage, par des excès, etc. Et nous les avons souvent avertis que l’alcool était l’une des plus fréquentes causes, avec les logements sans air et sans soleil, de la cruelle tuberculose. D’autre part, nos lecteurs savent aussi, car nous leur avons souvent parlé du fléau de la tuberculose, que les poitrinaires peuvent presque toujours guérir, à condition qu’ils le veuillent, et qu’ils ne soient pas absolument forcés par leur métier de rester enfermés, car il leur faut beaucoup de grand air pur. A plus forte raison, ceux qui ne sont que menacés de la poitrine peuvent enrayer le mal : ils n’ont qu’à suivre les conseils du médecin, sans avoir besoin d’aucune drogue à belle étiquette. Ces pages-ci ne vont pas énumérer l’ensemble des moyens capables de guérir les tuberculeux, c’est simplement sur le plus puissant traitement antituberculeux que nous venons attirer l’attention de tous nos lecteurs. Ce traitement, que tous les médecins maintenant reconnaissent incomparable et bien supérieur à toutes les drogues pharmaceutiques, c’est le « bain de soleil » accompagné de beaucoup d’air pur. Écoutez le rapport que le Dr Hallopeau, professeur à la Faculté de médecine, présentait, il y a 2 ou 3 ans, à l’Académie de médecine. ... « La lumière du Soleil, a-t-il dit, exerce une action profonde sur la nutrition : elle est microbicide, oxydante, réductive, etc... » Rapport du Dr Hallopeau L’action solaire n’a pas qu’un effet superficiel, elle s’exerce aussi profondément. La cure de soleil, qui se fait l’hiver comme l’été, modifie puissamment — et guérit souvent — les tuberculoses, (sauf peut-être celles de l’encéphale) ; la guérison, qui survient au bout de quelques semaines à quelques mois, est constante pour toutes les tuberculoses des parties peu épaisses et peu profondes, telles que les poignets, les pieds, le sternum, etc. ; elle est aussi la règle pour les tuberculoses profondes chaque fois qu’il n’y a pas une fissure infectée. Les effets de la cure solaire sont surprenants dans la péritonite tuberculeuse ; sur 16 cas traités, 13 ont guéri, pour la plupart en quelques mois ; on a vu plusieurs fois la tuberculose pulmonaire et la tuberculose laryngée guérir rapidement par ce traitement. Dans tous les cas, on est frappé par l’amélioration de l’état général, la reconstitution de l’organisme, le relèvement des forces ; le poids augmente etc. » …Les rayons solaires agissent beaucoup plus activement dans les régions élevées... La cure de soleil en montagne est actuellement le plus puissant moyen d’action que nous possédions sur les manifestations de la tuberculose quelles qu’elles soient, sauf peut-être quand elles sont localisées dans les méninges ou dans l’encéphale. Et encore il y a, de ce côté, des recherches à poursuivre. » Nous avons reproduit cet intéressant rapport parce qu’il précise et met bien au point la puissance curative des rayons solaires. L’expérience des faits le démontre de plus en plus, le bain de soleil et d’air pur est le remède le plus actif et le plus sûr qu’on connaisse contre la tuberculose, et contre bien d’autres maladies encore. Comment faut-il prendre les bains solaires ? Le plus souvent possible, exposer, (et cela pendant au moins une heure ou deux heures par jour), exposer au soleil, soit seulement la région malade du corps, soit mieux tout le corps en caleçon de bain. On reste fenêtres ouvertes, dans une chambre à l’abri du vent froid, quand c’est l’hiver, mais mieux en plein air, quand la température le permet. Veiller à ne pas prendre froid, mais veiller aussi à ne pas avoir trop chaud, car, dès que la peau rougit, les rayons chimiques du soleil y pénètrent difficilement. Ces cures de soleil sont certainement plus efficaces encore en montagne, mais elles sont déjà très curatives dans nos pays bretons. En même temps, par toute la surface de la peau qui est percée de milliers de petits trous, le corps respire et absorbe en masse du bon air vivifiant, qui fortifie et rajeunit vos organes. C’est tellement vivifiant, apéritif, fortifiant, reconstituant, que le bain de soleil et d’air devient de plus en plus à la mode, surtout en Allemagne; ainsi toutes les grandes villes possèdent déjà des jardins abrités que l’on voit envahir, à la sortie des bureaux, par un tas de promeneurs en caleçon de bain... Et, en France, sans parler des bains d’air institués au bataillon de gymnastique de Lorient par M. Hébert, il y a déjà beaucoup de plages, de jardins, de terrasses où l’on prend des « bains atmosphériques. » Nos amis les mousses ne se doutent pas du bien énorme qu’ils font à leur organisme lorsque, l’été, ils passent des heures et des heures au vent et au soleil, en caleçon, à gambader sur les grèves et sur les rochers goémonneux. Nous disons avec intention « goémonneux »... Nous serons sans doute en mesure avant longtemps de préciser au sujet de l’action anti-scrofuleuse et anti-tuberculeuse de nos goémons bretons. Ce n’est pas tout. — Pour compléter heureusement ce traitement, il faut absorber par les poumons le maximum d’air pur, en prenant les deux bonnes habitudes suivantes : (1) D’abord, il faut s’accoutumer à respirer très souvent profondément tantôt par la bouche et le nez, tantôt rien que par le nez en fermant la bouche. On gonfle et on remplit sa poitrine au maximum de tout l’air possible, et on le chasse ensuite le plus complètement possible. (2) Prendre et faire prendre par sa famille la précieuse habitude, à la maison, de souvent renouveler l’air des chambres par des courants d’air qu’on établit, plusieurs fois dans la journée, surtout lorsqu’on travaille dedans. Qu’on sache bien aussi qu’il est bon de laisser, la nuit, entrer de l’air du dehors par la fenêtre entr’ouverte : dans tous les établissements où l’on soigne les tuberculeux, même dans les pays de neige, les médecins obligent les poitrinaires à dormir fenêtres ouvertes, mais, bien chaudement couverts, c’est entendu. Conclusion. — Ce traitement par le soleil et l’air à hautes doses, directement sur la peau, est indispensable d’abord aux gens malades, surtout à ceux qui sont menacés de la poitrine ; mais, il est également précieux pour fortifier davantage les bien-portants et pour leur assurer une santé résistante qui les mettra à l’abri des maladies. Profitons donc des trésors de santé que le Créateur met à la portée des plus pauvres, ayons l’intelligence d’en profiter. Almanach 1911 : P. 149 Les trésors de la nature Le grand soleil ou tournesol a, paraît-il, des propriétés très actives contre les fièvres. Dans les marais de Russie, les cultivateurs se couchent sur une espèce de lit fait avec des feuilles de tournesol, pour résister aux fièvres paludéennes, et boivent de la tisane de ces feuilles. L’héliotrope posséderait les mêmes propriétés contre les fièvres; elle remplacerait avantageusement (économiquement surtout) le quinquina. La reine des prés ou vignette a une fleur, dont les habitants des campagnes se servent pour préparer des tisanes. Contre les fièvres et surtout contre les rhumatismes, la reine des prés parait précieuse. Le romarin sauvage, à la dose de 20 à 30 gr. pour un tiers de litre d’eau, se donne contre la coqueluche ; il possède en outre des propriétés très actives dans les maladies d’estomac. Le thym (très connu des ménagères au point de vue culinaire), se recommande ainsi après le repas : une tasse d’une infusion (100 gr. de cette plante par litre d’eau) est un bon purificateur des intestins ; en essayer contre les douleurs du ventre. Les raves. — Les feuilles de rave, cuites sont d’un usage excellent contre la diarrhée persistante et la dysenterie.