histoire des arts - Notre Dame de Bourgenay

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histoire des arts - Notre Dame de Bourgenay
CORRIGE
HISTOIRE DES ARTS
NOM :
Prénom :
Classe :
1) L’ ARCHITECTE :
Nom et prénom : Daniel LIBESKIND
Nom de l’architecture :
Musée Juif
Date de création : 1993-1998
Lieu :
Berlin, Allemagne
Matériaux utilisés : zinc, verre, béton
HDA
Domaine artistique : Arts de l’espace
Arts du son
Thématique :
Arts du langage
Arts du quotidien
Arts du spectacle vivant
Art du visuel
Arts, créations, cultures
Arts, espace, temps
Arts, états, pouvoir
Arts, mythes, religions
Arts, techniques, expressions
Arts, ruptures et continuités
CORPUS n°1
PROBLEMATIQUE : Comment l’œuvre peut-elle être utilisée pour servir le pouvoir ou au contraire le
dénoncer ?
Site intéressant pour la recherche :
http://skildy.blog.lemonde.fr/2007/03/05/le-musee-juif-de-berlin-de-daniel-libeskind-une-etude-de-jerome-charel-etjulien-mortet/
2) PRESENTATION DE L’ARCHITECTURE :
a) Contexte de création du projet :
Un 1° musée exposant la culture juive a été fondé à Berlin en 1934. Mais il a été fermé en
1938 pendant le régime nazi. L’idée de réouverture d’un tel musée apparaîtra en 1971, puis
prendra forme en 1975 à travers la naissance d’une association qui promeut ce projet.
En 1988, un concours pour le projet de l’édification d’un musée juif est lancé et c’est
l’architecte Daniel LIBESKIND qui le remporte parmi 165 concurrents.
Le bâtiment est inauguré en septembre 2001.
b) Sa situation, son emplacement : type d’environnement, implantation, rapport
avec cet environnement (intégration, démarcation, signal symbolique…)
Le bâtiment se trouve sur un terrain attenant au Museum de Berlin dans l’espace urbain de
Berlin. C’est une construction qui paraît assez discrète depuis la rue : le bâtiment est de la
même hauteur de le Museum de Berlin. Ces deux bâtiments sont imbriqués l’un dans l’autre :
on accède au Musée Juif seulement par le Museum de Berlin.
Le bâtiment en forme d’éclair a une surface de 10000m² au sol, sur 5 niveaux. Cette forme
de ligne en zigzag permet de préserver le paysage : le bâtiment prend place le long des
arbres présents sur le site. De plus, cette ligne qui se plie incarne la violence, les cassures
subies par les Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale.
3) DESCRIPTION DE L’ARCHITECTURE :
a) Plan au sol (forme de l’architecture vue de haut), superficie, type de
terrain :
Le plan du bâtiment forme une ligne brisée aux arêtes vives. Les Berlinois le surnomment le
« blitz » (l’éclair). Vue de dessus le bâtiment forme un zigzag représentant une étoile de
David éclatée.
b) Aspect extérieur : volumes et articulations entre eux, ouvertures,
enveloppe.
En zinc, l’enveloppe du bâtiment est rythmée par des fentes vitrées. Toutes les faces du
bâtiment se ressemblent : elles sont enveloppées d’une mince peau de zinc non oxydé. Ce
métal évoluant dans le temps laissera d’autant plus apparaître les entailles.
Ces différentes trouées en façades ont 2 fonctions. Une utilitaire : permettant de laisser
passer la lumière : ce sont des ouvertures mais aussi une fonction symbolique : les différents
percements linéaires qui strient le corps du bâtiment sont issus du tracé sur carte des
adresses dans Berlin des figures emblématiques du judaïsme allemand.
Enfin, vue de l’extérieur le Musée Juif se pose à côté du Museum de Berlin. Rien ne semble
les relier.
c) Aspect intérieur : volumes, passages, circulations, distribution des espaces.
Le musée Juif ne possède pas d’entrée. On entre par le bâtiment voisin, le Museum de
Berlin au style baroque. L’entrée surprend le visiteur car elle ne correspond pas aux codes
habituels d’un espace d’accueil (espace vaste, lumineux et dégagé). On passe une entrée
étroite et sombre pour descendre 12 m sous terre.
La circulation dans le bâtiment s’organise selon 3 axes dont l’un ouvre sur l’espace du dehors
et entre 6 tours de béton.
Les 3 axes :
-L’axe de la Mort menant à l’impasse de tour de l’holocauste : le couloir étroit aux
murs et au sol penchés débouche sur une lourde porte métallique, où l’on rencontre un
gardien chargé d’ouvrir cette porte. On hésite un instant à passer le seuil, car
habituellement dans les musées, les espaces sont ouverts et libres à la circulation. On
s’attend à une découverte. Dans le nouvel espace au-delà de la porte, on est tout de suite
saisi par un froid glacial et frappé par l’absence de lumière. La lecture de l’espace se fait
pourtant rapidement : on se trouve dans une très haute (20m) et étroite tour de béton brut
aux angles aigues. Cet espace hermétique nous produit une très forte impression : nous
sommes enfermés, cloisonnés, emprisonnés pour un temps. C’est par une maigre ouverture
entaillée au sommet, que l’architecte apporte de la lumière, une source d’espoir qui nous fait
lever la tête vers un plafond noir absolu. Le regard s’y perd dans la sensation troublante d’y
rencontrer un espace infini.
-L’axe de l’Exil conduisant aux Jardins de l’Exil : Sur les murs sont inscrits en lettres
noires les noms des villes d’asile des juifs ; la typographie et les variations d’échelle des
lettres animent les surfaces des murs. A l’extérieur on découvre 49 stèles. Elles sont
inclinées, ce qui donne l’idée que les alentours du jardin ne sont pas d’aplomb. Cela nous
déstabilise dans notre perception de l’espace. Le sol du jardin est penché de telle manière
que notre parcours est aussi désorienté. Nous perdons nos repères. L’architecte nous fait
vivre ce que peut ressentir toute personne exilée contrainte de vivre dans un univers qui
n’est pas le sien.
Les stèles représentent la fuite en exil. Ces solides piliers sont plantés de 49 oliviers qui
symbolisent l’idée du déracinement. L’architecte veut signifier l’arrachement que connaît
chaque exilé à sa terre natale. Même si le jardin de l’Exil est un espace à ciel ouvert, il est
clôturé par des murs très hauts. On ressent l’impossibilité d’en sortir. Cette sortie à l’air
libre n’est plus alors qu’un semblant d’accès à la liberté. L’architecte impose une direction
de circulation et par là-même, une signification de plus à l’espace architectural. Le
spectateur est contraint de visité le jardin : il ne peut pas revenir à l’intérieur tant qu’il
n’est pas arpenté le jardin.
-L’axe de la continuité menant à l’escalier et aux étages : l’escalier est étroit et très
long. Son ascension est éprouvante. Il nous permet d’accéder aux salles d’exposition des
étages. Cet axe représente la continuité de la présence des juifs en Allemagne.
Les tours : nommées aussi « Les Vides ».
En contrepoint à l’axe de la continuité, l’architecte consacre aussi des espaces à l’absence
du peuple juif. Une absence qui fait suite à l’Holocauste et à l’Exil.
Il la représente par l’élaboration de six tours de béton implantées tout au long du bâtiment.
Ces tours constituent des blocs noirs. Ces tours ne sont pas visibles de l’extérieur, seules
leurs verrières sont visibles depuis une vue aérienne du bâtiment. Les tours prennent corps
dans l’espace bâti.
-cinq tours sont absolument vides et on ne peut y pénétrer.
-la sixième « à visiter » s’appelle « La mémoire des vides » :
Une installation de l’artiste Menasche Kadischman y est présentée.
Des milliers de cercles d’acier jonchent le sol. Ces formes sont percées de trous et font
penser à des représentations anthropomorphiques. On y voit des visages humains à la
bouche béante rappelant ceux des hommes captés dans les photos prises à la libération des
camps. Le visiteur marche sur ce sol de visages de métal. Sous nos pas, les cercles
s’entrechoquent en émettant des crissements désagréables. On peut très vite avoir le
sentiment de piétiner des visages qui se mettent à crier. Le bruit du métal fait écho dans
l’architecture. En tant que spectateur ces cris nous évoquent les images de victimes juives
conduites en masse vers les chambres à gaz.
d) Lumière et éclairage : intérieur et extérieur, directe/indirecte,
naturelle/artificielle, diffusion, fonction, incidence sur la construction.
Le bâtiment est très peu éclairé. La lumière naturelle réussit à pénétrer à l’intérieur du
bâtiment à travers les entailles qui percent l’enveloppe de zinc. Dans certaines salles,
seules ces lignes de lumière sont à voir. Une grande partie du bâtiment étant sous-terre,
l’ensemble est très sombre et rappelle les chambres à gaz.
e) Circulation dans les espaces d’exposition : la place du visiteur
Le visiteur sillonne l’espace du musée à travers un réseau de lignes.
-Il est amené à traverser des volumes vides sans fonction.
-Il peut découvrir des objets intimes de certaines familles juives (machine à écrire, livres,
gants de Mlle X, valise + photos, chapeau ayant appartenu aux parents de Mr Y déporté en
telle année….) dans des niches découpées dans les murs des couloirs. Le spectateur se
trouve face aux souvenirs de personnes réelles. Il est dans un rapport d’intimité à ces
objets.
-Le visiteur arpente véritablement l’espace du musée. Moins qu’une promenade
architecturale, sa visite a une allure d’épreuve dans cet espace qui se présente comme un
réseau de communication sous-terrain.
4) SINGULARITE DE LA CONSTRUCTION : LES CHOIX ARTISTIQUES
a) Signes et symboles visibles de l’extérieur.
La forme du bâtiment en éclair évoque une étoile de David brisée et disposée en longueur.
Les différentes trouées en façades ont, outre leur fonction utilitaire (laisser pénétrer la
lumière), une fonction symbolique : les différents percements linéaires qui strient le corps
du bâtiment sont issus du tracé sur carte des adresses dans Berlin des figures
emblématiques du judaïsme allemand. Et rappelons aussi que ces différents percements
linéaires sur l’enveloppe du bâtiment évoquent des entailles ou des cicatrices, symboles des
douleurs subies par les Juifs.
b) Le parcours labyrinthique dans l’espace du musée : signification
Ce parcours labyrinthique évoque l’Histoire vécue par le peuple juif en Allemagne. Daniel
Libeskind a cherché à traduire plastiquement et architecturalement les notions historiques
d’injustices et de violences faites aux victimes en créant une architecture
- « blessée » sur sa peau (enveloppe entaillée de fenêtres étroites)
- remplie d’espaces vides symbolisant les chambres à gaz remplies de gaz non
perceptible physiquement.
- « escarpée » : nombreux escaliers (effort, difficulté du chemin qu’il faut se frayer
pour revenir au grand jour) sols inclinés, passages étroits, long couloirs.
- L’architecte intitule son projet « Between the lines » : le visiteur arpente l’espace
muséal à travers un réseau de lignes.
5) REPONSE A LA PROBLEMATIQUE :
a) Comment cette architecture sert-elle ou au contraire dénonce-t-elle le
pouvoir ?
Cette architecture dénonce clairement le pouvoir.
Elle incite au visiteur une balade intense tant de par ses parcours que de par ce qu’elle
montre à voir. Le musée ne révèle pas que des témoignages de la présence juive en
Allemagne, il donne à éprouver des sensations : le bâtiment ne cherche pas à séduire, il peut
bousculer, surprendre, voire même agresser le visiteur. Cela incite ce dernier à se projeter
dans l’histoire vécue par les Juifs lors de leurs déportations contraintes.
Cette architecture provoque un certain malaise chez le visiteur qui se confronte à
l’absence, au vide à la mort.
Daniel Libeskind, à travers cette construction, met clairement au jour les horreurs vécues
par de nombreuses familles sous la menace du régime nazi lors de la 2nde Guerre Mondiale.
6) ANNEXES :
a) Biographie (courte) de l’architecte :
Né en 1946 à Lodz en Pologne, Daniel Libeskind est fils de parents juifs rescapés de l’holocauste.
Il est de nationalité américaine et a étudié l’art de la musique à tel Aviv ainsi que l’architecture à
New-York et Essex en Angleterre. Il a été l’élève de Peter Eisenman. En 1989, il s’établit à Berlin
où il crée sa 1° architecture et son bureau d’étude. Ses travaux sont très souvent en rapport avec
la Shoah. Pour lui, concevoir une architecture est un acte artistique : tout en recherchant une
autonomie dans l’architecture, il voit comme une évidence de combiner le bâti avec l’Histoire, la
littérature et la philosophie. Il a gagné le concours du projet de construction de Ground ZEro
(espace de mémoire à l’emplacement des tours jumelles détruites en 2001 à New-York).
Ce musée est un espace dédié à l’histoire des juifs allemands et il met en scène plus
particulièrement la destinée tragique qu’a été celle du peuple juif au cours de la 2 nde Guerre
Mondiale.
b) Vocabulaire :

Architecture : art de concevoir et de construire un bâtiment dans le respect des
contraintes fonctionnelles, esthétiques techniques et réglementaires déterminées.

Structure : constitution, disposition et assemblage des éléments qui permet de
mettre en œuvre l’ossature d’un bâtiment.

Enveloppe : ce qui enveloppe, entoure la structure.

Holocauste : Génocide des Juifs perpétué par les Nazis sous Hitler lors de la 2nde
Guerre Mondiale. On parle plus souvent de Shoah.

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