La fin de la fromagerie

Jeudi 24 juillet 2014
Le Journal de l’Orne -
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CHAMBOIS / La commune tourne une page ouverte en 1876
La fin de la fromagerie
D
epuis le 16 juin, la
commune
de
Chambois a entrepris
un vaste chantier de démolition de l’ancienne fromagerie
Buquet. Celle du chateau
d’eau devait intervenir hier
mercredi si les conditions
météoroligiques le permettaient. Le maire, Véronique
Chabrol, revient sur l’histoire
de l’entreprise.
« L’entreprise fut créée par Louis
Serey (descendant de Marie Harel, né
à Ecorches) en 1847 à Boissey
(Calvados) au sein de son exploitation agricole. Il y transforme le lait
qu’il produit en camembert et beurre.
Entreprise familiale
L’entreprise se développe rapidement et se concentre sur la fabrication de camemberts.
Louis Serey travaille avec un agent
commercial en fromage installé au
Havre, nommé Adolphe Buquet,
dont les fils, Alexandre et Henri,
épousent les deux filles de Louis
Serey, Louise et Henriette.
L’essor de l’entreprise de Boissey
incite Louis Serey, en 1876, à
construire une deuxième fromagerie
sur la commune de Chambois dont il
deviendra le maire en 1919. Il confie
cette nouvelle usine à son gendre
Henri Buquet. Quant à Alexandre
La démolition du château d’eau, près du stade, était prévue ce mercredi 23 juillet
Buquet, il dirige la ferme de Boissey
et construit, en 1925, une fromagerie
à Mittois (Calvados) qui restera en
activité jusqu’en 1980.
L’une des plus modernes
de Normandie
La fromagerie devrait disparaître dans quelques semaines
En 1935, à l’âge de 25 ans, Paul
Buquet succède à son père Henri, à
Chambois. Il développe considéra-
blement la fromagerie de Chambois
qui devient l’une des plus modernes
de Normandie et qui commence à se
faire un nom à l’exportation.
Dans les années 1960, la production atteint 50 000 camemberts par
jour alors qu’elle n’était que d’environ 800 à 1 000 camemberts dans les
années 1920.
Comme de nombreuses fromageries familiales, l’entreprise est reprise
“L’usine entache l’image
et le patrimoine du village”
Après le rachat par la commune en
1993, « la municipalité a tenté une reconversion du site (entreprise de transports,
musée, etc.) mais en vain », observe le
maire.
Aujourd’hui, après 21 ans, la cour de
l’usine abrite le centre des pompiers de
Chambois et certains bâtiments sont
loués à des artisans locaux.
“La plupart des anciens
y a travaillé”
« Malgré l’attachement de la population
à sa fromagerie où la plupart des anciens a
travaillé, malgré les liens historiques entre
l’usine et le village de Chambois, l’une
ayant fait vivre et permis l’expansion de
l’autre pendant plusieurs générations,
aujourd’hui la majorité des bâtiments est
en ruine, dans un état ne permettant
aucune réhabilitation immédiate et pouvant être qualifié de dangereux et d’insalu-
bre ».
On y relève des traces de squats, des
plafonds s’effondrent, des ardoises se
détachent et menacent de s’envoler sur
les passants…
Par ailleurs, « cette usine entache
l’image et le patrimoine du village de
Chambois tant sur le plan architectural
(donjon et église du XIIe siècle classés
monuments historiques) que sur le plan
historique (fin de la bataille de Normandie
avec la fermeture de la poche de Chambois,
carrefour de la victoire et croix de guerre
1939-1945 avec étoile d’argent) ».
Désamiantage
La municipalité a donc pris la décision de démolir la partie la plus
vétuste, située en bordure de la rue
Paul-Buquet (RD13). Pour ce faire, elle
est assistée par l’Établissement Public
Foncier de Normandie, qui est le maître
d’ouvrage des travaux et en finance un
tiers, les deux autres tiers étant répartis
entre le Conseil régional de BasseNormandie et la commune de
Chambois.
La première partie des travaux a
consisté au désamiantage des bâtiments. Depuis, la commune a appris
que certaines ardoises contenaient également de l’amiante, et dont le retrait
nécessitera de nouveau des conditions
particulières.
La démolition du château d’eau était
prévue ce mercredi 23 (après le bouclage de notre journal) si le vent ne s’en
mêlait pas. « Son activité était liée à la fromagerie. Cette démolition est particulièrement complexe d’une part par la hauteur de
l’ouvrage mais surtout par la proximité des
habitations ».
S’ensuivra la démolition de la fromagerie, le tout devant se terminer vers la
fin du mois de septembre ».
par la société Besnier (aujourd’hui
Lactalis), en 1973. La fromagerie
chamboisienne porte sa production
jusqu’à 79 000 camemberts par jour.
Mais, pour des raisons de rentabilité, le groupe Besnier décide de fermer l’usine de Chambois en 1991 et la
vend à la commune le 18 août 1993 ».
Propos recueillis par M. T.
Demain, des maisons,
“pour faire vivre le village”
La commune entamera ensuite la phase de réhabilitation du site. « Il est destiné à accueillir des logements intergénérationnels sous la forme de petites maisons avec petits
jardins pour des seniors valides et indépendants et des maisons plus grandes avec jardin pour des jeunes couples avec
enfants », confie Véronique Chabrol.
Rien n’est arrêté pour le moment. « L’objectif de ce projet est de faire vivre le village et préserver ses commerces, ses
services et ses écoles tout en améliorant le cadre de vie de ses
habitants ».
Des riverains se réjouissent déjà à l’idée de voir disparaître le château d’eau et cette friche.
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