Compte-rendu - Europa Cinemas

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Compte-rendu - Europa Cinemas
SÉMINAIRE JEUNE PUBLIC
Europa Cinemas – Cineteca di Bologna
Dirigé par Ian Christie et Madeleine Probst
« Renouveler le(s) public(s) des salles à l’ère du numérique »
Cineteca di Bologna
du samedi 28 juin au mercredi 2 juillet 2008
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Sommaire
Introduction, par Ian Christie « Programmation culturelle à l’ère numérique »……………………………………….3
Dimanche 29 Juin 2008 – Introduction aux ateliers du séminaire …………………………………………………5
1. « Le nouveau visage de l’histoire du cinéma » par Ian Christie
2. Deux groupes de travail sur le thème suivant : « Forces et faiblesses des structures indépendantes »
3. Session plénière : « Quels sont les problèmes communs aux salles Europa Cinemas ? Quelles solutions
apporter ? » par Madeleine Probst
Lundi 30 juin 2008 ………………………………………………………………………………………………………..…7
1. Archives de film et cinéma numérique.
2. Le cinéma numérique peut-il faciliter l’accès aux archives ?
3. Deux groupes de travail sur le thème suivant : « Analyser nos publics : Comment les diversifier ? »
4. « Quelles méthodes adopter pour s’adresser au jeune public ? » par Madeleine Probst
Mardi 1er Juillet 2008 ....…………………………………………………………………………………………………....9
1. Etude de cas de programmation spécifique pour le jeune public
2. « Créer un contexte autour de la sortie de nouveaux films » par Madeleine Probst
3. « Programmation et promotion du court métrage » par Mark Cosgrove
Mercredi 2 Juillet …………………………………………………………………………………………………………..11
1. Quels sont les films que le jeune public doit voir « absolument » ?
Réflexion sur un top 10 de films
Conclusions des ateliers
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Programmation culturelle à l'ère numérique : un choix plus large au-delà du courant destiné au Jeune
Public
Cette année encore, Europa Cinemas est heureux de renouveler sa collaboration avec Il Cinema Ritrovato et
avec la Cineteca di Bologna en organisant pendant le festival un atelier destiné aux programmateurs de cinéma
issus du réseau. Cette année, notre thème comporte deux aspects : reconsidérer la façon dont les spécialistes
de cinéma peuvent participer activement à donner un sens aux films de patrimoine grâce à leur programme qui
s’adresse en particulier au Jeune Public. Et apprendre comment les technologies numériques peuvent les aider
dans ce sens - plutôt que d'être considérées comme une menace envers la « culture celluloïd ».
L'an passé, au cours de l’atelier, de vifs débats ont eu lieu concernant le rôle de la présentation numérique lors
des projections des films de répertoire. Des délégués ont pu voir la magnifique version de Maris aveugles (Blind
Husbands) de Stroheim restaurée par le Musée autrichien du film, projetée sur la Piazza Grande et
accompagnée en direct par la musique de Neil Brand. Ils ont ensuite envisagé si ce film pouvait être proposé à
un public plus large en format numérique dans des salles non équipées pour le projeter en 35mm. De plus en
plus, le patrimoine cinématographique est rendu disponible en format numérique pour les particuliers ou pour
l'étude, mais cette pratique doit-elle s’étendre à un public plus large ?
Les discussions - qui se poursuivront sûrement cette année - sont très passionnées des deux côtés. Cependant,
personne ne peut remettre en question le fait que les technologies numériques font à présent partie intégrante du
cinéma, de sa création à son montage et sa restauration et qu’elles sont de plus en plus utilisées dans les salles
de cinéma ainsi que pour les projections de grande envergure en plein air. Comment les salles du réseau
d’Europa Cinemas, parmi lesquelles un grand nombre propose des projections en haute qualité 2K, peuvent-elles
profiter de l'offre croissante de films longtemps méconnus ou même inconnus et à présent disponibles « en
numérique » ? Les valeurs éducatives des bonus d'un DVD peuvent-elles être étendues au cinéma et utilisées
afin de contextualiser les classiques ou des films peu connus de l'histoire du cinéma ? Comment peut-on rendre
« l'expérience cinématographique » à la fois pertinente et attrayante pour un public vivant de plus en plus dans
un monde de divertissements et d'informations numériques?
Voici les questions essentielles pour les spécialistes européens de cinéma regroupés dans le réseau d’Europa
Cinemas. La plupart d'entre eux sait bien que les projections de films grand public seront entièrement
numériques au cours des dix années à venir. Mais les films de répertoire et les restaurations d'archives doiventils être projetés à partir de pellicules même si cela reste pratique en termes d'équipement ? Cette question est
cruciale pour les exploitants, les distributeurs et les archives, ainsi que pour les organisations nationales et
européennes qui les soutiennent. Dans quelle direction les financements et les efforts doivent-ils être dirigés ?
Il s'agit également d'une question d'esthétique voire peut-être d'éthique.
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L'esprit qui hante les académies cinématographiques et les théories médiatiques est parfois appelée
« indexicalité ». La croyance exprimée par les grands théoriciens d’André Bazin à Christian Metz, selon laquelle
le cinéma puise son pouvoir et sa spécificité de la relation optique entre l'image photographique et la réalité.
Malgré les effets de « projections arrière » et les astuces qui ont toujours fait partie du cinéma depuis Georges
Meliès, Segundo de Chomón et Robert Paul, la base photographique du cinéma a toujours procuré une garantie
unique, un contrat entre l'artiste et le public. Du moins le croyait-on. Mais alors que la manipulation numérique
apparaît dans la chaîne de productions cinématographiques et semble à présent faire partie intégrante de
l'ensemble du processus - allant jusqu'à la production de « copies » numériques d'originaux sur pellicule en
acétate - nous devons nous demander en quoi la photo chimie était fondamentale pour notre ontologie
cinématographique.
Il serait ironique que les défenseurs actuels du cinéma en tant qu'art fondent leurs arguments sur les mêmes
bases d'authenticité utilisées autrefois pour des œuvres d'art traditionnelles sur toile. Ironique, car le cinéma est
défini depuis les années 1930 de par son fondement sur une "reproduction mécanique" selon la célèbre phrase
de Walter Benjamin. Et tout comme André Malraux qui définissait le livre d’illustrations d'art comme un "musée
sans murs", nous pouvons considérer l'état actuel de publication DVD spécialisés comme une sorte d’histoire du
cinéma sans limitations de copies disponibles, ce qui prend actuellement des proportions démesurées.
Ces débats sont à la fois pratiques et théoriques, Bologne est le lieu idéal pour les poursuivre dans le cadre de Il
Cinema Ritrovato et entourés des richesses de la Cineteca, avec de nombreux experts à disposition afin
d’enrichir nos discussions. Cette année, une attention particulière sera portée à la façon dont la communication
numérique peut rehausser l'identité et l'attirance des cinémas - tout particulièrement pour le Jeune Public. Au
centre de l’attention : le court métrage, présenté par Mark Cosgrove du Watershed Media Center de Bristol, et
directeur du festival Brief Encounters. Nous pourrons partager les expériences des membres du réseau
spécialisés dans la programmation d’archives, autour de la manière de susciter l’intérêt du public de la
« Génération Einstein", définie par Jeroen Boschma et Inez Groen et nous demanderons une nouvelle fois aux
participants à notre atelier de voter pour leur dix films européens préférés - les films clés qu'ils souhaitent voir
projetés au Jeune Public.
Ian Christie, vice-président d’Europa Cinemas
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Dimanche 29 juin 2008
Introduction aux Ateliers du Séminaire
C’est face à une vingtaine de participants issus des
quatre coins de l’Europe, que Gianluca Farinelli
ouvre le Séminaire dimanche 29 juin 2008.
« Il Cinema Ritrovato présente pour les
cinémathèques une occasion de montrer leur
travail ».
Il souligne l’importance de la salle de cinéma, qu’il
qualifie « de point central de la diffusion de la culture
cinématographique ».
« Nous sommes dans une phase de transition, le
statut du film évolue, la bataille qui doit être livrée
par les salles consiste à établir une relation
consolidée avec le public ».
Le Directeur de la Cinémathèque de Bologne regrette l’absence d’action gouvernementale à échelle nationale ou
locale pour la diffusion de films auprès du jeune public italien. Il évoque l’importance de parvenir dans un tel
contexte à convaincre les jeunes à voir les films du passé et souhaite pour cela que les liens entre les
cinémathèques et les salles de cinéma se resserrent davantage.
Puis Ian Christie et Madeleine Probst souhaitent la bienvenue aux participants, avant de les inviter à présenter
leur cinéma et leurs activités en direction du jeune public.
Présentations de Myrto Aretaiou (Cine Filip, Athènes) ; Jacky Beck et Sarah Bettendorf (Utopia/Utopolis,
Luxembourg) ; Matt Beere (Chapter Arts Center, Cardiff) ; Jemma Buckley (Rio Cinema, Londres) ; Ted
Chiaradia (Nederlands Film Fonds, Amsterdam) ; Helène Christanell (Filmclub, Bolzano) ; Luz Delgado et
Juan Heras (Cines Van Dyck, Salamanque) ; Jacques Fretel (Ciné TNB Louis Jouvet/Cinéma Arvor, Rennes) ;
Miriam Gilissen (Filmhuis Den Haag, La Haye) ; Mikael Johansson (Kino/Södran, Lund) ; Sabrina Marquez
(Cinema Arenberg, Bruxelles) ; Jola Mysczka (Kino Rialto, Poznan) ; Julie O’Regan (Pictureville, Bradford) ;
Triin Rohusaar (Kino Soprus, Tallinn) ; Olga Selivanova (Village Cinemas, Prague) ; Petra Slatinšek
(Kinodvor, Ljubljana) ; Vlado Trifonov (Cinema House, Sofia) ; Renate Wurm (Das Kino, Salzburg) ; Daniela
Zuklic (Thalia Arthouse Kinos, Potsdam)
......
« Le nouveau visage de l’histoire du cinéma » par Ian Christie
A la question « avons-nous besoin d’une histoire du cinéma ? », Ian Christie propose deux réponses :
- Face à la quantité de films accessibles (accrue par internet, le DVD et les autres nouveaux supports de
complément), une bonne connaissance est nécessaire pour avoir des repères.
- Parce que plus on connaît et comprend, plus on apprécie.
Mais deux difficultés se posent :
D’une part, les jeunes manquent d’intérêt pour l’histoire. On peut d’ailleurs se demander si l’on doit aborder
l’histoire dans sa chronologie ou par thème. Bien qu’aujourd’hui, on suive une organisation thématique.
D’autre part, les contenus de l’histoire du cinéma sont trop souvent liés aux goûts et aux idées des historiens.
Afin d’apporter une valeur attractive, il convient de parler « d’exploration du cinéma », d’utiliser des réalisateurs
« branchés » tels que Tarantino ou Scorcese (en créant par exemple un lien entre Les Chaussons rouges de M.
Powell et Les Affranchis).
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Par ailleurs, il peut être intéressant de remettre en lumière les réalisateurs qui ont jeté les bases du cinéma.
Grace à la numérisation, on peut à nouveau accéder à l’œuvre de Buñuel, Chaplin, Renoir, Griffith…
Et puis aujourd’hui, on prête moins d’importance au « film canon », et afin d’orienter le public, on privilégie :
• les listes de films - top 10, top 50, top 100
• les sondages, les questionnaires
• les bases de données internet où l’on invite les gens à voter (ex: IMDB)
Il faut profiter de ces processus proposant une interactivité de manière à impliquer le public, s’efforcer de
développer des activités autour du Social Networking.
En conclusion, l’approche de l’histoire du cinéma s’est élargie grâce aux festivals, à la restauration et au travail
réalisé par les archives de film. Il s’agît à présent de profiter de l’éclectisme de l’offre en programmant davantage
de films.
……
Deux groupes de travail autour du thème : « Forces et faiblesses des structures indépendantes »
Ian Christie introduit la session en expliquant que l’on ne peut dissocier le travail de programmation et le lieu où
les films sont présentés.
Un questionnaire est distribué et chaque participant doit évaluer l’image générale de la salle, l’accessibilité de la
salle, l’aspect extérieur de la salle et la communication des programmes.
Questions et remarques émises par les participants lors de la discussion :
-
Evaluer la concurrence.
Se renseigner sur la réputation de la salle, en effectuant une enquête par exemple.
S’assurer que la salle soit bien connue du public.
Comment le public se rend au cinéma ? L’utilité d’un parking, l’importance des transports publics …
Comment donner de la visibilité à sa salle et aux activités entreprises ?
Faire face à la difficulté d’attirer un public local dans des quartiers défavorisés ou communautaires.
Soigner l’accueil de la salle pour séduire les plus jeunes.
Peut-on remplacer les programmes imprimés par des newsletters ? Outre les économies d’impression et
de temps, la démarche offre plus de souplesse lors de changements de dernière minute dans la
programmation.
Comment attirer le jeune public en dehors des séances scolaires ? Trouver des idées d’opération
marketing ; introduire le film par un adulte ; faire visiter le cinéma lorsque les jeunes viennent avec
l’école de manière à créer un dialogue, et les inciter à revenir.
Développer l’idée de plate-forme en faisant promouvoir le film sur le site de la salle par les jeunes euxmêmes.
Tirer avantage des espaces de rencontre de la salle tels que le bar, le restaurant…
……
« Quels sont les problèmes communs aux salles Europa Cinemas » par Madeleine Probst
Madeleine Probst soulève les questions pertinentes que les exploitants du réseau doivent se poser :
Collaborer toujours plus avec les distributeurs.
Comment lutter face aux téléchargements de films ?
Eduquer à l’image pour entretenir les liens avec le Jeune Public.
Comment renouveler le public ?
Comment attirer les adolescents ?
Il faudrait étudier les stratégies commerciales et de communication employées par les Américains.
« Film mainstream » / « Film niche » : Comment coupler les deux types de programmes ?
Insister sur l’idée de créer un espace dédié à la culture cinématographique.
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Lundi 30 juin 2008
Archives de film et cinéma numérique
Ian Christie remarque que le contexte du festival Il Cinema Ritrovato présente une occasion précieuse de
combler les lacunes entre cinémathèques et salles de cinéma. Les salles se sentent bien souvent distantes de
l’accès aux archives. Pourtant, il existe une grande variété d’archives dans chaque pays. Il s’agit ensuite de
trouver la cinémathèque qui pourra fournir les œuvres recherchées.
Le véritable problème réside dans le fait que les archives de film ne soient pas toujours disponibles pour
coopérer avec les salles de cinéma.
Intervention de Nicola Mazzanti, spécialiste en restauration de film
Nicola Mazzanti sensibilise les participants à propos des problématiques liées au format d’image, de son et de
cadre. Il est persuadé qu’un format unique pourrait améliorer les choses.
On sait aujourd’hui que la qualité d’une projection numérique est supérieure à une projection en pellicule. Outre,
la meilleure qualité d’image, le numérique réduit le risque d’erreur durant la projection. Le premier problème est
relatif aux coûts, encore relativement élevés. On trouve néanmoins de plus en plus d’équipements abordables.
L’autre difficulté concerne la conservation. Le DCP (Digital Cinema Package) s’impose en nouvelle alternative, et
pourtant les banques de données numériques ont une durée de vie limitée. La marge de progression dans le
domaine de la conservation est importante, mais aujourd’hui on peut penser que des œuvres numériques sont
presque plus en péril que si elles étaient fixées sur un support argentique.
On remarque aussi que les standards évoluent constamment, les supports ont une durée de vie supérieure à
celle du matériel permettant la lecture de ces mêmes supports. (Exemple : la disparition du magnétoscope quand
les bandes des cassettes VHS sont encore parfaitement lisibles).
On attend aussi des améliorations concernant la compatibilité.
Nicola Mazzanti regrette qu’il n’y ait de politique afin de contrôler les questions et les enjeux du numérique. Il
s’agît à présent de rattraper le retard pris sur les Etats-Unis et le Japon. L’industrie de laboratoire de films est sur
le point de disparaître en Europe, où l’industrie de la préservation est totalement négligée. De ce fait, la
numérisation de données est inévitable.
Le cinéma numérique peut-il faciliter l’accès aux archives ?
Il existe des exemples heureux, des salles se responsabilisent et s’efforcent de montrer des films du passé. On a
vu en Grande-Bretagne récemment des copies numériques de films de David Lean circuler dans les salles
équipées en projecteur numérique. Il s’agissait d’un projet culturel, financé et organisé grâce à une politique
nationale. Face aux divers coûts, les exploitants, responsables de la diffusion des films, doivent travailler en
groupe, se mettre en réseau.
Par ailleurs, il existe souvent un problème autour des droits de diffusion. On note que des œuvres
cinématographiques sont restaurées, mais des restrictions liées aux droits de propriété empêchent leur diffusion.
L’exemple des films des Frères Lumière illustre ce type d’impasse, l’œuvre restaurée n’ayant pratiquement
jamais été rendue visible au grand public.
Il est donc regrettable que des initiatives, souvent financées grâce à l’argent public, ayant pour but de conserver
un film n’impliquent pas forcément que ce même film sera découvert ou redécouvert par le grand public.
Après l’intervention de Nicola Mazzanti, Ian Christie souligne l’importance des institutions locales des archives.
Souvent, les œuvres y étant disponibles sont « locales » : documents amateurs, documentaires voire fictions.
La majorité des documents archivés représentent des œuvres non fictionnelles. Ce type de films « locaux »,
établissant souvent un lien avec la région où ils se trouvent, peuvent être un bon moyen d’éveiller la curiosité du
spectateur pour l’image (exemple : Ian Christie propose les extraits d’un film amateur représentant Londres
durant la Seconde Guerre Mondiale, et dont l’intérêt est renforcé par le fait que les images du document aient été
colorisées).
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Deux groupes du travail autour du thème : « Analyser nos publics : Comment les diversifier ? »
Un questionnaire est distribué à chaque participant afin qu’il évalue :
- Sa capacité à attirer différents types de public
- Le matériel pédagogique et promotionnel qu’il met à disposition du public
Les participants admettent pour la plupart qu’il leur est difficile d’attirer le public adolescent. Certains justifient
cette insuffisance par le fait que peut-être, les jeunes n’ont pas les ressources financières pour se rendre d’euxmêmes au cinéma. Le problème du téléchargement est aussi évoqué.
Par ailleurs, l’expérience prouve que les jeunes ne sont pas forcément exigeants en termes de qualité de
projection, ils sont habitués à visionner quotidiennement des images sur de petits écrans. Le problème ne serait
pas lié au type d’infrastructure. La solution serait plutôt de trouver un contenu adapté à leurs envies, lié à leurs
centres d’intérêt.
En revanche, on remarque que l’organisation d’un évènement autour du travail d’un artiste local, à portée
régionale, attire très souvent les adolescents.
L’organisation d’un festival de vidéo amateur est aussi un bon moyen d’attirer le public de cette tranche d’âge, et
présente l’occasion de le familiariser avec la salle.
D’autre part, le choix d’une thématique spécifique – l’écologie par exemple – peut permettre d’attirer ce jeune
public qui fait défaut. Un partenariat avec des associations ou des acteurs de ce domaine peut aider à renforcer
l’impact d’un tel évènement.
La collaboration en règle générale avec des organismes extérieurs est toujours intéressante, notamment parce
qu’elle facilite la visibilité du travail entrepris par la salle.
……
« Quelles méthodes adopter pour s’adresser au jeune public ? »
Comment utiliser les supports numériques pour attirer le Jeune Public ?
Il faut bien intégrer l’idée que le langage utilisé pour s’adresser au jeune public est différent.
Il est important de définir la cible, l’offre et les ressources à disposition.
Il faut surtout impliquer les jeunes, les encourager le plus possible à participer aux projets.
Exemple:
Le site de l’ICO qui propose de
naviguer à travers une grande variété
de contenus.
www.independentcinemaoffice.org.uk
Il faut se concentrer sur les nouveaux systèmes de communication, et se poser la question suivante :
Les podcasts, les blogs, les forums vont-ils apporter un plus ?
Ces outils ont l’avantage de proposer du contenu de manière régulière.
Par ailleurs, le Social Networking (réseaux sociaux ou communautés virtuelles) est très utile pour accompagner
les initiatives « niche ».
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Mardi 1er juillet 2008
Etude de cas de programmation spécifique
pour le jeune public
En s’appuyant sur leur matériel didactique, les
participants présentent une activité dédiée au
jeune public :
•
Ecran large sur tableau noir - Sabrina
Marquez, Cinema Arenberg, Bruxelles
« Cette action est organisée en coproduction
avec le centre culturel Les Grignoux de Liège.
Un réseau de plusieurs salles en Belgique
francophone participe à cette opération. Une
sélection de films ciblés pour les différents
niveaux d’école (maternelles, primaires, Sabrina Marquez (Cinema Arenberg, Bruxelles)
collèges…) sont mis à disposition des
enseignants.
Sur la brochure destinée aux professeurs, outre les fiches technique et artistique du film, figurent des suggestions
d’angles d’approche de l’œuvre susceptibles d’établir un lien avec les programmes scolaires. Parfois, l’Arenberg
propose une animation supplémentaire autour du film choisi. Dans le cadre de la projection du film 4 mois, 3
semaines, 2 jours, un débat a été organisé à la demande des professeurs en collaboration avec la Ligue des
Droits de l’Homme.
Par ailleurs, le Cinema Arenberg s’efforce de proposer des actions spécifiques, en profitant notamment de la
présence des nombreux musées alentours ».
•
Van Dyck de Corto - Luz Delgado, Cines Van Dyck, Salamanque
« L’objectif était de pallier le manque d’actions envers le jeune public dans la région, et plus généralement en
Espagne. Peu de films européens destinés au jeune public sont distribués en Espagne. La salle a donc décidé
d’organiser un concours de court-métrages en collaboration notamment avec les écoles. L’idée étant de proposer
au public, lors de rendez-vous mensuels, les travaux les plus intéressants ».
•
Digital Playground - Miriam Gilissen, Filmhuis Den
Haag
« Une bonne solution pour développer une action utile
d’éducation à l’image est d’impliquer au maximum les
enfants. Ainsi, outre les séances scolaires, Filmhuis
Den Haag coordonne des ateliers de réalisation de
court métrage. En l’espace de quelques heures, les
jeunes participants réalisent des travaux vidéo sous la
direction d’un animateur. L’expérience est une
réussite, les enfants sont de plus en plus nombreux à
s’inscrire et le programme Digital Playground profite
d’une importante reconnaissance, notamment grâce
au site internet sur lequel il est possible de voir ces
courts.
Par ailleurs, les films font l’objet d’une sélection et des
prix sont attribués lors d’un festival qui se déroule au
sein du Filmhuis Den Haag. Un jury de professionnels
est réuni afin de désigner les meilleurs travaux ».
www.digitalplayground.nl
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« Créer un contexte autour de la sortie de nouveaux films » par Madeleine Probst
Madeleine Probst ouvre la session en s’appuyant sur l’exemple de 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Le film qui avait
été distribué en Roumanie en « caravane » par Chris Mungiu en personne, peut être proposé sous divers angles
d’approche tels que l’avortement ou le thème de l’amitié. On peut aussi évoquer le succès critique et la Palme
d’or qu’il a obtenu pour insister sur le fait que le film doit être vu. A l’occasion de la sortie du film, un podcast était
disponible sur le site web du Watershed. Mark Cosgrove y présentait le nouveau cinéma roumain et
recommandait de voir le film de Mungiu.
Elle cite ensuite l’exemple du film La graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche qui fut sorti au Watershed durant la
Bristol Refugee Week 2008. Durant cette même semaine, de nombreux courts métrages traitant du thème de
l’intégration furent projetés en complément.
Par ailleurs, le French Institute mettait à disposition une copie de L’Esquive, le précédent film de Kechiche.
Lors de la sortie de films liés à l’univers de la musique, dans les salles luxembourgeoises Utopia/Utopolis, des
concerts ont parfois été organisés afin d’attirer la presse, le public et d’encourager « le bouche à oreille ».
Concernant I’m not here de Todd Haynes, une soirée en hommage à Bob Dylan a été organisée par la salle. De
même, des chanteuses de fado sont venues se produire lors de la sortie du film Fados de Carlos Saura.
……
« Programmation et promotion du court métrage » par Mark Cosgrove
Mark Cosgrove, programmateur et directeur d’un festival de courts métrages, explique comment attirer le jeune
public, en rappelant que le format court reste un bon moyen d’accès à l’industrie cinématographique.
Une des difficultés reste de parvenir à montrer les œuvres à des jeunes en dehors des séances scolaires. Il s’agît
donc de trouver une façon dynamique et pédagogique d’aborder le jeune public. Le multimédia étant une option
pertinente. Il est important de parvenir à construire un engagement à long terme avec ces jeunes spectateurs.
Concernant e-shed, les membres plus âgés accueillent et parrainent les plus jeunes afin de maintenir une
certaine continuité. Le but étant aussi de les sensibiliser le plus possible aux domaines professionnels du cinéma,
afin qu’ils puissent se servir de leurs connaissances dans le futur.
D’autre part, il est déterminant de développer les projets conjointement avec des organisations.
Quelques courts métrages sont projetés, notamment Gearhead de Joe Magee. Bristol étant une ville caractérisée
par un taux de chômage important, il était nécessaire dans ce contexte difficile de placer les enfants au centre du
développement de ce film, de les aider à raconter leur propre histoire, autour de thématiques qui leur sont
familières.
Par ailleurs, il est pertinent d’entrainer les jeunes vers ce type de projet en profitant de leurs aptitudes en matière
de nouvelles technologies. Ces adolescents étant souvent utilisateurs de Second Life, Facebook, etc. … .
Le site www.eshed.net est une plateforme dédiée aux 14 - 21 ans,
proposant une multitude de contenus
créatifs. La mise en place d’un forum a
permis d’impliquer les jeunes au
maximum, de les placer au centre de
l’action. Le but étant ensuite de créer
un lien entre ces activités proposées
par le Media Center et les films
programmés.
10
Barber illustre cette volonté de développer des projets à partir de films. Ce court métrage fut réalisé par les
jeunes de la communauté noire de Bristol. L’action se déroule dans un salon de coiffure, le projet ayant été
développé sur la base de Caramel, le film de Nadine Labaki.
D’autre part, la mise en place d’autres plateformes, comme Electric December (www.electricdecember.org), a
permis de diversifier l’offre et d’accroître l’intérêt du jeune public. Ce site fonctionne sur la base d’un calendrier de
l’avent et offre chaque jour un court métrage réalisé par les jeunes eux-mêmes.
Mercredi 2 juillet 2008
Quels sont les films que le jeune public doit voir « absolument » ?
Réflexion sur un top 10 de films
Ian Christie explique les raisons pour lesquelles l’idée de développer un canon, un top 10 de films, peut avoir un
impact positif important.
Les premières listes de films sont apparues dans les années 30. Des critiques commencèrent à dresser des
classements de meilleurs films. En 1952, le premier top 10 international est publié. On remarque à la première
place Le Voleur de bicyclette. Le cinéma néo-réaliste marque le contexte de l’époque. Un film réalisé quatre ans
plus tôt seulement, est placé en tête de ce classement, dans lequel figurent Chaplin, Eisenstein mais aussi D. W.
Griffith. Naissance d’une nation que personne ne regarde plus à l’époque est placé dans ce top 10 comme un clin
d’œil à l’histoire du cinéma.
Dix ans plus tard, le top 10 a énormément changé. Citizen Kane est devenu le film numéro un, le cinéma néoréaliste incarné par De Sica chute au classement au profit de L’Avventura, et on note la présence du cinéma
japonais, représenté pour la première fois.
Il est intéressant de se pencher sur ces classements, et d’observer les changements suivant les années. On peut
noter aussi que certains genres cinématographiques sont peu représentés dans ces listes, les comédies ou les
films d’animation sont rarement cités par exemple.
Enfin, concernant l’influence de ces classements, on peut citer en exemple l’initiative de restaurer le film La Règle
du jeu, déterminée par le fait que le film de Jean Renoir apparaissait toujours dans ces listes.
Les exploitants ont chacun proposé un TOP 10 de films européens les plus importants pour le jeune public. Voici
la liste qui en résulte :
Das Leben der Anderen
Metropolis
La Haine
This is England
Trois couleurs
Voleurs de byciclette
Cinema Paradiso
La Vie est belle (Benigni)
À bout de souffle
Le Ballon rouge
Les 400 coups
Conclusions des Ateliers
Actions
•
•
•
•
•
•
•
Réfléchir sur l’idée de déterminer un film Jeune Public provenant de chaque pays
Prendre en considération l’histoire européenne lors des choix de programmation, pour renforcer
l’action éducative
« Syllabus » : Mise en place d’un programme référence dans chaque pays
Utiliser Europa Cinemas pour développer les contacts
Utiliser le court métrage pour initier au langage cinématographique
Film making : ateliers de réalisation. Ils permettent d’entreprendre à plusieurs
Créer des plateformes parallèles au site internet. Pourquoi ne pas dédier une page Facebook à
sa salle ?
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Sites Internet
Independent Cinema Office: www.independentcinemaoffice.org.uk
Rubrique Education : www.independentcinemaoffice.org.uk/education.html
Film London : www.filmlondon.org.uk
Watershed : www.watershed.co.uk / www.eshed.net / www.electricdecember.org
Digital Playground: www.digitalplayground.nl
Ecran Large sur tableau noir : www.grignoux.be/ecran-large
Cinémathèque de Bologne : www.cinetecadibologna.it
Les sites Internet des salles Europa Cinemas - adresses à retrouver sur le site d’Europa Cinemas :
www.europa-cinemas.org.
A retrouver également sur notre site Internet dans la rubrique Jeune Public, de nombreux liens vers des sites
dédiés à l’éducation au cinéma et aux jeunes spectateurs dans toute l’Europe
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