Embarqué… Mon nom est PERSONNE, je crois Mon nom n`est plus
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Embarqué… Mon nom est PERSONNE, je crois Mon nom n`est plus
Embarqué… Mon nom est PERSONNE, je crois Mon nom n’est plus, n’est pas, je ne sais plus quel est mon nom. Les fers sont devenus beaucoup trop lâches à mes chevilles, ou tout au moins ce qu’il en reste. Extensibilité d’un métal que j’ignorais ? Est-ce mon corps qui s’amoindrit ? Je pourrais aisément glisser hors de ces cercles à mes pieds cependant mes bracelets sont, eux, sûrs à mes poignets musclés à outrance. Combien de va-et-vient, me décharnant l’assise, ont courbé mes reins vers cet avant qui m’évite les cinglements incessants de cette liane de cuir qui déchire les chairs plus assurément que ne sauraient le faire nos bouches édentées, affamées. Les miasmes des restes de nos autres, semblables, qui ne sont plus évacués ; de nos souillures les plus intimes. Je ne reconnais plus mon sexe au travers des lambeaux maculés par mes « propres » déchéances. Qui est là-haut ? Un roi, un prince ou un salaud ? Sur quel fantomatique océan voguons-nous ? Nous voguons, c’est certain mais, depuis combien de jours, de semaines, de mois, d’heures, de minutes ou de secondes ? Tout est pareil lorsque le temps se meurt, hommes et bourreaux, bateaux et rames. Quel mauvais vent nous pousse à servir ce voyage dont nous ignorons tous même le but, s’il en est un. Galérien, je suis et galérien, je mourrai avant que cette embarcation ne tosse contre un hypothétique quai…