Leffrinckoucke_Comment-la-plage-de-Leffrinckoucke-Terminus
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Leffrinckoucke_Comment-la-plage-de-Leffrinckoucke-Terminus
Comment la plage de Leffrinckoucke-Terminus a raté sa vocation A un moment où l'on reparle du développement du secteur de Leffrinckoucke-Terminus il nous a semblé intéressant de rappeler l'espoir que quelques promoteurs avaient mis dans la prospérité de ce secteur au début du siècle. Ce rappel est permis grâce aux recherches effectuées par un Leffrinckouckois passionné d'histoire locale, M. Jean-Pierre Salengro. Nous l'en remercions. L'essor de cette plage a été décidé avec la création le 26 Aout 1899 de la société MaloLeffrinckoucke dont le but était d'achever l'équipement de Malo-les-Bains, Malo-Centre étant déjà florissant. Deux autres sociétés immobilières existaient, celles de Malo-Terminus et de Leffrinckoucke-surMer. Cette dernière avait acquis des terrains dans le quartier situé entre la gare et le boulevard Trystram où avait été aménagé, en 1893, sur l'actuel emplacement de l'avenue Jules Deswarte, un hippodrome "le champ de courses de Dunkerque". Celui-ci avait été financé par Gaspard Malo et les "courses de Malo" y étaient disputées. Malo eut ensuite son propre hippodrome à l'endroit où se trouve actuellement le camping. Alfred Roche et Edouard Denièle Les personnes qui, à cette époque, mirent le plus de dynamisme à la création de la plage de Terminus furent Alfred Roche, directeur de l'octroi de Dunkerque, qui présida la délégation municipale de Malo avant l'élection du premier conseil municipal de la nouvelle ville, et Edouard Denièle (dont le vrai prénom était Louis) qui fonda l'hôtel Terminus, construit en 1899. Ce dernier fut ensuite exploité par sa fille et son gendre, Mme et M. Lionne-Denièle, puis par sa petite-fille et le mari de celle-ci, Mme. et M. Albert Bondois-Lionne. L'hôtel Terminus est encore aujourd'hui l'établissement-vedette de la place de Terminus, qui porta d'ailleurs le nom de place Edouard-Denièle. Quand MM. Roche et Denièle prirent l'affaire en mains le secteur plage de Leffrinckoucke n'était que dunes. Celles-ci s'arrêtaient au bord du chemin de fer Dunkerque-Furnes inaugurée en 1870. On n'y voyait que la gare, l'hôtel Terminus et la taverne du Littoral appartenant à M. Jules Holbet, située à l'extrémité Ouest du boulevard Trystram. Cet établissement fut ensuite exploité par M. Léon Vandersmissen, puis détruit pendant la dernière guerre, de même que les villas bâties en front de mer. Il fut remplacé, dans les années 70 par "La Bicoque", elle aussi disparue. Après la guerre, M. Vandersmissen exploita le café "Au Robinson", dans le virage de la route du Pont, redevenu maison particulière depuis de nombreuses années et devant laquelle on voit encore deux des bacs à fleurs qui, jadis, ornaient les abords de l'hôtel Terminus. Une rapide métamorphose Des plans de la nouvelle station furent établis. 1.200.000 mètres carrés de terrains furent lotis et vendus par parcelles. Environ trois cents acquéreurs se présentèrent et en six mois cette plage réalisa ce que d'autres avaient mis dix ans à créer. C'est que MM. Roche et Denièle avaient fait de nombreuses études dans des stations célèbres et avaient saisi le secret du succès. Ils mirent le projet au point au terme de sept ans de prospection. Chemin faisant, ils s'étaient assurés la collaboration d'autres Malouins voulant faire de la station la première plage du Nord. Au début du siècle la digue fut construite par l'entreprise Degraeve, de Quesnoy-sur-Deûle. Mais l'opération qui devait être le "clou" de cette réalisation quasi-foudroyante fut la construction du casino. Commencée le 15 Décembre 1901 elle fut menée en un temps record par les Ets Dufour frères, d'Armentières, sur les plans de MM. Baert et Boidin, architectes à Lille. Le casino ouvrit le 28 juin 1903. La forme au sol de l'édifice était celle d'un trapèze, du fait de l'alignement de ses façades principales sur la digue et sur le boulevard Trystram. Il comportait un coté ouvert vers l'intérieur. L'escalier d'honneur donnait sur le boulevard. Le rez-de-chaussée comprenait le bureau, la caisse, le salon du cercle, la salle à manger, le salon de jeux et une magnifique salle de fêtes de 1.200 places pouvant être agrandie par une terrasse-véranda. Les anciens Leffrinckouckois se souviennent avoir reçu leurs prix dans cette salle lors des distributions de fin d'année scolaire. L'hôtel comprenait cent vingt cinq chambres réparties sur trois étages. Extérieurement l’aspect était grandiose. La façade était blanche, recouverte d'une composition lithique spéciale. Le casino était desservi par un tramway qui assurait la navette avec le Kursaal de Dunkerque. Pendant les deux premières semaines de l'exploitation les tramways étaient tractés par des chevaux et dans les jours qui suivirent l'inauguration du casino, les voyageurs devaient faire 200 mètres à pied, les rails n'ayant pas encore été disposés jusqu'au perron d'honneur où descendirent ensuite les plagistes. La ligne avait été inaugurée le 21 Juin 1903, une semaine avant la mise en service du casino. Les promoteurs n'avaient pas vu les choses modestement en ce qui concerne l'avenue menant à la plage. En effet, outre la largeur du boulevard Trystram telle qu'il se présente actuellement, figurait au plan une réserve de 21 mètres de profondeur longeant la partie Nord de la chaussée en prévision de l'aménagement d'un double sens de circulation et d'un terre-plein central. On peut se rendre compte de ce que devait être cette chaussée au vu du parking situé en bordure du lotissement de la Plage, face à la rue Abbé Bonpain. Dynamité 1 Le premier directeur du casino fut M. Clément, administrateur de l'exposition de Lille. Le chef était Louis Thiéry, un cuisinier de renom, lauréat de toutes les expositions depuis quinze ans, membre de jurys de concours, auteur de rapports qui lui valurent les insignes d'officier d'Académie. Il est certain que la première guerre mondiale vint briser l'élan qui aurait pu faire de la plage de Leffrinckoucke-Terminus une très grande station. L'essor était retombé. Après la guerre et jusqu'à l'aurore des années trente on construisit encore des villas mais le magnifique équipement se révéla trop grand pour l'activité de la plage qui s'était considérablement ralentie. M. Charles Boucher, un sympathique homme replet à moustache blanche et toujours coiffé d'un chapeau, qui fut doyen du conseil municipal de 1925 à 1935, avait acheté le casino au constructeur, M. Richard Dufour. Un jour de 1942 il eut le pénible privilège d'assister à sa destruction par les Allemands alors que le magnifique édifice avait été épargné par les bombardements. Les occupants avaient en effet tenu à éliminer ce bâtiment dont le dôme pouvait servir de repère à la marine et à l'aviation britanniques. Le même sort fut réservé ensuite à l'église du Village de Leffrinckoucke. M. Boucher décéda en Juin 1947 à Lille où il était domicilié. Le casino ne fut pas reconstruit car les indemnités de dommages de guerre qui auraient du permettre cette opération furent transférés en grande partie à Tourcoing pour la construction de maisons ouvrières d'une firme de textile. A sa place fut édifié un immeuble qui n'a rien de comparable avec le prestigieux bâtiment. Aujourd'hui le vent est à la relance de l'urbanisation de ce secteur mais l'on ne retrouvera probablement plus jamais un équipement comme l'ancien casino. On peut voir à l'hôtel de ville de Leffrinckoucke une maquette de l'édifice réalisée par un habitant de cette commune, M. René Plovier. Stéphane BIJAN