Comment vous protéger des incivilités ?

Transcription

Comment vous protéger des incivilités ?
actuel
Dans la rue,
dans les transports…
Sur la route, en voiture,
les incivilités sont légion.
Pas toujours facile
de rester calme et
détendue dans ce cas !
Comment vous
protéger des incivilités ?
P
endant longtemps, en
conduisant en ville, je me
suis sentie agressée par
certains automobilistes,
raconte Marie, 39 ans.
Entre ceux qui hurlent ou
klaxonnent dès que l’on met trop de
temps à démarrer après un feu rouge,
ceux qui font des bras d’honneur, insultent… cela peut vite devenir insupportable ! À une époque, si je n’avais
pas été obligée d’emmener mes en-
fants à l’école en voiture, je crois que
j’aurais arrêté de conduire ! »
Le manque de savoir-vivre et
l’agressivité des autres est une importante source de stress à laquelle
nous sommes confrontées tous les
jours : un homme qui crache dans la
rue juste devant nous, un regard masculin trop appuyé, voire une main aux
fesses dans les transports en commun, une conversation téléphonique
trop bruyante… Ces actes ne sont pas
toujours très graves mais, jour après
jour, et surtout plusieurs fois par jour,
ils peuvent nous miner le moral et
même être à l’origine d’un climat
d’insécurité qui finit par devenir pesant : en effet, comment demander à
un homme qui ne cesse de nous « mater » d’arrêter immédiatement son petit jeu ? Comment faire comprendre
à une adolescente totalement survoltée, en grande conversation avec sa
copine, que l’on aimerait qu’elle raconte sa vie au téléphone avec plus de
discrétion ? Risque-t-il(elle) de mal
le prendre ? De devenir agressif(ve)
envers nous ? Ces craintes nous empêchent souvent de réagir. Pourtant,
quand on estime que les limites ont
été franchies, on peut exprimer ce
que l’on ressent et dire « stop » sans
pour autant se mettre en danger.
« Souvent, le premier réflexe est
de se taire sous prétexte que l’on
exagère peut-être et que l’autre
ne fait pas exprès de nous déranger, explique Irène Zeilinger, coach
Les incivilités
se sont-elles
multipliées ?
« J’en ai de plus en plus assez quand
je croise des personnes qui écoutent
leur musique à fond dans leur casque
audio ou qui parlent très fort au téléphone dans les transports en commun ou dans les files d’attente du
supermarché, se plaint Sandrine,
38 ans. Un jour, j’étais tellement excédée que j’ai demandé à un jeune
homme de baisser le son, mais il ne
m’a même pas entendue tellement sa
musique était forte ! »
Comment réagir quand on est victime d’incivilités ?
« Dans le métro, deux
jeunes hommes, assez
éloignés l’un de l’autre,
se racontaient leur
week-end respectif
haut et fort, se souvient
Carole. Ça gênait
manifestement tout le
monde, mais personne
n’osait rien leur dire.
Pourtant, on sentait
bien qu’ils n’étaient
pas méchants, donc
j’ai pris mon courage
à deux mains et, avec
un air un peu maternel,
tout en souriant, je les
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ai apostrophés : “Hé,
les garçons, ça ne vous
ennuierait pas de vous
rapprocher pour faire
moins de bruit en vous
parlant ?” Ils ont ri et
se sont excusés auprès
de toutes les personnes
présentes. »
« Il vaut toujours
mieux demander
clairement les choses
et parler de soi »,
recommande Irène
Zeilinger, coach
d’autodéfense. Ainsi,
il est préférable de
dire : « Je suis avec mes
enfants et comme vous
mettez vos pieds sur le
siège, on ne peut pas
s’asseoir » plutôt que :
« Vous dérangez tout le
monde en salissant les
sièges ! » car les gens
supportent mal qu’on
leur donne une leçon
de morale. Pour réagir,
vous pouvez d’abord
décrire calmement
le comportement
dérangeant : « Vous
parlez fort à côté de
moi », « Vous fumez trop
Selon une enquête Ipsos, 65 % des
Français trouvent que les incivilités ont augmenté ces dernières
années. « Pourtant, il est difficile
de dire si ces comportements sont
vraiment plus nombreux qu’auparavant, nuance Isabelle Ockrent, directrice de la communication et de la
marque de la RATP. Certains gestes,
qui paraissaient banals hier, sont aujourd’hui considérés comme des incivilités, comme par exemple fumer sur
le quai d’un train ou cracher. D’autres
sont apparus, comme parler trop fort
dans son portable. Mais ce qui est
certain, c’est que les gens sont de plus
en plus sensibles aux incivilités et
les remarquent davantage. »
près de moi » et évoquer
ensuite le sentiment que
cela provoque chez
vous : « Je ne peux plus
lire », « L’odeur du tabac
m’incommode. » Et enfin,
formulez une demande
concrète : « Pourriezvous mettre fin à votre
conversation s’il vous
plaît ? Fumer un peu plus
loin ? » Mais si la personne
vous envoie « sur les
roses », mieux vaut éviter
de renchérir car vous
risquez alors d’entrer dans
un conflit sans fin et, du
coup, l’énervement va
vous gagner et ne plus
vous quitter.
Dans les transports en commun, certains comportements sans gêne
deviennent vite pénibles et préjudiciables pour tout le monde.
Il faut dire que nous sommes de
plus en plus nombreux dans des
villes de plus en plus importantes,
Photos Able Images/Orédia ; Voisin, Garo/Phanie ; Radius Images/Photononstop ; Getty/Thinkstock
L’accumulation de petits
désagréments, souvent anodins
à première vue, peut devenir
véritablement insupportable
si l’on ne réagit pas !
sa cigarette de l’autre main. » Même
remarque chez Maud : « Dans le bus, mon voisin collait sa jambe contre la
mienne. Je ressentais de légères pressions. Ça me dégoûtait, mais je n’étais
pas sûre qu’il le faisait vraiment exprès, alors je n’ai rien dit. »
ce qui rend nos conditions de vie
quotidienne plus stressantes : nous
sommes beaucoup à rouler en voiture sur les mêmes routes, aux mêmes
heures, pour nous rendre au travail
dans les mêmes zones d’activités ;
nous nous retrouvons compressés
dans les mêmes bus ou tramways, aux
mêmes heures de pointe ; nous allons
dans les mêmes centres commerciaux
et hypermarchés à peu près en même
temps… Et cette densité contribue
à multiplier les énervements et les
agacements dont nous sommes tour
à tour victimes et coupables : qui n’a
jamais eu une conversation téléphonique dans la file d’attente d’un supermarché alors qu’il n’avait rien d’urgent à dire ? Qui n’a jamais klaxonné
d’impatience derrière une voiture qui
roulait très lentement, sans doute car
elle cherchait son chemin ? Qui n’est
jamais resté assis sur son siège alors
qu’une personne plus âgée aurait bien
mérité la place ?
Ne subissons
plus en
silence !
« À la terrasse d’un café, une fille
fumait à sa table à côté de celle où
j’étais installée avec mon fils, raconte
Florence, 50 ans. Manifestement,
elle ne voyait pas que sa fumée nous
dérangeait. Ou elle ne voulait pas
le voir. Nous avons fini par changer
de place, mais je me suis dit ensuite
que j’aurais pu aussi lui demander
de faire un peu attention ou de tenir
d’autodéfense*. Pourtant, il ne faut surtout
pas subir en silence car
c’est cela qui nous mine
et nous rend les choses
si difficiles à supporter.
Certes, on peut préférer ne pas réagir parce
que cela apparaît trop
risqué, par exemple.
Cependant, dès lors
que l’on est dérangé, et
même si la personne ne
le fait pas exprès, on a
le droit de dire : “Excusez-moi, mais pourriez-vous arrêter de coller votre jambe contre la
mienne, s’il vous plaît ?”
Cependant, on peut
aussi considérer que l’on
ne réagira pas car on n’a
pas envie de dépenser de l’énergie à
lutter contre l’incivilité dont on est
victime. » Ainsi, Marie a préféré ne
pas se mettre en colère : « Je commençais à garer ma voiture quand
une autre femme est arrivée et s’est
garée très vite à ma place : c’était déjà
grossier, mais en plus elle s’agitait et
m’insultait ! Je l’ai regardée fixement
et sans rien dire, je suis allée me garer ailleurs. Je me savais dans mon
bon droit, mais je n’avais pas envie
de m’énerver. Par hasard, on s’est retrouvées au supermarché, elle est venue vers moi et s’est excusée. Elle m’a
dit qu’elle avait eu une sale journée et
qu’elle s’était énervée à tort. Je lui ai
ré­pon­du que je l’excusais. J’étais assez fière de mon attitude ! »
*Auteur de Non c’est non, petit manuel
d’autodéfense, éd. Zones.
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actuel Protégez-vous des incivilités !
Comment se défendre en cas
de harcèlement dans la rue ?
Voici les conseils d’Irène Zeilinger,
coach d’autodéfense.
« Eh, s......, tu pourrais répondre
quand je te dis que t’es charmante ! »
Le harcèlement de rue, dont se plai­
gnent de plus en plus de femmes, va
de l’insulte à l’homme qui se frotte
dans les transports en commun en
passant par les regards trop appuyés.
Comment réagir ?
Analysez la situation : êtes-vous
seule ou y a-t-il du monde autour de
vous ? L’agresseur est-il seul ? C’est
bien sûr plus facile de réagir s’il y a du
monde autour de vous et si l’agresseur
est seul. Êtes-vous loin d’un endroit
où vous pouvez demander de l’aide
(commissariat, commerce…) ?
Prenez la fuite si vous savez qu’il
y a un endroit où vous réfugier pas
trop loin : au moins, vous vous éloi-
gnez de cet homme dont le regard sur
vos seins vous indispose à l’arrêt de
bus et vous lui envoyez ainsi un premier message (« Je ne supporte pas »),
ce qui parfois suffit à faire cesser le
harcèlement.
Osez faire un scandale : dites
haut et fort : « Enlevez cette main de
sur mes fesses », « Arrêtez de me regarder comme cela », « Reculez »…
pour attirer l’attention. Et prenez les
gens à partie. La plupart du temps,
ces individus cherchent la discrétion,
or là, c’est raté !
Déstabilisez-le : il vous parle de
vos seins, vous invite à boire un verre,
vous insulte ? Parlez-lui de la cou-
leur de ses chaussettes, mettez-vous
à chanter à tue-tête, répondez en
boucle : « Non merci, ça ne m’intéresse pas », comme un disque rayé.
Appelez la police si l’homme
s’approche trop près de vous : en-
registrez le numéro sur votre portable pour ne pas avoir à le cher­
cher dans l’urgence, dites clairement
dans quelle ville vous vous trouvez,
dans quelle rue. Ne raccrochez pas
en cas d’attente.
Portez plainte : cela peut être utile
si vous vous faites insulter ou intimider plusieurs fois de suite par le même
individu dont vous connaissez l’identité. Il sera alors convoqué en mairie
ou au commissariat. Cependant, les
agents de police sont encore mal formés pour recevoir des plaintes pour
harcèlement ou insultes sexistes dans
la rue, donc certains risquent de ne
pas prendre votre plainte au sérieux.
En revanche, si vous êtes dans un
grand magasin, une administration,
les transports, n’hésitez pas à en faire
part au personnel. Ces entreprises
sont très sensibles à l’ambiance qui
y règne et forment de plus en plus de
gens à réagir rapidement.
À éviter
Faire l’autruche : ne pas bouger
alors que l’homme qui se trouve en
face de vous se trémousse en débitant
des insanités. Cela pourrait l’inciter
à aller de plus en plus loin. Au moins,
détournez-vous !
Chercher le bon mot : l’humour
est difficile dans une situation de
stress et il pourrait le prendre pour
une provocation.
Le harcèlement de rue est un fléau
pour les femmes qui en sont victimes.
Discuter, argumenter, expliquer
que « ce n’est pas bien », demander
à cet homme pourquoi il se comporte de cette façon… La plupart
du temps, il ne le sait pas très bien luimême ! En plus, cela vous éloigne de
votre objectif : vous sortir de là.
Se venger : lui mettre « la main au
panier », lui donner une gifle… Cela
risque de l’exciter ou de lui donner
envie de vous corriger physiquement.
Et quand on est témoin ?
« Dans un magasin où je
vais tous les jours, une
cliente se fâchait contre
la caissière, raconte
Florence, 50 ans. Elle
lui demandait d’aller
peser ses légumes sous
prétexte qu’elle ne
savait pas où étaient
les balances dans le
magasin, qu’elle était
pressée… Bref, c’était
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insupportable ! Je
trouvais très pénible
qu’elle soit désagréable
avec la caissière et de
me retrouver témoin de
son impolitesse. Pour y
mettre fin, je suis allée
moi-même peser
les légumes. La cliente
était médusée ! »
Être témoin d’une
dispute, d’une scène
Sophie Pasquet
Notre sondage f
Trouvez-vous que
les incivilités de rue
se multiplient ?
Oui : 93 %
Non : 7 %
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où une jeune fille se fait
ennuyer dans la rue ou
les transports nous met
toujours mal à l’aise :
si l’on ne réagit pas, on
s’en veut, mais souvent
on n’ose pas intervenir.
« Une solution est de
solliciter les gens autour
de soi en disant : “C’est
très dérangeant ce que
fait/dit ce monsieur à
cette jeune fille, non ?”
Il est rare que les gens
n’acquiescent pas et
l’homme en question
peut alors s’arrêter
devant la pression
des regards tournés
vers lui. On peut
aussi s’interposer en
disant à l’agressée :
“Excuse-moi, je suis en
retard”, puis la prendre
sous le bras et s’en aller
avec elle, explique Irène
Zeilinger. Les victimes
comprennent très vite
que l’on vient de voler
à leur secours ! »

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