MARIA LAET COM A PELE FINA Exposition du 10.05.2016 » 09.07

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MARIA LAET COM A PELE FINA Exposition du 10.05.2016 » 09.07
MARIA LAET
COM A PELE FINA
Exposition du 10.05.2016 » 09.07.2016
La peau de tout
L’œuvre de Maria Laet tourne le dos à la frénésie de la contemporanéité. Devant ses images
souvent imprégnées du rythme et de la sagesse de la nature s’éprouve le hors temps d’un espace
premier. Ce n’est pas un hasard si, dans la série de photos Milk on pavement (2008), l’une des rares
œuvres impliquant un élément urbain, le lait déposé sur les craquelures du ciment d’un trottoir
rassemble à un fleuve vu du ciel. Dans un monde à la fois sur-connecté et virtuel, l’artiste cherche à
susciter un contact physique, tangible, et à laisser visible l’empreinte de l’existence humaine. Pour
lier l’intérieur avec l’extérieur, elle crée une poétique de la peau, faite de respiration, de regard, de
souffle et de toucher. « J’ai l’impression que plus la peau est fine, plus cette limite est sensible et
diffuse », explique-t-elle au sujet d’Avec la peau fine, le titre de l’exposition.
Low-tech par principe, l’œuvre de Maria Laet, souvent en noir et blanc et dotée de cadres
fixes, privilégie ses propres actions, même quand elle se contente de contempler la nature. Dans la
photo Continuo (II) (2015), elle s’identifie avec une branche qui pousse au milieu d’un lac et dont la
présence s’allonge à travers son reflet sur l’eau. L’économie de moyens techniques donne à
certaines de ses œuvres l’allure de haïkus tropicaux. Il en est ainsi de Long Way (Paraty) (2013),
cette vidéo dans laquelle on observe le ballet des sables volcaniques et marins qui s’entremêlent au
fur et à mesure que les vagues se brisent sur le bord de la plage. Ce besoin de dialoguer avec la
nature s’affirme encore davantage lorsque l’artiste se maintient en équilibre avec une pierre sur un
trébuchet d’enfant (Seesaw, 2013). Elle admire pendant quelques minutes l’impressionnante
présence minérale, avant d’être éjectée de la balançoire par la fragilité de la condition humaine. Ou
par le poids de cette pierre façonnée par l’éternité du temps géologique.
Dans une autre partie de son travail, Maria Laet réalise une série d’interventions poétiques
qui connectent le corps humain et sa subjectivité avec le monde. Dans Terra, l’une de ses séries les
plus connues, l’artiste réalise des coutures sur différents sols. Au Parque Lage, celles-ci suivent le
dessin sinueux des racines des arbres. Les actions (et surtout leur rendu final) ne sont jamais
parfaitement maîtrisées – l’encre de l’ensemble de dessins Diálogos. Sopro (2008) a pénétré les
feuilles japonaises en suivant l’alternance des souffles de deux personnes. La subtilité des gestes et
le rythme de la démarche de Marie Laet, consciente de la vulnérabilité de sa condition, semblent
imiter le modus operandi savant de la nature. L’artiste n’impose pas sa présence : l’œuvre suit son
propre flux comme l’encre de chine qui envahit – ou pas – les papiers lacérés de Sobre o que não se
contém (2013).
« A pele de tudo », dit l’un de ses vers préférés du poète brésilien Arnaldo Antunes. En
désignant des membranes qui connectent le dedans et le dehors dans chacune de ses œuvres,
Marie Laet affirme sa présence délicate et décomplexée dans une œuvre construite comme une
archéologie de l’intangible.
Isabel Junqueira
MDM Gallery
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