apport de la mammographie et de l`anatomopathologie dans la

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apport de la mammographie et de l`anatomopathologie dans la
ARTICLE ORIGINAL
Journal Africain d’Imagerie Médicale2011; (4), 7:345-414
APPORT DE LA MAMMOGRAPHIE ET DE L’ANATOMOPATHOLOGIE
DANS LA RECHERCHE DES LESIONS TUMORALES MAMMAIRES AU
COURS D’UNE CAMPAGNE DE DEPISTAGE ET DE DIAGNOSTIC DE
MASSE A YAOUNDE (Cameroun).
Guegang E (1,3), Moifo B (2),Belley Priso E(3), Sando Z (2,3), Sandjong I (2), Tebeu P (3),
Mahamat M (3), Mboudou E (2,3), Yomi J (1,3), Doh A (2,3), Gonsu FJ (2,3)
(1) Service de Radiologie, Hôpital Général de Yaoundé
(2) Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé
(3) Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales
Yaoundé - Cameroun
RESUME :
Objectif :Rechercher la corrélation entre la clinique, la mammographie et l’anatomopathologie
dans le dépistage et le diagnostic du cancer du sein au Cameroun.
Patientes et Méthode : Nous avons mené une étude transversale, descriptive sur une période
de 12 mois. Le recrutement avait eu lieu lors des campagnes de dépistage et de diagnostic du
cancer du sein. Toute femme âgée de 45 ans et plus, ayant bénéficié des examens cliniques et
mammographiques était incluse dans l’étude. Le test de χ 2 était utilisé pour étudier la corrélation
entre les différentes modalités de dépistage et de diagnostic. Les biopsies étaient réalisées chez
les femmes ayant des lésions suspectes à la mammographie.
Résultats : Sur 103 femmes ayant participé à l’étude, 40% avaient un examen clinique anormal.
La douleur mammaire était le symptôme le plus fréquent. Les lésions mammographiques les plus
retrouvées étaient les calcifications. Dix-neuf femmes (18,4%) avaient des seins denses difficiles
à interpréter (ACR 0), 46 femmes présentaient des lésions dont 12 suspectes de malignité (ACR
III, IV et V). La mammographie couplée à l’anatomopathologie a permis de poser le diagnostic
de 7 cancers et de dépister 1 cas de cancer sur une microcalcification vermiculaire isolée.
Conclusion : La mammographie couplée à l’anatomopathologie constitue est un excellent
couple pour le dépistage du cancer du sein dans notre milieu
Mots clés : mammographie, anatomo-pathogie, dépistage, diagnostic, cancer, ACR
Correspondance et tiré à part :
Dr Guegang Emilienne
Service de Radiologie,Hôpital Général de Yaoundé- Cameroun
Tél : (237) 99538947
Email: [email protected]
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SUMMARY:
Objective:To investigate the correlation that exists between clinical assessment, mammography
and pathology in the screening and diagnosis of breast cancers in Cameroon.
Patients and Method:The study was a cross sectional descriptive study that lasted 12 months.
Participants were recruited during a screening and diagnosis campaign for breast cancers. All
women aged 45 years and above who have benefited from clinical breast exam and
mammography were included in the study. The chi square (X2) was used to study the correlations
between the different modalities of screening and diagnosis. Biopsies were realized in all the
women who had suspected lesion on mammography.
Results:In total, 103 women participated in the study; 40% had a pathological clinical exam and
mastodynia was the most common symptom. Calcifications were the most common breast lesion
found on mammography, 19 women (18.4%) had very dense breast (ACR0), 46 women had
breast lesions with 12 suspected to be malignancies (ACR III, IV and V). Mammography together
with pathology facilitated the diagnosis of 7 cancers and also to screen 1 case of cancer on the
bases of an isolated vermicular micro calcification.
Conclusion: Mammography together with pathology constitute and excellent tool for the screening
of breast cancer in our milieu.
Key Words: Mammography, pathology, screening, diagnosis, cancer, ACR
INTRODUCTION :
La pathologie mammaire est variée,
regroupant principalement
les lésions
tumorales, dystrophiques et inflammatoires.
Le cancer du sein représente le quart des
tumeurs malignes de la femme et constitue la
première cause de mortalité par cancer dans la
Au Cameroun, le cancer du sein
représente 20 à 30 % des cancers de la femme
[3] et survient à un âge relativement jeune (4554 ans) [4]. Au Mali et au Sénégal, les
tranches d’âge de survenue se situent
majoritairement entre 40 et 59 ans [5, 6]. La
plupart de ces cancers sont diagnostiqués au
stade tardif, à cause des raisons économiques,
culturelles, de l’absence de politique de
dépistage systématique, ou de l’insuffisance
des techniques d’exploration [7].
Dans notre milieu la plupart des
campagnes de diagnostic du cancer du sein
consistent uniquement à rechercher des
nodules ou des masses mammaires à l’examen
population féminine des pays industrialisés
[1]. Cette mortalité a été réduite dans ces
pays grâce aux campagnes de dépistage
systématique [2]. La mammographie est le
seul moyen d’imagerie qui permet le
diagnostic des lésions précancéreuses [3].
clinique. Sachant que l’adjonction de la
mammographie et de l’anatomopathologie à la
palpation améliore notablement la détectabilité
des tumeurs du sein, nous avons voulu
rechercher et déterminer la corrélation qui
existe entre ces différentes modalités
diagnostiques dans le dépistage et le diagnostic
des cancers du sein au Cameroun.
MATERIELS ET METHODES :
Nous avons mené une étude
transversale et descriptive sur une période de
12 mois (d’avril 2009 à mars 2010). Le
recrutement s’est fait au cours des campagnes
de dépistage et de diagnostic du cancer du sein
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à l’Hôpital Gynéco-obstétrique et Pédiatrique
de Yaoundé. L’étude concernait les femmes
de 45 ans et plus, recrutées après l’obtention
écrite de son consentement éclairé.
Chaquepatiente subissait un examen
clinique et mammographique puis un
prélèvement pour étude anatomopathologique
si une lésions suspecte était préalablement
découverte. L’examen clinique était réalisé au
service de Gynécologie-Obstétrique. Les
gynécologues et infirmiers réquisitionnés
procédaient préalablement à : l’enregistrement
des patientes, une séance d’éducation sur
l’importance du dépistage précoce du cancer ,
une
explication
de
la
technique
d’autopalpation du sein, et une enquête
anamnestique (identification, antécédents
personnels et familiaux du cancer du sein).
Les patientes étaient ensuite orientées vers un
box de consultation où un examen physique
des 2 seins était réalisé (inspection, palpation).
L’ensemble des informations recueillies au
cours de ce processus était consigné dans une
fiche préétablie, et les femmes jugées éligibles
étaient orientées vers le service de Radiologie
et Imagerie Médicale pour un examen
mammographique.
Dansledit service, chaque patiente
recevait préalablement une explication des
procédures
de
réalisation
de
la
mammographie.
Deux
mammographes
(analogique et numérique) de marque Melody
II MOM LD π-U01® et GE Healthcare®, ont
été utilisés pendant cette étude. Les examens
réalisés par un technicien consistaient en
deux incidences complémentaires : la craniocaudale et l’oblique externe. La lecture des
clichés avait lieu en salle d’interprétation à
l’aide d’un négatoscope, de spots lumineux, et
de loupes. Deux radiologues interprétaient
chaque image, d’abord séparément (en double
aveugle), puis conjointement. En cas de doute
diagnostique sur la base des images obtenues,
des incidences complémentaires étaient
réalisées: agrandissement, profil. Au terme du
processus de lecture, les lésions étaient
regroupées selon les classifications de LEGAL
et BI-RADS de l’American College of
Radiology (ACR) et les résultats étaient
reportés sur une fiche préétablie.
Des biopsies étaient faites sur les
lésions classées en ACR3, ACR4, ACR5 et
certaines masses classées en ACR 0 à la
mammographie en utilisant des tru cutou la
zonectomie.
Les données ont été saisies et analysées
à l’aide des logiciels Microsoft Office Excel
2007 et SPSS 16.0. Le test du Khi carré au
seuil de précision p=0,01 nous a permis de
rechercher des corrélations entre les
différentes modalités de dépistage des lésions
mammaires : examen clinique, mammographie
et anatomopathologie. L’examen de référence
était l’examen biopsique.
RESULTATS :
Caractéristiques épidémiologiques
103 âgées de 45 ans à 83 ans ont été
retenues dans notre étude. La moyenne d’âge
était de 53 ans. La tranche d’âge la plus
représentée était celle de 45 à 50 ans. Parmi
les 24 femmes (23,3%) ayant des antécédents
familiaux de cancer du sein, 03 ont présenté
des lésions cancéreuses à l’examen
anatomopathologique sur un total de 8 femmes
porteuses de cancer. La chirurgie mammaire
était l’antécédent personnel le plus fréquent
(20,4%).
Caractéristiques cliniques
La douleur mammaire était le
symptôme le plus fréquent (21,4%) suivi de la
tuméfaction du sein (6,8%) et de l’écoulement
mammaire (2,9%). 05 femmes présentaient un
écoulement mammaire laiteux. 60 % des
femmes avaient un examen clinique normal.
Caractéristiques des images
mammographiques
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E Guegang et al
18,44℅ des femmes avaient des seins
denses (type IV selon BI-RADS), rendant
l’interprétation mammographique difficile. Les
calcifications étaient les lésions les plus
représentées à la mammographie. Le sein droit
était le plus touché. Les lésions siégeaient en
majorité dans les quadrants inféro-interne (QII
24,3%) et supéro-externe (QSE 24,3%)
[tableau I].
Les microcalcifications à centre clair
étaient les plus fréquentes (n=6 ; 5,8%) suivies
du type vermiculaire (n=5 ; 4,8%). Parmi ces
calcifications, 04 étaient associées à une ou
plusieurs masses et une était isolée.
Parmi les 19 cas de macrocalcifications
retrouvées,10 (9,7%) étaient de type
parasitaire et 9 (8,7%) de type non parasitaire
[Tableau II]. Une (01) calcification
vermiculaire isolée était associée à un (01)
cancer (carcinome G3) après zonectomie
[Tableau III].
19
(18,4%)
lésions
étaient
ACR /BIRADS 0. 46 femmes présentaient des
lésions dont 34 probablement bénignes
(ACR /BIRADS II) et 12 suspectes de
malignité(ACR /BIRADS III, IV et V)[Fig 1].
Caractéristiques des lésions
anatomopathologiques
12 femmes soit 11,65 % avaient
bénéficié d’un examen histopathologique. Les
lésions suivantes ont été mises en évidence :
carcinomes G3, carcinomes G1, carcinome
canalaire, cellules inflammatoires, lésions
kystiques et MFK. Avec 08 femmes affectées,
les carcinomes étaient les lésions les plus
représentés [Tableau IV].
Corrélation clinique - mammographie
Des 58 femmes dont l’examen clinique
était anormal, 27 femmes présentaient des
lésions à la mammographie dont 3 étaient
suspectes de malignité. Le test d’indépendance
du Khi carré a montré qu’il n’y avait pas de
corrélation statistiquement significative entre
les résultats de la clinique et ceux de la
mammographie (p= 0,061).
Corrélation mammographie anatomopathologie
12 femmes présentaient des lésions
suspectes de malignité (ACR III, ACR IV et
ACR V) à la mammographie. Des lésions
cancéreuses ont été retrouvées chez 8 de ces
femmes à l’examen anatomopathologique
[Tableau V].
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E Guegang et al
Tableau I: Différentes lésions obtenues en mammographie.
Lésions en mammographie
Effectif
Pourcentage (%)
Calcification
15
14,6
Masse
4
3,9
Nodule
14
13,6
Sein dense
15
14,6
Calcification + masse
1
1,0
Calcification + nodule
10
9,7
Calcification + sein dense
2
1,9
Masse + nodule
1
1,0
Nodule + sein dense
1
1,0
Calcification + masse + nodule
1
1,0
Calcification + nodule + sein dense
1
1,0
Absence de lésion
38
36,9
TOTAL
103
100,0
Tableau II: Différents types de microcalcifications.
Type de micro calcifications
Effectif
Pourcentage (%)
Centre clair
6
5,8
Vermiculaire
5
4,8
Punctiforme régulier
3
2,9
Punctiforme irrégulier
2
1,9
Absence de microcalcification
87
84,6
TOTAL
103
100
349
J Afr Imag Méd 2011; (4), 7: 345-354
E Guegang et al
Tableau III :Résultats anatomopathologiques en fonction des microcalcifications.
Microcalcifications
Anatomopathologie
Centre
Clair
Vermiculaire
Punctiforme
Punctiforme
irrégulier
régulier
Carcinome canalaire in situ
0
0
1
0
Carcinome G1
1
0
1
0
Carcinome G3
0
1
0
2
MFK
1
0
0
0
Absence de lesion
4
4
2
0
Total
6
5
4
2
Tableau IV : Lésions histologiques
Types de lésions
Effectif
Pourcentage (%)
Carcinome G1
2
16,7
Carcinome G3
5
41,7
Carcinome canalaire in situ
1
8,3
Cellules inflammatoires
1
8,3
Lésion kystique
2
16,7
MFK
1
8,3
TOTAL
12
100,0
Tableau V :Concordance mammographie-Anatomopathologie
Mammographie
ACR0
ACRIII
ACRIV
ACRV
Total
Anatomopathologie
Cellule
lésion
Carcinome
canalaire in situ Carcinome G1 Carcinome G3 inflammatoire kystique MFK Total
0
0
1
0
1
1
0
1
0
2
1
0
0
4
5
1
0
0
0
1
1
0
1
0
2
0
1
0
0
1
4
1
3
4
12
350
J Afr Imag Méd 2011; (4), 7: 345-354
E Guegang et al
Fig 1: Histogramme montrant la proportion des résultats mammographiques en fonction de la
classification ACR/BI-RADS
40
36,4
33
35
30
25
20
18,4
15
10
5
4,9
5,8
ACRIV
ACRV
1
0
ACR 0
ACR I
ACRII
ACR III
Fig 2: Image de sein de type 3 d’interprétation mammographique difficile
Fig 3: opacitéavec des contours réguliers
Fig 4 :Opacité de contours réguliers
en faveur de bénignité
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E Guegang et al
Fig5 : Image d’un foyer de micro
calcifications associé à une opacité mal
limitée suspecte de malignité
DISCUSSION :
Cette étude a porté sur un échantillon de
103 femmes. Cette taille est proche de celle
trouvée dans la série de Bsir à Rabat en
2000.[8].La tranche d’âge comprise entre 45 et 50
ans était la plus représentée ( 40,8%). Ceci
corrobore les résultats retrouvés au Cameroun par
Edzimbi et al[4] ainsi que Diop-Ba et al au
Sénégal [6] avec une prédominance du cancer du
sein dans les tranches d’âge de 45 à 54 ans et 44 à
56 ans respectivement.
Cette répartition justifie que la SBI
(Society of Breast Imaging) et l’ACR (American
College of Radiology) recommandent de débuter
le dépistage à l’âge de 45 ans et un peu plutôt (30
ans) pour des personnes à risque [9]. Dans le
même ordre d’idées, l’Institut de Veille Sanitaire
(France) recommande de débuter le dépistage à 50
ans [10] et au Cameroun, le Comité National de
Lutte contre le Cancer (CNLC) recommande de
débuter le dépistage de cancer à l’âge de 40 ans
compte tenu des constats quotidiens [3]. 23,3%
des femmes avaient des antécédents familiaux de
cancer du sein ; ceci se rapproche des résultats
d’Edzimbi et al [4] qui retrouvaient 18,7 % de
notion de cancer familial.
Des 103 femmes dépistées, 51,3%ont
présenté
une
lésion
mammaireà
la
mammographie.Cette proportion relativement
élevée pourrait être due non seulement à la
présence de nombreuses calcifications parasitaires
et non parasitaires mais aussi à l’existence de
multiples biais de sélection (accessibilité
économique, influence culturelle, retard de
consultation, faiblesse de la politique actuelle de
dépistage systématique etc.).
24,3% des lésions étaient localisées dans le
QSE ; ceci se rapproche des 25,85 % retrouvés par
Tchuendem et al [11]. Le sein droit était le plus
touché. La prédominance de la localisation droite
a été décrite par Sano et al [12] dans une étude au
Mali.
Les calcifications étaient retrouvées chez
33,98 % des femmes ; ces résultats sont proches
de ceux de Lazarus et al [13] aux Etats-Unis qui
trouvaient des calcifications chez 34% des
femmes. Les calcifications de type parasitaire
étaient les plus représentées avec 9,7%.Aucune
donnée de la littérature n’a été retrouvée dans ce
sens dans la sous-région. Le taux élevé de ce type
de calcification pourrait être lié à l’endémie
filarienne qui sévit dans notre milieu.
A la mammographie, 8,44% des femmes
dans la tranche d’âge de 45-50 ans avaient des
seins denses, rendant l’interprétation difficile
(ACR 0). Une étude réalisée par Kolb et al aux
Etats-Unis [14] montre que 49% des femmes
avaient des seins denses. Cette différence peut
s’expliquer par la prise des hormones de
substitution chez les femmes américaines.
Nous avons relevé 12 cas (11,65 %) de
lésions mammographiques d’allure maligne
(ACR III, IV et V) dont 08 (7,76 %) ont été
confirmées à l’analyse anatomopathologique.
Parmi les 8 cas de cancers, 07 ont été
352
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E Guegang et al
diagnostiqués sur des masses ou des nodules par
TRU CUT et donc pourraient être considérés
comme des cancers avérés. Seul un cas de
microcalcification vermiculaire isolée a été
retrouvée (0,97 % del’échantillon). Le taux de
cancer élevé (7,76 %) peut s’expliquer par le fait
que malgré l’effort du CNLC, la notion de
dépistage systématique du cancer du sein n’est pas
encore une réalité dans notre contexte et donc au
cours decampagnes épisodiques la plupart des
femmes qui s’y présentent ont à priori une
symptomatologie ou des antécédents. Le seul cas
(0.97%) de microcalcifications vermiculaires
isolées a nécessité une zonectomie et l’analyse
anatomopathologique de la pièce a retrouvé un
carcinome. Berg et al [15] ont trouvé 0,76% de
lésions du même type aux Etats-Unis. Bouzaine et
al [17] ont montré que sur 100 foyers de micro
calcifications isolées, il y avait 33 cancers. La
présence de microcalcifications isolées peut
permettre de dépister précocement le cancer. Dans
cette étude, 12 femmes ont bénéficié de la biopsie
sur la base de la suspicion de cancer à la
mammographie. 8 cas ont été confirmés à
l’anatomopathologie comme cancer soit un
pourcentage de 67% (soit 8 cas de cancers sur 12
femmes). Parmi les 58 femmes dont l’examen
clinique était normal, 27 femmes présentaient des
lésions à la mammographie dont 3 étaient
suspectes de malignité.Chelli et al [17] dans une
étude tunisienne sur la prise en charge des cancers
du sein détectés à la mammographie, montraient
que 50 % des patientes traitées avaient un examen
clinique normal. Dans notre étude, Il n’yavait pas
de corrélation significative entre les résultats de la
clinique et ceux de la mammographie (p= 0,061).
L’absence de cette corrélation avait déjà été mise
en évidence par Fernanda Monteiro De
PaulaSiqueira et al (p=0,7 avec un seuil de
sensibilité fixé à 0,05 [16]. L’examen clinique se
révèle donc insuffisant pour le dépistage des
cancers du sein. Ces résultats pourraient
s’expliquer par l’incapacité de la clinique à
déceler des lésions de petite taille d’autant plus
que
dans
notre
étude
les
lésions
mammographiques les plus fréquentes étaient des
microcalcifications. Des 19 examens classés
ACR0 à la mammographie,14 présentaient des
lésions dont 4 étaient suspectes de malignité. Kolb
et al [14] rapportent dans une série que la
sensibilité de la mammographie décroit de
manière significative avec l’augmentation de la
densité du sein. Ce qui est un avantage de
l’échographie qui permet d’explorer les seins
denses. La mammographie est performante dans
l’exploration des microcalcifications.
CONCLUSION :
Au terme de cette étude, la mammographie
couplée à l’anatomopathologie a permis de poser
le diagnostic de 7 cancers et d’une lésion
précancéreuse. Le taux élevé de cancer s’explique
par le caractère très épisodique et opportuniste des
campagnes de dépistage et de diagnostic dans
notre milieu. La mise en place d’un système de
dépistage systématique visant les femmes avant
l’âge de 40 ans permettrait de poser plus
précocement le diagnostic de cancer du sein. Ceci
éviterait le biais de sélection que nous avons
constaté dans notre étude.
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