Silva Semadeni, conseillère nationale GR - Alpen

Transcription

Silva Semadeni, conseillère nationale GR - Alpen
Assainissement du tunnel routier du Gothard sans trafic de
contournement
Silva Semadini, conseillère nationale PS, GR, présidente de Pro Natura Suisse
En vue de l'assainissement du tunnel routier du Gothard, le Conseil fédéral a en principe mis
deux concepts en parallèle : la construction préalable d'un deuxième tube ou la réalisation
temporaire d'une chaussée roulante pour camions et voitures. Cependant dans son
message, il s'est décidé pour la réalisation d'une deuxième galerie et cela malgré
l'interdiction d'extension des routes de transit alpin ancrée dans la Constitution. Par sept voix
contre six, la Commission des transports et du trafic du Conseil des Etats a approuvé cette
décision de justesse. Il est probable que la peur de voir passer le trafic de contournement
par le San Bernardino et par les cols valaisans pendant la période d'assainissement ait joué
un rôle dans ce choix.
Pour simplifier, le Conseil fédéral demande au Parlement de choisir entre « la peste ou le
choléra ». Ce n'est donc pas étonnant que beaucoup se soient décidés pour un deuxième
tube. Donc : si la solution de substitution par le rail proposée par le Conseil fédéral vise la
bonne direction, elle nécessite par contre d'être catégoriquement optimisée. Nous avons
besoin d'une solution raisonnable et meilleure qui prenne aussi au sérieux les besoins de la
population concernée des différentes régions.
Contrairement à l'avis de l'OFROU et du Conseil fédéral, une solution de ferroutage
n'engendre aucun trafic de contournement si elle est optimisée en conséquence. Pour cela,
les éléments fondamentaux sont :

les travaux de réfection doivent être effectués uniquement pendant le semestre hivernal.
Le transport routier de passagers est alors si faible qu'il peut être absorbé sans problème
par un ferroutage gratuit reliant Göschenen à Airolo. Un contournement du Gothard par
le Simplon ou le San Bernardino prendrait en tout cas plus de temps qu'un chargement
sur le train. En été, le tunnel routier doit être rouvert. Je rappelle que : le tunnel du San
Bernardino a été assaini et équipé d'une galerie d'évacuation sous la chaussée sur
une période de dix ans tout en restant en exploitation, avec seulement quelques
jours de fermeture complète !

La chaussée roulante pour les poids lourds est répartie sur deux à trois liaisons avec 4
(au lieu de 3) trains par heure et par direction. Le trafic de transit est déjà intercepté dans
la zone frontalière, quant au reste, il l'est à proximité des portails du nouveau tunnel de
base du Gothard. De cette manière, le trafic dans son ensemble, est absorbé en tout
temps et sans perturber la circulation restante. Les calculs montrent qu'un
contournement du ferroutage par le San Bernardino pour les camions (et voitures)
demande dans tous les cas plus de temps et est plus onéreux qu'un chargement,
même si celui-ci est payant pour les poids lourds. Cela est d'autant plus valable pour
les cols valaisans qui ne sont accessibles que par la route du Léman ou par le ferroutage
du Lötschberg.
En y regardant de plus près, l'argument « trafic de contournement » se révèle n'être qu'un
fantôme peint sur les murs par les partisans d'un deuxième tube en vue de collecter des
voix. Or, ils passent sous silence un autre problème de contournement réel qui lui, est
étroitement lié à la construction d'un deuxième tube : afin d'exploiter en toute sécurité le
tunnel routier existant jusqu'à la mise en exploitation d'un deuxième tube, des
mesures transitoires sont nécessaires. Celles-ci nécessitent une fermeture complète
de 140 jours – sans offre de substitution sur le rail ! Cette situation serait bel et bien
difficile à gérer pour le San Bernardino.
Pour parer à un trafic de contournement pendant l'assainissement avec offre de substitution
optimisée, des mesures d'accompagnement déjà éprouvées peuvent être mis en oeuvre :

réintroduction du système de dosage au tunnel du San Bernardino et réalisation d'un
centre de compétence trafic lourd sud dans le Val Mesolcina. Ces deux mesures
permettent aussi d'améliorer la sécurité lors de l'exploitaiton normale.

Interdiction aux poids lourds sur le col du Simplon. Aujourd'hui déjà, le Simplon fait
surtout office de voie de contournement pour les transports de marchandises
dangereuses (pour autant qu'il ne s'agisse pas de transports destinés à l'industrie
chimique valaisanne), le passage ne comprenant pas de tunnel de faîte avec restrictions,
à la différence des autres cols. Par contre, la route en partie escarpée et riche en virages
cache bien d'autres dangers. Une interdiction aux poids lourds sur le Simplon peut être
accompagnée de manière toute simple d'une offre de substitution par le rail, ce qui serait
réalisable compte tenu des chiffres plutôt modestes et le tunnel ferroviaire du Simplon
étant à disposition.
Le trafic de transit représente une charge importante pour les régions alpines. L’écosystème
des Alpes très sensible souffre dans des proportions supérieures à la moyenne du
réchauffement climatique et doit être protégé des répercussions du trafic de transit motorisé.
La politique de transfert est le pilier central de notre politique des transports, le mandat
constitutionnel doit être mis en oeuvre de manière conséquente.
Coire/Berne, le 20 février 2014