Injections sous-cutanées d`eau distillée ou d`eau pure et de leurs
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Injections sous-cutanées d`eau distillée ou d`eau pure et de leurs
ASSOCIATION POUR FRANÇAISE DES L'AVANCEMENT CONGRES DE \ ' SCIENCES NANTES 1875 INJECTIONS SOUS-GUTANËES D'EAU DISTILLÉE ODD'EAUPUREET DE LEURSBONSEFFETSTHÉRAPEUTIQUES PAR M. LE Dr LÉOPOLD LAFITTE AncieninternedesHôpitauxdePariset du BureauCentral, Élèvede l'Écolepratiquede la Faculté, MédecininspecteurdesEnfantsassistéset de la Sociétéprotectricede l'Enfancede la Gironde, MédecindesCheminsde fer d'Orléanset desCharentesà Coutras(Gironde), Membrecorrespondant de laSociétéde Médecine pratiquede Paris, Titulairede la Sociétéde Médecineet de Chirurgiede Bordeaux, Médecinconsultantà Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées). PARIS AU SECRÉTARIAT 76, rue DE L'ASSOCIATION de Rennes. Association Mm jour l'avancement des Sciences M. LE Dr LÉOPOLD LAFITTE MédecinconsultantauxeauxdeSaint-Sauveur(Hautes-Pyrénées). D'EAUDISTILLÉE OU D'EAUPUREET DELEURSBONS DESINJECTIONS SOUS-CUTANÉES EFFETSTHÉRAPEUTIQUES — Séancedu 20 août 1875.— Ce n'est pas le récit d'un procédé de thérapeutique inconnu que je •viens vous faire aujourd'hui, Messieurs, beaucoup même d'entre vous le connaissent enpeut-être, mais comme beaucoup aussi, peut-être core, n'y ajoutent pas l'importance que je lui crois mériter ou peuvent l'ignorer, j'ai cru devoir profiter de l'occasion que me fournit ce congrès pour le rappeler ou le vulgariser. D'ailleurs, dans un temps comme le nôtre, où le courant des idées médicales n'est pas beaucoup tourné vers la thérapeutique, mais bien vers les recherches histologiques, micrographiques ou physiologiques, l'utilité est dont incontestable, immense, mais ne profite pas immédiaet absolument tement ou toujours à l'art de guérir, je pense qu'il est bon, lorsqu'un clinicien ou un praticien trouve dans le dédale incommensurable des ressources, tant anciennes que modernes, mais plus ou moins efficaces, que nous pouvons opposer aux maladies qui nous tourmentent ou nous tuent, un remède ou un procédé qui agit, calme ou guérit à coup sûr et sans danger; je pense, dis-je, non-seulement qu'il est bon de le proclamer, mais encore que c'est un devoir pour lui de le répandre partout par tous les moyens possibles. Sous l'empire de cette idée, dernièrement, je communiquais à la Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux, ville aux environs de laquelle j'exerce la médecine, une relation plus étendue dont je n'ai 2 SCIENCESMEDICALES plus le manuscrit, sur le sujet qui va m'occuper devant vous ; une commission fut alors nommée pour répéter longtemps et souvent mes expériences ; je ne connais pas encore le résultat, mais je ne doute pas qu'il ne soit analogue en tous points à ceux obtenus par moi. Voici donc, Messieurs, quelques souvenirs recueillis et classés à la hâte depuis ce matin, et enfin l'exposé du procédé dont il s'agit. Au moment de quitter Paris il y a trois ans, je vis dans le service du docteur Tardieu, M. Dieulafoy, mon ancien préparateur à l'internat et mon ami, qui le suppléait, guérir ou soulager d'une façon miraculeuse et immédiate un jeune garçon boucher atteint de rhumatisme articulaire aigu et généralisé dans toutes les articulations, au moyen de quelques injections d'eau ordinaire poussées à l'aide de la seringue de Pravaz, au niveau de la plupart des articulations malades. Ce jeune homme, garçon fort, vigoureux, ne pouvait, un instant auparavant, faire le plus léger mouvement. Il souffrait énormément et poussait même des cris sérieux lorsqu'il voulait soulever un membre ou qu'un de nous le lui soulevait ou le lui remuait. Les injections faites, sa figure, qui tout à l'heure était le reflet désolé de toutes les douleurs qu'il éprouvait, même au repos, devint tout à coup reposée et souriante, et, mieux que tout cela, le malade se leva et fit mouvoir, sans manifester de douleur appréciable, ses membres raides, gonflés et sensibles avant les injections. Depuis, je n'entendis plus parler de cethomme que mon départ m'empêcha de revoir, et nulle part ailleurs que dans le dictionnaire de Jaccoud à l'article « douleur », et encore seulement à la fin, en quelques lignes comme à la dérobée, je ne vis de relation de faits analogues ; MM. Potain et Dieulafoy, les premiers expérimentateurs et inventeurs aussi, je crois, de ce procédé, le citèrent dans cette fin d'article que beaucoup de praticiens ont pu ne pas avoir occasion' de lire, et dont beaucoup, par conséquent, peuvent ne pas avoir occasion de profiter. Quoi qu'il en soit, l'expérience faite sur le jeune homme de l'HôtelDieu me frappa, je me promis de la renouveler le cas échéant, lequel ne tarda pas à se présenter, vous allez le voir : Vers le mois de septembre 1872, en effet, je fus appelé à 11 kilomètres de mon domicile, près de Goutras, pour aller donner mes soins à une bonne femme qui, me disait-on, depuis deux jours était courbée dans son foyer, .pleurait, criait, et souffrait tellement qu'elle ne voulait même prendre aucune nourriture pour ne pas être obligée de faire le plus léger mouvement. Sans autre renseignement et à tout événement, j'emportai ma seringue et je partis. La femme Ghallon fut trouvée, à mon arrivée, assise sur une chaise, la tête appuyée sur un des chenets de son foyer ; elle me déclara souf- Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉESD'EAU DISTILLÉE 3 frir des reins horriblement, depuis deux jours, comme on me l'avait effectivement annoncé. Elle avait beaucoup de fièvre, le ventre dur et mais rien de plus ; ballonné. Elle avait un lumbago très-douloureux, sa fièvre n'était qu'une conséquence de ce lumbago, et le ballonnement du ventre résultait d'une constipation qui durait depuis plus longtemps encore que l'attaque rhumatismale. A l'aide de quelques hommes, mais non sans assister à des scènes déchirantes et grotesques de la part de la malade ou des 'assistants, je pus enfin faire hisser la femme Ghallon sur son lit. Je lui découvris les reins et lui injectai sous la peau 8 grammes d'eau pure, soit le contenu de quatre seringues de Pravaz. Aussitôt, j'ordonnai à la femme de se lever, de descendre de son lit seule et de faire quelques pas dans la chambre. Un refus formel accueillit mon avis, et il me fallut insister beaucoup pour la convaincre et me faire obéir. J'obtins enfin son consentement, et à l'étonnement de tout le monde, la femme Challon se leva, descendit et marcha sans l'aide de personne. Ce fait frappa tellement les bons paysans qui assistaient à l'événement, leurs yeux, en me regardant, devinrent tellement effarés, singuliers, que je me demandai un instant s'ils allaient me faire un bon ou un mauvais parti. Je prescrivis à la femme Ghallon un grand bain tiède d'une demi-heure, après le bain, 45 g. d'huile de ricin, et quand je revins le lendemain, vive, alerte, contente, elle circulait librement et vaquait aux soins de son ménage sans paraître se rappeler les souffrances de la veille et ses manifestations bruyantes. Depuis, maintes et maintes fois, j'eus occasion d'employer celte méthode dans les maladies les plus diverses, mais où l'élément douleur jouait un rôle important, et toujours le succès est venu sanctionner mes tentatives. Le succès n'a pas toujours été définitif comme dans l'observation ci-dessus, quoiqu'il l'ait été bien souvent, mais toujours un soulagement énorme et rapide suivait les injections, et quand les étais quitte pour recommencer, exactement douleurs reparaissaient,j'en comme s'il s'était agi d'injections raorphinées. J'ai expérimenté dans plusieurs sciatiques névralgies frontales, faciales, du cuir chevelu,pleurodynies, toujours mêmes bons effets. J'ai même été jusqu'à agir ainsi pour calmer les douleurs atroces que causait chez une femme un gros abcès chaud de la région parotidienne en voie de formation, formation que tous les calmants internes ou externes avaient en vain combattu. Là encore, je soulageai ma malade, à mon grand étonnement, car je m'attendais plutôt à une exacerbation de douleur en injectant dans des tissus déjà distendus, un liquide qui allait augmenter encore cette distension et la pression de dedans en dehors qu'ils subissaient. Je pourrais citer plus en détail, comme je l'ai fait pour la première, 4 SCIENCESMEDICALES les observations fort nombreuses des malades et des maladies traités par cette méthode, mais je ne pensais pas faire cette communication aujourd'hui, et, pris à l'improviste il n'y a que quelques instants, je n'aurais pas même eu le temps de l'écrire. D'ailleurs, ce qui est le plus important, c'est de savoir que l'élément douleur sera désormais attaoù vous le rencontrerez dans qué et terrassé par vous partout votre carrière, et quelle qu'en soit la cause, par ce moyen simple, facile et d'une innocuité parfaite. N'allez pas craindre, comme on l'a observé avec les injections de morphine quelquefois, ou de narcéine, ou d'aconitine, ou d'atropine, soit des phlegmons, soit des abcès limités, superficiels, profonds et étendus, jamais je n'ai observé ces accidents, et Dieu sait les grammes d'eau que j'ai ajoutés à ceux des tissus de mes clients, depuis que ji pratique ce procédé. Jamais le plus petit accident, jamais le plus petit mécompte, au point de vue de la santé générale, quelquefois dans des cas très-rebelles, des résultats insignifiants, mais jamais d'accidents à regretter comme avec la morphine, dont je parlerai tout à l'heure. Il faudrait, je crois, pratiquer des injections sur tout le corps et décoller toute la peau pour avoir quelque complication à déplorer. Au moment même de l'injection, il se produit un sentiment de brûlure assez intense chez le sujet, que chacun traduit suivant sa susceptibilité ou ses appréhensions, mais qui s'évanouit aussitôt. La bosselure, résultat de l'injection, disparaît tantôt au bout de quelques minutes, tantôt au bout de quelques heures, quelquefois elle laisse une petite induration à sa place qui persiste quelques jours, mais elle n'est pas douloureuse le moins du monde. D'autrefois il se produit, sitôt après l'injection, au lieu d'une bosselure circonscrite, une boursouflure de la peau autour de au l'endroit injecté, qui s'étend à plusieurs centimètres, ressemblant soulèvement de l'urticaire, et avec une coloration livide qui pourrait effrayer et aurait plus d'une fois effrayé le malade s'il y avait pris garde, mais cette boursouflure ne signifie rien, sinon sans doute que le lacis de la peau est plus ou moins serré chez l'un ou chez l'autre, et laisse par conséquent plus ou moins facilement le liquide injecté faire comme la tache d'huile ou se répandre comme une hèmorrhagie interstitielle des capillaires dans l'ecchymose, par exemple, à la suite d'une contusion. J'ai même remarqué que la douleur de l'injection était moins vive lorsque ce phénomène ne se produisait pas que dans les cas où l'eau injectée forme une bosselure peu étendue mais plus élevée. Il serait maintenant intéressant d'expliquer comment l'eau simple, ce liquide devenu désormais médicament que nous trouvons tout préparé et abondamment préparé dans le grand laboratoire de la nature, produit de si merveilleux effets, car l'eau pure, je ne l'ai peut-être pas en- D'EAU DISTILLÉE Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉES 5 corc dit, l'eau pure produit exactement les mêmes effets que l'eau distillée, et doit même lui être préférée, puisqu'il est bien plus facile de se la procurer. Le processus, en effet, à l'aide duquel l'état normal est rappelé, la douleur chassée et le calme reparu, est tout bouleversé. Tous les bons effets constatés avec la morphine, lorsque la solution injectée en contenait, étaient jetés sur son compte, mais là il n'y en a plus, et pourtant le soulagement existe, et il existe souvent complet, immédiat et indéniable. Gomment cela se fait-il ? Quelques praticiens, et entre autres le Dr Bonnemaison, professeur de clinique chirurgicale à Toulouse, avec lequel j'en causais récemment, avaient, à ce qu'il m'a dit, il y a déjà longtemps, constaté le fait relaté dans ses leçons cliniques, et déclaré, avec beaucoup d'autres sans doute, qu'on doit tout attribuer, dans ce cas, à l'impression morale ressentie par le malade à la vue de l'opération qu'il allait subir. Cette opinion peut être vraie dans les cas où on tombe chez un malade pusillanime qui tremble à l'idée d'une piqûre d'épingle, mais j'ai fait souvent la piqûre sans prévenir le malade, sans qu'il me voie, sans qu'il se doute de ce que j'allais faire, et les mêmes bons effets se sont toujours produits. Ce n'est donc pas l'impression morale qu'il faut invoquer, hormis quelques exceptions. J'ai pensé que tout ce cortège de consolants symptômes pouvait être attribué à la paralysie des anses terminales des filets nerveux sensitifs, par suite de la compression qu'ils subissaient par le liquide injecté, se créant une place là où il n'y en avait pas, ou à la situation subite de ces mêmes filets nerveux dans un milieu liquide inaccoutumé qui, par absorption, par imbibition, comme vous voudrez, les rendait impropres à ressentir ou à conduire la douleur. Donc, dans un cas, compression d'un filet nerveux agissant comme agirait sa section, dans l'autre, perte de sensibilité du nerf, perte de cette propriété inhérente à lui-même, par suite de sa présence momentanée dans un milieu rationliquide,'; telles seraient, je crois, les raisons pathognomoniques nelles que l'on peut invoquer; telles sont, dans tous les cas, celles auxquelles, jusqu'à nouvel ordre, je dois me rallier pour expliquer ce curieux et merveilleux phénomène tout à la fois. Je suis maintenant tout naturellement amené à parler des injections de morphine, qui ont précédé les injections d'eau simple, qui sont les soeurs aînées, et je ne puis faire autrement que de les comparer. Que fait donc la morphine en injections sous-cutanées? Pour rénous dirons ou pondre vite, qu'elle agit, n'agit pas agit trop, c'est-à-dire ne fait tue ou tuer. qu'elle soulage, rien, peut D'habitude, sur un sujet dont la susceptibilité n'est pas connue, c'est-à-dire sur celui auquel, pour la première fois, on applique ce moyen, comme on a toujours une certaine appréhension, on injecte d'abord une faible dose, 1, 2 ou 3 cen- 6 SCIENCESMÉDICALES tigr. au plus, dans une solution aqueuse, et voici quels phénomènes se produisent, comment ils se succèdent : S'il est d'une impressionnabilité ordinaire, en dehors de la sensation de brûlure, inévitable résultat mécanique de l'injection elle-même, de la présence brusque et forcée, comme je l'ai dit, d'un liquide étranger dans les tissus où il se fait une place, avec deux centigr. l'action se produit immédiatement. Elle consiste, comme on le sait aussi, d'abord en une anesthésiê loco dolenti assez complète, souvent accompagnée d'un sentiment de congestion du côté du cerveau, d'un léger trouble du côté de la vision, comme si une gaze légère passait devant les yeux ; d'une légère moiteur sur tout le corps, principalement sur les fosses temporales, la paume des mains, et, pour une durée qui varie entre trois et huit heures , l'effet attendu désiré est produit, le malade devient tranquille, il a à peine conscience de la douleur qu'il ressentait avant l'injection. S'il est dur à l'action de ce sel à cette dose, il ne ressent rien que la douleur de la piqûre jointe à celle qu'on voulait combattre, il faut recommencer de nouveaux frais, augmenter prudemment et modérément la dose, jusqu'à production de l'action désirée. On se heurte souvent contre son indocilité éveillée par le souvenir de la sensation désagréable et infructueuse que vous lui avez occasionnée, et vous avez perdu du terrain dans la considération de votre malade. Mais s'il est, comme il arrive malheureusement trop souvent, comme il m'est arrivé à moimême, d'une sensibilité inouïe, extraordinaire, à Faction de ce médicament, il se produit aussitôt des symptômes d'empoisonnement qui n'ont rien de plaisant pour le malade et pour le médecin. Tel supportera gaillardement % 3, 4, S, 6 centigr. et même, chose prodigieuse, un gramme de chlorhydrate, comme je l'ai vu, de mes propres yeux vu, en 1872, chez un malade, pendant ma dernière année à l'Hôtel-Dieu ; tel autre sera bouled'externat chez M. Hérard, versé avec 1 centigr. Cet homme, auquel je fais allusion, âgé de SOans environ, avait une tumeur abdominale généralisée, dont le caractère, la forme et lieu précis d'élection n'ont, de mon temps du moins, jamais bien été diagnostiqués ; il avait cependant, pour être fixé là-dessus, couru tous les services hospitaliers cliniques ou non, médicaux ou chirurgicaux, et comme de temps à autre il souffrait horriblement, il s'injectait de la morphine. Au bout de peu de temps, les doses médicales ne lui suffirent plus, et il était arrivé sans inconvénient et pour obtenir un soulagement relativement faible jusqu'à s'injecter le gramme dont j'ai parlé. Comme Mithridate, il était habitué au poison, mais il arrivera qu'un beau jour il y aura des accumulations non élidéfinitivement. minées qui l'empoisonneront Mais, pour en rêve- D'EAU DISTILLÉE 7 Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉES nir à mon sujet principal, il peut arriver encore dans les injections morphinées que la solution employée soit ancienne, qu'elle de la lumière dans des flacons de verre ait été exposée à l'influence blanc mal bouchés, circonstance qui favorise sa décomposition, ou qu'elle vienne de préparateurs différents plus ou moins consciencieux, l'un fraudant, l'autre ne fraudant pas, plus ou moins habiles ou fidèles, à suivre les procédés opératoires adoptés, etc., etc., etc., comme M. Lande, médecin à Bordeaux, vient de le constater cet hiver dans son service à l'hôpital, à propos du chloral et d'une tétanique. La morsous l'influence de milieux atphine elle-même se décompose-t-elle mosphériques accidentels ou permanents ? Je n'en sais rien. Il y a là un quid ignotum que je serais heureux d'éclaircir ; quoi qu'il en soit, on ne peut toujours nier que les accidents observés tiennent au médicament et non à l'individu lorsque, à dose médicale, avant la possibilité de toute espèce d'accumulation, nous les observons tout à coup en changeant notre solution pour une autre nouvelle mêmement titrée mais provenant d'une source nouvelle. Je ne suis pas précisément chimiste quoique docteur, et je n'ai jamais cherché à vider cette question de chimie par moi-même, car il est probable que j'aurais travaillé en vain, mais il y a des chimistes de par le monde, peut-être même au milieu des auditeurs qui m'écoutent, et je leur soumets cette petite question. Je leur soumets la difficulté, et en attendant la solution, je leur soumets aussi mes petites injections d'eau simple, mon petit moyen inoffensif de faire toujours du bien et jamais de mal, car le plus grand mal qu'on puisse faire c'est de ne rien faire du tout. Cela dit, messieurs, faut-il faire le procès en règle aux injections de morphine, dire qu'elles ne valent rien et les autres tout ? Non; je trouverais trop de contradicteurs ou d'adversaires et je ne dirais pas ce que je pense. Depuis le signal et l'exemple donnés, il y a une quinzaine d'années, je crois, par M. Béhier, elles sont passées dans le domaine de la saine pratique et tiennent une place imposante dans la science ; peutêtre ont-elles été trop à la mode pendant un moment où on entendait de tous côtés de petites personnalités nerveuses ou agacées, s'écrier à tout propos: « Docteur, docteur, vite une injection, je souffre, j'ai ma névralgie, etc., etc. » Mais, à part cela, elles ont rendu, rendent journellement et rendront, employées par des mains expérimentées, des services importants et ce serait mal à moi de les battre en brèche. Quand une méthode est bonne, en trouverait-on une meilleure, ce n'est pas une raison pour oublier, renier ou critiquer l'ancienne outre mesure, comme croient devoir le faire certains écrivains, non, certainement. Ce procédé n'est ni juste ni logique, le progrès est prompt ou lent, mais quelle que soit sa marche, je suis de ceux qui pensent qu'on doit tou- 8 SCIENCESMÉDICALES jours respecter les étapes par lesquelles il passe, en se rappelant que le progrès d'aujourd'hui n'est que le résultat de celui d'hier, que nous mangeons aujourd'hui le pain et la viande parce que nous avons bu le lait de notre mère autrefois. Ceci posé, messieurs, cette comparaison établie entre deux procédés à peu près égaux, bons tous les deux, mais dont l'un à mon sens et au sens de tous, je l'espère, est bien meilleur, puisque l'un est toujours bon sans être jamais dangereux comme l'autre, puis-je hardiment conseiller de préférer l'eau simple à la morphine ? Cette dernière, en effet, ressemble trop à une dame qui a ses moments non raisonnes de trop grosse humeur ou de trop vive tendresse à l'égard de ceux qu'elle aime ou qu'elle n'aime pas, et force toujours le médecin à être en accord de trémolo, quand il s'approche d'elle, ou lui demande un service ? Je le crois avec vous, n'est-ce pas, et c'est ce que je fais. En tous points d'ailleurs, ce procédé n'est-il pas (pour terminer, permettez-moi cette en conformité avec l'heure, par exemple, comparaison humouristique) à laquelle nous vivons ? Nous sommes dans un siècle de survie, où tout se fait à la vapeur ou à l'électricité, où ces deux forces nouvelles et puissantes bouleversent les deux mondes, comme les vents et les orages bouleversent notre atmosphère. La machine humaine est presque toujours à son maximum de tension ; un fil, d'un bout de l'univers à l'autre, transmet notre pensée aussi vite qu'elle a jailli de notre cerveau ; avec une rapidité inimaginable une bulle de vapeur transporte nos personnes sous toutes les latitudes et sur deux éléments; nous vivons vite, nous passons vite, nous agissons vite, et puisque nous nous tuons vite aussi, accueillez avec moi, messieurs, ce procédé de guérison rapide, nous pourrons montrer ainsi que la médecine, sans cesse accusée de ne pas suivre le progrès, de se traîner toujours, comme une phthisique à l'automne, derrière les autres sciences, a aussi dans certains cas ses moyens de guérir viter—-^ Nantes.—Imp. VincentForestet EmileGrimaud,placedu Commerce,i. ASSOCIATION POUR L'AVANCEMENT EXTRAIT VOTÉS FRANÇAISE DES SCIENCES DES STATUTS ET RÈGLEMENT PAR L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 27 AOUT 4.874. STATUTS. ART, h,. — L'Association se compose de membres fondateurs et de membres ordinaires : les uns et les autres sont admis, sur leur demande, par le Conseil. ART.5. — Sont membres fondateurs les personnes qui auront souscrit, aune époque quelconque, une ou plusieurs parts du capital social: ces parts sont de 500 francs. ART. 7. — Tous les membres jouissent des mêmes droits. Toutefois les noms des membres fondateurs figurent perpétuellement en tête des listes alphabétiques, et les membres reçoivent gratuitement pendant toute leur vie autant d'exemplaires des publications de l'Associalion qu'ils ont souscrit de parts du capital social. RÈGLEMENT. ART.ler. — Le taux de la cotisation annuelle des membres non fondateurs est fixé à 20 francs. ART. 2. — Tout membre a le droit de racheter ses cotisations avenir en versant une fois pour toutes la somme de 200 francs. Il devient ainsi membre à vie. La liste alphabétique des membres à vie est publiée en tête de chaque volume, immédiatement après la liste des membres fondateurs. Les souscriptions sont reçues : Au SECRÉTARIAT, 76, rue de Rennes; Chez M. MASSON, trésorier, 17, place de l'École de Médecine. Les souscriptions des membres fondateurs peuvent être versées en une seule fois, ou en deux versements de chacun 250 francs. —Irap. 4. Nantes. Vincent Forest etEmUo Grimaud, place ducomniorco,