Les Cairns pdf - Alenchemins.fr
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Les cairns, de la Terre au Ciel… « Le simple tas de pierres peut, le temps venu, se rassembler et devenir lieu ; modeste et accueillant à la fois. » (1) Au détour d’ un sentier, défiant Éole, une fragile petite pyramide de cailloux nous indique le bon chemin à suivre. Au sommet d’ un mont, un entassement de pierres, plus corpulent, nous accueille. Ce sont les cairns. On les rencontre sur tous les continents. Selon les lieux et les époques, leurs usages sont variés : tombeaux, objets de cultes, garde-manger, délimitation de terrain, commémorations d’ événements ou balises. Mais quelles relations peut-on établir avec ceux de nos montagnes environnantes ? Il faut puiser profondément dans nos racines païennes pour découvrir la source primitive de ces amoncellements. Leur signification, tas de pierre, vient du gaélique écossais, càrn. À l’origine, c’ est une construction préhistorique, vraisemblablement à usage funéraire, un monticule de terre ou de pierres élevé par les Celtes du Nord. Cette construction dérive de la coutume d’ entasser des pierres sur les sépultures, les tumulus. Au Néolithique ( environ 3500 ans avant l’ ère chrétienne ), l’ art mégalithique apparaissait et l’ Homme honora ses dieux en dressant les silhouettes anthropomorphiques des menhirs. Ces imitations humanisées se retrouvent jusque dans les termes, comme en Allemagne où le cairn est appelé steinmann, homme de pierre. Dans le Piémont, il est ometto di pietra, petit homme de pierre. 400 ans avant J.- C., les Celtes colonisaient les Ligures, alors habitants de notre région. La civilisation des Celto-Ligures est vraisemblablement à l’origine des itinéraires de transhumance, les drailles, empruntés par les éleveurs de moutons, bien qu’ au néolithique déjà, les bêtes utilisassent dans leurs déplacements saisonniers ces itinéraires. Les Celto-Ligures utilisaient-ils les cairns comme repères ? Probablement. Maintenaient-ils ainsi un usage grec ? En effet, un siècle auparavant, les Grecs avaient fondé Nikaia (Nice) et régnaient sur le bassin méditerranéen. Pour se diriger et se protéger dans leurs déplacements, ils érigeaient des monticules de pierres, les hermios, afin que les voyageurs puissent se repérer dans leurs itinéraires. Ces hermios découlent d’ Hermès, dieu grec, protecteur des voyageurs, des commerçants et des bergers et la coutume voulait que l’ on plaçât des empilements de pierres en son honneur aux carrefours. Le voyageur devait ajouter une pierre à l'édifice. Plusieurs siècles plus tard, les chrétiens s’ inspireront de leur forme longitudinale et de leur sacralité dans la conceptions des clochers des églises. Le cairn, quelquefois surmonté d’ une croix, est devenu un montjoie. Sépultures, offrandes, célébrations ou repères, les cairns accompagnent, guident ou honorent. De nos jours, l’aspect sacré semble avoir laissé place à des fonctions simplement pratiques de balisage, ludiques, voire artistiques (empilements de galets). Cependant, l’ usage ancestral paraît ne pas avoir totalement disparu et pousse instinctivement à déposer une pierre à l’ apparition d’un cairn. La pierre ajoutée symboliserait l’union du croyant avec l’esprit de ce tas sacré. Cairns, tumulus, menhirs, pyramides ou clochers, par ces symboles de résistance au temps, l’ humain, éternel bâtisseur dressé sur ses jambes, est porté à ériger sacramentellement des pierres vers le ciel. Alors, si vous crapahutez jusqu’au mont Aucellier, déposerez-vous votre pierre, sacrée ou profane, sur le cairn qui vous accueillera ? Toutefois, par ce geste ancestral, vous perpétuerez le vieux dicton écossais : « J’ irai déposer une pierre sur ton cairn ». Les cairns, de la terre au ciel… (1) Alexandre Chollier, La Pierre et le cairn Alain Crouzilles. Cairn du mont Aucellier