Gilbert Casamatta pilotera l`institut aéronautique de Toulouse

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Gilbert Casamatta pilotera l`institut aéronautique de Toulouse
Gilbert Casamatta pilotera l'institut aéronautique de Toulouse
Par Laurent Marcaillou | 03/06 | 07:00
Lydie Lecarpentier / REA
Le terrain est encore en friche. Mais les bâtiments du nouvel Institut de recherche technologique en
aéronautique, espace et systèmes embarqués (IRT Aese) de Toulouse surgiront bientôt. Créé en mars, ce
centre, qui fédère une douzaine d'industriels et d'établissements de recherche, hébergera 200 chercheurs et
ingénieurs, avec un budget de 300 millions d'euros sur sept ans. Le tout, sous la houlette de Gilbert
Casamatta, qui vient d'en devenir président.
Pourtant, cet universitaire de soixante-quatre ans ne vient pas de l'aéronautique mais du génie chimique.
Entré au CNRS dès 1974, il en a même obtenu la médaille de bronze pour ses travaux sur les colonnes
d'extraction et la récupération du pétrole. Mais il a coutume de développer les projets. D'enseignantchercheur, il passe, en 1991, directeur de l'Ecole de génie chimique de Toulouse, s'installant alors dans le
bureau d'un illustre prédécesseur : Paul Sabatier, prix Nobel de chimie.
Capacité à convaincre
Mais s'il a toujours privilégié l'intellect - au point de se décréter « no sport » à l'instar de Winston
Churchill -, Gilbert Casamatta n'en est pas moins pragmatique. Et n'hésite pas à fusionner son établissement
avec l'Ecole d'ingénieurs en chimie pour former l'Ensiacet. Hélas, le jour de l'ouverture du campus, le
21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZF détruit ses locaux. S'ensuivent des semaines sombres, où
Gilbert Casamatta défend la chimie dans une agglomération qui n'en veut plus. A ses yeux, pourtant, la
chimie est la « mère des sciences et de l'industrie ». L'homme, que son goût pour la recherche appliquée fait
siéger au conseil scientifique de Rhodia de 2000 à 2012, ne mâche pas ses mots . « A l'époque, les Français
pensaient que l'avenir résidait dans les services, or c'était une erreur tragique », assure ce dernier, qui a
contribué à créer, après l'explosion, l'Institut pour une culture de la sécurité industrielle (ICSI), cofinancé
par Total. Histoire de réconcilier les Toulousains avec la discipline, il a aussi mis en place le groupe Chimie
autrement. De quoi peaufiner sa capacité à convaincre et entamer sa seconde carrière, plus « politique ».
Après avoir présidé, sept années durant, l'Institut national polytechnique de Toulouse, qu'il a étoffé en y
intégrant 3 écoles, il prend les commandes du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur, au moment
même où l'Etat lance les investissements d'avenir. Usant de trésors de diplomatie, il fédère alors
3 universités et 14 écoles locales. Depuis, le pôle a obtenu un IRT et le label Initiative d'excellence (Idex)
doté de 25 millions d'euros annuels. « Le sujet le plus compliqué a été la mise en oeuvre de l'Idex, j'en suis
sorti éreinté », reconnaît-il aujourd'hui. Pas simple de regrouper les établissements sous une gouvernance
commune. Ce dossier bouclé, Gilbert Casamatta arrive serein à l'IRT Aese, même si sa gestation a été
tumultueuse, l'Etat ne voulant pas de doublons avec le Conseil pour la recherche aéronautique civile
(Corac), autour de la DGA. « Mais tout ce qui ne tue pas rend plus fort ! », aime à répéter ce Corse, qui,
régulièrement, se ressource sur l'île de Beauté.
Laurent Marcaillou

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