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Rire est bon pour la santé !
Gaël Bachand-Morin
« Pas la moindre preuve n’existe en faveur de
l’idée que la vie soit grave ou sérieuse. »
– Brendan Gill, critique, auteur et journaliste
américain (1914-1997)
On peut rire aux
éclats, à gorge
déployée, à
contrecoeur,
dans sa barbe
ou en cachette.
On peut rire
en coin, tout
bas, à pleines
dents ou à s’en
péter les côtes.
On peut aussi rire
aux larmes, comme un
bossu, comme un cœur,
comme une baleine ou
comme un fou. Si l’on désire
vivre mieux et plus longtemps,
l’important, c’est de rire d’un
humour amical, c’est-à-dire ni
conflictuel ni insultant.
Entre science et discipline,
l’étude du rire révèle autant de faits
saugrenus que de mystères sur notre
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condition humaine. Si le sens de l’humour s’apprend un
peu comme une langue, le rire, quant à lui, ne s’apprend
pas. Il est inné. C’est d’ailleurs aux alentours du
quatrième et du cinquième mois qu’il apparaît
chez les bébés.
L’humain rit beaucoup moins seul qu’en présence
d’autres personnes, ce qui tend à prouver qu’il joue
un rôle social déterminant. Plus qu’un simple ciment
social facilitant nos interactions et libérant stress
et petites angoisses, le rire possède de nombreuses
vertus qui affectent autant le moral que la santé
physique.
Sens de l’humour
En effet, le sens de l’humour améliore l’espérance
de vie. En réalisant une étude longitudinale (sur sept
ans) auprès d’un peu plus de 53 000 Norvégiens, des
chercheurs sont arrivés à la conclusion que le sens de
l’humour diminuerait la mortalité de 20 %.
Sven Svebak, principal chercheur de l’étude
(2003-2010), note que « les résultats de l’enquête
confortent l’idée selon laquelle le sens de l’humour
peut prolonger la durée de vie. Bien que le bénéfice sur
l’espérance de vie n’ait pas été observé après 65 ans,
son effet positif sur la santé mentale et la vie sociale
même après la retraite est indéniable. Par contre,
à partir des âges plus avancés, la prédisposition
génétique et les facteurs biologiques du vieillissement
deviennent de plus en plus importants. »
Le chercheur rappelle également que l’humour n’a pas
besoin d’être extériorisé. Un simple pétillement du
regard peut suffire. Dans son groupe d’étude, il a d’abord
observé que les effets favorables du sens de l’humour
sur l’espérance de vie étaient présents chez les sujets se
considérant en bonne santé et chez ceux qui jugeaient
leur santé précaire, en tout cas jusqu’à 65 ans.
Considéré comme une référence dans ce domaine très
pointu, Sven Svebak a mis au point un questionnaire
fiable pour évaluer la sensibilité d’un individu à l’humour.
Récemment, il a d’ailleurs montré que les personnes
souffrant d’insuffisance rénale chronique, qui sont dotées
d’un « bon » sens de l’humour, avaient un taux de survie
supérieur de deux ans comparativement à ceux qui
en étaient dépourvus.
Bénéfices
Le rire est un euphorisant naturel. C’est un antistress
et il agit parfois comme un antidouleur. Il ne remplace
évidemment pas un traitement médical adapté, mais il
peut vraisemblablement contribuer au mieux-être.
Saviez-vous qu’un bon fou rire procure l’équivalent d’un
massage complet de la colonne vertébrale ? S’esclaffer
provoque également un bon massage des muscles
abdominaux et des poumons. Rire irrigue les muscles et
calme le système nerveux.
Certains chercheurs, comme le Dr Henry Rubinstein, auteur
de « la psychomatique du rire », disent qu’une minute de rire
équivaut à 45 minutes de relaxation. D’autres, comme le
Dr William Fry, psychiatre américain, pionnier de la thérapie
familiale et de la thérapie par l’humour, considèrent
qu’une minute de rire équivaut à 10 minutes de rameur
(l’exerciseur physique), ce qui est comparable à un
excellent exercice d’aérobie.
Éclatez-vous
Alors, à quand remonte votre dernier fou rire, celui qui vous
a presque donné des courbatures tellement il était intense ?
Aujourd’hui, hier, il y a un mois ? Chose certaine, le rire
rend joyeux et, paradoxalement, il peut être interprété non
seulement comme un moment de rupture de l’ordre social,
mais également comme un renforcement de celui-ci.
Le rire est un phénomène d’empathie fondamentale.
Il est très contagieux, car il fait intervenir les systèmes
miroirs du cerveau. Nous serions en quelque sorte
« précablé » pour le rire, plus particulièrement
en situation sociale.
Ainsi, plus vous riez, meilleures sont vos chances
de rester en bonne santé tout en cultivant de saines
relations avec votre entourage. Heureusement, le sens de
l’humour peut s’apprendre, se développer et s’améliorer
avec la pratique.
À vos abdos !
LEDROIT, ÉDITION WEEK-END DU SAMEDI 19 JUILLET 2014
LEDROIT, ÉDITION WEEK-END DU SAMEDI 19 JUILLET 2014
Ne dit-on pas aussi que 15 secondes de rire équivalent
à un orgasme ?