Marie et l`Echelle de Jacob - Paroisse orthodoxe Le Christ Sauveur
Transcription
Marie et l`Echelle de Jacob - Paroisse orthodoxe Le Christ Sauveur
Marie et l’Echelle de Jacob […]. «Jacob partit de Beer-Schéba et s’en alla à Charain. Il arriva dans un lieu où il passa la nuit, car le soleil était couché. Il y prit une pierre, dont il fit son chevet, et se coucha dans ce lieu-là. Il eut un songe. ‘’Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait le ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Et voici, le Seigneur se tenait audessus d’elle et Il dit : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham, ton père et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, Je la donnerai à toi et à ta postérité. Ta postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’Occident et à l’Orient, au septentrion et au midi, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. Voici, Je suis avec toi, Je te garderai partout où tu iras, et Je te ramènerai dans ce pays, car Je ne t’abandonnerai point que Je n’aie exécuté ce que Je te dis » (Gen 28). Marie est, en vérité, l’Echelle de Jacob. Par elle, le Verbe et les anges descendent sur terre, et, deuxième mystère, Marie est l’Eglise ; par elle nous montons au ciel. L’extrémité de l’échelle « touchant le ciel » est la virginité au sens total, car la virginité n’est pas que négative, sans souillure, elle « touche le ciel », elle frôle le divin, pointe du créé s’enfonçant dans l’Incréé. Notre Seigneur dira sur la montagne : « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu » purs, vierges, intacts, labeur de la simplicité, purification du péché et de ce qui est inutile. La simplicité est le dernier échelon de la hauteur. L’échelle est dressée mais elle est aussi « appuyée sur la terre » : maternité de Marie qui engendre le Verbe « fut chair ». « Et voici les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Il me faut ici ouvrir une parenthèse. Je me rappelle une réflexion faite sur la hiérarchie céleste. Pourquoi faut-il, semble-t-il, que les hommes soient initiés par les anges, les anges par les archanges, les archanges par les Principautés et ainsi de suite jusqu’à ce que l’on atteigne Dieu ? Nous avons l’impression de ne pas avoir de contact avec Dieu ; d’autre part, nous passons au travers d’intermédiaires, et Dieu s’estompe sur l’arrière-fond de cette armée céleste. Certes, saint Denys précise que l’ange transmet le message de l’archange, qui transmet à son tour celui de son supérieur, néanmoins, c’est toucher notre Dieu après le passage de neuf miroirs, neuf reflets, au lieu de le serrer spontanément dans nos bras. Comment comprendre cela ? Puisque là où est Dieu, là sont les anges. La réponse est dans la transparence absolue de leur nature spirituelle. En voyant l’ange, nous voyons l’archange, transparent lui-même à la Principauté, et cela jusqu’à Dieu. De même, lorsque Dieu descend en nous, Il traverse les neuf hiérarchies angéliques. L’Evangile l’indique dans le récit de la Nativité. Les anges entourent les bergers et la crèche, l’étoile angélique conduit les mages, et l’Eglise chante : « Le Verbe s’incarne, Dieu est parmi nous, Emmanuel, les Cieux – les anges – sont descendus sur terre ». Voici une autre expression de l’Ecriture Sainte : « Il incline les Cieux, les anges et descendit ». Sitôt que Dieu se dépouille, se donne, sitôt les armées angéliques se donnent avec Lui. En général, nous chantons à l’Offertoire, en accompagnement de la procession qui transporte les dons sur l’autel, l’humiliation divine, mystiquement soudée aux éléments tels que le pain et le vin, entièrement présente en ces parcelles de nourriture terrestre. Nous chantons aussi que les Chérubins et les Séraphins l’environnent avec tremblement. L’humiliation et la descente angéliques, inséparables de l’humiliation et de la descente divines, entourent de même un être aussi quelconque que le prêtre, parce que le Verbe s’est incarné. Dieu est au sommet de l’échelle de Jacob, mais Marie, dont le Christ prit chair, est à la naissance de cette échelle dans l’humanité […]. (Source : "Marie, Vierge et Mère" - page 148 à 150 - Jean Kovalesky - édition L'Orant - 1982)