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iris La Lettre d’information de l’Iris n°158 > La Lettre d’information de l’iris N°158 / Mercredi 18 janvier 2006 L’avis de l’expert PRESIDENTIELLES CHILIENNES : CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE / Jean-Jacques Kourliandsky pour l’IRIS et Yahoo ! Actualités Pour la première fois au Chili, pays machiste, une femme va occuper le fauteuil présidentiel. Elle s’appelle Michelle Bachelet. Elle est fille de militaire. Mais son père était le 11 septembre 1973 du mauvais côté. Général d’aviation, loyal aux institutions démocratiques, il est mort des suites de tortures infligées par ses pairs sous la dictature de Pinochet. Lire la suite page 3. Points de vue ETATS-U UNIS : LE DEPARTEMENT D’ETAT REPREND LA MAIN Barthélémy Courmont / Europeus / 17 janvier La visite très médiatisée de Condoleezza Rice en Europe en décembre dernier, sur fond de problèmes sensibles pour Washington comme le scandale des prisons secrètes de la CIA, fut cependant un succès notable pour la représentante de la diplomatie américaine. Lire la suite 4. UN TOURNANT Barah Mikaïl par Marion Dumand / Politis / 12 janvier En éloignant Khaddam des structures décisionnelles, la Syrie l'a poussé à contre-pied du régime syrien. Le congrès du parti Baas a, en juin, écarté certaines personnalités symboliques de la vieille garde, dont Abdel Halim Khaddam. Ses options politiques n'étaient pas en phase avec celles de Bachar Al Assad et de son régime, notamment sur le Liban. Lire la suite 5. CRISE DES LOBBIES A WASHINGTON Barthélémy Courmont / Yahoo ! Actualités / 12 janvier L’affaire Jack Abramoff pourrait en d’autres temps n’être qu’un épisode politico-judiciaire dont la société américaine est friande. Pour avoir détourné des fonds versés par diverses tribus indiennes dont il représentait les intérêts dans le domaine du jeu - on parle de 82 millions de dollars -, le lobbyiste influent risque une lourde condamnation. Lire la suite 6. CAPITALISME ROUGE Kader Abderrahim / Le Journal-hebdo (Maroc) / 12 janvier Après avoir surmonté bien des difficultés, subi les sanctions de la communauté internationale au lendemain de la répression étudiante de Tiananmen, jugulé une inflation de 20% par an, la Chine, dernière puissance communiste, a terminé l'année 2005 en confessant s'être trompée dans ses prévisions : la croissance atteignait non pas 9 ou 10% comme l'avaient cru les économistes mais plutôt 12 ou 13%, ce qui fait d'elle la 6ème puissance économique mondiale. Lire la suite 7. Manifestations > MANIFESTATIONS À VENIR ECHANGES DE DÉFENSE AVEC LES ETATS BALTES : ESTONIE, LETTONIE, LITUANIE Paris / 19 et 20 janvier Séminaire restreint organisé par l’IRIS et avec le concours de la Délégation aux Affaires stratégiques du ministère de la Défense et à l’invitation de M. Denis Badré, Président du groupe interparlementaire France-Pays Baltes du Sénat. Cercle restreint. Renseignements : [email protected] ou01.53.27.67.92 L’ASIE ORIENTALE FACE AUX PÉRILS DES NATIONALISMES Iris / Paris / 31 janvier Conférence de Barthélémy Courmont, Docteur en Sciences Politiques et Chercheur à l’IRIS, à l’occasion de la parution de son ouvrage «L’Asie orientale face aux périls des nationalismes» (Ed. Lignes de repères). Réservée aux adhérents de l’IRIS. Renseignements et inscriptions : [email protected] ou 01.53.27.60.87 > MANIFESTATIONS PRÉCÉDENTES QUEL CAPITALISME AUJOURD'HUI ? Iris / Paris / 17 janvier Conférence-débat autour de Jean Peyrelevade à l'occasion de la parution de son ouvrage "Le capitalisme total" (Ed. Seuil). Réservée aux adhérents de l’IRIS LES DEFIS STRATEGIQUES MONDIAUX Centre Universitaire Méditerranéen / Nice / 12 janvier Conférence de Pascal Boniface organisée par le Centre Universitaire Méditerranéen. Médias RETROUVEZ PASCAL BONIFACE TOUS LES DIMANCHES DE 11H À 12H DANS SON ÉMISSION: «QUESTIONS INTERNATIONALES» SUR RADIO-ORIENT (94.3 FM EN ILE-DE-FRANCE). Dimanche 22 janvier « LA PALESTINE AVANT LES ÉLECTIONS » avec Xavier de VILLEPIN, ancien Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, Jean-F François LEGRAIN, chercheur au Groupe de recherches et d'études sur la méditerranée et le Moyen-Orient du CNRS, et Vincent HUGEUX Grand reporter à l’Express. > TÉLÉVISION Le discours de Chirac sur la dissuasion nucléaire 7h20, Jean-Pierre Maulny pour à venir I-Télé (19/01) L’état du couple franco-a allemand dans les crises actuelles 7h50, Susanne Nies par Direct à venir 8 (19/01) Les élections au Chili Jean-Jacques Kourliandsky par BFM TV (16/01) L’Iran Frédéric Tellier par BFM TV (15/01) > RADIO La Lituanie Susanne Nies Belgique (18/01) par BFM La dissuasion nucléaire Jean-Pierre Maulny pour Chéri FM et NRJ Bretagne (18/01) La prolifération nucléaire Le téléphone sonne Georges Le Guelte par Alain Bédouet (France Inter, 17/01) La compétition Boeing / Airbus Jean-Pierre Maulny par Alexandra Bensaïd (France Inter, 16/01) Les élections au Chili Jean-Jacques Kourliandsky par Dominique Bromberger (France Inter, 16/01) iris La Lettre d’information de l’Iris n°158 Médias (suite) Parutions QUELLE POLITIQUE EUROPÉENNE POUR LA FRANCE ? LES DÉFIS DE L’AFRIQUE sous la dir. de Pascal Boniface Sophie Bessis et Philippe Hugon Collection Enjeux stratégiques DALLOZ-IRIS / 2005 / 18 € Collection Enjeux stratégiques DALLOZ-IRIS / 2005 / 18 € sous la dir. de Sommaires page 8 CES OUVRAGES SONT EN VENTE EN LIBRAIRIE OU SUR LE SITE DE L'IRIS www.iris-ffrance.org Formation professionnelle MODULES : LE MONDE CHANGE. SAUREZ-VOUS EN TIRER PARTI ? - QUESTIONS DE DEFENSE - Inscription avant le 15/02 Cours lundi & mercredi 18h30/20h00 de mars à avril - ECONOMIE INTERNATIONALE - Inscription avant le 15/02 Cours mardi & jeudi - 18h30/20h00 de mars à mai - REALITES DE LA PUISSANCE CHINOISE - Inscription avant le 15/04 Cours lundi & mercredi - 18h30/20h00 de mai à juin - POLITIQUE EXTERIEURE DE LA FRANCE - Inscription avant le 15/04 Cours mardi & jeudi - 18h30/20h00 de mai à juin > COÛT DE LA FORMATION 500 € pour 1 module ( 450 € pour les adhérents) puis prix dégressif. Retrouvez le détail des modules ou retirez un dossier d’inscription sur INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES - Tél : 01 53 27 60 60 Rédactrice en chef : Gwenaëlle SAUZET / Directeur de la publication : Pascal BONIFACE www.iris-ffrance.org Adhésion à l’Iris ADHEREZ A L'IRIS POUR L'ANNEE 2006, ET ... 1) Participez aux « Rendez-vvous des adhérents » : de nombreuses conférences-débats sur l’actualité internationale tout au long de l'année. 2) Recevez L'Année Stratégique 2007 avant sa mise en librairie (parution automne 2006). 3) Recevez les actes de colloque publiés par l’Iris. 4) Bénéficiez d’une réduction de 15% sur les publications de la collection Enjeux stratégiques avant leur parution en librairie. 5) Obtenez un tarif préférentiel pour l'accès aux programmes de formation continue. 6) Recevez régulièrement des informations sur nos activités publiques (newsletters, invitations...). 7) Bénéficiez de conditions préférentielles et prioritaires pour les inscriptions à nos manifestations. 8) Ayez la possibilité de vous abonner à La Revue internationale et stratégique (4 numéros), à un tarif privilégié. > RADIO (suite) Les élections au Pérou Jean-Jacques Kourliandsky par RFI (16/01) Les pays nucléaires officiels et non officiels Pascal Boniface par Elodie Touchard (RTL, 13/01) Les relations entre la Chine et l'Afrique subsaharienne Jean-Vincent Brisset par M. Picart (RCF, 12/01) > PRESSE ÉCRITE L’Iran Frédéric Tellier par ProcheOrient.info (18/01) La politique étrangère de Merkel Susanne Nies par Associated Press (17/01) L’Iran Frédéric Tellier par - Le Temps (17/01) - Le Figaro (14/01) Les liens économiques entre l'Inde et l'Afrique Olivier Guillard par Marianne Meunier (Jeune AfriqueL’Intelligent, 16/01) Future of the French Policy in the Middle East Pascal Boniface (ECSSR E.A.U., 14/01) La guerre du gaz et la crise gouvernementale ukrainienne Arnaud Dubien par - Den - Ukraine (12/01) - Deutsche Welle - Allemagne (12/01) Les conséquences de l’état de santé d’Ariel Sharon Pascal Boniface pour - Témoignage chrétien (12/01) - Pierre Tillinac (Sud Ouest, 06/01) - Marjory Chouraqui (La Provence, 06/01) Pendientes de las elecciones palestinas Pascal Boniface (La Vanguardia - Espagne, 07/01) L’Année stratégique 2006 - La Dépêche du Midi (06/01) - Le Petit bleu du Lot et Garonne (06/01) - La Nouvelle République des Pyrénées (06/01) TARIFS ANNUELS DE LA COTISATION Adhérent individuel : 100 € Avec l’abonnement à La Revue internationale et stratégique : 140 € Adhérent étudiant : 35 € Avec l’abonnement à La Revue internationale et stratégique : 75 € Adhérent bienfaiteur : 200 € Avec l’abonnement à La Revue internationale et stratégique : 240 € Adhérent bienfaiteur premium : 5000 € Détails et bulletin d’adhésion page 9 Abonnement Désinscription sur simple demande à : [email protected] iris La Lettre d’information de l’Iris n°158 / L’avis de notre expert PRESIDENTIELLES CHILIENNES : CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE / Jean-Jacques Kourliandsky pour l’IRIS et Yahoo ! Actualités Pour la première fois au Chili, pays machiste, une femme va occuper le fauteuil présidentiel. Elle s’appelle Michelle Bachelet. Elle est fille de militaire. Mais son père était le 11 septembre 1973 du mauvais côté. Général d’aviation, loyal aux institutions démocratiques, il est mort des suites de tortures infligées par ses pairs sous la dictature de Pinochet. Michelle Bachelet est athée, mère de trois enfants de pères différents, dans un pays profondément catholique. Elle est, pour finir, socialiste. En conclusion, elle n’avait a priori aucune des qualités requises pour faire un chef de l’Etat digne du Palais de La Moneda, l’Elysée chilien. Certes depuis 1989 la dictature a progressivement perdu en influence. Les derniers reliquats constitutionnels hérités de la dictature ont été effacés en 2005. Il n’y a plus désormais au Chili, depuis quelques mois, de sénateurs à vie. Et l’armée est désormais placée sous l’autorité du Président de la république. Les victimes de la dictature ont bénéficié d’une reconnaissance officielle ainsi que d’une pension. Une loi autorisant le divorce a été adoptée. Mais le poids des traditions reste pesant. Il n’y a pas au Chili de loi autorisant l’interruption de grossesse. Parler de PACS ou de tout autre dispositif similaire relève de la provocation. L’élection de Michelle Bachelet a donc surpris. A commencer son rival du deuxième tour, le richissime Sebastián Piñera, propriétaire d’une chaîne de télévision et de la principale compagnie aérienne du pays. Il avait articulé sa campagne sur le respect des valeurs de « l’humanisme chrétien » que, de toute évidence, suivait d’assez loin son adversaire. Il avait par ailleurs pensé recueillir l’approbation d’une majorité en mettant en doute sa capacité, supposée masculine, à diriger l’entreprise Chili. Pour autant cette victoire marque-t-elle une révolution politique avec le passé immédiat ? Peut-elle être assimilée à d’autres, en Bolivie, au Brésil ou au Venezuela qui prétendent rompre avec les générations et les pratiques antérieures à l’élection ? De toute évidence il ne s’agit pas de cela. Michelle Bachelet est comme ses prédécesseurs Aylwin en 1989, Frei en 1994 et Lagos en 1999, la candidate des partis regroupés sous la bannière de la « Concertation », la démocratie-chrétienne, le parti pour la démocratie, le parti socialiste, le parti radical socialdémocrate. Elle est en cohérence avec le projet de la Concertation, celui d’une transition démocratique négociée et progressive. Mais au-delà de cette indéniable continuité, le changement est perceptible. Son élection quelque part a marqué la fin d’une époque. Elle ouvre une autre étape. Michelle Bachelet a bénéficié du travail accumulé par ses prédécesseurs. Le Chili est définitivement une démocratie comme les autres, avec ses problèmes d’intendance, de répartition des fruits de la croissance, préoccupée par les chantiers d’aujourd’hui, la réduction du combat contre les inégalités entre hommes et femmes, la lutte contre toutes les formes de discrimination. La droite qu’elle a vaincue n’est plus celle de 1989. Pour la première fois elle a affronté un conservateur démocrate qui, bien qu’allié au pinochétisme s’est imposé à lui au premier tour. Pour la première fois un président élu, une présidente, va pouvoir s’appuyer sur une majorité parlementaire issue du scrutin citoyen au Congrès des députés comme au Sénat. De grands chantiers ont été annoncés : la réforme de la loi électorale pour permettre aux petits partis d’accéder à la représentation parlementaire, l’augmentation des petites retraites, une grande loi sur l’éducation et une autre sur la recherche et l’innovation. Tout cela sous l’autorité d’un gouvernement constitué à parité d’hommes et de femmes. Le scénario pourra-t-il pour autant être mené à bon port? La coalition qui a soutenu Michelle Bachelet lui a donné quelques inquiétudes. La démocratie chrétienne a perdu le poids dominant qui a été le sien jusque là. Ses militants sont appelés à une réflexion critique qui pourrait compliquer la constitution du gouvernement ou à tout le moins la retarder. Les relations de Michelle Bachelet avec ses amis politiques ne sont pas toujours amènes. Elle leur a en effet imposé sa candidature l’an passé. Ne risquent-ils pas de s’immiscer aujourd’hui dans la composition de l’exécutif ? Les voisins du Chili, Bolivie et Pérou, ne sont pas des voisins faciles. Les souvenirs de guerres perdues au XIXème siècle alimentent un climat d’hostilité à l’égard du Chili. Autant d’inconnues qui ne font que confirmer ce que l’on savait déjà, le changement, réel, provoqué par le résultat des présidentielles chiliennes est un changement inscrit dans une continuité démocratique contradictoire. Jean-Jacques Kourliandsky est Chercheur associé à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste de l’Amérique latine. Il est co-auteur de L’Année stratégique 2006 qui vient de paraître chez Dalloz. En partenariat avec : La Lettre d’information de l’Iris n°158 iris / Points de vue ETATS-U UNIS : LE DEPARTEMENT D’ETAT REPREND LA MAIN Barthélémy Courmont / Europeus / 17 janvier La visite très médiatisée de Condoleezza Rice en Europe en décembre dernier, sur fond de problèmes sensibles pour Washington comme le scandale des prisons secrètes de la CIA, fut cependant un succès notable pour la représentante de la diplomatie américaine. L’opération séduction de celle qui, en tant que conseillère pour la sécurité nationale de la première administration Bush, était perçue comme rigide et même autoritaire, permet même à Washington de donner une image moins négative aux partenaires européens, qui attendaient pourtant cette tournée avec scepticisme et de multiples questions. George W. Bush l’avait annoncé après sa réélection : l’année 2005 devait être placée sous le signe du renouveau du dialogue transatlantique. Après l’ouragan de la crise irakienne, il était en effet dans l’intérêt de Washington de restaurer son image, et de tourner la page des divergences entre alliés. A cet égard, la visite de Mme Rice à l’OTAN pour clore sa tournée fut considérée comme le signe positif que les Etats-Unis cherchent à réaffirmer l’importance du lien transatlantique. Reste simplement à savoir si derrière les bonnes intentions, le douloureux souvenir de la fracture « vieille » et « nouvelle » Europe ne pointe pas à l’horizon. Sur cette question, la Secrétaire d’Etat se montre pragmatique, en tendant la main aux Etats d’Europe centrale et orientale (la Pologne, la Roumanie et l’Ukraine en tête, mais la Bulgarie est également concernée, avec la perspective d’un redéploiement stratégique américain dans la région), mais sans tourner le dos aux alliés traditionnels. La rencontre avec Angela Merkel fut ainsi positive, et le désir de « punir la France » que Mme Rice avait évoqué au printemps 2003 semble avoir été substitué par le souhait de travailler étroitement ensemble, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, plus que jamais la priorité de la politique étrangère de l’administration Bush. Pourtant, si cette évolution dans l’attitude américaine vis-àvis de ses partenaires est louable, c’est surtout dans le cadre des luttes d’influence entre le Département d’Etat et le Pentagone que la visite de Mme Rice s’inscrivait. Washington n’échappe pas à la règle des grandes démocraties selon laquelle la politique étrangère est fortement déterminée par des éléments internes. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le Pentagone était ainsi parvenu à imposer une diplomatie agressive, que les néoconservateurs, en s’appuyant sur un partenariat de circonstance avec les conservateurs Donald Rumsfeld et Dick Cheney, érigèrent en véritable messianisme. Face à un Dick Cheney très isolé depuis la mise en accusation de son conseiller Lewis Libby et un Donald Rumsfeld empêtré en Irak et incapable de proposer une sortie de crise pourtant tant attendue par l’opinion publique américaine, l’occasion est offerte au Département d’Etat de prendre sa revanche sur la véritable mise à l’écart dont il fut victime au cours de la première administration Bush. Il y a quelques semaines déjà, les révélations du colonel Laurence Wilkerson, ancien adjoint de Colin Powell, concernant l’autorisation au recours à la torture faite par Dick Cheney, indiquait un revirement de situation, dans lequel Mme Rice semble pleinement assumer ses fonctions avec, souhaitons-lui, plus de chance que son prédécesseur. Proche de la famille Bush, réaliste et pragmatique convaincue et formée en ce sens par Brent Scowcroft au début des années 90, la secrétaire d’Etat est en tous les cas la personne la mieux qualifiée pour rétablir un équilibre que l’après 11 septembre avait pencher du côté des néoconservateurs et de leurs alliés. La route est encore longue avant que Washington ne parvienne à retrouver pleinement son crédit auprès de ses partenaires, mais les intentions sont là, et ne peuvent qu’encourager les Européens à tendre la main à Mme Rice et à un Département d’Etat qui reprend la diplomatie américaines en main, et faire de cette année du partenariat transatlantique une véritable reprise du dialogue qui doit se poursuivre en 2006. A cet égard, saluons l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel qui, lors de sa première visite officielle à Washington, a rappelé la nécessité de renforcer le partenariat transatlantique, et réaffirmé sa complicité avec Condoleezza Rice. Barthélémy Courmont est chercheur à l’IRIS et publie ces jours-ci L’Asie orientale face au péril des nationalismes, aux éditions Lignes de repères. iris La Lettre d’information de l’Iris n°158 / Points de vue UN TOURNANT Barah Mikaïl par Marion Dumand / Politis / 12 janvier Comment expliquer le retournement de l'ancien viceprésident syrien, Abdel Halim Khaddam, contre Bachar Al Assad ? En éloignant Khaddam des structures décisionnelles, la Syrie l'a poussé à contre-pied du régime syrien. Le congrès du parti Baas a, en juin, écarté certaines personnalités symboliques de la vieille garde, dont Abdel Halim Khaddam. Ses options politiques n'étaient pas en phase avec celles de Bachar Al Assad et de son régime, notamment sur le Liban. Khaddam reproche très clairement à la Syrie de ne pas avoir su composer avec la résolution 1559, et d'avoir au contraire provoqué son application, en prolongeant le mandat du Président libanais. Par ailleurs, pour ce qu'on en dit aujourd'hui, Khaddam était en désaccord avec les options politiques internes. Mais il ne faut pas oublier que ses propos actuels ne correspondent pas à ceux tenus alors qu'il était vice-président… Le régime syrien peut-iil en être déstabilisé ? Les déclarations de Khaddam marquent un tournant important. C'est un symbole du régime syrien et des années Hafez Al Assad qui entre en dissidence et prouve que la contestation peut être intérieure. Bien que résident en France et exclu des instances décisionnelles, Khaddam n'en a pas moins des soutiens jusqu'à l'intérieur du régime. Cependant, en tant qu'institution, le régime syrien est encore solidement ancré. Les propos de Khaddam l'affaiblissent mais ne le font pas vaciller. A moins qu'ils ne soient suivis d'autres dénonciations, venant de personnalités du gouvernement. Mais il est important de distinguer le régime syrien de Bachar Al Assad lui-même. Si le régime est très impopulaire, il n'en va pas de même avec son jeune Président. Contrairement à son père, ce dernier se montre proche du peuple, bénéficie d'un casier judiciaire quasiment vierge et a annoncé, dès son accession au pouvoir, vouloir à long terme une ouverture politique. Pour beaucoup de Syriens, son échec est dû à la vieille garde d'Hafez Al Assad. Or malgré la mise à l'écart de quelques uns de ses officiels, les Syriens ne sont pas dupes : la vieille garde règne toujours. Allié à l'opposition, Khaddam ne pourrait-iil pas être une alternative ? Il pourrait favoriser une transition pacifique, du point de vue de la communauté internationale. Et plus particulièrement des Etats-Unis, soucieux de se débarrasser du seul Etat de la région à se revendiquer de l'anti-impérialisme et soutien des groupes armés palestiniens, sans ouvrir un nouveau front. Cet intérêt international explique celui des Frères musulmans, condamnant les orientations de Khaddam (comme sa responsabilité dans la répression à Hama, en 1982), tout en cherchant à se fondre dans un processus politique post-Assad, dont l'ancien vice-président est une clef plausible. Quant à l'opposition, elle reste très éclatée, pour des raisons politiques, religieuses (sunnites, alaouites), voire ethniques (kurdes). De plus, le gouvernement syrien étouffe la protestation réellement menaçante. Mais il faut s'interroger : comment un élément du régime peut-il constituer une alternative ? Pour être crédible, celle-ci devrait être conduite par des opposants effectifs, souvent emprisonnés pour leurs convictions et leur sincérité politiques. iris La Lettre d’information de l’Iris n°158 / Points de vue CRISE DES LOBBIES A WASHINGTON Barthélémy Courmont / Yahoo ! Actualités / 12 janvier L’affaire Jack Abramoff pourrait en d’autres temps n’être qu’un épisode politico-judiciaire dont la société américaine est friande. Pour avoir détourné des fonds versés par diverses tribus indiennes dont il représentait les intérêts dans le domaine du jeu - on parle de 82 millions de dollars -, le lobbyiste influent risque une lourde condamnation, et de nombreuses personnalités politiques, dont l’ancien chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, Tom DeLay, - qui vient de démissionner pour affaire de corruption dans le financement de campagne -, pourraient être sévèrement inquiétées. La vie politique américaine s’est découvert un nouveau scandale, aux ramifications sans doute multiples, et plusieurs élus de tous bords pourraient rapidement se retrouver sur le banc des accusés pour corruption. Les conséquences de cette affaire pourraient même aller bien au-delà de la condamnation d’un escroc sans scrupule, et de ceux qui l’auraient soutenu, pour devenir institutionnelles. C’est en effet le principe même du lobbying, l’un des piliers de la formulation de la politique américaine, qui est ébranlé par une véritable crise de confiance, qui frappe l’ensemble de la classe politique. L’Exécutif est moribond, avec la disgrâce de Lewis Libby, les problèmes de santé de Dick Cheney, l’impopularité devenue chronique de George W. Bush, et le scandale des écoutes de la Maison Blanche. Mais le Congrès, qui cherche depuis plusieurs mois à profiter des faiblesses de l’administration Bush pour retrouver une place de choix dans le processus décisionnel américain, perdue après les attentats du 11 septembre 2001 en vertu du principe de « l’union sacrée », n’est guère mieux loti. Ainsi, à dix mois des élections mi-mandat, qui verront le renouvellement d’un tiers du Sénat et de l’intégralité de la Chambre des représentants, les parlementaires ne sont pas épargnés par les critiques de l’opinion publique, loin s’en faut. D’après un sondage AP-Ipsos publié en décembre 2005, 65% des Américains auraient même une image négative du Congrès et des activités de ses membres. Or, les élections législatives, plus que les présidentielles, traduisent presque automatiquement les choix, ainsi que les mécontentements des électeurs. La prochaine élection pourrait confirmer le décalage de plus en plus net entre la population américaine et ceux qui la représentent à Washington. à Washington a plus que doublé depuis 2000, pour atteindre le chiffre vertigineux de près de 35.000. Ce serait donc, plus que la pratique des groupes de pression, qui fait partie intégrante de la démocratie américaine (les lobbies ont pour objet de défendre au Congrès les intérêts de l’opinion publique et des milieux économiques), une accélération mal contrôlée de ce phénomène dans un contexte marqué par la mise à l’écart des prérogatives des parlementaires qui serait au cœur des débats. Certains lobbies, dépassant les règles d’éthique fixées par le Congrès, sont même devenus de véritables contre-pouvoirs, et contournent surtout le contrôle des activités des groupes de pression par les élus du Capitole. Les parlementaires perdent ainsi la main sur des activités les concernant, et c’est ainsi que de nombreux élus réclament un renforcement des règles d’éthique permettant d’éviter des abus de la part des groupes de pression, et de condamner sévèrement des pratiques contraires au fonctionnement des règles démocratiques dont le Congrès, plus que quiconque, incarne la pérennité. L’affaire Abramoff pourrait ainsi totalement bouleverser la relation Congrès-groupes de pression, et précipiter des réformes législatives ayant pour effet de corriger une tendance devenue inquiétante pour le Capitole. Barthélémy Courmont est Chercheur à l’IRIS, spécialiste des Etats-Unis, et co-auteur de L’Année stratégique 2006 qui vient de paraître chez Dalloz. Une question reste toutefois en suspens : le procès des lobbies est-il celui du fonctionnement du Congrès, ou de ce qu’il est devenu au cours des dernières années ? On constate en effet que le nombre d’agences de lobbying officiant En partenariat avec : La Lettre d’information de l’Iris n°158 iris / Points de vue CAPITALISME ROUGE Kader Abderrahim / Le Journal-hebdo (Maroc) / 12 janvier Après avoir surmonté bien des difficultés, subi les sanctions de la communauté internationale au lendemain de la répression étudiante de Tiananmen, jugulé une inflation de 20% par an, la Chine, dernière puissance communiste, a terminé l'année 2005 en confessant s'être trompée dans ses prévisions : la croissance atteignait non pas 9 ou 10% comme l'avaient cru les économistes mais plutôt 12 ou 13%, ce qui fait d'elle la 6ème puissance économique mondiale. Ce genre d'erreur, de ce côté de la planète, aurait fait la joie de ses auteurs, mais dans le cas de la Chine, il provoque des inquiétudes. Le rythme de développement de la Chine entraîne des effets sur la consommation mondiale de pétrole et sur l'environnement. Mais ce que craignent par-dessus tout les occidentaux, c'est cette concurrence capable de rivaliser avec les entreprises européennes ou américaines dans les domaines du textile, de la technologie ou de l'industrie. La Chine, qui a pris soin de séparer économie et politique, poursuit un développement semi-capitaliste. Peu importe que les entreprises soient étrangères, chinoises ou mixtes, pourvu que la croissance soit au rendez-vous. Mais cet ensemble reste dominé par le parti communiste dont les cadres vieillissants et corrompus tentent de préserver leurs intérêts. Phénomène classique d'un pays en transition, d'un système vers un autre. Mais, dans cette longue marche vers la modernisation du pays, les caciques doivent affronter une opposition puissante : les clans familiaux qui s'organisent en contre-pouvoir. Il est devenu courant de voir des cadres du parti diriger de petites entreprises majoritairement agricoles. La Chine compte aujourd'hui encore 900 millions de ruraux. D'autres ont créé des usines ou se sont lancés dans le commerce avec Hong-Kong. L'apparition de cette nouvelle catégorie de chefs d'entreprise permet au parti communiste de contenir et maîtriser des évolutions qu'il veut continuer à contrôler. Depuis l'avènement de la politique des réformes, ces nouveaux patrons ont su pleinement tirer profit de leur accès à l'information et utiliser leur pouvoir sur l'administration pour s'arroger quelques privilèges. Ils se sont formés seuls, ont accumulé capitaux et expériences : de la petite industrie familiale de départ, ils sont passés au stade de « foyer spécialisé ». Puis ils sont devenus producteurs avant d'atteindre enfin le rang de chef d'entreprise privée. Cette étonnante capacité d'adaptation révèle la nature profonde de ce pays immense dont les besoins sont démesurés. Un pied dans l'appareil et un autre dans le monde de l'entreprise leur permet de s'imposer en interlocuteur et non plus en simple courroie de transmission des consignes de la direction locale du parti communiste. Aujourd'hui les organisations de base du PCC (Parti Communitste Chinois) ne jouent qu'un rôle limité dans les activités économiques et sociales. La puissance du PCC décline au niveau local et de nombreux observateurs estiment que de nombreuses provinces ne sont plus soumises à la domination du Parti, les paysans ou les ouvriers font mine de se laisser diriger par celui-ci. Toutefois, le pays n'est pas menacé par l'instabilité politique, et le règne du PCC a encore quelques années devant lui avant de se voir contester le pouvoir. Un proverbe chinois assure que « le peuple chinois est aussi difficile à rassembler que des grains de sable ». Si le PCC s'effondrait, la Chine pourrait connaître une confusion aussi grande que celle qui règne aujourd'hui dans l'ex-Union soviétique. L'augmentation constante du PNB par habitant ramènera inexorablement au-devant de la scène les revendications politiques qui s'étaient exprimées au milieu des années 80. La Lettre d’information de l’Iris n°158 iris / Parutions Collectiion enjjeux stratégiiques Quelle politique européenne pour la France ? sous la direction de Pascal Boniface Dalloz / Iris - 2005 - 18 € Politique de cohésion territoriale, coopération Nord / Sud, mise en place d'une Europe-puissance : la France a débattu du projet de Constitution européenne qui était susceptible d'engager son avenir pour les cinquante prochaines années. Dans le contexte d'une Europe élargie, la France doit impérativement remettre en question son rôle au sein de cette communauté d'intérêts unique sur la scène mondiale. L'élargissement à dix nouveaux entrants en mai 2004 oblige la France à repenser sa politique d'influence en Europe. Comment la France peut-elle dépasser cette reconfiguration pour continuer à s'affirmer dans le concert européen ? Quels leviers peutelle actionner pour tenter de garder toute sa place dans le processus de décision institutionnel tout en créant du sens politique partagé ? Comment, en somme, la France peut-elle animer un projet européen capable de rassembler ses partenaires ? L'avenir de l'Europe réside en partie dans l'intégration de ses territoires. L'enjeu afférent est celui de la coopération interrétatique mais aussi interrégionale. Au-delà, l'avenir de l'Europe ne peut se concevoir sans la redéfinition d'un partenariat privilégié avec les pays émergents. Autant de prérequis à la mise en place d'une Europe-puissance. C'est autour de ces problématiques que se sont tenues les Journées européennes de Lille de mai 2005. L'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) a tenté d'éclairer le débat en conviant des universitaires et des décideurs politiques spécialistes des enjeux européens. AVEC : Marie-Hélène AUBERT, Roselyne BACHELOT-NARQUIN, Jacques BOYON, Joël DECAILLON, Martine FILLEUL, Jose-Maria GIL ROBLES, Philippe GOLUB, Philippe GRASSET, Bernard LANGE, Louis LE PENSEC, Jacques NIKONOFF, Philippe POCHET, Tokia SAÏFI, Jean-Louis VIELAJUS, Francis WURTZ. Collectiion enjjeux stratégiiques Les défis de l’Afrique sous la direction de Sophie Bessis et Philippe Hugon Dalloz / Iris - 2005 - 18 € Seul continent à avoir régressé depuis les indépendances, aussi bien en termes économiques que sociaux, l'Afrique souffre d'un manque d'intérêt manifeste de la part de la communauté internationale. Pourtant certains pays africains commencent à recueillir les fruits de leur maturation démocratique (Afrique du Sud, Malawi, Mali ...) et les Etats africains se dotent progressivement d'outils de concertation (Union africaine [UA], New economic partnership for Africa's development [NEPAD]) leur permettant de prendre en main leur destin en s'émancipant des anciennes puissances tutélaires. Mais le développement en Afrique passe également par l'intégration régionale. Sous l'égide de l'UA, des organisations telles que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) se sont constituées. Elles interviennent dans des domaines aussi divers que les échanges interafricains, les politiques industrielles ... Malgré tout, l'émergence de pays démocratiques et le démarrage économique de certains pays africains sont susceptibles de créer de nouvelles instabilités. De surcroît, les efforts de l'ONU (Objectifs de développement du Millénaire) ne semblent pas à même de résoudre les problèmes d'un continent déjà ravagé par la pandémie du sida. En l'absence de réponse adaptée à ce fléau contemporain, il paraît difficile de voir ce continent sortir prochainement de l'ornière du sous-développement et de la pauvreté. Loin de l'afro-pessimisme en vogue actuellement, cet ouvrage, réunissant de grands spécialistes de ce continent, se propose de fournir au lecteur les clefs des grandes problématiques africaines contemporaines : développement, bonne gouvernance, éducation et santé. Avec : Marie-Hélène Aubert, Georges Balandier, Abdoulaye Bio Tchané, Anthony Bouthelier, Jacques Boyon, Matt Bryden, Jean Coussy, Général Papa Khalilou Fall, Georges Fenech, Vincent Foucher, Jacques Godfrain, S.E. Hiroshi Hirabayashi, Philippe Hugon, Andrew Jackson, Bruno Joubert, Sidiki Kaba, Henri Lopes, Eddy Maloka, Koïchiro Matsuura, Charles Neary, Ahmedou Ould Abdallah, Paul Quilès, Willy Rozenbaum, Tamany Safir, Alioune Sall, Nouréini Tidjani-Serpos, Dereje Wordofa. iris BULLETIN L'iris est une association Loi 1901 à but non lucratif. Les personnes physiques ou morales s'intéressant aux questions internationales peuvent participer à la vie de l'association. D’ADHÉSION 2006 A RENVOYER A : IRIS - 2 bis, rue Mercoeur 75011 PARIS ADHÉREZ À L’ IRIS , ET... 1) Participez aux « Rendez-vous des adhérents » : de nombreuses conférences-débats sur l’actualité internationale tout au long de l'année. 2) Recevez L'Année Stratégique 2007 avant sa mise en librairie (parution automne 2006). 3) Recevez les actes de colloque publiés par l’Iris. 4) Bénéficiez d’une réduction de 15% sur les publications de la collection Enjeux stratégiques avant leur parution en librairie. 5) Obtenez un tarif préférentiel pour l'accès aux programmes de formation continue. 6) Recevez régulièrement des informations sur nos activités publiques (newsletters, invitations...). 7) Bénéficiez de conditions préférentielles et prioritaires pour les inscriptions à nos manifestations. 8) Ayez la possibilité de vous abonner à La Revue internationale et stratégique (4 numéros), à un tarif privilégié. 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