Professeur Jean-Luc TRUELLE

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Professeur Jean-Luc TRUELLE
Professeur Jean-Luc TRUELLE
Professeur honoraire de la Faculté de médecine d’Angers
Ancien chef du service de neurologie de l’hôpital Foch
Neurologue expert près la Cour d’Appel de Versailles
Numéro ADELI : 921099347
Colloque EBIS, Bruxelles, 11 décembre 2009
« Intérêt de la médiation dans la résolution des conflits entre blessés, familles,
professionnels et institutions, à propos d’un exemple. »
Pr Jean-Luc Truelle - Médiateur - Neurologue – Service de médecine
physique et de réadaptation C.H.U. / Raymond Poincaré - Garches (F)
Mr Christopher Dumont - Témoignage
La médiation consiste en la résolution pacifique des conflits. Elle suppose que deux
personnes sollicitent un médiateur pour les aider à résoudre le conflit qui les oppose.
Cette réponse non-violente à la violence du conflit a été illustrée, dans le passé, par
Gandhi, Martin Luther King, Anouar El-Sadate et Yitzhak Rabin. Hélas, ils l’ont tous payé de
leur vie !
Je voudrais montrer comment une telle démarche peut trouver une application dans
le domaine du handicap et, en particulier, auprès des traumatisés crâniens. En effet,
fréquents sont les conflits entre ceux-ci, leur famille, les professionnels et les institutions,
dans le long parcours de leur réinsertion sociale et professionnelle.
J’illustrerai cette démarche d’un exemple. Et j’essayerai ensuite de dessiner les
clés du succès dans ce domaine si singulier qu’est le traumatisme crânien.
Mr P., 22 ans a été victime, à l’âge de 10 ans, d’un accident de la route. Sa mère est
morte dans l’accident et son père est resté physiquement et gravement handicapé. Lui-même a
eu un grave traumatisme crânien, dont il conserve un trouble de l’équilibre, une épilepsie et,
surtout, des troubles de la mémoire et de l’humeur, volontiers exaltée.
Sa scolarité a été prématurément interrompue. Il vit seul avec son père, qui s’est
efforcé de lui trouver de multiples activités. Puis il a été admis dans un centre de jour, où il se
rend 4 jours par semaine. Lui, comme son père, trouve que ce lourd programme le fatigue. Le
père demande donc à réduire le programme du centre de jour. Le responsable du centre pense,
au contraire, que les activités extérieures au centre sont inadaptées et nuisent à la cohérence
de la prise en charge. Le conflit enfle entre le père et les professionnels du centre.
A leur demande, je m’entretiens successivement avec père et fils, puis avec le
directeur. Ensuite, je les réunis, au centre, avec le psychologue du centre. Le programme
hebdomadaire est reconstitué, non sans difficulté, chaque partie remettant en question le
programme de l’autre. Chacun accepte de renoncer à une partie des activités qu’il organise.
Le jeune blessé joue finalement très bien son rôle d’arbitre. Deux mois plus tard, il est
satisfait. En outre, l’indépendance qu’il souhaite se traduit par l’aménagement d’un
appartement thérapeutique. Peu après, le père a retrouvé une compagne. « J’étais en symbiose
avec mon fils. Je l’étouffais. Aujourd’hui, il est plus heureux et je redécouvre la vie en dehors
de lui. Je ne pensais pas que c’était possible. »
La solution avait été encore plus loin que prévu !
Service de médecine physique et réadaptation (Pr. P. AZOUVI)
C.H.U. Raymond-Poincaré 92380 Garches
Domicile : 58, rue Botzaris 75019 Paris
Tél./Fax : 01.42.08.67.88
E-mail : [email protected]
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Professeur honoraire de la Faculté de médecine d’Angers
Ancien chef du service de neurologie de l’hôpital Foch
Neurologue expert près la Cour d’Appel de Versailles
Numéro ADELI : 921099347
« Une existence qui, à échelle humaine, pouvait paraître engagée dans une impasse est
devenue un passage » (Jean-Paul II, 1998)
Quelles sont les clés de la réussite d’une telle médiation ?
Certaines sont liées au processus même de médiation.
Deux conditions me paraissent essentielles : la volonté de chacun des protagonistes de
résoudre pacifiquement leur conflit, au point de solliciter un tiers pour les y aider ; et le temps
même consacré à cette résolution. J’entends encore cette remarque : « Jamais on ne m’a
écouté comme cela… c’est la première fois qu’on peut se parler ainsi, avec mon conjoint. »
Chacun doit pouvoir exprimer ses souffrances et ses besoins, avant même d’accéder au
dialogue et à la recherche d’un accord. Ce temps pour « vider le sac » révèle souvent des
frustrations masquées jusque là derrière la mise en cause de l’autre.
Le médiateur n’est pas un arbitre appelé à imposer une solution. Il doit bien plutôt aider les
deux parties à trouver elles-mêmes leur solution commune à leur conflit.
Une qualité particulière est requise à cet égard. Il ne s’agit pas, à l’instar du médecin, de
porter vite un diagnostic et d’en déduire un traitement. Il s’agit, tout au contraire, de rester
ouvert, sans a priori, de guetter le moment de « basculement » où s’ébauche un
rapprochement des points de vue et de faciliter l’élaboration d’une solution par les parties
elles-mêmes.
D’autres clés de la réussite sont précisément liées aux spécificités du handicap du
traumatisé crânien.
Ses troubles intellectuels, de l’humeur et du comportement, le mettent en situation
d’infériorité par rapport à un ou des interlocuteurs, en pleine possession de leurs moyens.
Cette asymétrie peut être en partie compensée par l’assistance d’un membre de son entourage
ou d’un avocat. Elle peut l’être aussi d’abord par des entretiens séparés préalables, ensuite par
le souci du médiateur de compenser ce déséquilibre, par une sorte de discrimination positive.
La reformulation permet de s’assurer que le message est bien passé. Enfin, il faut savoir
repérer la fatigue, la tension qui prélude à l’explosion et écourter l’entretien. Ainsi préfèrera-ton augmenter le nombre d’entretiens que leur durée.
Je passe maintenant la parole à Monsieur Christopher DUMONT, pour son témoignage.
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Domicile : 58, rue Botzaris 75019 Paris
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