A propos de culture, Joseph Ki-Zerbo
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A propos de culture, Joseph Ki-Zerbo
Présentation d’ouvrage A propos de culture, Joseph Ki-Zerbo Qui sommes-nous ? Qui voulons-nous être ? Voici formulées les deux interrogations fondamentales du nouvel ouvrage posthume du Pr. Joseph Ki-Zerbo, au titre assez évocateur, A propos de culture. Baobab intellectuel aux racines transdisciplinaires dont la pensée puise une partie de sa sève nourricière dans le limon des proverbes africains, le Pr. Ki-Zerbo, dans cet intitulé, questionne le passé africain pour faire répondre le présent afin de construire l’avenir. Au-delà de son interpellation majeure, c’est-à-dire vivre et assumer la culture africaine dans toutes ses dimensions : de la praxis quotidienne, de la relation avec les autres, de la réflexion, de l’éducation et du travail, A propos de culture qui fait entendre une fois de plus la voix du Pr. Joseph KiZerbo trace une voie pour une néo-culture africaine, dont l’urgence est exprimée par un contexte de mondialisation et de rapports interculturels. Mais quelles sont les pré-conditions et les principes qui devraient présider à l’élaboration de cette néo-culture ? Et quels rôles pourrait d’ailleurs assumer l’Afrique dans la diversité culturelle et dans la mondialisation ? Les réponses à ces questions ont nécessité dans ce livre de dépoussiérer des concepts tels que culture et identité de leurs considérations réductrices et dégradantes faites par certains auteurs. L’ouvrage est subdivisé en deux grands axes qui portent, l’un, sur « Culture et identité africaine » et l’autre sur « Culture et développement africain ». Dans le premier axe, le Pr. Joseph Ki-Zerbo, à travers le texte sur « la civilisation africaine d’hier à demain » s’intéresse à la situation héritée du passé avant d’esquisser quelques projections sur l’avenir. Pour lui, l’Afrique d’hier a été une société à rythme d’évolution lent dont le retard technique s’explique par l’absence de la roue, des véhicules et celle de l’écriture. Cependant, malgré ces lacunes qu’il qualifie d’historiques et non consubstantielles à l’Africain, la société traditionnelle africaine était une société créatrice, solidaire et une démocratie vivante. La société actuelle, quant à elle, estime le Pr. Ki-Zerbo, est en crise, car dit-on, « l’Africain a les pieds dans le néolithique et la tête dans le thermonucléaire ». Cette position inconfortable ne favorisant pas la maîtrise de soi génératrice d’œuvres authentiques conduit à envisager des perspectives, d’où la néo-culture de demain qui doit s’ouvrir au monde, tout en amenant les Africains à compter sur eux-mêmes, à éviter de se recueillir sur le passé et à éviter la diversion économique et technocratique. A ce propos, les intellectuels y jouent un rôle privilégié. Ils doivent se lier à la masse, s’y immerger et promouvoir l’africanisation de l’enseignement. Pour commencer le pèlerinage de la néo-culture, il importe aussi de connaître ce que sont la culture et 1 l’identité. La culture, pour ce faire, est selon le Pr. Joseph Ki-Zerbo, « la vie créatrice du peuple, qui transforme le milieu naturel et social. Elle englobe aussi bien les aspects les plus prosaïques de l’existence (outils et méthodes agraires) que les éléments les plus subtils comme le droit de propriété, la façon de sourire, la manière de célébrer l’amour et la mort ». C’est à partir de cette définition qu’il a relevé les cinq problèmes réels de la culture africaine qui sont : la diversité dans et pour l’unité, la création d’une culture populaire, la transmission de la culture aux générations montantes par un système éducatif remodelé, la modernisation dans l’authenticité et la liaison avec la culture universelle. Pour ce qui concerne l’identité culturelle, elle n’est pas selon lui un fossile ou statique qui relèverait de l’archéologie sociale. Elle n’est pas non plus un concept purement juridique, administratif, voire philosophique ou politique désignant un groupe d’hommes situé dans un espace déterminé et se référant à leur ethnie. Cette identité, toujours, n’est pas exogène à l’individu. Elle est plutôt à la fois un processus temporel et spatial. En abordant le second grand axe de son ouvrage, le Pr. Joseph Ki-Zerbo dresse, dans le texte intitulé « Culture et développement africain », les enjeux d’hier et d’aujourd’hui qui sont l’ethnogenèse, l’ethnicisme, la religion, les savoirs, l’environnement et les langues. Il distingue dans cette même partie, quatre périodes du déploiement de l’ethnogenèse à l’ethnicisme en Afrique. Il s’agit des premiers temps au XVIème siècle, du XVIème au XIXème siècle, le temps des colonies et la période postcoloniale. A propos de culture évoque aussi dans le second grand axe, « la créativité endogène », le cinéma et le FESPACO. La conclusion de l’ouvrage traitant de « diversité culturelle et mondialisation » invite les Africains à ne pas confondre la culture au folklore mais à rechercher les antidotes de ces questions dans la régionalisation, la décentralisation et la formation pour la transformation. A propos de culture, ouvrage de 147 pages, avec les quatre points de chacun de ses deux grands axes, est plaisant à lire. Edité en 2010 par la Fondation Joseph KiZerbo, A propos de culture invite chaque Africain et chaque Africaine à adopter une culture à propos d’une vie de néo-culture à forger jour après jour. Seydou NACRO Coordonnateur de la Commission Scientifique Génération Joseph Ki-Zerbo [email protected] 2