Lettre à mon fils
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Lettre à mon fils
Lettre à mon fils Si j’avais su… … que mon accouchement se terminerait en une césarienne imprévue qui me limiterait physiquement pendant six semaines; … que face à tes pleurs inconsolables, je me sentirais parfois comme un Inuit dans le désert du Sahara, c’est-à-dire complètement démunie; … que ma vie avant toi me manquerait au point où j’en pleurerais; … que de cibler tes besoins s’avérerait parfois mission impossible; … que de t’allaiter aux deux heures pendant des mois serait une tâche à la fois apaisante et éreintante; … que de réussir à te faire faire la sieste seul dans ton lit pendant plus de 30 minutes serait pour moi une victoire; … que je consulterais de manière obsessive tous les wikis disponibles sur la maternité afin de déterminer ce qui pourrait être le meilleur pour toi; … que je serais si excitée de passer quelques heures sans toi, mais que je ne ferais que penser à toi pendant le temps où nous serions séparés; … que j’aurais dorénavant si peu de temps à consacrer à mes vêtements et à mon apparence qu’ils en deviendraient kitsch; … que le temps passerait si vite tout en semblant si long; … que toutes, absolument toutes mes conversations finiraient par tourner autour de toi; … que lorsque tu me sourirais pour la première fois, mon cœur en palpiterait autant que si on y tenait une kermesse; … que la sérendipité ferait partie de mon quotidien puisque la vie avec toi est pleine de surprises et de découvertes; … que j’aurais envie de crier bravo à chacun de tes moindres gestes; … que chaque journée passée avec toi me ferait passer par un amalgame d’émotions; … que de t’observer pendant les boires de nuit me ferait comprendre l’exacte signification du mot zénitude; … que je ne me lasserais pas de respirer ton odeur; … que d’embrasser tes petites joues si douces lorsque tu t’endors sur mon épaule serait si apaisant et réconfortant, autant pour toi que pour moi; … que de te regarder dormir me ferait immanquablement sourire; … que, si c’était possible, je recourrais à la magie de tous les grigris du monde pour te garder avec moi pour toujours; … que le seul fait de poser un regard sur toi me ferait oublier toutes les nuits blanches, les privations et les interrogations vécues depuis maintenant trois mois; … que de t’avoir donné la vie serait mon plus bel accomplissement… Bref, si j’avais su ce qu’est d’être une maman, ta maman, je n’y changerais absolument rien. T’avoir dans ma vie est le plus beau cadeau que celle-ci m’ait fait. Je t’aime mon petit homme. Maman Marie-Claude Groulx (438 mots)