C`est une vraie histoire d`horreur que j`ai vécue

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C`est une vraie histoire d`horreur que j`ai vécue
3/26/2015
« C'est une vraie histoire d'horreur que j'ai vécue » ­ Actualités ­ Hebdo Rive Nord
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« C'est une vraie histoire
d'horreur que j'ai vécue »
Geneviève Geoffroy
Publié le 25 mars 2015
Publié le 25 mars 2015
Bruno Papin montre avec ce modèle réduit qu'il est tombé au fond de la benne de la moissonneuse­
batteuse. Photos TC Media – Geneviève Geoffroy
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Trop pressé, un agriculteur a perdu 90% de sa jambe
droite dans un accident de travail
SÉCURITÉ. Un cultivateur amputé qui a assisté, impuissant, au lent
broyage de sa jambe droite après avoir glissé devant sa moissonneuse­
batteuse est persuadé que son histoire d'horreur aurait pu être évitée s'il
n'avait pas voulu aller trop vite.
« C'était une opération banale, qui était supposée être banale », raconte Bruno Papin, 38
ans.
Le cultivateur de L'Assomption et père de deux fillettes âgées de deux et quatre ans a
perdu 90 % de sa jambe à la suite d'un accident de travail survenu dans l'après­midi du 8
septembre 1998, une journée qui avait pourtant commencé comme toutes les autres.
Tombé à genoux
M. Papin, alors âgé de 20 ans, travaillait seul sur la ferme familiale. En matinée, il était allé
récolter du maïs dans le champ, mais son ouvrage a été écourté par la pluie. À son retour
du dîner, le maïs avait « pris en pain » dans la benne de la moissonneuse­batteuse.
« Je suis monté dedans la benne avec une pelle pour accélérer le processus. J'ai glissé et
je suis tombé à genoux », se rappelle Bruno Papin.
Les 30 minutes qui se sont ensuivies ont été une « vraie histoire d'horreur » pour
l'agriculteur. Sa jambe droite s'est retrouvée coincée entre un rouleau et une vis acérée
(une vis sans fin) qui tournait à fond de train au fond de la benne de la moissonneuse­
batteuse.
Crier comme un fou
« Ma jambe s'est entortillée dans le rouleau et la vis grugeait ma jambe, ça me tirait. C'est
épouvantable. Je connais des amputés qui se sont fait couper un membre et "bang", c'était
fait. Moi, ça a grugé longtemps », raconte­t­il.
Aveuglé par la douleur, Bruno Papin a crié « comme un fou » à s'en rompre la voix.
« Personne ne venait me chercher. Je me disais: "Ça y est, c'est la fin, tu es mort" », se
rappelle­t­il.
C'est sa jeune sœur qui l'a retrouvé en revenant de l'école, alertée par le chien qui aboyait.
Pris dans le monstre à des mètres du sol, c'est avec une pelle de tracteur que Bruno Papin
a été descendu sur le plancher des vaches. Malgré un transport d'urgence à l'hôpital et une
tentative de reconstruction, les médecins n'ont rien pu faire et ont dû l'amputer.
« 120% de ma faute »
Celui qui a rapidement repris le collier après son accident confesse qu'il n'aurait jamais
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perdu sa jambe s'il avait pris son temps.
« C'est 120% de ma faute. Je le disais le lendemain de l'accident: j'étais pressé. J'aurais pu
faire la même job ben tranquillement et ça ne serait pas arrivé. Mon accident, c'était
facilement évitable », reconnait­il.
Parce qu'il voulait aller vite et qu'il avait perdu du temps à cause de la pluie, Bruno Papin
n'avait pas débrayé le mécanisme qui faisait fonctionner la vis sans fin qui tournait au fond
de la benne de la moissonneuse­batteuse avant d'y descendre.
Une manœuvre qu'il avait faite des dizaines de fois auparavant sans que rien ne lui arrive
et qui est pratiquée selon lui par plusieurs cultivateurs.
« Encore aujourd'hui, il y a du monde qui le fait », assure­t­il.
Raccourcis
Ce genre de raccourcis pas toujours sécuritaires sont monnaie courante dans le milieu de
l'agriculture, selon Bruno Papin.
Le monde est pressé et, en étant pressé, la première chose qui prend le bord,
c'est la sécurité Bruno Papin, cultivateur
Les aléas de la température, la charge de travail ou encore le bris des pièces de sécurité
des machines sont autant de facteurs qui pèsent sur les épaules d'un agriculteur qui font
qu'au bout du compte, l'aspect de la sécurité n'est malheureusement pas toujours pris en
compte, soutient Bruno Papin.
« Le monde est pressé et en étant pressé, la première chose qui prend le bord, c'est la
sécurité », argumente­t­il.
« Sur une ferme, il n'y a pas de loi qui dit que tu dois arrêter après huit heures de travail.
On ne roule pas sur l'or et quand il pleut pendant 10 jours et que le beau temps arrive, il y a
un stress en dedans de toi qui te démange », poursuit­il.
La rapidité d'exécution figure par ailleurs au sommet des facteurs à l'origine des accidents
de travail, selon la Commission de santé et sécurité au travail. Dans la majorité des
accidents et des accidents mortels, la machinerie fait partie du tableau.
Deux cent quarante­neuf accidents liés à des pièces en mouvement impliquant un
travailleur agricole ont été recensés au Québec par la CSST au cours des cinq dernières
années. Au Canada, la machinerie est impliquée dans 70% des accidents mortels dans le
milieu agricole, selon l'Union des producteurs agricoles.
Quant à Bruno Papin, s'il a appris une chose de son accident, c'est que les minutes que
l'on espère sauver en prenant un raccourci n'en valent pas la peine.
« Si c'est dangereux de sauver du temps, fais­le pas. Ne néglige pas ta sécurité pour aller
plus vite. Ne prends pas ce bout­là pour gagner du temps », avise­t­il.
En chiffres
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• Le taux d'accidents mortels est de 12,9 par 100 000 de population agricole au Canada*
• La machinerie est impliquée dans 70% des accidents mortels*
• Le renversement, l'écrasement et l'enchevêtrement dans une machine puis les collisions
de la route représentent plus de 50% des accidents mortels* • 92% des victimes
d'accidents mortels sont des hommes*
• 19 accidents ont eu lieu dans Lanaudière entre 2009 et 2013 sur 249 au Québec soit
7,63%**
• Au Québec, les causes principales d'accidents sont**:
o Frappé par un objet
o Réaction du corps (exemple: un coup de chaleur)
o Effort excessif
*Chiffres colligés auprès de l'UPA **Chiffres colligés auprès de la CSST
Pas de normes de sécurité uniformes
Alors que depuis des générations les pratiques du travail de ferme se transmettent de
génération en génération, les normes de sécurité dans le milieu agricole ne sont pas
uniformes. Par ailleurs, il serait difficile de les standardiser, selon la CSST.
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