Chère Claire, Cher Bertrand, Cher Laurent, Cher Lionel, Cher Jean

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Chère Claire, Cher Bertrand, Cher Laurent, Cher Lionel, Cher Jean
Chère Claire, Cher Bertrand, Cher Laurent, Cher Lionel, Cher Jean‐Paul, Cher Cédric, Chère Esther, Chers collègues, Mesdames, Messieurs, Chers amis, Chers camarades, Votre présence si nombreuse, près de trois ans après la disparition de notre ami, camarade et Maire, Pierre Castagnou, Votre présence si nombreuse par cette fraîche matinée de décembre témoigne de l’estime et de l’affection que, toutes et tous, nous portions à Pierre Castagnou. Pierre Castagnou, nous a quitté trop tôt, le 24 février 2009, dans sa soixante neuvième année injustement fauché à l’âge où, parce que la vie lui avait tant appris, il s’apprêtait avec sérénité à transmettre le meilleur de soi‐même aux autres et d’abord aux jeunes générations. Trois ans après, il nous manque encore et je le sais, parce que vous êtes si nombreux à me le témoigner régulièrement, il a marqué positivement et durablement vos vies, nos vies. Pierre Castagnou était un homme de fidélité, une qualité rare en ces temps où l’éphémère, le superficiel, le volatil et l’incongru sont trop souvent érigés en valeurs cardinales d’un monde agité qui perd peu à peu ses repères. Fidélité d’abord, à sa femme, à toi Claire, la compagne de sa vie, qui l’a accompagné jusqu’au bout hier et aujourd’hui dans le souvenir comme une ode à la vie qu’il aimait tant et que vous aimiez tant vivre ensemble. 1 Pour celles et ceux qui vous connaissaient vous renvoyiez l’image d’un couple uni, accompli, équilibré et joyeux et l’on mesure mieux combien cette séparation a été et est encore pour toi, Claire, un arrachement. J’espère que cette cérémonie tant attendue t’aidera, parce que tu le mérites plus que tout autre ici, t’aidera à avancer désormais dans la vie qui te tend toujours les bras et qui t’attend avec cette douce mélancolie d’un temps qui malheureusement ne reviendra plus. C’est le propre d’un deuil, aussi douloureux soit‐il, et il convient de le vivre avec la plus grande fidélité que l’on doit à ceux que nous regrettons et qui ne peut s’accomplir pleinement que dans l’acceptation de la vie. Fidélité de Pierre Castagnou à ses idéaux humanistes qui trouvèrent à s’accomplir pendant 35 années ininterrompues d’un militantisme paisible, assidu mais déterminé dans le Parti Socialiste, sa grande et belle famille de pensée. Cette histoire commença pour lui un jour de 1974 où il décida de s’engager aux côtés de celui qui incarnait l’espoir d’un changement profond en France, François Mitterrand. Un changement porté par tout un peuple de femmes et d’hommes pour qui la France n’est belle que quand elle est partageuse, généreuse, ouverte aux forces du travail et de la création, accueillante à l’autre, quelle que soit son origine. Une France qui regarde fièrement et courageusement devant elle pour surmonter les difficultés des temps présents, corriger les injustices et les inégalités qui la minent et qui prépare un avenir pour sa jeunesse. C’est cette France que Pierre Castagnou, alors secrétaire général du Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise, c’est cette France que Pierre Castagnou voulait accompagner vers ce moment où la majorité politique rencontrerait la majorité sociale de notre pays. De cette fidélité à François Mitterrand, Pierre Castagnou ne se départira jamais, épaulant Le Président à l’Elysée durant le premier septennat où il allia rigueur et imagination, compétence et ouverture d’esprit. 2 Pierre Castagnou, sous des dehors chaleureux qui n’étaient jamais feints chez lui, accordait pourtant rarement sa totale et pleine amitié. Mais quand il le faisait c’était pour la vie, pour les bons et les mauvais jours. Quand Pierre Castagnou donnait sa confiance et son amitié, il ne la reprenait jamais. Après François Mitterrand, Laurent Fabius, fût la seconde rencontre décisive de sa vie militante et le début d’un long compagnonnage qui ne s’est jamais démenti. Cette amitié fut sincère, profonde, durable et je le sais, cher Laurent, réciproque. Pierre Castagnou était fidèle pour agréger, jamais pour soustraire, c’est le propre des âmes généreuses. Nombreux étaient celles et ceux dont Pierre Castagnou savait apprécier le mérite, reconnaître la valeur, mesurer l’apport à la réalisation des combats politiques qui animaient sa vie. C’est pourquoi j’apprécie, nous apprécions tous ici ta présence aujourd’hui à nos côtés, cher Lionel. Pierre Castagnou était un homme de convictions qu’il défendait avec courage sans jamais renier ce qu’il croyait être juste. La politique était toujours pour lui une œuvre de pédagogie. Il comprenait la nécessité de partir du point de vue de son interlocuteur, non pour rechercher une fausse connivence, mais pour comprendre l’autre et pour mieux le convaincre. Sa patience était une force, son attention aux autres, l’intelligence de l’esprit. Mais, Pierre Castagnou ne reculait pas quand il estimait que l’essentiel était en cause. Jamais il n’éprouva la moindre complaisance envers le racisme et la xénophobie, même quand ils prenaient l’apparence faussement débonnaire d’un bon sens épousant en fait les plus épouvantables des préjugés. 3 Européen convaincu, il pensait que le destin des peuples était de converger vers un avenir de progrès partagé Et, c’est en européen convaincu qu’il fit courageusement et publiquement le choix de combattre en 2005 un projet de Traité Européen, qui s’éloignait des citoyens, qui renvoyait aux calendes grecques l’indispensable Europe sociale pour privilégier exclusivement selon lui le libéralisme et la finance. Pierre Castagnou était socialiste. Pierre Castagnou était de gauche. Pierre Castagnou était humaniste. Né à Vichy, Béarnais par tradition familiale, sa rencontre avec Claire le conduisit à découvrir les deux rives de la Méditerranée. Et, même si il affectionnait au plus haut point ces voyages vers les horizons les plus éloignés d’une terre qu’il visita presque de bout en bout, son point d’ancrage, les racines qu’il se construisit patiemment et amoureusement furent à Paris et dans le 14ème arrondissement qu’il chérissait tant et qui lui a tant donné en retour. Réveiller le 14ème arrondissement, la belle endormie comme il se plaisait si souvent à le raconter, réveiller le 14ème fût la grande œuvre de sa vie. De 1983 à 2001 il fût un élu d’opposition opiniâtre mais respectueux et constructif. De ces longues années d’opposant il se forgea une intime conviction qu’il nous fît partager et qu’il nous a laissée en héritage. Le 14ème Arrondissement est un arrondissement extraordinaire et sa principale richesse, l’exceptionnel état d’esprit de sa population. Des habitantes et des habitants attachés à la mixité sociale, à la diversité des origines et des conditions où comme tous aiment à le proclamer, il fait si bon vivre ensemble. 4 Pierre Castagnou qui avait pourtant côtoyé les sommets de l’Etat n’aimait rien tant que déambuler dans son 14ème allant inlassablement à la rencontre de ses concitoyens. Discuter avec une directrice d’école, de crèche, un responsable associatif, une infirmière, un gardien de la paix, un commerçant, un éboueur ou un habitant du 14ème arrondissement lui était toujours un plaisir et jamais temps perdu. Il aimait la fréquentation des gens ordinaires qui réalisent très souvent des choses extraordinaires. Il aimait également profiter des moments de détente et d’amitié partagés dans les cinémas, les théâtres, les galeries, les restaurants du 14ème. Pendant dix huit ans il se prépara à devenir un jour le Maire du 14ème arrondissement. Il le devint en mars 2001 le jour où une nouvelle majorité municipale progressiste fut portée aux responsabilités par les citoyennes et les citoyens de Paris, de Paris mais aussi du 14ème arrondissement qui contribua de manière décisive à l’alternance démocratique dans la capitale, la première du genre depuis un siècle. Grâce à l’appui constant et bienveillant du Maire de Paris, Bertrand Delanoë, Pierre Castagnou, entrepris l’œuvre de changement dans le 14ème arrondissement. Cher Bertrand, tu sais, mais je tiens à le dire ici publiquement, combien Pierre Castagnou t’estimait. Il t’estimait politiquement, mesurant la part décisive que tu avais pris dans cette formidable aventure qui dure maintenant depuis plus de 10 ans. Tu avais sa confiance et son amitié et il savait qu’il pouvait compter sur toi et que jamais tu ne lui ferais défaut. Durant les huit années de l’exercice de son mandat de Maire du 14ème, il a pu à chaque étape décisive compter sur ton soutien au service des habitantes et des habitants de notre arrondissement. Ensemble, vous avez tant entrepris pour le 14ème. 5 Tramway des Maréchaux, couverture du Périphérique à la Porte de Vanves avec l’appui important du Président de la Région Jean‐Paul Huchon, rénovation du quartier politique de la Ville qui se poursuit aujourd‘hui avec l’aménagement de l’ancien hôpital Broussais, réhabilitation et construction de logements sociaux, rénovation des écoles, création et modernisation des centres d’animation, construction de crèches, ouverture de nouveaux jardins, de nouveaux équipements sportifs comme le gymnase Alice Millat ou Rosa Parks, sauvetage de la Bélière, réhabilitation du Château Ouvrier, création de la Maison des Associations, vous avez tant fait ensemble. Vous avez tant fait au service des citoyennes et des citoyens de notre arrondissement qu’il était normal de te dire, cher Bertrand, que l’exceptionnel bilan de Pierre Castagnou, est aussi ton exceptionnel bilan. De cette œuvre commune il était fier, très fier, non pour lui, non pour vous, mais parce qu’elle incarnait dans les faits, dans les actes, les aspirations qu’ensemble vous aviez portées tout au long de ces années passées à militer pour Paris et le 14ème. Mesdames, Messieurs, J’avais seize ans quand je fis pour la première fois la connaissance de Pierre Castagnou. Moi, l’enfant du 14ème, de Montparnasse et de Pernety, je mesure et j’apprécie à sa juste et très haute valeur l’empreinte profonde et durable qu’il a laissée dans notre arrondissement durant ce quart de siècle pendant lequel il lui consacra toute son énergie et toute son attention bienveillante. Pierre Castagnou, fût durant huit belles années notre Maire, notre bon Maire. Il y a trois ans nous lui avons dit adieu avec une infinie tristesse, aujourd’hui c’est avec joie que nous l’accueillons pour son retour chez lui, au plus près de sa mairie dans cette rue qui désormais portera son nom. Bon retour chez toi et parmi nous, cher Pierre Castagnou. Je vous remercie. 6 

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