tangible démarches et créations
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tangible démarches et créations
Sortie de chantier Journées du patrimoine, Septembre 2012, La Briqueterie Photo : Tormod Lindgren Tangible DéMARches et créations genèse Après une incursion dans le monde du théâtre et de l’art contemporain, c’est de la rencontre avec la pratique du tango argentin que nait véritablement le goût d’Edwine Fournier pour la création. A partir des qualités d’écoute et de présence à l’autre propre au tango argentin, s‘ouvre un autre monde qu’elle n’avait pas rencontré dans la pratique de la danse contemporaine : celui des danses d’improvisation, de la composition instantanée et du mouvement sensoriel. Elle crée alors, en 2001, avec Sylvie Gueugnon, le «tango contact» : matière chorégraphique qui croise le tango argentin et la danse contact improvisation. La fusion de ces deux matières au sein d’un même espace amène à jouer avec deux univers sociaux et chorégraphiques. Dans une démarche collective, Edwine Fournier transmet et partage la pratique du tango contact avec d’autres danseurs, en particulier avec Karine Grenier, Geneviève Cron, Françoise Bachelard et Fabrizio Chiodetti. Le tango contact est aujourd’hui enseigné au sein d’ateliers et de bal-jam par des artistes associés. Cette nouvelle matière devient alors un lieu d’échange avec les publics et une démarche à l’origine des futures créations. Le tango contact mélange deux manières d’être au monde pour faire naître une perturbation et laisser émerger la complexité de la relation. bal et danse contemporaine Alors qu’avec le tango contact, elle explore « l’entre » de la relation, Edwine Fournier créé en 2004 l’Association Tangible et réinvestit le concept du bal. Dans le cadre de programmations culturelles, Tangible expérimente l’espace du bal avec une danse à deux revisitée par la danse contemporaine. Ces bals sont donnés, notamment, dans le cadre de trois programmations des Bals du siècle avec l’équipe Petit Bain à Paris, et avec les Pronomade(s) CNAR en Haute-Garonne. Naissent alors les «balscores» qui proposent un espace d’improvisation qui se construit sur la base d’une partition commune. créer in situ Attaché à l’espace de la relation aux autres et aux lieux, les premières créations de Tangible sont avant tout des créations in situ. La première est Inconsolables mais vivants ! créé en 2004. Inconsolables mais vivants !, inspiré d’India Song de Marguerite Duras, fait vibrer tous les lieux d’hésitation, de doute, de désir qui nous traversent dans un temps particulier qu’est l’ « entre-deux ». Ce moment en suspens naît d’une tension, tissée par le tango, entre « le premier pas [qui] s’élance avec fougue vers ce qui sera » et « le second [qui] se penche sur ce qui était ». Les duos d’Inconsolables mais vivants ! s’écrivent à partir d’une marche à deux, qui fait écho et transcende celle des passants qui rentrent et sortent du champ du spectacle. Au Festival de l’Oh, au Festival Chalon dans la rue, aux Pronomade(s) CNAR en Haute-Garonne ou encore à Printemps de rues, les lieux choisis portent ce thème de l’entre-deux : entre deux corps, entre deux terres. relation à la matière S’en suivra l’envie de préciser l’écriture chorégraphique dans un contexte plus resserré et intime suite à la rencontre avec une marionnettiste, Mélanie Mazoyer. Ainsi, côté scène, Tangible développe un langage qui emprunte à la danse contemporaine et à la marionnette, confrontant les mouvements intérieurs aux réalités tangibles. La pièce La traversée des faux plis en est issue. Cette pièce a été joué dans le cadre des Scènes ouvertes à l’insolite au Théâtre de la Cité internationale, au Théâtre Berthelot de Montreuil, au festival Les Incandescences, Danse Dense, à la Ferme de Godier à Pantin. Nourrie de ce travail scénique mené sur le rapport à la matière et la relation à l’objet, la création Chemin des Tortues marque un retour à l’espace public. l’objet quotidien vers de nouveaux possibles En 2009 s’opère un virage important. A l’initiative du CNAR Haute-Garonne Les Pronomade(s), Edwine Fournier co-réalise, avec Olivier Toulemonde, une commande sur le paysage pendant trois ans. Il s’agit d’écrire une promenade sur le territoire rural du Comminges avec les traces artistiques de ce qu’ils ont expérimenté sur place avec les habitants. La Citerne s’impose à eux comme un objet incontournable du paysage de Sauveterre de Comminges. La Citerne tisse en effet, un lien particulier entre « paysage humain » et « paysage naturel ». Cet objet devient alors leur outil de travail et l’écheveau d’un réseau de fils qui les relient aux habitants de la commune. Telle une roulotte étrange, ils la traînent de hameau en hameau à la force des bras. La Citerne s’invite dans tous les événements du village, devient le théâtre d’actions poétiques et se transforme au gré des rencontres. Petit à petit elle s’immisce dans tous les esprits. Et le temps joue alors son rôle de sédimentation : la légende de la Citerne naît. Aujourd’hui, l’usage d’un objet itinérant incarnant à la fois le quotidien d’un site et l’ouverture vers un imaginaire est au cœur du projet d’implantation sur un territoire que Tangible souhaiterait mener. Parcours des Citernes avec Olivier Toulemonde Pronomade(s) Photo : Jean-Alexandre Lahocsinszky implantation sur le territoire et mutations urbaines Cette expérience dans le Comminges a permis de réaffirmer les orientations de travail de Tangible sur les problématiques d’implantation sur un territoire. D’où l’intégration au Collectif La Blanchisserie pour participer au projet Culture à l’hôpital au sein de l’hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine en 2011. Des ateliers et une restitution seront le fruit de deux ans d’investissements avec deux autres chorégraphes, Lydia Bouhirane et Stéphanie Auberville, et avec des patients du service gériatrie et psychiatrie. Le projet était soutenu par la DRAC Ile-de-France. L’Association Tangible s’oriente alors vers des Petites Fugues, impromptues et perturbations tout terrain qui ont pu être découvertes lors de vernissages dans le cadre de la Biennale Art grandeur nature en Seine Saint-Denis, de visites guidées dansées au Mac/Val à Vitry-sur-Seine, de balades concerts au Musée de la Cité de la musique. Tangible créé aussi des échappées dans le paysage dans le cadre du projet mené par la Compagnie KMK à Nangis et au sein du projet Ivry Confluence, territoire en mutation à Ivry-sursSeine, avec le collectif La Blanchisserie. L’année 2011 marque le développement de projets en lien avec des questions de mutations urbaines. A ce propos, lors de la création Espèces – espaces en voie de disparition dans des espaces urbains en suspens, émerge une nouvelle matière artistique : «l’archéograhie». L’archéographie consiste à déceler ce qu’un paysage, une forme d’aujourd’hui, charrie comme mémoire et ce qu’il est en train de transmettre au futur. En 2013, Edwine Fournier, Sébastien Molliex, Françoise Bachelard et Manon Gignoux ont été conviés par l’opérateur culturel «Des Ricochets sur les pavés» à explorer, pendant trois ans, la Bièvre et son lit, en prévision de sa réouverture. A partir de rencontres et de recherches historiques, chorégraphiques et plastiques menées par cette équipe d’archéographes, sont nées deux créations in situ, comme des fables oniriques traversant le temps. Ces deux opus de La Bièvre à contre-courant ont été présentés lors des journées du patrimoine, en septembre 2013 et en septembre 2014. création et enjeux réels Par ailleurs, en 2011 et 2012, Tangible renoue plus définitivement avec sa matière d’origine, le tango contact, par les créations contextuelles de Chemin des Tortues et Sortie du Chantier. Chemin des tortues, présenté notamment au Festival Chalon dans la rue, à la Briqueterie et à Traversée d’arts à Saint Ouen, raconte le rewind d’une vie à deux à travers la lenteur des cœurs. Il s’écrit en relation avec l’âme des lieux rencontrés et leurs réalités urbaines et sociales. Chemin des tortues déploie, dans les espaces quotidiens, les tableaux des différents âges de la vie de deux habitants. Deux histoires de vie s’emboîtent dans celle du quartier investi. L’ordinaire et l’extraordinaire se racontent. Des enjeux réels et des pratiques corporelles sont mêlées à un imaginaire artistique et chorégraphique. Tangible met en scène les corps au plus proche des gestes et des usages du quotidien, et pose l’attention sur les façons d’habiter l’espace de la relation, et sur les usages de l’espace public. Chemin des tortues Photo : Fabrice Domenet En 2012-2013, Edwine Fournier et Benjamin Bibas commencent l’écriture du projet Bal de match et travaillent avec six performeurs - Sylvain Beauchamps, Geneviève Cron, Hugues Forey, Karine Grenier, Gerry Quévreux et Natyelli Mora une plasticienne-costumière, Manon Gignoux, et un scénographe-vidéaste, Popé (Eric Bézy). A travers Bal de match, Tangible fait évoluer la matière tango contact en la frottant à la pratique du rugby. Né du croisement entre les univers, les codes sociaux et les gestuels du tango contact et du rugby, Bal de match investit les espaces du stade, redonne au jeu une fonction sociétale et propose de nouvelles règles, décalées et plurielles. Bal de match sera créé le 9 juillet 2015 aux Tombées de la nuit à Rennes. Tout autant que la relation au temps, le cœur des créations de Tangible est la relation des hommes à leurs lieux de vie et d’usage. Les artistes deTangible fouillent et creusent « l’entre » de la relation à l’autre et au lieu. En s’imprégnant du passé et en prenant conscience du futur, ils proposent de s’inscrire dans une temporalité qui les devance et les dépasse pour opérer des modifications. Les créations ancrent le corps dans un présent poétique qui prend sa densité dans « l’avant » et dans « l’après », et qui ouvre l’expérience d’un site vers de nouvelles légendes et de nouveaux possibles. L’ENA Photo : Jean-Michel Coubart 2004-2014: LES CRéations créations & commandes Juillet 2015 Bal de match Création chorégraphique qui se joue dans les espaces d’un stade. 2012-2016 La Bièvre à contre-courant Commande artistique sur trois ans de l’opérateur culturel : Des ricochets sur les pavés, en relation avec les mutations urbaines associées à la réouverture de la Bièvre en Val de Bièvre. Création de la démarche d’archéographe. Septembre 2012 Sortie de chantier Création pour les journées du patrimoine, commande de la Briqueterie - CDC du Val-de-Marne et dans le cadre du projet urbain d’Ivry Confluence et de la programmation des Pleins feux. Mai 2012 L’ENA (entreprise de nettoyage artistique) Création sur les Berges de Vitry-sur Seine. Commande du Festival de l’Oh! 2011- 2014 Chemin des Tortues Spectacle dont l’écriture se modifie en fonction du contexte qui l’accueille. Ecrit dans le cadre d’une résidence de trois ans à Villepinte (Seine-Saint-Denis) et d’un an à l’Académie de danse de Vitry-sur-Seine. 2010-2012 Collaboration en tant que chorégraphe sur le projet Ailleurs à... Nangis, mené par la compagnie KMK. 2008-2011 Parcours des Citernes Commande artistique sur trois ans des Pronomade(s) en Haute-Garonne – CNAR : sur le thème du paysage. 2006-2009 La traversée des faux-plis Spectacle plastique et chorégraphique sur le langage des matières prolongeant la recherche autour de « guider, être guidé » avec des partenaires matières. Commande du théâtre de la marionnette à Paris. 2004-2006 Inconsolables mais vivants ! Spectacle chorégraphique autour du thème de l’entre deux, écrit pour des lieux de transit à partir de l’ouvrage d’India song de Marguerite Duras. performances Visites guidées dansées au MAC/VAL en écho de l’exposition permanente Parcours. Petites fugues au vernissage de l’exposition, Naturellement humain, à la Mediathèque de Villepinte, avec le Fond d’art Contemporain de Seine-Saint-Denis. Performance et visite guidée dansée à la galerie municipale de Vitry-sur-Seine. Dernier dialogue dansé avec l’œuvre et l’exposition l’Atelier d’Alberto Giacometti, avec Muriel Venet, plasticienne, au centre Georges Pompidou, avec un public de non-voyants et de danseurs.