11e partie

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11e partie
C i n é m a
Las Vegas parano
D’accord, la couverture du DVD (étant donné que ce film est sorti en 1998, vous aurez peu
de chances de le voir au cinéma) fait plus penser à celle d’un petit navet qu’à autre chose, vu qu’il
est classé dans « comédie » (ouai, encore une autre pseudo comédie qui fait rire personne !), et est
produit en France par TF1 vidéo, mais il ne faut pas se fier aux apparences, car c’est quelque chose
de bien différent qui se présentera à vous.
Las Vegas Parano est l’adaptation cinématographique de l’autobiographie de Hunter S.
Thompson Fear and loathing in Las Vegas par Terry Gilliam, un ex-Monthy Python et réalisateur
des magnifiques « Brasil » et « L’armée des douze singes ».
A la base, Raoul Duke (Hunter S.
Thompson), journaliste sportif et son avocat le
docteur Gonzo, étaient partis en 1971 couvrir
une course automobile à Las Vegas. Le coffre
de leur voiture rempli à ras- bord de substances
illicites et hallucinogènes (LSD, Mescaline,
ether,…), exclusivement destinées à la
consommation personnelle des deux hommes
respectivement incarnés ici par Johnny Depp
(méconnaissable avec son bob, son crâne rasé et
ses lunettes 60’s) et Benicio Del Toro. Au final,
après un long et sinueux chemin, l’article de
presse à propos de cette course ne fut jamais
rédigé en temps voulu et Hunter S. Thompson
écrivit ce livre retraçant l’aventure hallucinée
des deux hommes (il faut préciser que celui-ci
est à l’origine du journalisme Gonzo, méthode
journalistique pour le moins douteuse consistant
à écrire en étant constamment sous l’effet de
drogues en tout genre).
Et le film de Gilliam n’est pas une version édulcorée façon Hollywood, mais nous rentre
dedans immédiatement. A vrai dire, vu la quantité considérable d’informations, toutes plus cinglées
les une que les autres, qui s’imbriquent pour former ce bloc de folie insondable qu’est Las Vegas
Parano, l’adaptation du livre paraissait comme un travail quasi impossible, ou du moins à la portée
de très peu de réalisateurs. Mais ce bon vieux Terry Gilliam nous a pondu un film ovni tout ce qu’il
y a de plus intense, voire même insoutenable pour les âmes sensibles.
L’histoire n’est pas des plus simples à suivre, (comme on pourrait s’en douter) mais le jeu
des acteurs est sublime et on arrive même à se poser des questions sur leur état pendant le tournage,
aussi bien pendant les scènes d’hallucination, que lors de leurs crises paranoïaques aigues,
contrecoup de leurs prises de drogues. On pourra aussi remarquer que le réalisateur n’est pas tombé
dans le piège des effets spéciaux qui en foutent plein la gueule, ce qui rend d’une certaine manière
les hallucinations de Depp et de Del Toro bien plus concrètes et effrayantes.
Las Vegas Parano est donc un film pour le moins déroutant, qui retrace merveilleusement
bien l’esprit du début des années 70 et la fin du rêve américain.
Spud
C i n é m a
Le septième art ou La force des mots ?
In her shoes, 4filles et un jeans, La Trilogie du Seigneur des Anneaux, Orgueil&Préjugés,
Harry Potter, Le Da Vinci Code, Le Parfum, Le diable s’habille en Prada, Le Grand Meaulnes…la
liste n’en finit pas de s’allonger. Il y en a pour tous les âges, pour tous les goûts et pour toutes les
époques. Qu’ont tous ces titres en commun ? Vous l’aurez compris, il s’agit de romans célèbres
adaptés au cinéma.
En effet, ces temps-ci, ce concept devient de plus en plus à la mode et on voit apparaître sur nos
écrans nombre de nos best-sellers. Mais que penser de cette nouvelle mode ?
Ce concept ne date certes pas d’hier, on avait déjà eu des films tirés de romans, comme un
certain film adapté d’un roman qui mettait en scène une certaine Scarlett O’Hara et un certain Rhett
Butler et qui avait fait un tabac sur papier aussi bien que sur grand écran. Même si certains films ont
autant de succès que les livres desquels ils sont tirés, transformant les best-sellers en chef-d’œuvres
du cinéma, certains autres n’obtiennent pas le succès escompté.
Mais alors, se pose la question fatidique de celui qui apprend la sortie prochaine d’une
adaptation cinématographique : vaut-il mieux voir le film avant ou après avoir lu le livre ? Qui
engendre la question suivante : ces films égalent-ils les romans dont-ils sont tirés ?
Bien que la réponse de la plupart soit majoritairement (du
moins chez les grands lecteurs) « non, les films ne sont pas mieux que
les romans », quelques opinions divergent. Certes, quoi de mieux
qu’un bon vieux bouquin lu au coin du feu par une soirée d’hiver, sur
la plage en vacance ou bien même au fond de son lit savourant cette
sensation grisante d’être le maître dans son monde à part, coupé de la
réalité, et se délectant des délices, des rebondissements et du suspense
des grands romans ? On s’imagine alors notre propre univers à travers
ce que l’on peut lire et on ne veut plus s’arracher à cet environnement
imaginaire que l’on affectionne beaucoup, que l’on envie souvent.
Alors, quand on apprend que le livre que l’on affectionnait tant est
sorti au cinéma, on ne résiste souvent
pas à l’envie d’aller le voir pour savoir
ce qu’en on fait les autres. Seulement,
la surprise est souvent au rendez-vous :
on ne s’était pas imaginé nos héros
comme ces acteurs qu’on nous présente, les imaginant plus grands,
plus beaux, plus gros, que sais-je encore ? Le réalisateur n’a
manifestement pas eu la même vision que vous en lisant le livre et
vous ne retrouvez plus votre fiction lue et relue, et c’est dépité(e) et
déçu(e) que vous sortez de la salle.
En effet, lorsqu’on lit un livre on visualise dans nos têtes tout ou
presque tout, surtout les personnages et il est certain que les autres
n’ont pas exactement la même idée que nous, ne s’attache pas au
même passage, ne s’attendrissent pas des mêmes défauts, ne
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s’attardent pas sur les mêmes opinions… Chaque homme est différent, c’est bien connu, aussi les
idées varient selon le personnage. C’est là la lourde tâche du réalisateur qui doit tenter de donner
l’image la plus attendue possible de son film, essayer de donner la version la plus exacte de ce que
s’imagine la majorité des gens. Tâche fastidieuse. Il doit coller le plus possible au livre mais il ne
peut pas tout retransmettre étant donnée l’épaisseur de certains pavés et la limite de temps du film
qui ne doit pas être trop long pour ne pas perdre l’attention du spectateur. Alors le réalisateur
sélectionne les passages qu’il souhaite, ceux qu’il trouve les plus importants, au détriment d’autres
qui peut-être avaient plus touché certains lecteurs.
Mais ce n’est pas la seule tâche du réalisateur qui doit non seulement
faire passer les idées, qui sont les lignes directrices des œuvres mais
doit aussi essayer de donner une note personnelle à son film.
Comment faire alors pour que le film reste fidèle à l’œuvre en
ajoutant pour autant une touche spéciale, propre au réalisateur ? C’est
la aussi que réside la difficulté. Si le réalisateur a bien rempli toute
les conditions essentielles et en plus ajouté une note de style, il arrive
parfois que le film colle assez bien à l’œuvre et à l’idée qu’on s’en
fait. Il est alors très apprécié, vu et revu, devenant parfois un chefd’œuvre.
Mais peut-on dire pour autant qu’il est mieux que le livre ? Je n’en
suis pas certaine, car les films s’inspirent des livres et les livres ont
leurs ambiances propres, ont la force des mots qui ne se retrouve
pas sur l’écran et qui est impossible à montrer ; qu’il faut lire et
comprendre.
Certains préfèrent donc voir les films après avoir lu le livre,
ils peuvent comparer ce qu’ils pensaient à ce qu’il leur est proposé,
se faire leur opinion sur la ressemblance de l’adaptation avec ce
qu’ils imaginaient. D’autres préfèrent lire le livre après avoir vu
l’adaptation en salle, la déception est sans doute moins grande.
Mais après avoir vu le film, on a reçu une représentation des
protagonistes, de leurs caractères, des lieux…et on ne pourra
s’empêcher d’y penser en lisant le livre, s’enlevant peut-être ainsi
une petite part du plaisir de s’imaginer nos propres personnages. En
revanche, on peut aussi voir ça comme un complément car on a l’histoire de manière plus complète,
de manière entière avec toutes les nuances et les passages inutiles au cinéma qui apportent pourtant
toute sa beauté au livre. Il y a aussi ceux qui ne lisent pas les livres -par paresse ?- et se contentent
de voir les films et qui seulement parfois se mettent à lire les livres, intéressés par ce qu’ils ont vu et
souhaitant sans doute en savoir plus.
C’est donc un choix personnel qu’il faut faire, voir le film avant ou après avoir lu le livre,
dans les deux cas il y a des avantages comme des inconvénients.
Il reste toujours la solution de ne pas voir le film car c’est vrai, qu’y a-t-il de meilleur qu’un
livre et la force des mots ?
Noa

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