interview de jean-cyril spinetta

Interview de Jean-Cyril Spinetta,
President-directeur général d’Air France,
par Vincent Parizot, RTL matin, le 13 novembre à 8h15
VINCENT PARIZOT
Bonjour, Jean-Cyril SPINETTA.
JEAN-CYRIL SPINETTA
Monsieur PARIZOT, bonjour.
VINCENT PARIZOT
Vous êtes le président du groupe AIR FRANCE et vous parlez donc sur RTL à la veille d’une grève
qui s’annonce dure, puisqu’un mouvement des pilotes va commencer vendredi à minuit pour durer
jusqu’à lundi minuit. A la clé, de grosses perturbations, environ un vol sur deux devrait être annulé.
On va aussi évoquer les raisons de cette grève, mais tout d’abord souligner l’importance de ce
mouvement : une grève de quatre jours des pilotes d’AIR FRANCE, ça faisait longtemps que ça
n’était pas arrivé.
JEAN-CYRIL SPINETTA
Ca fait six ans qu’il n’y a pas eu de grève de pilotes à AIR FRANCE. Il ne s’agit pas d’un conflit
entre l’entreprise et ses pilotes. A l’occasion du projet de loi sur le déplafonnement de l’âge de
mise à la retraite de tous les salariés, le parlement a voté des amendements concernant les
personnels navigants. Or, ni l’âge du départ en retraite, ni les conditions de ce départ, ni le
montant de la retraite, ni les annuités nécessaires ne sont remis en cause. Il s’agit seulement de
dire à ceux qui veulent continuer de voler après 60 ans qu’ils peuvent le faire jusqu’à 65 ans, en
application d’une recommandation de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), qui
est l’organisation internationale pour notre métier, qui avait dit « 60 ans » il y a une quinzaine
d’années et qui, en fonction des progrès médicaux, dit que dorénavant, les pilotes peuvent voler
jusqu’à 65 ans, sous réserve d’aptitude.
VINCENT PARIZOT
Ca veut dire qu’on est en toute sécurité lorsqu’on est passager d’un avion piloté par un pilote de 65
ans ?
JEAN-CYRIL SPINETTA
Absolument ! L’OACI dit : 65 ans si il y a dans le cockpit un deuxième pilote (il y en a toujours un
deuxième) qui a moins de 60 ans. La France a l’obligation de traduire cette recommandation de
l’OACI dans le droit. D’ailleurs, l’Europe le fera. Donc, je veux dire aux pilotes qui m’écoutent ce
matin que cette grève est inutile. Rien n’est remis en cause en ce qui concerne leur retraite,
strictement rien, ni les avantages qui sont les leurs.
VINCENT PARIZOT
Alors, AIR FRANCE est un groupe, qu’en est-il par exemple pour des pilotes de KLM ?
JEAN-CYRIL SPINETTA
Pour les pilotes de KLM, la même règle s’applique aux Pays-Bas puisque c’est une règle
mondiale. Mais dans le droit européen, il y a deux conceptions du droit. Dans certains pays, un
contrat peut fixer des âges de cessation d’activité. En France, on considère que seule la loi peut le
faire.
VINCENT PARIZOT
… parce que je crois savoir que les pilotes de KLM ne peuvent pas voler après 58 ans, c’est ça ?
Service de Presse
45, rue de Paris 95747 Roissy CDG Cedex
Site corporate : http ://corporate.airfrance.com
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JEAN-CYRIL SPINETTA
Oui, mais aux Pays-Bas on peut, par contrat, avoir des clauses couperets de ce genre. En
France, c’est interdit par le code du travail. Donc, l’entreprise n’a pas la capacité de signer un
contrat disant que les pilotes doivent partir à 50 ans ou à a 60 ans ou à 70 ans. C’est juridiquement
impossible. Seule la loi peut le faire et la loi, en application du droit international va dire que sur la
base du strict volontariat, les pilotes qui veulent continuer à voler après 60 ans peuvent continuer à
le faire.
VINCENT PARIZOT
Quatre jours de grève, vous l’avez souligné, combien ça va vous coûter ?
JEAN-CYRIL SPINETTA
Ecoutez, ça va nous coûter malheureusement de l’ordre de 100 millions d’euros. Pas de chiffre
d’affaires, de résultat, dans une période où le transport aérien souffre, comme tous les autres
activités économiques : nous sommes encore en positifs, on va annoncer nos résultats dans
quelques jours, mais nous le sommes beaucoup moins que l’année précédente.
VINCENT PARIZOT
Ca veut dire que ça tombe au mauvais moment pour AIR FRANCE.
JEAN-CYRIL SPINETTA
Ca tombe au pire moment. Et, au fond, si AIR FRANCE s’en sort mieux que les autres, c’est parce
qu’elle a construit un réseau et des alliances efficaces. Mais c’est aussi grâce à la confiance de
ses clients. Une grève de quatre jours va affecter cette confiance en France, en Europe et dans le
monde. Et nous ouvrons à travers cette grève inutile la porte à nos concurrents. Cette porte, ils
vont s’y engouffrer. Cette grève est donc dangereuse.
VINCENT PARIZOT
Certains disent : « c’est un premier pas vers un recul de l’âge de la retraite »…
JEAN-CYRIL SPINETTA
Ne généralisons pas les choses. Le problème des pilotes est très spécifique. Il ne s’agit pas de
retraite, il s’agit de cessation anticipée d’activité. L’OACI disait : à 60 ans on doit arrêter,
indépendamment des problèmes de retraite. L’OACI dit : on peut arrêter à 65 ans. C’est tout.
Alors, je comprends l’émotion des pilotes. Le gouvernement a énormément dialogué avec les
syndicats ces quinze derniers jours. Je n’étais pas partie à ces négociations mais je sais ce qui a
été fait. Beaucoup de garanties ont été données aux pilotes et vraiment, je leur demande ce matin
de les considérer.
VINCENT PARIZOT
… c’est un appel que vous lancez aux pilotes ce matin ?
JEAN-CYRIL SPINETTA
Absolument !
VINCENT PARIZOT
Vous leur dites, « ne faites pas grève ».
JEAN-CYRIL SPINETTA
Absolument ! Dernier point si vous m’y autorisez. Nos clients auxquels je présente mes excuses
pour cette grève pourront à partir de 10h00 appeler un numéro vert,
le 0800 240 260. Ils peuvent également consulter notre site internet airfrance.fr.
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