Avec Nothing at All, Modes Idiorythmiques de la Coexistence, les

Transcription

Avec Nothing at All, Modes Idiorythmiques de la Coexistence, les
DAVID RYAN AU PALAIS DE TOKYO
Nothing at All - Modes Idiorythmiques de la coexistence
Exposition de David Ryan et Jerôme Joy au Palais de Tokyo, Paris
Exposition du 23 juin au 11 novembre 2016
Avec Nothing at All, Modes Idiorythmiques de la Coexistence, les artistes Jérôme
Joy et David Ryan interrogent nos rapports biographiques au monde et à sa réalité
avec l’engagement qui caractérise leur démarche depuis leur première collaboration,
à l’orée des années 1980.
Leur exposition commune est un récit réel, à la fois poétique et politique. Il y est
question de lisières et d’abris, de mondes renversés et de ré-enchantement. À
travers le dessin, la vidéo, le texte, les installations et la création sonore et musicale,
ils explorent ensemble les interstices entre les normes et les marges, « les espaces
ouverts où chacun emploie sa singularité ».
Ainsi, David Ryan et Jérôme Joy, en mêlant éléments autobiographiques et fictions,
questionnent la coexistence : comment vivre en inter-indépendance ? Ils reprennent
au sémiologue français Roland Barthes (1915-1980) le fantasme d’idiorythmie,
inspiré par l’étude des rapports de rythmes singuliers et collectifs qui n’empiètent pas
sur l’invention individuelle : des manières de se mouvoir, d’être disponible et de vivre
librement et sensiblement, sans exclusion, sans contrainte et sans imposition et
injonction, de façon médiane, alternative et à différentes vitesses, dans ce qui est
fluctuant et inscrit dans la société et dans la vie quotidienne.
Il y a sept ans, David Ryan commence sa nouvelle vie et décide alors d’incarner le
chasseur de trèfles, inventant un mode d’existence lié à la cueillette et aux
rencontres. Ceux qui acceptent de l’accueillir dans leur réalité accompagnent sa
présence et ses projets, chemin faisant. Jérôme Joy le rejoint, il y a quatre ans, en
continuant d’interroger par la musique et les sons, et, à l’occasion, par le texte (Le
Récit de Michael), les multiples formes et actions de l’improvisation dans la vie et
dans un présent libre et indéterminé.
Ainsi, le chasseur de trèfles n’est pas un simple personnage imaginaire, il navigue
entre fiction et réalité. Parfois, ses rêves entrent en dialogue et en interaction avec
des personnes rencontrées, laissant émerger des formes fragiles, témoignages des
échanges, rapports et relations qui peuvent exister autant dans le visible que dans
l’invisible.
De même, le personnage construit de Michael (un « éclairant », avec lampe de
poche ou lampe-torche) dans le récit imaginé par les artistes au fil du
projet Nothing at All fait dialoguer leurs biographies et possiblement celles des
lecteurs dans l’invention et la description d’hypothèses, de marges et de rapports
d’intensités au réel et au présent vivant.
Aussi ils s’efforcent d’en explorer les dimensions - à la fois, réconfortantes et
accueillantes, instables et fragmentaires -, avec un engagement et un tempérament
marqués.
Nothing at All se déploie alors sans hiérarchie dans plusieurs zones et intervalles. À
la fois, dans l’espace d’exposition du Palais de Tokyo et dans différents lieux de vie
ou de passage, chers aux deux artistes, en Bretagne et en Irlande, aux rythmes
fortuits et aléatoires de rencontres, de projets et d’actions, et au fil des situations
concrètes que renouent ou amorcent leurs propositions : de l’exposition aux actions
et projets immergés dans le quotidien et le prosaïque, aux échanges, prolongements
et dialogues avec d’autres, jusqu’à la grande liberté et souplesse des formes et
formats que veulent prendre leurs réalisations.
Le projet artistique développé par Jérôme Joy et David Ryan prend ses sources dans
leur histoire personnelle respective et dans leurs parcours respectifs.
Marqués par la réalité sociale des années 1980 liée aux montées effrénées du
consumérisme et de l’ultra-libéralisme, par le mouvement post-punk et par les
troubles politiques en Irlande, Jérôme Joy (né en 1961) et David Ryan (né en 1960)
questionnent les formes de résistance et d’émancipation depuis leurs premières
collaborations entre 1982 et 1985, tout en se positionnant de manière critique vis à
vis des institutions et du monde de l’art.
Au cours de ces dernières années, ils ont développé un travail artistique poétique,
autant engagé, radical que discret et fragile, en prise avec le réel et avec ses
passages, un travail qui n’a cessé de questionner les formes de liberté et d’initiative,
interstitielles et silencieuses, les intensités de présences et d’actions individuelles et
commensales, et la quête de bonheurs et des réalisations personnelles, à la fois,
avec délicatesse, tendresse et douceur, et avec énergie, invention et spontanéité.
Aujourd’hui, renouant avec un travail en commun après trente années, ils
s’interrogent dans ce qu’ils considèrent comme une seconde étape de ce dialogue,
au travers de cette exposition - après celles de Rien n’est Jamais tout à fait Achevé
et l’Ultime, actes fondateurs, en 1983 et 1984 au Capc à Bordeaux -, sur ce qui est
entendu par réel, présent et bonheur et sur la possibilité de reconstruire un monde
désencombré et disponible, sans rien imposer. Rien du tout. Nothing at all.
Commissaire : Katell Jaffrès

Documents pareils