Orientation

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Orientation
Revue de presse orientation
Février 2016
1. Création d'entreprise. 17 jeunes en formation
Télégramme, 02 décembre 2015
17 élèves de terminale et de BTS ont intégré la nouvelle promotion de la MRCE, ce complément de
formation dispensé au lycée, destiné à des jeunes, qui, à terme, ont en vue une création ou une reprise
d'entreprise.
2. Une formation pour faire naître un projet professionnel
Ouest France, 04 décembre 2015
MRCE : Douze séquences d'une demi-journée seront présidées avec l'intervention de chefs d'entreprises
et de professionnels, sous forme de travaux pratiques et d'études directement menées sur le terrain.
3. Oui, les jeunes filles s’épanouissent dans les métiers d’hommes
Liaisons Sociales, janv.2016
Menuiserie, mécanique, maçonnerie…les jeunes filles se font toujours désirer dans certaines spécialités
4. Ecoles de commerce : la montée des admissions parallèles
Le Monde, 01 février 2016
53 % des entrants dans les business schools passent désormais par les admissions parallèles – après un
BTS ou un DUT, un cycle universitaire ou un cursus international. Ceux issus des classes préparatoires,
ne représentent plus que 37 % des inscrits, les 10 % qui restent intégrant leur école juste après le bac.
5. Medef. Pierre Gattaz devant des élèves en entreprise
Ouest France, 06 février 2016
Du collège à l'entreprise, de la théorie à la pratique du monde du travail, il y a souvent un fossé... que le
Medef et l'Éducation nationale s'attachent à combler. C'est tout l'objet de l'action Classe en entreprise
lancée par le syndicat patronal au plan national et qui commence à faire son chemin dans les têtes.
6. Bac +2, bac +3 : l’autre chemin vers la réussite
Le Monde, 10 février 2016
… L’hégémonie des filières longues semble se fissurer. Des formations dites « courtes » peuvent, elles
aussi, offrir une bonne insertion. Le succès des licences pro et l’irruption récente du bachelor montrent
que les choses évoluent.
7. Digischool part à l’assaut de l’Europe
Les Echos, 11 février 2016
La start-Up française, spécialisée dans l’éducation en ligne, a levé 14 millions d’euros
8. Des écoles d’ingénieurs se lancent dans les bachelors
Le Monde, 11 février 2016
Le bachelor fait son entrée chez les ingénieurs. L’école des Arts et Métiers ParisTech en a fait un diplôme
professionnalisant en trois ans qui cible les bacheliers en STI2D
9. Grandes écoles : prépa or not prépa ?
Le Point, 12 février 2016
Dans les années 1990, on appelait cela la "voie royale" : la classe préparatoire était quasiment la seule
manière d'entrer dans une école de commerce. Mais, aujourd'hui, avec la multiplication des cursus
permettant d'obtenir le même diplôme de grade master en fréquentant une école juste après le bac (il
en existe plus d'une douzaine labellisées par la CGE), les étudiants ont le choix.
10. Bachelor ou licence pro, comment trancher ?
Le Monde, 14 février 2016
Depuis la réforme licence-master-doctorat (LMD) engagée en 2002, de plus en plus d’étudiants
choisissent de continuer leurs études après un bac +2. Et les licences professionnelles, longtemps seules
sur le créneau du bac +3 professionnalisant, doivent aujourd’hui faire avec la concurrence, féroce et
croissante, des bachelors.
11. La licence pro, accélérateur d’emploi
Le Monde, 15 février 2016
Alliant théorie et missions de terrain, ces cursus affichent 92 % d’insertion après trente mois.
12. Bachelor : bien plus qu’une mode, un tournant majeur ?
Le Monde, 17 février 2016
La vraie raison du succès actuel du bachelor est ailleurs : c'est qu'il vient combler une faille dans l'offre
de programmes de notre système d'enseignement supérieur.
13. DUT et BTS, quelles différences ?
Le Monde, 19 février 2016
14. On ne valorise pas assez l’insertion professionnelle des jeunes à court terme
Interview de Bernard Lickel, directeur de l’IUT Robert-Schuman à Strasbourg et président de l’Assemblée
des directeurs d’IUT (Adiut) depuis mai 2015.
Le Monde, 22 février 2016
15. Comment sont formés les agriculteurs de demain
Le Monde, 25 février 2016
Leurs écoles doivent donc imaginer un modèle qui permettra aux producteurs de demain de travailler de
manière efficace et rentable, et bâtir un enseignement ouvrant sur un avenir qui ne soit pas noir, tout
en s’appuyant sur les outils les plus modernes
16. Futurs agriculteurs : « On ne pourra plus vivre comme nos parents » Le Monde, 27 févr.2016
Dans une petite salle de classe de Marvejols (Lozère), les élèves du lycée agricole catholique Terre
nouvelle racontent le quotidien difficile de la vie à la ferme
17. Le travail des mères fait le succès des enfants
Le Monde, 27 février 2016
Voila une nouvelle étude qui vient à point nommé pour rassurer les femmes. « Les femmes, dont les
mères travaillaient quand elles étaient enfants, ont plus de chance de trouver du travail, d’avoir des
postes à responsabilité. Elles gagnent, en moyenne, plus que celles dont les mères étaient femmes au
foyer à plein temps
1. Création d'entreprise. 17 jeunes en formation
Le Télégramme – Carhaix / 2 décembre 2015
Dix-sept élèves de terminale et de BTS ont intégré la nouvelle promo de la MRCE (Mention régionale
création d'entreprise), ce complément de formation dispensé au lycée et financé par l'Etat, destiné à des
jeunes, qui, à terme, ont en vue une création ou une reprise d'entreprise.
Un complément de formation dit MRCE (Mention régionale création d'entreprise) a été mis en place il y a
une dizaine d'années au lycée Paul-Sérusier à destination des étudiants de BTS (en première ou deuxième
années) et de terminale, quelle que soit la filière suivie. Cette formation basée sur le volontariat vient en
complément du cursus scolaire et vise à développer le sens de l'autonomie et de l'initiative, l'esprit
d'entreprise, la connaissance de la vie économique et le monde du travail d'une manière générale. Elle est
dispensée chaque samedi matin, pendant au moins douze semaines dans les locaux du lycée Paul-Sérusier,
retenu au même titre que trois autres sites bretons. « Pendant douze matinées, les jeunes pourront
rencontrer des chefs d'entreprises venus témoigner de leur vécu et expériences », précise Sylvie
Kervoelen, professeur d'économie et gestion et coordonnatrice de la formation. De quoi balayer les
différentes étapes qui jalonnent le parcours d'un créateur d'entreprise, de la communication au
financement en passant par les démarches administratives et juridiques.
Projets précis
Dix-sept garçons et filles, originaires de Quimper, Lannion, Guingamp, Morlaix, Carhaix ou Brest, ont
intégré cette année la formation. « Ces jeunes sont particulièrement motivés. Certains ont déjà en tête un
projet bien précis », souligne la coordonnatrice. C'est le cas par exemple de cette jeune Brestoise qui
souhaite se lancer dans la vente de produits sud-coréens ou encore de Louise, une Quimpéroise, dont le
rêve est d'ouvrir un bistrot dans quelques années. Samedi, pour leur première journée de formation, ils
ont pu échanger avec Sylvie Kervoelen et les deux autres enseignantes chargées de l'encadrement, Cathy
Salaun et Sophie Gauthier mais aussi avec quatre élèves de la précédente promotion, dont Sarah Morvan.
Cette Carhaisienne élève de BTS NRC (Négociation relation client) souhaite créer « d'ici trois à quatre ans»,
une boutique de bijoux. « C'est une activité qui viendrait en complément de celle exercée par ma mère, qui
créé et commercialise des bijoux sur Internet », explique la jeune fille. Comme ses camarades de promo,
Sarah loue cette formation MRCE. « On apprend ce qu'il faut faire et ne pas faire. On apprend aussi à
parler à des professionnels ».
Attestation de suivi
Comme Sarah, les dix-sept élèves sélectionnés cette année bénéficieront d'un suivi personnalisé avec, pour
finalité, l'élaboration d'un dossier et la soutenance d'un « Projet de création d'entreprise » devant un jury
mixte professionnels-enseignants. La formation sera validée par une attestation de suivi qui s'avère parfois
déterminante pour une poursuite d'études ou une embauche, car, en général, les projets n'aboutissent pas
dans l'immédiat. « En moyenne, il faut compter cinq ans avant de voir un projet aboutir. Parfois plus »,
confirme Sylvie Kervoelen, qui cite l'exemple de cette ancienne élève, qui dix ans après avoir suivi la
formation, vient d'ouvrir sa boulangerie.
2. Une formation pour faire naître un projet professionnel
Ouest France Carhaix-Plouguer - Publié le 04/12/2015
Anciens et nouveaux étudiants de la formation du MRCE ont assisté à leur première rencontre avec les
enseignants du lycée Paul-Sérusier, Sylvie Kervoalen, Sophie Gauthier et Catherine Salaun. |
Samedi matin, le lycée Paul-Sérusier a ouvert ses portes à la formation MRCE (Mention régionale création
d'entreprise). Cette formation, financée par l'État, s'adresse à tout élève de terminale et à tout étudiant en
BTS désirant faire naître un projet professionnel et nécessitant un accompagnement personnalisé.
Cette année, 17 élèves de Morlaix, Quimper et des départements limitrophes ont intégré le cursus et
assisté à la première réunion d'information, réalisée par trois enseignantes du lycée, Sylvie Kervoalen,
Sophie Gauthier et Catherine Salaun ainsi que quatre anciens élèves du MRCE.
Douze séquences d'une demi-journée seront présidées avec l'intervention de chefs d'entreprises et
professionnels, sous forme de travaux pratiques et d'études directement menées sur le terrain. Cette
formation vise à développer l'esprit d'entreprendre, à travailler en autonomie, à acquérir des
connaissances sur la vie économique et à obtenir les moyens de concrétiser un projet futur. Les étudiants
passeront une soutenance devant un jury en avril, à la fin de ce cursus. Une attestation leur sera alors
délivrée.
Par la suite, les étudiants pourront accéder au statut d'étudiant-entrepreneur grâce à Pépite Bretagne
(pôle étudiant pour l'innovation de transfert et d'entreprenariat), ouvert aux jeunes diplômés. Tout est mis
en place afin que les jeunes puissent se lancer professionnellement.
3.
4. Ecoles de commerce : la montée des admissions parallèles
Le Monde | 01.02.2016 à 11h54 | Par Jean-Claude Lewandowski
A priori, les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les données les plus récentes de la Conférence des
grandes écoles (CGE), 53 % des entrants dans les business schools passent désormais par les admissions
parallèles – après un BTS ou un DUT, un cycle universitaire ou un cursus international. Elles sont donc
devenues la première voie d’accès à ces écoles. Les étudiants issus des classes préparatoires, de leur
côté, ne représentent plus que 37 % des inscrits, les 10 % qui restent intégrant leur école juste après le
bac.
Pour autant, faut-il parler de déclin des prépas ? On en est loin. Car il faut nuancer le constat : les écoles de
tête continuent de miser en priorité sur les candidats qui y ont été formés – HEC, par exemple, n’accepte
pas d’admissions parallèles en première année. En revanche, les « petites » écoles se tournent
massivement vers les voies parallèles – certaines ont quasiment renoncé à recruter à la sortie des prépas.
« En réalité, les effectifs des prépas ont continué d’augmenter ces dernières années, souligne Stéphan
Bourcieu, directeur général de l’ESC Dijon-Bourgogne. Mais cette hausse a été moins rapide que celle des
promotions de nos écoles. Le complément a été apporté par les admissions parallèles. D’autant que, à côté
des concours comme Passerelle ou Tremplin, les écoles recrutent de plus en plus de candidats
internationaux. »
En une dizaine d’années, l’école dijonnaise a ainsi fait passer ses recrutements à l’issue de prépas de 135 à
environ 185, tandis que ses admissions parallèles (concours Passerelle 1 et 2) ont quasiment doublé (de
170 à environ 300). Quant au nombre d’admis étrangers, il a explosé, passant de 5 à 90. En outre, certains
candidats ont pu être rebutés par le coût de certaines prépas privées, ou dissuadés par le rythme de travail
qu’imposent en général ces classes.
« Voie privilégiée »
« Cette évolution découle de la montée en puissance du système LMD [licence-master-doctorat], estime
Stéphan Bourcieu. Le niveau de sortie en licence est désormais bien identifié par les candidats et les
familles. De plus, toutes nos écoles sont engagées dans une stratégie de croissance à l’international. Il n’est
donc pas surprenant que beaucoup d’entre elles recrutent à bac + 3. Et ce mouvement devrait se
poursuivre. »
« La diversité des profils est un atout pour la qualité de nos enseignements. »
Florence Legros, ICN Business School de Nancy
« Nos cours réunissent donc des élèves issus des prépas, et d’autres venus des IUT, des universités, de
l’international. Cette diversité des profils est un atout pour la qualité de nos enseignements, indique de son
côté Florence Legros, directrice de l’ICN Business School à Nancy, où le taux d’admissions parallèles
demeure assez stable. Mais nous ne voyons aucune désaffection à l’égard des prépas, qui restent une
valeur sûre. »
Pour la CGE, en tout cas, pas de doute : les classes prépa restent bien « la voie privilégiée pour intégrer une
grande école ». « La montée en puissance des admissions parallèles n’est pas synonyme de recul des classes
préparatoires, estime Jacques Chaniol, responsable de la commission amont à la CGE. Simplement,
l’essentiel de la hausse des effectifs, depuis une quinzaine d’années, s’effectue par d’autres voies.
Aujourd’hui, la tendance est à la stabilisation. » A ses yeux, les élèves issus des différentes voies
« réussissent aussi bien les uns que les autres ».
5. Medef. Pierre Gattaz devant des élèves en entreprise
Ouest France Entreprises - 06 février 2016 - Laurent LE GOFF
L'entreprise ! Difficile de s'en faire une idée quand on n'y a jamais mis les pieds. C'est tout l'intérêt de
l'opération Classe en entreprise. Des entreprises d'Ille-et-Vilaine sont impliquées dans l'opération. Le
président du Medef est venu jeudi les rencontrer.
Opération Classe en entreprise
Du collège à l'entreprise, de la théorie à la pratique du monde du travail, il y a souvent un fossé... que le
Medef et l'Éducation nationale s'attachent à combler. C'est tout l'objet de l'opération Classe en entreprise
lancée par le syndicat patronal au plan national et qui commence à faire son chemin dans les têtes.
L'opération a impliqué, l'an dernier, une dizaine d'entreprises d'Ille-et-Vilaine, deux fois plus cette année. À
l'image de Rétis (réseaux informatiques et téléphonie) à Montauban-de-Bretagne, qui a accueilli une
trentaine d'élèves de troisième du collège Saint-Louis Marie de Montfort-sur-Meu.
« Pas la lutte des classes ! »
Une expérience enrichissante qu'ils ont partagée, hier, avec le président du Medef, invité de l'Union des
entreprises 35. Pierre Gattaz est venu pour rencontrer les dirigeants bretilliens, mais aussi pour
promouvoir cette opération. « Je l'ai vécu moi-même chez Radial, où les jeunes ont pu constater que le
monde de l'entreprise, ce n'est pas la lutte des classes en permanence, ironise Pierre Gattaz, en bon
porte-voix du patronat français. Dans nos usines, les ouvriers tutoient les ingénieurs, les salariés sont
fiers de montrer leurs métiers à des jeunes ! »
Bref on gagne beaucoup à mieux se connaître. « Pour moi avant de venir chez Rétis, je me représentais
l'entreprise comme un endroit où l'on fabrique des choses, c'est tout », résume Juliette, l'une des élèves
qui ont vu pendant deux jours et demi comment fonctionne une PME de 120 salariés. « C'est aussi
beaucoup de relations humaines », ajoute Marie.
Calcul d'une facture, rédaction d'une lettre de candidature, examen de CV anonymisés... les jeunes ont
touché du doigt le quotidien du monde du travail. « Et quand on leur dit que leur lettre est pleine de
fautes, ça leur parle beaucoup plus, que quand c'est moi qui leur fait remarquer », témoigne une
professeure de français.
Les métiers qui recrutent
L'objectif, ici, est bien « de créer des ponts entre l'Éducation nationale et l'entreprise », se félicite Michel
Quéré, recteur d'académie. Et aussi de « favoriser un esprit responsable et entreprenant chez nos jeunes
», résume Franck Pichot, vice-président du conseil départemental. L'autre enjeu de Classe en entreprise,
selon Joël Chéritel, président du Medef Bretagne (et dirigeant de Rétis) c'est de « montrer la réalité des
métiers qui recrutent, de leur dire la vérité, quand trop de jeunes s'engagent dans des formations où
seulement deux sur dix trouveront un emploi ».
Keolis, Carrefour, Ouest-France, Sopral, Cora, Cooper Standard, Lactalis, Aiguillon Construction... Une
vingtaine d'entreprises et de collèges en Ille-et-Vilaine sont impliquées cette année dans l'opération.
www.classe-entreprise.com et www.ue35.fr
6. Bac +2, bac +3 : l’autre chemin vers la réussite
Le Monde | Le 10.02.2016 à 12h25 | Par Jean-Claude Lewandowski
A l’université comme dans les grandes écoles, les formations de niveau master occupent depuis longtemps
le devant de la scène. Pour nombre d’étudiants, décrocher un diplôme à bac +5 constitue le but ultime, le
couronnement d’un parcours réussi et le sésame pour accéder à l’emploi. Mais l’hégémonie des filières
longues semble se fissurer. Des formations dites « courtes » peuvent, elles aussi, offrir une bonne insertion.
Le succès des licences pro et l’irruption récente du bachelor montrent que les choses évoluent.
Deux facteurs, notamment, peuvent jouer. D’abord, la crise : la montée du chômage pousse les étudiants à
se préoccuper davantage des débouchés à l’issue de leur cursus. Et à se tourner vers les filières qui
assurent un emploi. Or, dans ce domaine, certaines formations courtes affichent des performances très
honorables. Selon la dernière enquête du ministère de l’éducation, 92 % des titulaires d’une licence pro
ont un emploi trente mois après leur diplôme. Pour les diplômes universitaires de technologie (DUT), le
taux est de 88 %.
« Les entreprises ont toujours eu d’importants besoins de compétences à bac +2 et à bac +3. Certains
métiers sont en pénurie, observe Sophie Lengrand-Jacoulet, directrice de l’IUT d’Aix-Marseille, l’un des plus
importants de France, avec ses 5 600 étudiants répartis dans 23 départements. Pour nos licences pro, dans
le tertiaire comme dans l’industrie, le taux d’insertion oscille entre 85 % et 90 % dès la sortie. Ce sont des
profils très appréciés des recruteurs. »
Même constat pour Frédéric Toumazet, vice-président à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée : « Notre
offre très large de licences pro répond bien aux attentes des employeurs. Nos diplômés sont très demandés
par les entreprises. »
La crise incite aussi les familles à se poser la question du coût des études. Et à arbitrer en faveur de filières
courtes, moins onéreuses. Un choix qui permet de gagner aussi sur un autre tableau : le jeune est
rémunéré une ou deux années (voire trois) plus tôt qu’avec un master. Au final, la différence est loin d’être
négligeable.
Ouverture internationale
Autre facteur d’évolution, l’ouverture internationale. Nombre d’étudiants observent la façon dont
s’organisent les études à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons. Ils constatent que beaucoup
de jeunes y entrent dans la vie active avec un bachelor (l’équivalent d’une licence, mais avec un contenu
plus « pratique » qu’en France), quitte à reprendre ensuite leurs études.
Ce modèle fait son chemin dans l’Hexagone. Car la perspective, après le bac, de s’engager dans un cursus
de cinq ou six ans, sans accès assuré à un emploi, décourage nombre de jeunes, même brillants.
« Beaucoup préfèrent se fixer un objectif moins lointain, quitte à prolonger après une première étape à bac
+3 », note Denis Boissin, directeur des bachelors de Skema Business School. Bien sûr, certains voient dans
ces formations courtes un moyen de contourner les classes préparatoires. Les deux stratégies ne sont pas
incompatibles.
En conséquence, nombre de responsables académiques réfléchissent au développement de formations
courtes. La Conférence des grandes écoles a monté un groupe de travail sur la question. « Les entreprises
manquent de cadres de niveau intermédiaire, constate Arnaud Poitou, directeur de Centrale-Nantes et
responsable de ce groupe. Comment répondre à ce besoin ? Faut-il former, par exemple, des assistants
ingénieurs ? Et comment positionner nos écoles sur un marché international de l’enseignement supérieur en
forte croissance ? Le bachelor doit-il être la première étape d’une formation d’excellence ? A nous de
proposer aux étudiants, partout dans le monde, des cursus qu’ils comprennent. En Afrique anglophone, par
exemple, le modèle prépa-grande école est incompréhensible. » C’est dans cette optique que les Arts et
métiers ParisTech ont lancé récemment, avec plusieurs IUT, un bachelor destiné à des profils techniques
(bacheliers STI2D). Quant aux écoles de commerce, leur offre de bachelors ne cesse de s’étoffer.
Les universités travaillent, elles aussi, sur les filières courtes. Elles sont conscientes que les entreprises ne
trouvent pas assez de candidats titulaires d’un DUT, la plupart d’entre eux préférant prolonger leurs
études. « Même dans les licences générales, nous devons aider nos étudiants à acquérir des compétences
professionnelles, indique Achille Braquelaire, vice-président formation et vie universitaire à l’université de
Bordeaux. Et nous essayons de les convaincre que le bac +5 n’est pas la seule voie de réussite. »
Une primauté du bac +5 « guère remise en cause »
Chargé d’études au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), Boris Ménard tempère
cependant le diagnostic : « Pour l’heure, la primauté du bac +5 n’est guère remise en cause. Certes, il existe
des emplois de niveau intermédiaire, mais les perspectives de carrière y sont limitées. Un titulaire d’un BTS
a peu de chances d’accéder à un poste de cadre. Le plus souvent, les employeurs préfèrent miser sur les
profils les plus qualifiés. »
En outre, l’insertion ne dépend pas seulement de la durée des études et du niveau de sortie, mais aussi de
la spécialité de formation. « Aux niveaux bac +2 ou bac +3, la filière santé et social tire toujours son épingle
du jeu avec seulement 2 % de chômeurs trois ans après le diplôme », relève une note récente du Cereq. Et,
surtout, les stages et la proximité avec les entreprises durant le cursus restent un facteur majeur d’accès à
l’emploi.
Certaines tendances de fond pourraient pourtant améliorer encore le penchant pour les formations
courtes : le fort développement des emplois de services, la hausse des niveaux de compétences dans les
technologies de l’information et l’industrie en général, l’essor de l’autoentrepreneuriat…
Mais tout cela ne donne guère d’indications sur les choix les plus judicieux en matière de formation initiale.
« Ce qui est certain, c’est que les entreprises n’ont pas besoin de cadres supérieurs partout », souligne
Sophie Lengrand-Jacoulet. De son côté, Arnaud Poitou pose la question clé : « Est-il vraiment nécessaire
d’allonger sans cesse la durée des études ? »
7.
8. Des écoles d’ingénieurs se lancent dans les bachelors
Le Monde | 11.02.2016 à 16h20 | Par Coralie Donas
Après s’être déployé avec succès dans les écoles de commerce, le bachelor fait son entrée chez les
ingénieurs. L’école des Arts et Métiers ParisTech en a fait un diplôme professionnalisant en trois ans qui
cible les bacheliers en sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (STI2D). Les
frais de scolarité n’y sont que de 184 euros par an. L’école a ouvert des filières sur ses campus de
Bordeaux-Talence (Gironde) et de Châlons-en-Champagne en 2014 et les proposera en septembre à Angers
et à Cluny (Saône-et-Loire), ainsi qu’en partenariat avec l’Ecole supérieure des technologies industrielles
avancées (Estia) de Bidart (Pyrénées-Atlantiques).
« Cette formation technologique généraliste répond à un besoin des entreprises industrielles qui
recherchent des assistants ingénieurs et des managers intermédiaires, aptes à encadrer de petites
équipes », explique Laurent Champaney, directeur général adjoint des Arts et Métiers ParisTech. Au bout
de trois ans d’études, les étudiants pourront s’insérer dans le monde professionnel ou continuer les Arts et
Métiers jusqu’au diplôme d’ingénieur, via un concours spécifique. L’école mise sur l’insertion d’une partie
des effectifs. « Si les étudiants optent à 100 % pour la poursuite d’études, notre objectif initial ne sera pas
atteint. Comme ils doivent suivre un stage chaque année, ce sera l’occasion pour les entreprises de leur
proposer des postes », ajoute M. Champaney.
Pour sa part, l’Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest (ESEO) proposera à la rentrée un bachelor
« solutions numériques connectées », sur ses campus de Paris et d’Angers ; les frais de scolarité seront
respectivement de 18 000 et de 15 000 euros pour trois ans. « Les besoins explosent dans le domaine du
logiciel et des objets connectés, et toutes les tâches ne relèvent pas uniquement de postes d’ingénieurs »,
indique Olivier Paillet, directeur général de l’école. Il voit un autre avantage au bachelor : « Il sécurise le
parcours des élèves qui rentrent dans les écoles post-bac comme la nôtre. Nous nous inscrivons ainsi dans
un cursus par étapes, trois ans puis deux ans, comme cela se fait dans beaucoup de pays. »
« Attirer des élèves internationaux »
Tout comme les écoles de commerce, les écoles d’ingénieurs souhaitent attirer des étudiants étrangers en
ouvrant des bachelors. Tel est l’objectif de l’Ecole polytechnique qui prévoit d’en créer un d’ici à 2018.
« Nous souhaitons attirer des élèves internationaux de très bon niveau, qui intègrent les bachelors
d’universités réputées dans le monde après le bac. Le système des classes préparatoires n’est pas très
connu hors de l’Hexagone. Le bachelor pourra toucher aussi des bacheliers français qui s’inscrivent dans de
grandes universités étrangères, une tendance qui ne se dessinait pas il y a encore une dizaine d’années »,
observe Frank Pacard, directeur de l’enseignement et de la recherche.
L’X conçoit son futur bachelor non comme un diplôme de sortie, mais comme un tremplin vers des
formations supérieures. « Il n’aura pas vocation à être une classe préparatoire pour Polytechnique, même
ses diplômés pourront candidater au cursus », ajoute M. Pacard. La première promotion comptera une
quarantaine d’étudiants, puis la capacité d’accueil progressera jusqu’à 160 places. L’enseignement sera
dispensé en anglais, avec une sélection tôt dans l’année, pour correspondre au calendrier international.
Ces nouveaux bachelors posent la question de leur reconnaissance dans un système français très normé.
Polytechnique va déposer une demande pour que son bachelor confère le grade de licence. Le bachelor
des Arts et Métiers est, lui, inscrit dans Admission postbac (APB) sous l’appellation « diplôme d’études
supérieures en technologie ».
« De nombreuses écoles d’ingénieurs délivrent déjà un diplôme d’établissement qu’elles intitulent
“bachelor” à l’issue de la première année du parcours ingénieur. Cela donne une lisibilité du niveau de leurs
étudiants à l’étranger, et permet leur admission dans des échanges internationaux. Mais il faudra consulter
l’Etat pour déterminer les grades correspondants », souligne Frédéric Fotiadu, président de la commission
développement et partenariats de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi).
Le bachelor est une nouvelle source de revenus pour les établissements.
« L’enseignement supérieur est un marché qui connaît une croissance colossale dans le monde. Dans de
nombreux pays, les élites ont un bachelor de niveau bac +4 », souligne Arnaud Poitou, directeur de L’Ecole
centrale de Nantes, qui pilote un groupe de travail à la Conférence des grandes écoles (CGE) sur le sujet.
Centrale Nantes propose ainsi sur son campus de l’île Maurice un cycle payant, destiné aux étudiants
étrangers, incluant un bachelor en quatre ans et un master ingénieur en deux ans. Une voie en deux temps
qui pourrait inciter d’autres écoles à s’y lancer.
« Dans de nombreux pays, les élites ont un bachelor de niveau bac +4 »
Arnaud Poitou, directeur de L’Ecole centrale de Nantes
9. Grandes écoles : prépa or not prépa ?
Le Point | Publié le 16/02/2016 à 13:34 | Par Louise Cuneo
Dilemme : nombreux sont les moyens de décrocher un master de grande école. Alors faut-il encore
obligatoirement passer par une classe préparatoire ?
Dans les années 1990, on appelait cela la "voie royale" : la classe préparatoire était quasiment la seule
manière d'entrer dans une école de commerce. Mais, aujourd'hui, avec la multiplication des cursus
permettant d'obtenir le même diplôme de grade master en fréquentant une école juste après le bac (il en
existe plus d'une douzaine labellisées par la CGE), les étudiants ont le choix.
Aujourd'hui, près de 60 % des bacheliers obtiennent une mention au bac : ces distinctions ne traduisent
donc plus un bon niveau scolaire, il en faut davantage pour s'en sortir glorieusement en classe prépa. "Sans
mention bien ou très bien au bac, inutile de s'y atteler, si c'est pour entrer au final dans une école que l'on
aurait pu intégrer par équivalence. Hormis pour les écoles du haut du classement, le concours se résume
plus à une affectation qu'à une sélection", assure Armand Derhy, directeur de Paris School of Business
(PSB). Aujourd'hui, il y a plus de places proposées aux concours post-prépa que d'étudiants pour entrer
dans ces écoles : un élève de classe préparatoire a donc toutes les chances de décrocher une place.
Un choix également financier
Les futurs étudiants ne font pas non plus leur choix seuls, à l'âge de 17 ou 18 ans. Les parents ont bien
souvent leur mot à dire au moment du choix cornélien, "prépa ou pas", en terminale. L'argument financier
joue : en post-bac, l'investissement est important, mais leur enfant sera assuré d'avoir un travail cinq ans
plus tard (alors que rien n'est moins sûr avec une prépa ou à l'université). La classe préparatoire, elle, est
gratuite. Ne reste donc plus qu'à régler les trois ans de frais de scolarité - élevés - de l'école.
Officieusement, tous les directeurs d'école post-bac s'accordent à dire que, si l'élève n'est pas en mesure
d'être reçu dans l'une des cinq premières écoles des classements, cela ne sert à rien d'aller en classe prépa.
D'autant qu'à l'international ce modèle franco-français est totalement inconnu, et donc difficilement
valorisable. Officiellement, les arguments ne se résument pas aux résultats scolaires. À l'heure où de
nombreux jeunes veulent aller à l'essentiel et privilégient leur vie sociale, l'idée de se lancer dans deux (ou
trois) années de pur bachotage ne séduit plus autant qu'avant. Et ce, même si cette vision de la classe
préparatoire est totalement dépassée, à en croire Jacques Chaniol, directeur de l'Inseec : "La classe prépa
n'est plus une classe où l'on broie les jeunes, deux années pendant lesquelles on met sa vie entre
parenthèses. Ce sont des étudiants épanouis qui arrivent dans les écoles, ils sont curieux, ont appris à
apprendre et à gérer l'échec avec l'effondrement des notes, bien souvent, à l'entrée en prépa. Ils
maîtrisent souvent deux autres langues vivantes en plus de leur langue maternelle, sont capables de faire
un résumé sans difficulté et ont une bonne approche de l'histoire et de la géographie contemporaines." Et
de relativiser son propos : "Il est vrai que ce n'est toutefois pas un modèle pour tout le monde." Désormais,
seuls 37 % des étudiants dans les écoles de la Conférence des grandes écoles viennent de classes
préparatoires (y compris les classes prépa technologiques, dont le modèle s'est développé sur l'antiélitisme) ; les autres viennent d'admissions sur titres (AST), de DUT ou de BTS.
La réputation et l'image
"À la sortie, ce qui va faire la différence, c'est la réputation et l'image de l'école, sa spécialisation. L'école
lisse complètement le niveau des étudiants provenant d'un cursus post-prépa, post-bac ou des admissions
sur titre", constate Jean-Guy Bernard, directeur général de l'EM Normandie, qui propose des cursus en
post-bac et en post-prépa. Un constat partagé par Jacques Chaniol : "À la fin du premier semestre de
première année, les étudiants issus d'admissions parallèles ont de meilleures notes. Mais, à partir de la fin
de la première année, il n'y a plus aucune corrélation entre réussite et origine de l'élève." Désormais, tout
dépend donc du profil de l'étudiant. Certains se sentent à l'aise dans le modèle pédagogique du lycée et
désireront y rester. Ils en profiteront pour acquérir de solides méthodes de travail et une culture générale
élargie.
D'autres ont davantage besoin de se confronter à la réalité, à des stages, ils peuvent avoir envie de
spécialisation rapide, d'expériences à l'étranger, de vie associative ou d'étudier cinq ans sans changer
d'établissement, et ce même s'ils ont toujours été bons élèves. Mais quelques malins ont trouvé la parade :
ils n'optent ni pour la prépa ni pour l'école post-bac, et préfèrent choisir une école étrangère de niveau
moyen dont les partenariats permettront de décrocher grâce aux équivalences un diplôme français plus
prestigieux que ceux auxquels ils auraient pu prétendre en restant dans l'Hexagone. De fins stratèges en
devenir.
10. Bachelor ou licence pro, comment trancher ?
Le Monde | Le 14.02.2016 à 17h44 | Par Séverin Graveleau
Depuis la réforme licence-master-doctorat (LMD) engagée en 2002, de plus en plus d’étudiants
choisissent de continuer leurs études après un bac +2. Et les licences professionnelles, longtemps seules
sur le créneau du bac +3 professionnalisant, doivent aujourd’hui faire avec la concurrence, féroce et
croissante, des bachelors.
Si la licence pro, délivrée par les universités et les instituts universitaires de technologie (IUT), est
accessible uniquement après un bac +2 pour une formation en un an, le bachelor, proposé dans les écoles
privées ou consulaires, peut se commencer dès après le bac, en trois ou en quatre ans. Nombre de
bachelors sont toutefois accessibles à bac +1 ou bac +2.
De là, une autre différence, non moins importante pour qui hésiterait entre le bachelor et la licence pro :
celle de la spécialisation. Un bachelor sur plusieurs années permet souvent de couvrir un spectre plus large
de connaissances et de compétences professionnelles, la spécialisation métier n’ayant lieu qu’en dernière
année. Les possibles débouchés professionnels s’en trouvent élargis. Alors qu’une formation accessible
seulement après un bac +2 – licence professionnelle mais aussi bachelor en un an – se concentrera sur la
spécialisation métier.
2 000 spécialités
Point commun de ces deux formations : la prise directe avec le monde de l’entreprise, qui garantit à
chacune de bons taux d’insertion professionnelle. Ces deux cursus sont toujours en adéquation avec le
marché du travail car co-imaginés, et souvent co-enseignés, avec les professionnels d’un secteur. Ce lien
fort avec le monde professionnel se traduit aussi par l’accent mis dans les deux cas sur les stages en
entreprise et par le nombre de spécialisations – plus de 2 000 en licence professionnelle.
Pour ceux qui hésitent encore, la dimension internationale est également à prendre en compte. Bien que
présente en licence pro, elle demeure la véritable marque de fabrique des bachelors. Ils proposent parfois,
dès la première année, des enseignements en langues étrangères. Sans oublier les stages à l’étranger qui,
fidèles à la culture des écoles privées, font souvent partie intégrante du cursus.
Mais si le concept de bachelor est familier à l’étranger – surtout dans les pays anglo-saxons –, en France, ce
diplôme n’est pas reconnu par le ministère de l’enseignement supérieur, contrairement à la licence pro. Le
jeune intéressé par un bachelor devra donc être attentif aux visas, labels et autres reconnaissances
internationales des formations visées.
Dernière différence, mais de taille : les frais de scolarité. Il faut compter entre 4 000 euros et 8 000 euros
par an en moyenne pour un bachelor… contre environ 300 euros de frais d’inscription pour la plupart des
licences professionnelles.
11. La licence pro, accélérateur d’emploi
Le Monde | 15.02.2016 à 10h52 | Par Aurélie Djavadi
Anthony Thivolle avait prévu d’arrêter ses études en 2014, une fois obtenu son BTS « négociation et
relation client ». Mais, lorsqu’il a découvert l’existence de la licence professionnelle « métiers de la
vente », proposée à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Lyon, il s’est dit que cette année
de formation supplémentaire donnerait un meilleur élan à son début de carrière.
Pari gagné. En alternant les cours de l’IAE avec un contrat de chargé de relations avec les entreprises
auprès de l’IUT Lumière-Lyon-II, il a élargi ses horizons. « C’est le réseau de la licence qui m’a aidé à
décrocher cette mission », précise-t-il.
Outre un gros travail pour cerner les besoins des professionnels et promouvoir l’IUT, il est aussi intervenu
dans le coaching et la sélection des candidats. Cette expérience a attiré l’attention d’un grand cabinet de
recrutement, qui lui a offert, en septembre 2015, un CDI de consultant. « Je n’aurais pas pu accéder à ce
poste à la sortie du BTS », estime le jeune homme.
A l’instar de ce diplômé lyonnais, nombreux sont les jeunes gens qui peuvent se féliciter de leur passage en
licence professionnelle, ou « licence pro ».
Alliant théorie et missions de terrain, ces cursus affichent 92 % d’insertion après trente mois.
Créés en 1999, ces cursus d’un an, alliant théorie et missions de terrain, affichent 92 % d’insertion au bout
de trente mois, d’après la dernière enquête ministérielle, portant sur les diplômés de 2012.
Plus de 50 000 étudiants
Aussi se sont-ils multipliés dans des domaines variés, de la production agricole aux services à la personne,
en passant par les transports ou le commerce. Ils accueillent aujourd’hui plus de 50 000 étudiants, contre
34 000 environ en 2005. Leur force : des partenariats étroits avec les entreprises, de la conception des
programmes au placement des stagiaires ou des apprentis.
« Si nous avons ouvert une licence de technicien des opérations bancaires à la rentrée 2015, c’est à la
demande de la profession, indique Corinne Montoya, responsable de l’apprentissage à l’IAE de Lyon. Les
entreprises participent au comité de pilotage qui nous aide à organiser le cursus et interviennent dans 40 %
à 50 % des cours. »
Pour se développer, les licences pro misent beaucoup sur le tissu économique local. « Leur ancrage
territorial permet de décliner une vaste gamme de programmes, des plus généralistes, en production
mécanique par exemple, aux plus spécialisés, comme la licence consacrée au son et à l’image dans le
spectacle vivant à Nantes », observe Rodolphe Dalle, directeur de l’IUT de Nantes et porte-parole du
réseau des IUT. Pour monter cette formation culturelle très pointue, son établissement a pu compter sur le
pôle d’industries culturelles créatives (ICC) des Pays de la Loire. « On vérifie régulièrement que les besoins
sont présents et on fait évoluer les programmes », ajoute M. Dalle.
L’université de Bretagne-Sud, à Vannes, s’est aussi adaptée aux besoins du marché. Alors qu’elle formait
plutôt des chefs de projet dans les années 2000, capables de superviser la réalisation de sites Internet, sa
licence « e-commerce et marketing numérique » se concentre désormais sur l’animation Web visant à
attirer les internautes et à convertir leurs visites en ventes. « L’enjeu actuel, pour les entreprises, ce n’est
plus tant d’être présentes sur la Toile que d’y être rentables », assure la responsable, Leïla Damak.
Un sésame pour la vie active
Pour les étudiants ayant suivi deux années en licence, ces cursus très professionnels sont un sésame pour
la vie active. Mais la majorité des effectifs des licences pro sont des détenteurs de BTS ou de DUT qui
souhaitent débuter leur carrière dans de meilleures conditions. « Les deux tiers de nos promotions sont
issues d’un BTS hôtelier, les autres venant de cursus en langues étrangères, en géographie ou de BTS
tourisme, constate Régine Davroux, responsable de la licence « direction des services d’hébergement en
hôtellerie internationale » à l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Durant l’année d’apprentissage, ils
se confrontent peu à peu aux questions de management, de sorte qu’ils peuvent devenir chefs de brigade
une fois diplômés. »
« On aide les étudiants à prendre de la hauteur sur leur expérience » - Corinne Montoya, responsable de
l’apprentissage à l’IAE de Lyon
Et Corinne Montoya d’ajouter : « On ne prépare pas seulement les étudiants à un métier, on les aide aussi à
prendre de la hauteur sur leur expérience, à travers notamment leur mémoire de fin d’études. » Ceux qui,
dans le cadre de leur cursus, partent étudier à l’étranger progresseraient plus vite encore dans leur
carrière.
« Efficacité et culture générale : ce cocktail séduit beaucoup les PME », observe Mme Damak. « A l’heure
actuelle, on parle beaucoup du besoin d’ingénieurs, mais le secteur industriel nous réclame aussi à cor et à
cri ces cadres intermédiaires formés en licence pro. On pourrait ouvrir davantage de places dans les
parcours en logistique et en mécanique », ajoute M. Dalle.
Un certain nombre de diplômés vise ensuite un master, souvent en alternance : c’est le cas de 32 % des
détenteurs d’une licence pro, d’après la dernière enquête du ministère.
12. Bachelor : bien plus qu’une mode, un tournant majeur ?
Le Monde Blogs| 17 février 2016 | Par Jean-Claude Lewandowski
Très peu présent dans l'Hexagone il y a une dizaine d'années, un cursus d'origine anglo-saxonne connaît
aujourd'hui une croissance rapide, en particulier dans les écoles de gestion : le bachelor. Certains y voient
un simple phénomène de mode - tout ce qui vient du monde anglo-saxon est accueilli à bras ouvert dans
notre pays - appelé à disparaître rapidement. D'autres estiment que ce cursus à bac + 3 ou bac + 4 est pour
les étudiants un habile moyen de "contourner" les classes préparatoires pour décrocher in fine un diplôme
de grande école, et qu'en outre nombre d'écoles l'utilisent pour renflouer leurs caisses.
Une faille du système d'enseignement supérieur
Il y a sans doute une part de vérité dans ces différents points de vue. Mais la vraie raison du succès actuel
du bachelor est ailleurs : c'est qu'il vient combler une faille dans l'offre de programmes de notre système
d'enseignement supérieur.
Cette faille, c'est qu'il existe finalement peu de "sorties professionnelles" au niveau bac + 3. Côté
universités, la licence "générale" est, comme son nom l'indique, un peu trop générale : elle ne permet pas,
le plus souvent, d'accéder à un emploi. La licence professionnelle, qui a connu un grand essor ces dernières
années, le permet - mais beaucoup lui reprochent au contraire une spécialisation excessive : elle serait
"trop pointue" pour beaucoup d'emplois. Quant aux grandes écoles, elles préparaient jusqu'alors pour
l'essentiel à un diplôme à bac + 5. Résultat, la plupart des étudiants visent d'emblée le niveau master, à bac
+ 5. Mais il leur faut d'emblée s'engager dans des études longues, de 5 ans au moins.
Bien différente est la logique du bachelor. Ce qu'il offre ? Un socle académique solide (comme la licence) ;
mais aussi, à la différence de la licence, un début de spécialisation, une ouverture sur le monde de
l'entreprise (notamment par le biais de stages conséquents), et une forte dimension internationale. Un
cocktail apprécié par les recruteurs. Sans compter que les grandes écoles peuvent y appliquer les
méthodes qui ont fait leur succès : suivi des étudiants, effectifs limités, liens avec les entreprises.
Surtout, le bachelor permet aux étudiants de ne pas s'engager d'emblée dans un cursus de 5 ans, et de
choisir après trois ans d'études : soit entrer dans la vie professionnelle, quitte à revenir ensuite se former
quelques années plus tard, soit poursuivre ses études vers un master universitaire ou un diplôme de
grande école. S'il choisit de prendre un emploi, le jeune n'accèdera certes pas au même poste ni au même
salaire qu'après un bac + 5, mais il gagnera deux ans de rémunération et économisera deux années
d'études...
Bachelor en 4 ans : priorité à l'international
Quant au bachelor en 4 ans, il offre en plus une forte dimension internationale (avec des séjours à
l'étranger qui peuvent atteindre 2 années en tout), dont les entreprises sont très friandes. Résultat, il n'est
pas rare, pour les bachelors les plus cotés, que le diplômé obtienne un poste et un salaire équivalents à
ceux de ses collègues à bac + 5. "émerge. C'est un diplôme d'entrée dans la vie active, à la différence de la
licence. Le bachelor comporte cependant plusieurs inconvénients de taille, qu'il ne faut pas négliger. Le
premier est qu'il n'est pas reconnu par l'Etat, à l'inverse de la licence ou du master. Autre handicap, il est
très peu contrôlé. Il existe donc une grande disparité entre les institutions dans les contenus et
l'architecture du programme. En outre, n'importe quelle école privée peut baptiser une formation
"bachelor". Ajoutons que les frais de scolarité, certes moins élevés que pour les cursus "grande école", ne
sont pourtant pas négligeables.
Pour autant, ses différents atouts expliquent la forte croissance de ce programme. Déjà, certaines écoles
accueillent des promotions de plusieurs centaines d'inscrits. Toulouse Business School, la plus engagée
dans ce type de programme, compte ainsi 1.450 élèves en bachelor - dans la ville rose et à Barcelone. Et ce
n'est sans doute pas fini : un nombre croissant d'écoles de gestion misent sur ce programme, et quelquesunes (ESC La Rochelle, Inseec, ESC Troyes...) en proposent même plusieurs. Les écoles d'ingénieurs s'y
mettent aussi : après les Arts & Métiers, qui ont lancé leur bachelor il y a deux ans, Polytechnique et
plusieurs autres étudient la question. "Dans le monde anglo-saxon, le bachelor en 4 ans est le principal sas
pour entrer dans la vie active, observe Pierre Koch, directeur de l'UTT (Université technologique de Troyes).
Nous allons devoir réfléchir à ce programme - sans pour autant renoncer au modèle LMD". La Conférence
des grandes écoles a d'ailleurs monté un groupe de travail sur le sujet. Et de nombreuses écoles privées (de
design, d'architecture, etc.) proposent déjà ce type de cursus. Bref, même s'il hérisse certains acteurs, le
"phénomène bachelor" risque fort de perdurer.Il existe une autre raison pour laquelle l'irruption du
bachelor dans les grandes écoles constitue sans doute un tournant majeur. Jusqu'à présent, en effet, les
grandes écoles ne formaient pratiquement que des diplômés de niveau bac+ 5, voire plus avec les
mastères spécialisés et les formations doctorales (ces dernières le plus souvent adossées aux universités).
Avec le bachelor, elles visent désormais un autre public : celui des bac + 3 (ou +4). Autrement dit, celui des
cadres intermédiaires. Elles élargissent donc considérablement leur champ d'action, et répondent à une
problématique clé des entreprises. C'est une petite révolution, qui a jusqu'alors été peu soulignée. Et dont
la portée est encore mal cernée.
13. DUT et BTS, quelles différences ?
Le Monde | 19.02.2016 à 10h57 | Par Diane Galbaud
Les diplômes universitaires de technologie (DUT) sont plus généralistes que les brevets de technicien
supérieur (BTS) : au total, ils comptent une vingtaine de spécialités, contre plus d’une centaine pour les
BTS. « Chaque DUT vise globalement un champ d’activité plus étendu », explique Bernard Lickel,
président de l’Association des directeurs d’IUT (Adiut). Ces compétences élargies ouvrent les
perspectives de poursuites d’études. Elles peuvent aussi faciliter l’évolution professionnelle ultérieure.
Le BTS, lui, propose des spécialités plus pointues. « Sur le plan technique, l’étudiant est davantage
opérationnel », souligne Armand Huet, professeur en BTS et président de l’Association nationale des
enseignants des techniques touristiques (Anett). Ce diplôme vise une insertion directe sur le marché du
travail.
Le DUT, « plus théorique »
Néanmoins, aujourd’hui, la majorité des titulaires de BTS comme de DUT poursuivent leurs études,
notamment en licence professionnelle. « Ils sont formés pour travailler dans plusieurs secteurs. Avec la
licence professionnelle, ils ajoutent une couche de spécialisation », estime Armand Huet.
En matière pédagogique, DUT et BTS mêlent tous deux cours théoriques et pratiques (TP, TD, projets
tutorés), accompagnés de plusieurs stages (de dix à quinze semaines au total). « Il y a parfois des cours
magistraux en DUT, mais pas en BTS, précise Bernard Lickel. Globalement, la formation en DUT est un peu
plus théorique. »
L’IUT relève de l’université et en offre les avantages (bibliothèques, laboratoires de recherche…), tout en
dispensant un enseignement très encadré par rapport à la fac. Les cours sont assurés par des équipes
mixtes : enseignants du supérieur, du second degré, vacataires, dont des professionnels issus d’entreprises.
La section de technicien supérieur (STS, section qui prépare au BTS) se situe, elle, dans un lycée, public ou
privé. Les promotions restent relativement réduites (une trentaine d’élèves) et l’enseignement est
essentiellement assuré par des professeurs de lycée. A terme, un examen clôt les études de BTS, alors que
le DUT, lui, privilégie le contrôle continu.
14. On ne valorise pas assez l’insertion professionnelle des jeunes à
court terme
Le Monde | 22.02.2016 à 09h56 | Propos recueillis par Séverin Graveleau
Bernard Lickel est directeur de l’institut universitaire de technologie (IUT) Robert-Schuman à Strasbourg
et président de l’Assemblée des directeurs d’IUT (Adiut) depuis mai 2015.
Alors que 80 % des titulaires d’un DUT choisissent de continuer leurs études, le rôle des IUT est-il toujours
le même ?
En cinquante ans, le public de l’enseignement supérieur a changé, les écoles et formations à bac +5 ont
diversifié leur recrutement, en y intégrant de plus en plus d’étudiants d’IUT. Si nous proposons de
renforcer certaines compétences pour leur permettre de continuer leurs études, notre objectif premier
reste de leur donner les compétences nécessaires à leur insertion rapide sur le marché du travail.
Une certaine pression sociale poussant aux études longues fait qu’on ne valorise pas assez l’insertion
professionnelle à court terme aujourd’hui. Les DUT sont un tremplin, une première marche dans
l’enseignement supérieur, pour des élèves issus de classes socioprofessionnelles inférieures et moyennes
souhaitant sécuriser leur parcours. S’ils entrent en IUT, c’est d’abord parce que nous proposons une
insertion rapide. Puis ils découvrent qu’ils peuvent être plus ambitieux et continuer.
Les IUT ont donc vocation à être toujours en phase avec le marché du travail. Comment s’y adaptent-ils ?
Les programmes pédagogiques nationaux de nos différentes spécialités évoluent régulièrement. La
dernière réforme a eu lieu en 2013, avec deux objectifs : s’adapter aux nouveaux publics et décliner
l’ensemble de nos programmes sous forme de compétences, pour renforcer le lien avec les secteurs
économiques correspondants. Ces programmes sont élaborés au sein de commissions pédagogiques
nationales composées, entre autres, de représentants du patronat et des salariés du secteur d’activité.
Elles évaluent ensuite chaque département et chaque IUT à partir d’indicateurs chiffrés sur le recrutement
ou l’insertion professionnelle, et grâce à des visites. Ces mêmes professionnels – recruteurs potentiels –
assurent 20 % à 25 % des cours. Les enseignements collent donc à la réalité du terrain.
Ces programmes nationaux constituent 80 % des programmes pédagogiques finaux. Les 20 % restants sont
adaptés au tissu économique local. A Saint-Nazaire par exemple, la formation « génie civil et construction
durable » comprend des modules sur les ouvrages marins. Enfin, l’alternance concerne 15 % à 20 % de nos
étudiants. Nous avons ainsi un retour permanent des entreprises sur nos formations et nos étudiants. Tous
ces éléments nous permettent d’être très réactifs.
Quelles sont les perspectives pour le management intermédiaire ?
Lors de son université d’été de 2015, le Medef a signé une convention et un appel à projets pour
développer des formations menant à des emplois de niveau intermédiaire. La pression sociale qui pousse
aux études longues, et on a aujourd’hui dans l’entreprise des salariés avec des compétences de niveau bac
+5 et, d’autre part, des salariés avec des compétences d’exécution. Le niveau intermédiaire a été délaissé.
Il est difficile de trouver des gens capables de faire le lien entre approche théorique – celle des bac +5 – et
niveau pratique. C’est le rôle du management intermédiaire. Les diplômés d’IUT ont les compétences
adéquates pour cela, grâce aux 40 % d’enseignements pratiques qu’ils ont reçus. A bac +2 et bac +3 – les
IUT sont porteurs d’environ deux tiers des licences pro –, le niveau de qualification que nous proposons
reste recherché.
15. Comment sont formés les agriculteurs de demain
Le Monde | Le 25.02.2016 à 17h49 | Par Eric Nunès
Aujourd’hui étudiants, ils observent leurs aînés, agriculteurs ou éleveurs, se débattre dans les crises à
répétition : prix du porc, du lait…, travailler sans relâche en subissant la pression de l’industrie
agroalimentaire et en bout de chaîne des distributeurs. Bientôt, ces futurs diplômés en agronomie
seront exploitants, spécialistes du développement durable de nos territoires, responsables de la sécurité
alimentaire…
Leurs écoles doivent donc imaginer un modèle qui permettra aux producteurs de demain de travailler de
manière efficace et rentable, et bâtir un enseignement ouvrant sur un avenir qui ne soit pas noir, tout en
s’appuyant sur les outils les plus modernes. Car malgré les crises à répétition, la filière agronome attire
toujours plus. A la rentrée 2015, la Conférence des grandes écoles dénombrait 13 364 inscrits, soit une
augmentation de 7 % sur les trois dernières années.
Les établissements ont intégré dans leurs enseignements les nouvelles technologies. Celles-ci pénètrent les
exploitations et deviennent les indispensables outils d’une production raisonnée et optimisée. Cultiver,
c’est jongler avec moult logiciels d’optimisation des ressources, traquer les zones fragiles de son
exploitation avec un drone ou des photos satellites. « Ces outils sont des systèmes d’aides à la décision,
explique Claude Compagnone, directeur général adjoint d’Agrosup Dijon, des capteurs disposés sur
l’ensemble des parcelles permettent de savoir précisément la composition des sols. Des données sont
introduites sur des systèmes qui modélisent les besoins précis des cultures sur des zones très réduites. »
Enfin les moissonneuses connectées permettent d’optimiser l’usage de fertilisant. C’est une économie
d’engrais, d’eau, de diesel, de temps et de force de travail pour l’exploitant. Des marges supplémentaires
en somme.
Fin du rendement à tout prix
Hors de la voie numérique, « les progrès technologiques offrent d’autres sources d’optimisation », poursuit
Elisa Marraccini, enseignante-chercheuse en agronomie des territoires à l’institut polytechnique LaSalle
Beauvais. Les importantes surfaces des exploitations ouvrent d’autres champs, celui des possibles en
matière de production énergétique, de la diversification : les installations d’éoliennes, de panneaux
solaires… Enfin, la mécanisation est en marche. Les robots peuvent remplacer l’homme pour certains
travaux, comme l’arrachage jour et nuit des mauvaises herbes.
Pour former ses étudiants à la maîtrise de toutes ces technologies, l’ISA Lille (Institut supérieur
d’agriculture) fait travailler ensemble futurs ingénieurs agronomes et futurs informaticiens « sur des
projets visant à trouver de nouveaux concepts et à optimiser ce qui existe », explique Christophe Fachon,
directeur de l’école d’ingénieurs pour la terre à l’ISA. Non seulement ces spécialistes de la terre seront
susceptibles d’appréhender et de mettre en œuvre l’exploitation de multiples ressources, « mais cette
transdisciplinarité permettra à un exploitant formé de parler le même langage qu’un informaticien. Quant à
l’informaticien lui-même, il comprendra les contraintes du producteur et ils imagineront ensemble des outils
plus efficaces », assure M. Fachon. Sur 150 ingénieurs agronomes formés chaque année par l’école, 20 %
prennent le chemin d’une exploitation.
La fin du rendement à tout prix figure également en tête des leçons à retenir pour parvenir à une
agriculture pérenne. « Pendant longtemps, les principaux conseils des exploitants étaient les négociants de
produits phytosanitaires », rappelle Claude Compagnone. La terre et l’eau n’étaient que des supports et les
espèces voisines une gêne à éliminer, car non valorisable. Si ces pratiques ont encore cours dans le monde
rural, aujourd’hui les écoles enseignent l’agro-écologie : « Une agriculture d’excellence respectueuse de
l’environnement, sans labour, avec un usage précis et ciblé d’engrais », affirme Michel Roux, directeur de
l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse. L’usage mesuré d’interventions extérieures repose les terres et
réduit les coûts. Enfin les produits de meilleure qualité « correspondent à la demande d’une consommation
plus responsable qui se développe dans les zones urbaines », constate Claude Compagnone.
« Il existe de nouveaux modèles »
S’adapter à ces opportunités est un des objectifs des écoles. « L’agriculteur doit être également
entrepreneur, transformer ses produits bruts pour créer de la valeur ajoutée et les distribuer via des circuits
courts », rappelle Elisa Marraccini. Produire du lait mais vendre du beurre, cultiver du blé et
commercialiser de la farine. Mais aussi couper court à l’intervention d’intermédiaires afin que les
producteurs deviennent les principaux bénéficiaires de leurs efforts et viser les « locavores », ces
consommateurs de produits locaux.
Enfin, les futurs diplômés ne doivent rien ignorer des arcanes des filières dont ils seront un rouage. Qu’ils
deviennent producteur, chef d’un projet de développement industriel ou acheteur pour la grande
distribution, « chacun de mes étudiants passe plusieurs mois de stages sur le terrain. Faire comprendre le
métier d’agriculteur, c’est la première mission que se fixe l’école d’ingénieurs de Purpan », avance son
directeur.
Cette compréhension des terroirs mais également des impératifs des industriels et des distributeurs
« permettront à ces futurs cadres de décider en conscience des contraintes et des obligations de chaque
acteur », prophétise Isabelle Gagnaire, responsable des relations entreprises au sein de l’association
d’ingénieurs Isara Lyon. Les écoles produiraient une communauté d’expériences au sein de leurs
ingénieurs, susceptible de tempérer les exigences de la grande distribution, qui aujourd’hui « dit la
messe », reconnaît Mme Gagnaire. « Mais il existe de nouveaux modèles, ils donnent de l’espoir », insiste
M. Fachon.
16. Futurs agriculteurs : « On ne pourra plus vivre comme nos parents »
Le Monde | Le 27.02.2016 à 16h31 | Par Laura Buratti
Dans une petite salle de classe de Marvejols (Lozère), les élèves du lycée agricole catholique Terre
nouvelle racontent le quotidien difficile de la vie à la ferme. Fils ou filles d’agriculteurs pour 80 % d’entre
eux, ils ont connu dans leur enfance des parents travaillant douze heures par jour, semaine et week-end
compris, et peinant à s’en sortir financièrement.
A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, ils racontent la pression écrasante des
distributeurs et des grandes surfaces, la surproduction, la chute des prix, la lourdeur administrative
imposée par l’Europe et l’investissement financier qu’impose la mise aux normes. Sans compter
l’augmentation du nombre de suicides.
Pourtant, dans ce département qui est à la fois le moins peuplé de France mais aussi celui à l’altitude
moyenne la plus élevée, les agriculteurs sont relativement préservés par la crise agricole. Les versants
pentus des montagnes du Gévaudan empêchent toute agriculture intensive. Ici, les troupeaux de vaches et
de moutons pâturent en semi-liberté. Un mode de vie privilégié qui néanmoins ne leur épargne pas les
sacrifices.
« Cet été, nous avons réussi à partir une semaine en vacances en famille. C’était la première fois depuis
longtemps, raconte Laura, l’une des rares jeunes filles du lycée, étudiante en terminale sciences et
technologies de l’agronomie et du vivant (STAV). Et encore, on a failli annuler au dernier moment parce
qu’une vache était malade. »
Ses camarades de terminale, qui passent cette année un bac technologique STAV ou un bac professionnel
conduite et gestion de l’exploitation agricole (CGEA) acquiescent. « On a toujours le stress à propos des
animaux, lâche Gildas, élève en CGEA. Il m’est déjà arrivé de devoir quitter les cours pour aller rattraper des
vaches qui s’étaient échappées. »
Malgré tout, la plupart d’entre eux ne se sont jamais imaginés faire autre chose de leur vie. « Ce n’est pas
un métier, c’est une passion ! », lancent-ils tous. « Ils ne viennent pas ici forcés, confirme Christine
Audeguin, la directrice de l’établissement, qui connaît par cœur les 220 élèves de son lycée. Les parents
préféreraient peut-être qu’ils fassent autre chose mais, pour eux, le rapport à la terre et aux animaux est
essentiel. »
Julien, élève en STAV, rêve de vendre du matériel agricole, après un BTS technico-commercial. Laura se
passionne quant à elle pour l’élevage des chevaux. Plus tard, après un BTS de production animale, elle se
voit bien diriger sa propre exploitation. Alexandre, 21 ans, rêvait de devenir soigneur animalier en parc
zoologique. « Depuis, j’ai changé d’avis, je veux être agriculteur. Etre mon propre patron, suivre tout le
temps les mêmes animaux, avoir un contact plus proche de la nature, c’est comme soigneur, mais en
mieux ! », s’enthousiasme-t-il.
« Pur pragmatisme »
Certes, le métier d’agriculteur les fait rêver, mais ils savent déjà qu’ils devront repenser le modèle parental.
« Ce n’est pas une vie ! On ne peut plus vivre comme nos parents… », lance l’un d’entre eux. Jean, en
terminale CGEA, ne se voit pas reprendre seul une exploitation : « C’est trop dur d’investir, explique-t-il. Je
préférerais être salarié ou m’associer avec d’autres agriculteurs, au moins au début. » Ces dernières
années, pour rester concurrentielles, les exploitations ont dû s’agrandir : de 20 % en moyenne entre 2003
et 2013, d’après le ministère de l’agriculture. Les éleveurs ont souvent recours à des salariés pour les
seconder, une bonne opportunité pour ces jeunes qui ne se sentent pas les reins assez solides pour
reprendre l’exploitation de leurs parents ou qui souhaitent simplement s’ouvrir à d’autres expériences
avant de se lancer seuls.
« Certains d’entre eux envisagent d’accompagner l’exploitation de leurs parents vers une agriculture
biologique, observe Daniel Buffière, enseignant en économie, économie agricole et gestion au lycée Terre
nouvelle depuis plus de trente ans. Ce n’est pas par idéalisme, comme il y a quelques années, mais par pur
pragmatisme : les exploitations bio sont devenues bien plus rentables que les autres. » Alexandre aimerait
diriger une petite exploitation qui lui permette de développer la vente directe. Il n’exclut pas de créer une
maison d’hôtes, pour faire découvrir son métier au public et partager sa passion.
Côté personnel, hors de question pour ces jeunes de finir dans l’émission « L’amour est dans le pré », qui
aide des paysans esseulés à trouver une compagne. « Une femme, ça ne l’attire pas, un homme qui
travaille tout le temps et qui stresse parce que sa vache est malade, analyse Gildas, qui voudrait trouver
une compagne « aussi à l’aise en bottes qu’en talons hauts ».
17. Le travail des mères fait le succès des enfants
Le Monde | 26.02.2016 à 18h53 | Par Annie Kahn
A quelques jours du 8 mars et de la désormais traditionnelle « Journée de la femme », il nous faut affuter
nos arguments! Ne serait-ce que pour réconforter celles d’entre nous qui continuent de culpabiliser en
allant bosser.
Rares seraient les femmes qui font ce choix d’un cœur léger. Une majorité – 51 % aux Etats-Unis, selon
Pew Research – continue de penser que leurs enfants se porteraient mieux si leur mère renonçait à toute
activité professionnelle.
Voila donc une nouvelle étude qui vient à point nommé pour les rassurer. « Les femmes, dont les mères
travaillaient quand elles étaient enfants, ont plus de chance de trouver du travail, d’avoir des postes à
responsabilité. Elles gagnent, en moyenne, plus que celles dont les mères étaient femmes au foyer à plein
temps », assurent Kathleen L. McGinn, professeur de gestion des entreprises à la prestigieuse Business
School d’Harvard (HBS, Etats-Unis), Mayra Ruiz Castro, chercheuse à HBS, et Elizabeth Long Lingo,
professeur au Worcester Polytechnic Institute. Leur étude sur « Les effets de l’emploi maternel sur les
inégalités de genre au travail et à la maison, à l’échelle internationale » vient d’être publiée par la Harvard
Business School.
Cette étude est statistiquement très solide, puisque fondée sur des enquêtes menées auprès de 18 152
hommes et 13 326 femmes de 24 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie, du Moyen-Orient,
d’Australie, en 2002 et 2012. Le Programme international d’enquêtes sociales, auquel le Centre national de
la recherche scientifique est associé pour la France, est au cœur du dispositif.
Les mères qui travaillent influencent aussi positivement leurs fils. « Les hommes élevés par des mères
bosseuses contribuent davantage que les autres aux tâches domestiques et passent plus de temps pour
s’occuper de leur famille. » Leur carrière n’en est pas affectée pour autant.
Parallèlement, les filles élevées par des mères ayant exercé un métier consacrent moins de temps que les
autres aux travaux ménagers, mais plus pour prendre soin de leurs enfants. « Les mères qui travaillent
contribuent grandement à réduire les inégalités hommes/femmes, tant dans la sphère professionnelle que
familiale pour les générations suivantes. Il y a peu de situations qui contribuent autant à ce résultat »,
estiment les chercheuses.
On peut comprendre intuitivement pourquoi. Les filles imitent leur mère qui leur a ouvert la voie. Les
mères leur servent de « role model », d’« exemple à suivre », à l’instar des femmes mentors, encore trop
rares dans les entreprises, et que seules quelques privilégiées ont la chance de croiser.
Enfants ni plus ni moins malheureux
« En outre, les mères qui ont un emploi transmettent à leurs filles des informations, des façons de faire
utiles en entreprise, pour y faire carrière. »
Quant aux fils, ils ont pris l’habitude de mettre la main à la pâte à la maison. Soit par obligation, par amour
filial ou par respect pour leur mère. Soit parce que leur père leur a également servi de modèle à suivre,
quand lui-même prenait déjà sa part de travaux domestiques. Une situation encore malheureusement très
rare, les études sur le sujet montrant la persistance de fortes inégalités dans le partage des tâches
familiales !
Loin de se rebeller contre une situation dont ils et elles auraient pâti, filles et fils adoptent, donc, au
contraire, le même modèle de vie que leur mère, voire l’amplifient. Ils prônent l’égalité entre les sexes, en
opposition avec ceux qui continuent de penser que les rôles de chacun doivent être différenciés : l’homme
gagnant le pain quotidien et la femme s’occupant du foyer.
Certains mauvais esprits pourraient argumenter que le travail maternel est, certes, bénéfique sur le plan
professionnel, puisqu’il contribue à la carrière des filles, mais que c’est au détriment de leur bonheur, de
leur joie de vivre. Il n’en est rien, confirme l’enquête. Les enfants de femmes exerçant une profession ne
sont ni plus ni moins malheureux que les autres, selon leurs dires. « Cette recherche montre que, quand les
deux parents travaillent, non seulement la famille en bénéficie financièrement, non seulement les femmes,
qui aiment leur travail, s’en portent mieux psychologiquement, mais aussi les enfants en retirent de
nombreux avantages. »
« Donner aux enfants la chance de rencontrer des personnes, hommes et femmes, qui ont fait des choix de
vie très différents sur les plans professionnel et familial, les aidera à voir qu’il y a plein de choix possibles
pour réussir leur propre vie au bureau et à la maison », concluent les auteures d’une façon très
consensuelle. De quoi rassurer tout le monde, et faire du 8 mars une fête pour tous!