Le coup de foudre

Transcription

Le coup de foudre
technique
Le coup de foudre :
risques et dégâts ?
Dans notre édition précédente, nous avons appris à mieux connaître le phénomène de la foudre.
Qu’en est-il des dangers pour les personnes et les équipements ?
Pour le courant de foudre, qui
est un animal furtif, le chemin le
plus court n’est pas nécessairement la ligne droite. Il suit bien
évidemment les autoroutes métalliques comme le mât, mais n’utilise
pas seulement les voies de moindre résistance. Sans oublier que
les effets électromagnétiques se
manifestent à distance, ce que l’on
oublie trop souvent.
Photo et illus © Pierre Lang
Tension de pas
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Par « pas », il faut comprendre le
« pas que l’on fait en marchant »
ou plus
précisé ment,
la longueur de
ce pas.
L o r s qu’un
coup de
foudre
tombe sur le sol, le courant électrique se disperse alentour sur une
distance de plusieurs centaines de
mètres. Il en résulte d’importantes
variations de potentiel électrique
dans et à la surface du sol.
Si vous marchez, la distance entre
vos pieds, tous deux périodiquement en contact avec le sol, est
d’environ 0,8 mètres. La différence
de potentiel entre vos deux pieds
peut devenir importante et donner
l’occasion au courant électrique de
traverser votre corps, en parallèle
avec le sol. Si vous marchez main
dans la main avec votre amoureuse, la distance entre vos pieds
extérieurs est plus grande (donc
la différence de potentiel aussi).
Si le courant passe à travers vos
corps, le coup de foudre vous tuera
probablement en passant par vos
coeurs…
Pour se protéger en cas d’orage,
il faut se tenir à distance l’un de
l’autre, loin des arbres et des pylônes isolés. Il faut se tenir racrapoté
en boule les pieds joints, près du
sol. C’est une position que les animaux à quatre pattes ne peuvent
pas tenir ! Le courant peut passer à
travers les corps d’un troupeau de
vaches et les tuer instantanément.
• Pour se déplacer, il vaut mieux
courir (un pied à la fois sur le sol)
ou faire de petits pas •
Tension de contact
Par « contact », il faut comprendre le « fait de toucher » un objet
susceptible d’être parcouru par le
courant de foudre.
Si l’effet de
pas existe sur
le pont d’un
bateau, la tension de contact
est nettement
plus préoccupante. Sur un
bateau, tout
équipier soucieux de sa
propre sécurité
applique le principe de base : une
main pour soi, une main pour le
bateau Il se déplace sur le pont
en se tenant aux filières et aux
haubans, conserve son équilibre en
se tenant à la colonne de barre, au
technique
pataras et aux balcons, manoeuvre
en se tenant au mât, à l’étai, à
la barre métallique raccordée aux
safrans, à toutes sortes d’objets
mouillés, etc.
Que le bateau soit protégé ou pas
au moment d’un coup de foudre,
une différence de potentiel électrique considérable peut apparaître
entre ses mains et ses pieds : danger de mort !
• Il faut ne pas toucher
les masses métalliques •
Distance de séparation
Par « séparation », il faut comprendre la « distance entre deux objets »
ou entre soi et un objet susceptible
d’être parcouru par
le courant
de foudre.
On a vu que
la tension
de contact
représente le plus
grand danger à bord
d’un bateau de plaisance. Se tenir
à distance de tout objet susceptible
de véhiculer le courant de foudre
ne suffit pas. Il faut se tenir à une
distance suffisante, supérieure à la
distance de séparation.
La foudre peut sauter à travers l’air
et frapper l’équipier qui se tient
trop près d’un objet dangereux.
Dans la figure ci-contre, l’équipier
se tient trop près du mât. La foudre
cherchant à aller à la terre par tous
les chemins possibles déclenchera
un arc entre le mât et son corps
comme second chemin, en plus du
mât lui-même. Il sera foudroyé.
La distance de séparation est définie comme « la distance entre deux
parties conductrices telle qu’aucune étincelle dangereuse ne puisse
apparaître en ces deux conducteurs ». Son ordre de grandeur, qui
est de 50 centimètres, montre qu’il
n’est pas facile de respecter cette
distance à bord d’un petit voilier.
• Il faut rester loin
des masses métalliques •
Risques pour les personnes
Le foudroiement d’une personne,
par courant induit, par « toucher
d’un objet » sous haute tension
ou par « effet de pas » peut avoir
pour conséquences possibles : arrêt
cardiaque, perte de connaissance,
brûlures, troubles neurologiques,
paralysies, troubles pulmonaires,
problèmes auditifs (tonnerre)
et oculaires, y compris la cécité
(éclair).
Risques pour
les structures
Le courant de foudre peut détériorer physiquement les matériaux
de construction. Perforation par
fusion des tôles métalliques, destruction par éclatement dû à la
vaporisation instantanée de l’humidité contenue dans la structure,
incendie, explosion de matières
inflammable.
Risques électriques,
électromagnétiques et
électrodynamiques
Le courant de foudre peut détériorer physiquement le matériel
électromécanique (contacteurs,
tableaux électriques), électriques
et électroniques par claquage (arc
électrique) dû aux importantes différences de potentiel. Perturbations diverses et variées dans les
appareils électroniques dues au
couplages galvanique et inductif.
Surtensions électriques. Les forces électromagnétiques prenant
naissance entre deux conducteurs
peuvent provoquer des ruptures
mécaniques. Vieillissement prématuré de l’électronique (les dégâts
peuvent ne pas être immédiats).
Pour connaître des pistes de protection,
il faudra attendre la prochaine édition !
• Pierre Lang
Journal et eBook sur Internet : www.thoe.be
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