A bon collectionneur

Parapet N°9
Sommaire
Le Billet de la présidente ........................................................................................................................ 2
I.
RECTIFICATIF ............................................................................................................................ 2
II.
MELI-MELANGE ......................................................................................................................... 3
III. AH ! LA ! LA ! MA BRAVE DAME ! ............................................................................................ 6
IV. DIS-MOI CE QUE TU COLLECTIONNES... ............................................................................... 6
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Le Billet de la présidente
Certains médecins, psychiatres et psychanalystes prétendent que collectionner est
une maladie. Ce serait dû a un complexe ou plutôt a un manque que les collectionneurs
combleraient par cette petite manie anodine pour certains ou frénésie de l'acquisition pour
d'autres. De nos jours on collectionne de tout.
Nous devons être gravement atteints car dans notre famille la collection est un
virus. Depuis les grands-pères et grands-mères jusqu'aux arrière-petits-enfants. Cela va de
la petite cuillère aux armes et blasons des villes, aux fèves des galettes, en passant par les
couteaux, les porte-monnaies souvenirs, les sucres emballés, les capsules de Champagne,
les briquets, sans oublier l'inévitable collection de timbres et bien sûr les bouquins.
Je mets en garde les jeunes collectionneurs, on peut en guérir, mais cela laisse des
séquelles.
A bon collectionneur...
La Présidente
I. RECTIFICATIF
Nous tenons à rectifier quelques petites erreurs qui se sont glissées dans le numéro
précédent concernant le Prix Littéraire :
p.1 : I. En résumé.
p.8 : IV. Discours de la Présidente du Jury.
Par ailleurs nous avons omis de préciser que les clichés photographiques ont été
réalisés par Monsieur Abecasis, photographe à l'agence Cyba Presse et Arts et Métiers du
Livre.
L'association vice-présidée par Madame Lily Froissard s’intitule :
"Sauver les documents en péril des bibliothèques françaises"
Tout le monde aura compris qu'il s'agissait "d'un cheval de race" et non d'un cheval
de rage.
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II. MELI-MELANGE
Entre les Bénédictins du Moyen-âge, recopiant inlassablement des manuscrits qu'ils
ne comprenaient parfois pas et l'adolescent attardé qui aligne des petites voitures sur une
tablette, il y a un point commun : la collection.
Entre le mathématicien Michel Chasles (1793-1880), membre de l'Académie des
sciences, collectionneur acharné, que le faussaire Vrain-Lucas dupa incroyablement en lui
fournissant des autographes de Jules César, Charlemagne, etc., et le chaland amateur
d'art, qui sort du Musée du Louvre et achète sur le quai une "véritable peinture à l'huile
faite par les élèves des Beaux-Arts" pour 300 frs (2 pour 500), il y a un point commun,
appelons-le naïveté.
J'ai connu un collectionneur de tasses à moustaches (1). Un jour, très faraud, il me
montra une pièce superbe, en porcelaine, avec sa soucoupe, magnifiquement décorée et
même un peu dorée si ma mémoire est bonne. Il venait de l'échanger contre une tasse de
faïence, ébréchée, oeuvre mineure d'un potier des faubourgs et s'extasiait de la bonne
affaire. Quelques semaines plus tard je le revis, pâle et défait : il s'était fait avoir : sa
vieille tasse ébréchée était une tasse pour gaucher et valait dix fois plus que la merveille.
Une décapotable américaine, dont j'ai oublié la marque, a été fabriquée à environ
550 exemplaires dans les années trente. Il en circulait plus de 2000 dans les années 80 :
collectionneurs et restaurateurs s'étaient surpassés pour les reconstruire à partir des
pièces du coupé...
Petite annonce fréquente dans les journaux gratuits :
"A vendre 10.000 timbres, cotés 16.000 francs pour 2.000 frs à débattre, tél. etc..."
Les "experts-devant-les-tribunaux", comme chacun sait se cooptent ; sans manquer
de respect à la magistrature je me pose la question : par quelle grâce efficace un expert
en cafetières et un expert en tire-bouchons peuvent-ils créer un expert en télécartes ???
Citations d'Henri Rochefort, à propos de son livre "Les mystères de l'Hôtel des
Ventes" :
En même temps que les trucs des marchands, j'y dévoilais l'ignorance de certains
experts, dont les gaffes sont parfois inénarrables. Je me rappelle toujours la mise en vente
d'une tête de Christ portant en exergue ces deux mots : Salvador Mundi. Le commissaire
chargé de la vente mit la toile sur la table avec cette annonce :
- Maintenant, messieurs, nous allons vendre un tableau du peintre de l'école
bolognaise, Salvador Mundi, dont les oeuvres sont extrêmement estimées en Italie.
Un autre avait bravement inscrit dans sa nomenclature : "Portrait de Louis XV par
Vélasquez".
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... les fidèles de l'Hôtel Drouot... Beaucoup n'y venaient qu'avec l'espoir de "faire le
coup", c'est à dire de se rendre adjudicataires pour quinze francs d'un objet qu'ils
revendraient ensuite trois mille.
- Avez-vous fait le coup ? Telle était la question qu'ils se posaient entre eux à l'issue
de chaque vacation.
De ces collectionneurs-négociants, j'ai connu le plus extraordinaire... (que) j'appellerai
Goulden.
Bien que très compétent en matière d'art, Goulden avait horreur des tableaux vrais.
Les faux seuls l'attiraient. Il avait patiemment relevé et décalqué sur un album, les
monogrammes de tous les vieux maîtres, et dès qu'il avait mis la main sur un à peu près, il
l'ornait lui-même d'une signature ou d'une initiale qui en faisait un indiscutable original.
Le lendemain quand il nous rencontrait, les uns ou les autres, il nous abordait tout
rayonnant :
- Vous savez bien, ce joli Lancret que j'ai acheté hier dans cette petite vente, eh
bien, en le nettoyant un peu, j'ai constaté qu'il était signé en toutes lettres. Et cet
imbécile d'expert qui n'osait pas le garantir !
Ce n'était là que du trucage à portée de tous, mais où son génie se manifestait,
c'est quand le hasard lui faisait acquérir une oeuvre véridique et authentiquement signée.
Alors il n'hésitait pas. Je l'ai vu de mes yeux grattant la signature d'un très beau paysage de
Ruysdaël pour la remplacer par une autre sortant de sa fabrique. Et comme je cherchais à
comprendre dans quel but il changeait volontairement cet or pur en un plomb vil, il me fit
cet aveu auquel il lui eût été difficile de se soustraire puisqu'il était, comme on dit en
argot de police, pris sur le tas :
- Si je laissais cette signature-là qui est vraie, on s'apercevrait que toutes celles de
mes autres Ruysdaël sont fausses.
Depuis l'avortement du procès qu'il méditait de m'intenter et que l'intervention
d'Ingres avait démoli de fond en comble, le surintendant des Beaux-Arts Nieuwerkerke, loin
de m'en vouloir de son échec, semblait s'être pris d'un respect subit pour mon jugement en
matière d'art. Chaque fois que son administration concluait un achat, ou même avant de le
conclure, il m'envoyait une invitation à la visite du tableau ou de l'objet négocié, afin de
recueillir mes appréciations en même temps que celles des autres amateurs.
... son ignorance en art ancien était crasse.
Mr de Viel-Castel, secrétaire général, ne s'y connaissait pas davantage, ne pouvant
s'y connaître moins...
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... Un jour nous recevons... notre carte d'invitation, pour aller admirer, avant le
public, dans le salon du surintendant, un magnifique buste en terre cuite représentant le
philosophe italien Benivieni, par Donatello.
Les journaux avaient déjà célébré cette merveille, et nous nous empressâmes
d'aller nous en régaler.
Je n'oublierai jamais cette scène. La niaiserie humaine étant un océan dont on
essaierait en vain d'atteindre le fond, je vis, en entrant, nombre de fonctionnaires, et de
dames de fonctionnaires, et de parents de fonctionnaires, qui s'extasiaient, poussant des
petits cris admiratifs et félicitant avec toutes sortes de contorsions convexes et concaves
Mr de Nieuwerkerke, qui se tenait dans un angle. Il y expliquait amoureusement à la
société comment il avait été frappé du coup de foudre dès qu'on lui avait présenté ce
Donatello, à propos duquel il dégoisait toute une légende et qu'il avait obtenu pour treize
mille francs, somme ridiculement minime...
- Treize mille francs ! m'écriai-je,... ce serait vraiment pour rien si c'était un
Donatello ; mais comme c'est un travail tout moderne et sans valeur artistique, c'est hors
de prix. Nieuwerkerke, qui passait pour s'être fait un front qui ne rougissait jamais, rougit
beaucoup et riposta, sans avoir l'air de savoir d'où partait le coup :
- C'est une opinion.
- Ce n'est pas une opinion, fis-je ; c'est un fait peu difficile à vérifier. Au surplus
j'en ferai part demain aux lecteurs de mon journal, qui jugeront ainsi de la façon dont on
emploie l'argent de leurs impôts....Néanmoins les Beaux-Arts ne crurent pas de leur dignité
de céder tout de suite à mes mises en demeures. On plaça le buste dans une salle retirée
consacrée aux antiquités égyptiennes, avec ce simple cartouche sans date ni explication :
Ecole florentine.
Mais, comme pour accentuer mon triomphe, il se produisit un événement qui
acheva la déroute des ignares de l'administration : on apprit tout d'un coup la mort, à
Naples, d'un praticien moitié potier moitié statuaire, comme l'Italie en fourmille. Il
s'appelait Ferrari ou quelque chose d'approchant, et voici l'épitaphe que ses amis firent
graver sur la pierre tombale :
I-GIT FERRARI
ARTISTE NAPOLITAIN
dont le talent de statuaire était universellement apprécié
au point que le gouvernement français attribua au divin Donatello une des œuvres de notre
éminent compatriote.
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Extraits de "Les aventures de ma vie", par H. Rochefort, présentées par J. GuichardMeili, Editions Ramsay, 1980.
(1) Une tasse à moustache est une tasse munie d'une cloison ménageant une petite cuvette
ouverte au fond, c'est une espèce de petite tasse à l'intérieur de la grande, qui ne contient
qu'une quantité minime de breuvage, permettant au moustachu de suçoter sans s'humecter
le poil. Cette avancée spectaculaire de la civilisation se produisit à la fin du XIXème siècle.
III. AH ! LA ! LA ! MA BRAVE DAME !
Causé avec M. Le Senne de ce qu'il appelle "La décadence des quais".
Mais, qu'est-ce qu'un collectionneur qui a, derrière lui, quarante années de courses
de boîte en boîte, peut bien appeler "décadence" ? Il ne trouve plus rien, les bouquinistes
des quais mourraient tous de faim et les collectionneurs de male rage.
Le mal, si mal il y a, vient de ce que les bouquinistes étant plus nombreux, la
semence est plus répandue, plus délayée, et de ce que les ramasseurs de livres sont
devenus l'humanité toute entière. Depuis la guerre, un souffle d'extravagance s'est emparé
de tous. Un livre de 1860 est appelé "ancien", et, parce qu'il est ancien, il a une valeur
immense.../... Si le prix des vieilleries augmente, la faute n'en est pas seulement à la
rareté, mais à la sottise du public saisi du stupre de la collection, sans savoir ce qu'est une
collection, et ce qu'elle doit contenir. Interrogez M. Platt, M. Feu-Ardent, M. Ciani, M.
Florange, ils vous diront tous qu'ils ont, parmi les assidus de leur officine, des clients qui
refuseront une pièce cotée cent sous et prendront avec un frémissement d'allégresse la
même pièce affichée 100 francs. Ainsi que le dit M. de Bersaucourt, dans la Minerve
française, le bouquiniste n'est pas nécessairement une bête. Il sait très bien s'adapter. Le
bouquiniste s'adapte donc. Tant pis pour l'amateur qui se met à amasser, sans raison, à
revendre à tort et à travers, en exigeant des prix insensés de vétustés innommables, et qui
fait le malheur de toute la gent collectionneuse.
Le régime des poires est fini ! me disait un monsieur en conclusion. Admettons-le
!... Il y avait, autrefois, deux rois du pavé parisien : l'Auvergnat et le Concierge. Tout le
monde veut devenir Auvergnat ; c'est le droit de
chacun ; mais quelle drôle de société cela se prépare !
Ces textes et ces illustrations de A. Robida sont extraits de "Le long des quais" 2ème série
"Le Journal d'un Bouquiniste", de Charles Dodeman, Tancrède 1922.
IV. DIS-MOI CE QUE TU COLLECTIONNES...
1 - SCRIPOPHILE
A - Briquets
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2 - PHILUMENISTE
B - Sucres emballés
3 - VITOLPHILISTE
C - Fers à repasser
4 - GLANDOPHILE
D - Sceaux
5 - FIBULANOMISTE
E - Vignettes
6 - PYROPHILES
F - Actions
7 - PYROTECOPHYLE
G - Balles de fronde
8 - OOLOGISTE
H - Cartouches
9 - VEXILLOLOGISTE
I - Pots de yaourt
10 - GLYCOPHILE
J - Boutons
11 - OENOSEMIOPHILISTE
K - Boîtes d'allumettes
12 - TYROSEMIOPHILE
L - Coquilles d'oeufs
13 - SIDEROPHILE
M - Drapeaux
14 - COPOCLEPHILE
N - Etiquettes de vin
15 - GLACOPHILE
O - Bagues de cigare
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16 - SIGILLOPHILISTE
P - Sous-bocks de bière
17 - TEGESTOLOGUE
Q - Etiquettes de fromage
18 - ERINNOPHILISTE
R - Porte-clefs
Réponses : 1-F, 2-K, 3-O, 4-G, 5-J, 6-A, 7-H, 8-L, 9-M, 10-B,
11-N, 12-Q, 13-C, 14-R, 15-I, 16-D, 17-P, 18-E.
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