FICHE PÉDAGOGIQUE

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FICHE PÉDAGOGIQUE
FICHE PÉDAGOGIQUE
Le Phare de Gatteville – Paul Signac
Auteur : François-Raphaël Loffredo
Contexte
Titre : Le Phare de Gatteville
Artiste : Paul Signac (Paris, 1863 – Paris, 1935)
Date : Vers 1934
Dimensions : H. 28 cm ; L. 14 cm
Technique : Huile sur carton
Lieu de conservation : Musée Thomas-Henry,
Cherbourg
© Musée Thomas-Henry
Lieu de création : Phare de Gatteville vu de Barfleur
Paul Signac est, avec Georges Seurat, l’inventeur
du pointillisme ou divisionnisme, mouvement issu de
l’impressionnisme, caractérisé par l’application picturale
des théories scientifiques de Chevreul sur la lumière et
la division des couleurs. Le peintre dispose sur sa toile
des points ou touches de couleurs différentes qui font
naître sur la rétine du spectateur, placé à bonne distance,
une couleur optique originale. L’œil humain opère
naturellement le rassemblement des points de couleurs.
Le résultat visuel est différent de celui d’un peintre qui
mélange ses couleurs sur une palette puis les applique
sur son support.
Peintre et marin, épris de la côte du Val de Saire, Paul
Signac s’est installé à Barfleur. Sa maison est tournée vers
l’est, donnant sur le port. À quelques pas, vers l’ouest en
descendant sur la plage, on aperçoit le phare de Gatteville.
Analyse de l’œuvre
ette œuvre de Signac est particulièrement intéressante car elle
C
concentre les recherches de l’artiste et témoigne de la fascination
des peintres néo-impressionnistes pour la lumière, ses effets
atmosphériques et aquatiques.
D’abord le sujet, il s’agit d’un phare lumineux vu au soleil rasant
un jour chargé de nuages lourds avec, peut-être, au large vers la
droite un cargo s’éloignant.
Ensuite, le format allongé. L’œuvre est de dimensions réduites
presque intimiste mais dotée d’une intention panoramique. Puis
le traitement pictural, l’intensité chromatique. On y voit bien les
touches de pinceau de l’artiste attaché à traduire les reflets
lumineux sur le sol, dans l’eau, dans les airs. La puissance des
rayons solaires est renforcée par la présence d’une masse nuageuse et concurrence la lumière électrique du phare,
exploit technique architectural mais qui ne rivalise pas avec la force de l’émission astrale.
Enfin, le temps. Le soleil est en fin de course, le phare s’illumine. Peintre postimpressionniste, Signac saisit l’instant,
l’impression optique des jeux de lumières. La composition est claire avec deux axes, vertical et horizontal, dynamisée
par la masse de couleurs nuageuses dans la partie supérieure de l’œuvre et les touches picturales disposées en
diagonale. Techniquement, l’œuvre est probablement rapidement exécutée par touches de pinceaux successives sur
le panneau cartonné dont on voit la couleur en réserve. Signac élargit sensiblement sa touche et s’éloigne en cela
du pointillisme originel de Seurat. On peut parler d’un deuxième néo-impressionnisme proche d’autres peintres tels
Charles Angrand (1854-1926), Henri-Edmond Cross (1856-1926), Maximilien Luce (1858-1941), Léo Gausson (18601944), Théo Van Rysselberghe (1862-1926), Louis Hayet (1864-1940).
CRDP de Basse-Normandie
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Pistes pédagogiques
Niveaux : Cycles 1, 2, 3
Disciplines : Pratiques artistiques – EPS – Géographie – Sciences expérimentales
et technologie – Mathématiques – Français
Thématiques : L’œuvre d’art et l’influence des techniques
Pratiques artistiques/arts visuels
La lumière
Les peintres ont toujours utilisé les effets de lumière pour accentuer leurs représentations. Le Caravage (1571-1610) et
ses continuateurs, Georges de La Tour (1593-1652) en France, font du clair-obscur un élément clé de leur peinture. Les
impressionnistes s’orientent vers une peinture claire, lumineuse. Les pointillistes tels Seurat ou Signac s’intéressent
à la décomposition de la lumière. Ils peignent par juxtaposition de points ou petites taches de peinture de couleurs
primaires (rouge, bleu, jaune) et de couleurs complémentaires (orange, violet, vert). Le spectateur, situé à bonne
distance, perçoit cependant des couleurs secondaires par le mélange optique des six tons différents.
Cycles 2 et 3
Notion : la lumière blanche est composée de nombreuses couleurs. Un prisme permet de décomposer la lumière et de
faire apparaître les couleurs composantes de la lumière blanche. Les gouttes de pluie dans l’atmosphère font office de
prismes et, avec les rayons solaires, apparaissent les couleurs du spectre lumineux.
Observation d’un arc-en-ciel
Constater que la lumière qui nous éclaire réunit toutes les couleurs. À la lisière des bandes colorées se trouve une
infinité de couleurs qu’on appelle un dégradé. Par convention, on en retient sept : rouge, orange, jaune, vert, bleu,
indigo, violet.
Peindre un arc-en-ciel, l’accrocher dans un paysage inventé.
En diluant les pigments, on peut obtenir des dégradés.
Matériel : pinceaux, palettes, couleurs à l’eau
Expérimenter la technique du photogramme : écriture lumineuse sur du papier photographique argentique
Matériel : papier argentique format A4, bain de révélateur, bain d’eau de lavage, bain de fixateur, chambre noire (il peut
s’agir d’un petit espace étanche à la lumière et disposant d’un point d’eau), ampoule inactinique rouge ou verte ou
moins cher, un feu arrière de VTT à diode peut faire l’affaire.
Disposer des objets choisis ou sa main sur le papier en chambre noire, éclairer quelques secondes en lumière blanche
puis traiter le papier dans les 3 bains successivement. Le contraste est proportionnel à la durée d’exposition. Les objets
disposés apparaissent en blanc sur fond noir. Les objets en verre taillé ou translucides réservent des effets inattendus.
Les photogrammes peuvent être aussi produits au moyen de pointeur laser pour littéralement écrire avec la lumière
mais la présence attentive de l’enseignant est obligatoire (risque d’illumination des yeux).
De nombreux artistes ont expérimenté cette technique du photogramme en particulier Man Ray (1890-1976) qui
l’appelle « rayogramme ».
Imprimer la lumière
Construire et prendre une photo de paysage avec un sténopé.
Le temps de pose est long et se décompte en secondes, minutes ou en heures selon le diamètre de l’ouverture et la
taille de la boîte (taille d’un trou d’épingle).
Les détails sont plus ou moins visibles, le mouvement lent est capturé.
Matériel : boîte à chaussures, papier adhésif, papier photosensible, aiguille à coudre, produits pour traitement en noir
et blanc (révélateur, eau de lavage, fixateur), endroit étanche à la lumière pour le traitement photo.
Photographier un paysage
Initiation au cadrage et à la prise de vue.
Choix du sujet, format (24 x 36, 16 x 9, vue panoramique), cadrage, composition, recul, position par rapport au soleil,
réglages.
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Améliorer les contrastes par la retouche numérique
Régler le niveau des contrastes.
Expérimenter, exprimer le résultat souhaité avant la retouche, procéder par essai/erreur pour comprendre la notion et
l’utilisation de l’outil.
Exposition collective des tirages photos.
Verbaliser les actions de retouche effectuées et décrire leur résultat.
Matériel : appareils photo numériques, logiciel de retouche.
Français
Cycles 1, 2, 3
Vocabulaire
Lecture d’image
Décrire le tableau de Signac de la manière la plus précise possible.
Procéder par questionnement : Quoi ? Où ? Qui ? Comment ?
Relever les termes de vocabulaire descriptif.
Selon le cycle, le travail sur le langage peut donner lieu à une production écrite ou purement orale.
Outil d’aide à la lecture d’image disponible.
À partir de la vue panoramique interactive du lieu de création, chercher le cadrage choisi par le peintre et relever les
changements par rapport au tableau, les expliciter.
Géographie
Cycle 3
Identifier et trier des informations
Recherche documentaire sur les phares : implantation, fonction, évolution, histoire, exemples de signatures
lumineuses.
Sciences expérimentales et technologie
Cycle 3
La composition de la lumière naturelle
Questionnement, hypothèses.
Observer et comprendre un phénomène naturel : l’arc-en-ciel.
Observer la décomposition de la lumière blanche à travers un prisme.
Fabriquer un disque de Newton.
Étude d’objets techniques
Découvrir, manipuler des instruments optiques (loupes, jumelles, lunettes, télescope, microscope, phares maritimes)
et explorer leur fonctionnement, leurs utilisations possibles.
Mathématiques
Cycle 3
Les grands nombres
Résolution de problèmes liés à la vitesse de la lumière et l’espace.
Les données : la vitesse de la lumière (env. 300 000 km/s), les distances planétaires.
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EPS
Cycles 2 et 3
Saisir la lumière
Jeux de lumière : création de figures lumineuses.
Créer dans la pénombre à l’aide de torches électriques des figures lumineuses. L’œil ne retient que l’impression du
trait lumineux.
Fixer les mouvements lumineux en photographiant les danseurs sur fond sombre et en réglant la vitesse de l’obturateur
de l’appareil sur une vitesse lente. L’appareil ne retient que le jeu de lumière.
Matériel : torches électriques, appareil photo.
Prolongements possibles
Signac : peintre officiel de la marine. Il réalise des vues de port à l’aquarelle du Tréport à Barfleur.
Sortie scolaire dans la région de la Hague, visite du phare de Gatteville ou d’un autre phare côtier, le tableau de Millet,
Le Printemps (1863-1873, Paris, musée d’Orsay).
Un photographe du littoral normand : Olivier Mériel - olivier.meriel.free.fr/
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