Lecteur CD : Lector CDP 0.6 MkII

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Lecteur CD : Lector CDP 0.6 MkII
Banc d’essai du lecteur CD Lector CDP 0.6, par Roy
Harris, paru en juin 2007 sur :
Lecteur CD : Lector CDP 0.6 MkII
À plusieurs reprises, j’ai rendu visite à un ami possédant un Lector CDP-7, un lecteur CD en deux
coffrets. Je me suis laissé dire que le lecteur CDP 0.6, de la même marque, possédait bon nombre des
attributs du CDP-7 et, étant donné les impressions favorables que ce denier m’a laissées et que je suis en
quête d’un lecteur CD, j’ai donc décidé de passer en revue le Lector CDP 0.6 Mk2. La version Mk2
représente une évolution du lecteur 0.6 ; sa présentation était cependant, pour moi, une expérience
improvisée.
Je pense que la version originale avait un convertisseur 20 bit alors que la présente est équipée d’un 24
bit. Brian Ackerman d’Aaudio Imports, importateur US des produits Lector, résumait ainsi la différence
entre les versions originale et Mk2 : la première est quelque peu euphonique, la seconde plus précise.
L’appareil est facturé à $2190 et répond aux caractéristiques suivantes :
• condensateurs de sortie à feuille métallique fabriqués par Lector
• 2 convertisseurs BB PCM 1704
• un transformateur toroïdal d’alimentation
• aucun amplificateur opérationnel
• câblage de sortie court, du circuit imprimé aux prises RCA, en cuivre OFC de grande pureté (grade 8)
• mécanique confectionnée par Lector sur une base Philips/Sharp
• étage buffer de sortie à tubes 2x12AT7
• réalisation intégrale Lector.
Séances d’écoute
Le fabricant livre l’appareil avec deux tubes Chelmer 12AT7. Je leur ai substitué plusieurs paires de tubes
NOS, Mulard, Amperex et RCA dont j’ai sélectionné une référence à plaques grises des années 60 qui
m’ont paru donner la réponse en fréquence la plus linéaire. La musique pour piano ou clavecin des
périodes baroque ou renaissance ayant ma préférence, vous ne serez donc pas surpris que j’ai sélectionné
la sonate K119 de Scarlatti par Sophie Yates. La clarté et la focalisation rendaient accessible à chacun
l’expertise musicale de l’artiste. Une courte extinction était perceptible après l’attaque de la note du
clavecin. Les qualités de percussion étaient cependant amplement accentuées, relativement au corps de
l’instrument et laissant supposer une légère faiblesse dans le bas médium.
Dans le champ de la sociologie, Steely Dan pourrait être un sujet de dissertation. De ce disque « Deacon
Blues » est ma plage préférée. La voix de Donald Fagen manifestait les particularités de ses lèvres, mais
les harmoniques les plus hautes n’ont jamais été exagérées. Pendant son solo, le registre supérieur du
saxophone ténor, a manifesté une très légère accentuation dans le haut médium/aigu, mais cette petite
déviation de la neutralité n’a jamais interféré avec le plaisir musical. « Don’t Smoke In Bed » de Holly
Cole Trio est un disque souvent utilisé pour l’évaluation des systèmes stéréo. La première plage « I Can
See Clearly Now », est interprétée par un ensemble comprenant une voix, une basse et un piano.
L’articulation de la basse était très contrôlée sans pourtant nuire à l’équilibre naturel entre le son des
cordes et le corps en bois. Les sifflantes de la voix auxquelles on pouvait s’attendre, celle-ci étant
enregistrée de très près par le microphone, ne furent pas atténuées. Ce n’est d’ailleurs pas agréable de
devoir entendre cet excès accompagnant la lettre « s ». Il semblerait que ce phénomène n’ait été ni
minimisé ni exagéré.
La plage 1 de la « Gaité Parisienne », une peinture musicale parisienne, est un bon exemple de
l’échelonnement d’un orchestre symphonique. Les cordes étaient situées derrière la limite de l’enceinte
gauche pendant que le tambour, un piège, était audible en arrière-plan, derrière l’orchestre. La masse
sonore des cordes ne couvrait pas l’orchestre. Le triangle, bien que positionné devant l’ensemble des bois,
n’affichait pas la séparation que j’avais perçue sur d’autres lecteurs CD. De plus, comparé à mon lecteur
de référence, le son du triangle manquait de texture et de matière.
La plage 3 du disque « Two of a Kind » constitue aussi un test pour l’équilibre spectral. Au début de cette
plage, une cymbale « Sandstorm » est frappée à plusieurs reprises. Je n’ai pas retrouvé dans le son de la
cymbale le timbre correct, la densité et l’épaisseur particulières qui font la signature acoustique du cuivre,
mais plutôt celle d’un métal plus fin ! À l’écoute, chacun identifierait l’instrument comme étant une
cymbale et pourtant le timbre était différent du timbre caractéristique auquel on peut s’attendre d’une
cymbale de cuivre. Peu après, Earl Klugh intervient à la guitare acoustique. Les cordes en nylon de la
guitare eurent une légère résonance métallique et la présence de la caisse en bois fut minimisée, signes
d’une possible lacune dans le bas médium et d’une pointe d’excès dans le haut médium/aigu.
Conclusion
Mes écoutes ont révélé un lecteur CD capable de résolution, sans assombrir le message musical ni les
autres détails présents dans l’enregistrement. Aucune coloration chaleureuse ou euphonique. J’ai
cependant observé quelques écarts, dans certains registres, mentionnés plus haut, par rapport à une
réponse en fréquence plate qui sont le lot fréquent des appareils à tubes courants, à savoir un creux dans
la bas médium et une légère accentuation située dans le haut médium ou la partie inférieure de l’aigu. Des
caractéristiques typiques de lecteurs à tubes et de certains convertisseurs, en particuliers des Burr Brown
en 24/192. Il n’est pas impossible qu’en choisissant un convertisseur 16 bit non suréchantillonné, à la
place du BB 24/192, les écarts relevés s’estompent et que la réponse se rapproche de la neutralité. En
définitive, ce Lector est un lecteur à tubes, dépourvu du son caractéristique de tube, possédant les forces
et faiblesses des lecteurs actuels à tubes ou équipés de convertisseurs 24/192. Les écoutes ont révélé
quelques inexactitudes de timbres qui n’ont jamais empêché d’apprécier la musique. Aucun appareil
n’étant parfait, à l’acheteur potentiel de décider si les quelques défauts signalés sont, ou non, gênants
avant tout achat.
Roy Harris

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