Le transport ferroviaire
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Le transport ferroviaire
P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport ferroviaire – Juillet 2012 Le transport ferroviaire Depuis 1970, la part du rail dans le transport de marchandises ne cesse de diminuer en France, passant de 67,6 milliards de tonnes-km à 26 en 2009, ne représentant plus que 9 % du partage modal. Cette évolution est liée au développement du transport routier de marchandises qui a bénéficié d’une forte réduction de ses prix. Le mode ferroviaire souffre face à la concurrence de la route, de ne pas pouvoir répondre mieux aux exigences de Source : SNCF, 2010 l’organisation actuelle du transport de marchandises : baisse relative de la part des produits pondéreux pour lesquels le mode ferroviaire est pertinent, fonctionnement en flux tendus de plus en plus diffus et fractionnés qui convient mieux au mode routier, manque de qualité de service et de fiabilité du fer, manque de souplesse, etc. Source : SNCF, 2010 Cet état de fait contraste par rapport à la situation du transport ferroviaire de voyageurs, qui réalise de bonnes performances (cf. figure 6). Le développement des Lignes à Grande Vitesse (LGV) concurrence directement les modes routiers et aériens sur les liaisons interurbaines nationales. Alors que le groupe SNCF est globalement profitable grâce aux bénéfices de la Branche Voyageurs, sa Branche Fret reste déficitaire. Le Grenelle de l’Environnement a initié une démarche ambitieuse pour le développement du fret ferroviaire, décliné le 16 septembre dans l’Engagement National pour le Fret Ferroviaire et ses 8 axes : créer un réseau d’autoroutes ferroviaires, aider le développement du transport combiné, développer les Opérateurs Ferroviaires de Proximité, développer le fret ferroviaire à grande vitesse, créer un réseau orienté fret, supprimer les goulets d’étranglement, améliorer la desserte des grands ports et moderniser la gestion des sillons. 1 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport ferroviaire – Juillet 2012 La demande de transport ferroviaire le transport ferroviaire transporte tous les types de marchandise : des produits en vrac à faible valeur aux produits conditionnés. Les trafics issus de l’industrie lourde , de l’agriculture et de l’industrie de consommation ont un poids prépondérant : ils correspondent mieux au domaine de pertinence du mode ferroviaire que les trafics orientés vers la distribution. Ces deux segments sont assurés par des wagons spécialisés selon la marchandise transportée et forment le trafic conventionnel qui représente 75% des flux. Des marchandises de toute nature, logées dans des conteneurs ou des caisses mobiles routières placés sur des wagons plats, peuvent être ainsi transportés par transport combiné : ce mode de transport représente moins du quart de l’activité en tonnes-kilomètres Source : SNCF, 2010 Les produits transportés en 2008 La production de transport ferroviaire La production ferroviaire se caractérise d’une part par des flux, c’est-à-dire des couples origine-destination, d’autre part par des ressources physiques, c’est à dire les moyens de traction et l’infrastructure ferroviaire. Il existe plusieurs types de flux : les flux de marchandises : ils sont groupés ou dégroupés dans des bases logistiques pour constituer des flux de wagons à acheminer ; cette opération est réalisée par un opérateur logistique ; les flux de wagons à acheminer : ils sont groupés ou dégroupés dans des triages pour constituer des flux de convois entre triages ; cette opération est le cœur de métier de l’organisateur de transport ferroviaire ; les flux de convois : ils sont groupés ou dégroupés dans des relais pour constituer des étapes entre les relais ; cette opération est le cœur de métier du transporteur ferroviaire. Ces opérations ont pour finalité de constituer des flux de volumes suffisants pour atteindre l’optimisation des ressources entre deux nœuds du réseau et donner de la stabilité au système: il s’agit de transformer une commande de traitement de flux de marchandises, peu prévisibles et très dispersés dans le temps et dans l’espace, en un traitement de flux d’étapes assez stables dans le temps et dans l’espace, car il faut leur affecter des ressources contraintes (personnel de conduite, matériel, sillons, etc.). Les ressources sont constituées des wagons, des locomotives, du personnel de conduite, ainsi que du réseau (européen, national, portuaire et installations terminales embranchées) et des sillons. L’infrastructure ferroviaire nationale (RFN - 30 000 km) appartient en France à Réseau Ferré de France depuis 1997. Depuis le 31 mars 2006, le transport ferroviaire de marchandises est totalement ouvert à la concurrence, en application de la loi loi n°2006-10 du 5 janvier 2006 relative au développement et à la sécurité des transports. Les entreprises ferrovaires doivent disposer d'une licence européenne de fret ferroviaire délivrée par un des Etats de l'Union européenne, ainsi que d'un certificat de sécurité délivré pour chaque ligne que l'opérateur souhaite utiliser, délivré par l'Etablissement Public de Sécurité Ferroviaire (EPSF). Depuis 2007, les nouveaux entrants gagnent des parts de marché face à la SNCF ; certains chargeurs souhaitant tester de nouveaux services dans un contexte concurrentiel. 2 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport ferroviaire – Juillet 2012 Les trois régimes d'acheminement du mode ferroviaire Le train entier Le lotissement Lorsque la masse des wagons remis sur une originedestination sature suffisamment la charge que la locomotive peut remorquer, les wagons sont acheminés d’un bout à l’autre dans le même train, sans que la composition de celui-ci ait besoin d’être remaniée. Ce régime d’acheminement est utilisé pour des transports massifs pour lesquels le train entier structure l’organisation logistique des chargeurs, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, des hydrocarbures, des matériaux de construction, des automobiles, des boissons ou des céréales. Les installations terminales embranchées (ITE) raccordent les zones d’activités d’entreprises au réseau ferré national. Il s’agit par exemple des voies ferrées de sites industriels privés. Lorsque le volume de trafic est insuffisant sur une relation, les wagons font l’objet de groupage et dégroupages dans des triages, de façon que sur chaque segment gare d’origine-triage, puis triagetriage, puis triage-gare destinataire, une masse de wagons suffisante du point de vue de l’optimisation des ressources soit atteinte. Ce régime d’acheminement est utilisé pour des transports diffus pour lesquels quelques dizaines à quelques centaines de tonnes de marchandises sont logées dans des wagons isolés. En 2011, la SNCF a restructuré son offre de wagons isolés dans un système « multi-lots, multi-clients ». Le transport combiné Il permet l’acheminement sans rupture de charge d’une marchandise dans le même contenant de bout en bout : l’unité de transport intermodal (UTI) (cf. fiche pédagogique sur l’intermodalité). L’UTI (conteneur ou caisse mobile) est transférée par levage d’un wagon plat sur une remorque routière ou dans une cale de navire. L’autoroute ferroviaire, est un autre type de transport combiné qui consiste à mettre des camions ou des remorques dans des rames conçues à cet usage (cf. figure 4). Cela requiert le passage par des installations spécifiques (chantier de transbordement) et impose donc des coûts supplémentaires. Le transfert doit permettre une diminution des coûts externes du transport (pollution, congestion, accidents,..). Source : P. Niérat Les opérateurs ferroviaires de proximité La mise en place d’opérateurs ferroviaires de proximité est l’un des moyens pour relancer et élargir le marché du fret ferroviaire. Un opérateur ferroviaire de proximité (OFP) est une PME ferroviaire locale assurant le transport de fret à courte distance dans les territoires et pouvant gérer l’infrastructure de façon déléguée (conformément à la loi organisation et régulation des transports ferroviaires du 8 décembre 2009). Pour utiliser le réseau ferré national, un OFP doit disposer d’une licence d’entreprise ferroviaire et d’un certificat de sécurité. 3 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport ferroviaire – Juillet 2012 Défis et mutations Les potentiels existent : le mode ferroviaire est pertinent pour transporter les marchandises sur des longues distances, en particulier là ou la géographie impose la concentration spatiale des flux : par exemple le franchissement des obstacles naturels sur les flux internationaux d’échanges avec l’Italie, l’Espagne, et la GrandeBretagne . Le mode ferroviaire est aussi indispensable à la nécessaire amélioration de la desserte des ports et la diffusion massifiée des marchandises à partir des ports maritimes français ; l'interaction est naturelle avec la compétitivité portuaire qui est fonction de l'étendue de l'hinterland. L'environnement institutionnel est favorable au rail : conscients des limites du mode routier pour faire face à la croissance continue des échanges de marchandises, les pouvoirs publics sont favorables au développement d’une alternative ferroviaire. Les voies de redressement du fret ferroviaire passent par : l’interopérabilité des matériels roulants évitant ainsi l’arrêt technique des trains aux frontières ; le développement d’axes à priorité fret , les autoroutes ferroviaires . l’augmentation de la productivité du matériel (sachant qu’un wagon effectue en moyenne 20 voyages par an, 37 % du parcours des wagons SNCF sont à vide, une locomotive circule 4h30 par jour,…) ; des trains plus longs pour bénéficier d’économies d’échelle ; l'allégement des contraintes et de coût des ruptures de charge dans le transport intermodal ; le développement des nouveaux entrants et des opérateurs ferroviaires de proximité. Sur ce dernier point, la concurrence de nouveaux acteurs, voire la compétition entre opérateurs historiques sont des facteurs de stimulation. Cependant, bien que les autorités européennes aient favorisé l’émergence de la concurrence intramodale, il faut constater qu’elle met longtemps à s’imposer, même si le nombre d’entreprises ferroviaires a progressé en France. Charpentier P., 2007. Transport ferroviaire de fret, Techniques de l’ingénieur, traité de génie industriel, AG 8-110, 12 p. Sétra, 2008. Transport de marchandises, Caractéristiques de l’offre et capacité des modes de transport. 4