Le pôle - Landes public
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Le pôle - Landes public
Édito A la veille d’une saison feux de forêt importante pour le SDIS des Landes, notamment dans la concrétisation de l’efficacité du système PRODALIS, j’aurais envie d’exprimer un seul mot d’ordre : VIGILANCE ! Sommaire Parce que nous devons rester humbles au regard des incertitudes de notre activité, parce que nos efforts en terme de modernité ne se substituent pas à la remise en question perpétuelle des compétences humaines qui nous sont demandées, parce que nous savons que l’engagement des sapeurs pompiers volontaires au quotidien reste fragile et ne constitue en rien un gage de pérennité, nous devons rester vigilants. DANS L’AIR DU SDIS ......................................... 3 • Mouvements internes • Actualités du SDIS des Landes Nous devons rester vigilants car la société a pris un virage sécuritaire, qu’elle nous sollicite de plus en plus, et qu’elle continue à exiger de nous une disponibilité et une réactivité de chaque instant. Nous savons que nous n’avons pas droit à l’erreur, que l’attente de nos concitoyens à notre égard ne tolérera aucune médiocrité de notre part. Nous nous devons donc d’être présents et compétents sur tous les fronts. Nous nous devons d’activer tous nos moyens, qu’ils soient matériels et surtout humains. DEUX JOURS AU SDIS .................................... 13 • 48h avec les pompiers d’Hagetmau et de St-Sever Cet été, nous aurons besoin de toutes les forces. Nous aurons besoin des 305 sapeurs pompiers professionnels et de l’ensemble des sapeurs pompiers volontaires du département, des personnels du SSSM et des personnels administratifs et techniques, pour avancer et rester performants. DOSSIER BRÛLANT ........................................... 7 • La convention SDIS / SAMU / Ambulanciers privés : les réalités du terrain LE GROS CAMION ROUGE ............................... 11 • Le Bras Élévateur Aérien (le B.E.A) EN POLE POSITION ......................................... 17 • Le pôle de Léon Magescq UDSP 40 ......................................................... 25 • Interview du Capitaine Marc Tastet Président de l’Union Départementale SERVICE SDIS ................................................. 27 • Le Groupement Opérations « SDIS D LAND’» Magazine N°7 – Juin 2008 SDIS 40 – Rocade – Rond Point de St-Avit BP 42 – 40 001 Mont de Marsan Cedex Tél. 05 58 51 56 56 – Fax. 05 58 51 56 91 E-mail : [email protected] Directeur de la publication : M. Robert Cabé Directeur de la Rédaction : Colonel Olivier Bourdil Rédacteur : M. Fabrice Gaujacq Crédit Photos : SDIS des Landes - Pascal BATS Merci à tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de ce magazine Colonel Olivier BOURDIL Directeur Départemental Chef du Corps Départemental Impression / Réalisation : Imprimerie Castay - 05 58 71 60 43 N° ISSN 1953-7239 – Dépôt légal à parution DANS L’AIR DU SDIS Mouvements internes ILS PRENNENT LEUR RETRAITE Sergent Alain LABEYRIE Pôle de Léon/Magescq Sergent Jean-Marc ZANCHETTA Pôle Capbreton/Tyrosse St Martin de Seignanx Sergent-Chef Pierre CARTY Pôle St Justin Gabarret/Losse Adjudant-Chef Christian ROBIN Pôle Capbreton/Tyrosse St Martin de Seignanx ILS SONT ARRIVÉS AU SDIS DES LANDES Le SDIS des Landes en chiffres au 1er Juin 2008 Nombre de Sapeurs Pompiers Professionnels 305 Sapeur Ludovic DULAC Sapeur Jean-Michel DEYRES Sapeur Ramuntxo RECARTE Sapeur Jean DESTRADE Sapeur Pascal BAROFFIO Nombre de Sapeurs Pompiers Volontaires 1 618 dont 147 pour le Service de Santé et de Secours Médical (SSSM) Nombre de Personnels Administratifs et Techniques 62 Sapeur Florence MARCEAU Sapeur David POUTS-BARAILLE Sapeur Julien FORESTIER Sapeur Aurélien PERLETTI Sapeur Samuel ANCEAU Les interventions au 1er Juin 2008 Nombre Total d’interventions 7 796 Incendies 649 Capitaine Olivier LOUSTAU Capitaine Lionel CAZASSUS Christian CONDAMINAS Secours à personnes 6 396 Opérations Diverses 751 ILS ONT QUITTÉ LE SDIS DES LANDES Adjudant Hervé GAUZERE (Pôle St Justin/Gabarret/Losse) ........... Caporal Jean-Christophe REVIRON (Pôle Labouheyre/Sabres) .... Sergent-chef Franck NADAL (Pôle Côte Sud) ................................ ➥ ➥ ➥ SDIS 32 SDIS 33 Disponibilité d’1 an Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 3 DANS L’AIR DU SDIS Mouvements internes Centre de Secours LE TABLEAU DES TRANSFERTS Pôle Côte Sud Capitaine Lionel CAZASSUS * (SDIS 31) Sergent-chef Thierry MESPLEDE (Pôle St Justin/Gabarret/Losse) Sergent-chef Jean-Pierre MOLINA (Pôle Léon/Magescq) Sergent-chef Julien VIC (Pôle Léon/Magescq) Sergent-chef Joël CAPDEVIELLE (Pôle Dax/Pontonx) Sergent Sébastien ESCOFFIER (Pôle Léon/Magescq) Sergent-chef Hervé ADO (Pôle Léon/Magescq) Adjudant Vincent DUHOURQUET (Pôle Mimizan/Pontenx/Mézos) Sergent-chef Michel CARTY (UMD Mont de Marsan) Sergent Sébastien HACHETTE (Pôle Labrit/Lencouacq) Adjudant-chef Eric PLAQUAIN (Pôle Dax/Pontonx) Pôle Mimizan/Pontenx/.Mézos Adjudant Alain BADETS (Pôle Morcenx/Ygos/Lesperon) Pôle Léon/Magescq Sergent David TARIS (Pôle Capbreton/Tyrosse /St Martin de Seignanx) Caporal Sébastien PERSILLON (Pôle Labouheyre/Sabres) Caporal Steve PONSONNAILLE (Pôle Labouheyre/Sabres) Sapeur Jean-Philippe LASSUS (UMD Biscarrosse) Sapeur Lucile BRISSARD (UMD Biscarrosse) U.M.D. Dax Caporal Grégory MARQUET (Pôle Labouheyre/Sabres) U.M.D. Biscarrosse Sapeur Ludovic DULAC U.M.D. Mont de Marsan Sergent-chef Jean-Claude DUPLANTIER (Pôle St Justin/Gabarret/Losse) Pôle Biscarrosse/Ychoux/Sanguinet Sergent Joël MORA (UMD Biscarrosse) Sergent-chef Sébastien DUCOM (Pôle Côte Sud) Pôle Labrit/Lencouacq Major Francis ARRUABARRENA * (CSP Marsan) CSP Mont de Marsan Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 4 Arrivées Sapeur Samuel ANCEAU DANS L’AIR DU SDIS Mouvements internes Centre de Secours Pôle St Justin/Gabarret/Losse Arrivées Sapeur Florence MARCEAU Sapeur David POUTS-BARAILLE Adjudant Bruno BADET Pôle Morcenx/Ygos Sapeur Jean-Michel DEYRES Pôle Labouheyre Sabres Major Jean-Marc GUILLET * (CSP Marsan) Sapeur Ramuntxo RECARTE (Groupement Formation) Sapeur Jean DESTRADE Sapeur Julien FORESTIER Groupement Opérations Capitaine Olivier LOUSTAU* Pôle Pissos/Luxey Sapeur Pascal BAROFFIO Pôle Dax/Pontonx Sergent-chef Pascal SESCOUSSE (UMD Dax) Sergent Christophe DOUTHE (Pôle Biscarrosse/Ychoux/Sanguinet) Adjudant-chef Philippe DUPUCH (CSP Mont de Marsan) P.A.T.S. (SDIS 31) Sapeur Aurélien PERLETTI Christian CONDAMINAS (Service Patrimoine) Jean-Pierre HERNANDEZ (Groupement Ospérations) Le SDIS D LAND’ Magazine a une immense pensée pour le Sapeur Manuel RIPOLL, sapeur pompier volontaire au CSP Mont de Marsan, décédé dans un accident de voiture le 9 mars dernier. * CHEF DE PÔLE Les reconnaissez−vous? Il y a 20 ans… en 2008 Solutions du numéro précédent : Adjudant-chef Alain Bahougne – Sergent Georges « Jojo » Soubiran – Sergent-chef Jean Jacques « Catiote » Dupouy. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 5 DANS L’AIR DU SDIS Actualités du SDIS des Landes Comme le prévoit la loi, par arrêté du 22 Mai 2008, Monsieur Henri Emmanuelli a Nouveau Conseil désigné Monsieur Robert Cabé pour exercer les fonctions de Président du ➤ d’Administration Conseil d’Administration du SDIS des Landes. du SDIS des Landes Ce conseil d’administration a fait l’objet du renouvellement de ses membres. Il est composé de 14 représentants du Conseil Général (Henri Emmanuelli – Robert Cabé – Hervé Bouyrie – Jean Claude Deyres – Christian Cazade – Guy Destenave – Odile Lafitte – Yves Lahoun – Gérard Subsol – Gabriel Bellocq – Maryvonne Florence – Jean Louis Pedeuboy – Pierre Dufourcq – Michel Herrero), de 7 représentants des communes (Jean Paul Alyre, maire de Geloux – Jean Marie Boudey, maire de Luxey – Geneviève Darrieussecq, maire de Mont de Marsan – Alain Dudon, maire de Biscarrosse – Serge Lansaman, maire d’Hagetmau – Vincent Lesperon, maire de St Yaguen – Max Roumegoux, maire de Sore) et d’1 représentant de la communauté de communes de Mimizan (Jean Marc Billac, maire de Pontenx les Forges). Quant aux élections des représentant du personnel, elles ont eu lieu le 21 Mai dernier. Les listes SNSPP pour les sapeurs pompiers professionnels et UDSPV pour les sapeurs pompiers volontaires sont arrivées en tête chez les officiers et non officiers. Ainsi le major Dominique Mucci, l’adjudant chef Philippe Bastiat pour les professionnels, le lieutenant Serge Privat et l’adjudant Jérôme Pessan pour les volontaires, siègeront au conseil d’administration. Les majors Mucci et Lavigne, l’adjudant chef Bastiat, les sergents chefs Denguilhem et Cantet siègeront à la Commission Administrative et Technique des services d’incendie et de secours (CATSIS) au titre des SPP, et les lieutenants Privat et Causit, l’adjudant Pessan, le sergent Desclaux et le caporal-chef Corbi, au titre des SPV. Enfin, les sept candidats de la liste UDSPV siègeront au comité consultatif départemental des sapeurs pompiers volontaires (CCDSPV) : il s’agit du 1ère classe Laurent, du caporal-chef Dubedat, du sergent-chef Faucheron, de l’adjudant Pessan, du lieutenant Privat, du lieutenant Mathon et du médecin-commandant Fohr. Antarès ➤ La migration vers Antarés est en plein développement (cf. Rubrique « Service SDIS »). Après les véhicules PC et les véhicules d’encadrement, la moitié des VLHR seront équipés d’ici la mi-juin. Ensuite, grâce à la subvention du fonds d’aide à l’investissement, le SDIS des Landes profitera du 2ème semestre 2008 pour étendre les équipements au CTA/CODIS ainsi qu’aux centres de secours. A partir de 2009, d’autres types de véhicules seront équipés. Il faut savoir que l’équipement d’un véhicule s’élève à 2.800 € TTC. Pour améliorer la protection des personnels sur les feux de forêt mais aussi pour éviter Protection des CCF ➤« les coups de chaud » du matériel, le SDIS40 a décidé de poursuivre et d’accroître la protection des camions citernes forestiers. Cette démarche préventive s’établit sur trois mesures : • Mise en place de LDV 500 sur les CCF pour la protection des personnels depuis 2002. • Protection des organes sensibles du châssis par un système d’arrosage spécifique. • Equipement annuel de 2 CCF Pelle pour faciliter le franchissement (8 CCF en 4 ans). Toujours en matière de prévention, le SDIS des Landes continue à s’engager sur le thème des accidents de la route, Sécurité routière ➤notamment ceux qui concernent les sapeurs pompiers en mission. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 6 Au-delà des mesures préventives inculquées à travers la formation (COD2 et COD 6, formation SAP dans le cadre du transport de victimes), du Règlement Intérieur (Article 13 – Exercice des missions opérationnelles et Article 17 – Hygiène et sécurité), et des différentes notes (n°28 du 26 Juin 2007), le Groupement Formation du SDIS40 prépare une note de service qui reprécise les règles de conduite des véhicules d’incendie et de secours en opérations. Ce même groupement est en train de finaliser avec le Groupe CENTAURE, la possibilité pour le SDIS40 d’accéder à la formation contrat sécurité (1 jour) en permettant aux véhicules d’intervention (VL – VSAV – PL) d’évoluer sur les circuits CENTAURE. Enfin, dans le cadre des contrats Atout-Route (www.atout-route.com), le groupement Formation garantit la présence de M. Castéran, directeur de l’Administration Générale et de la Réglementation à la Préfecture des Landes, lors des journées de recrutement SPV, afin de sensibiliser les nouvelles recrues au respect des règles de conduite. DOSSIER BRULANT La convention SDIS / SAMU / Ambulanciers privés : les réalités du terrain Après un congrès national des sapeurs-pompiers de France dominé par le conflit pompiers-Samu et la sortie du manifeste de la Fédération « pour sauver le secours à personnes », après la diffusion dans « Envoyé Spécial » d’un reportage pointant du doigt les dysfonctionnements opérationnels entre les « rouges » et les « blancs », la question épineuse du secours à personnes et de l’organisation des secours gagne peu à peu l’ensemble des SDIS de France. Pour certains d’entre eux, c’est l’omerta. Pour d’autres, les conventions et les plateformes communes sont exposées comme des trophées dans des vitrines. Avant de regarder et juger ce que font les voisins, balayons devant notre porte ! C’est ce que nous avons fait, sans hypocrisie ni complaisance, en questionnant ceux qui détiennent aujourd’hui les clefs du secours à personnes dans les Landes, en l’occurrence Rachel Ricard, directrice du Samu et notre directeur départemental, le Colonel Bourdil, mais aussi ceux qui travaillent dans l’ombre, au Centre du traitement de l’alerte 18 ou à la régulation du SAMU, et finalement les plus exposés, ceux qui interviennent dans les VSAV. En 2004, la bonne volonté de chacun sur le terrain et l’intelligence partagée des instances dirigeantes ont permis de signer une convention tripartite entre le SDIS des Landes, le SAMU40 et les ambulanciers privés du département. Cette convention a pour objet « d’assurer aux malades et blessés, en quelque endroit qu’ils se trouvent, les soins appropriés à leurs états » et d’assurer la permanence de la réponse aux demandes d’intervention. Quatre ans après, la « victime » y a-t-elle gagné ? La convention n’est-elle qu’un leurre de bonne entente ? Les excellents rapports qu’entretiennent le SDIS et le SAMU dans les textes sont-ils aussi palpables dans les conférences téléphoniques des opérateurs ou aux pieds des UMH et VSAV ? Nous avons enquêté… Entre des interventions qui augmentent sans cesse (+ 2000 interventions par an depuis 4 ans pour les sapeurs pompiers), l’appréciation délicate de la régulation entre prompt secours et assistance, la victimisation d’une société qui accroît l’incohérence de l’évaluation d’une situation à risque, l’attente irrémédiable de solutions amenées par l’Etat providence, les enjeux et incidences budgétaires pour chacun des acteurs, la phobie du contentieux, le secours à personnes est désormais au centre des préoccupations. Aujourd’hui, 81% des interventions du SDIS des Landes concernent le secours à personnes. C’est considérable. Quant on sait, qu’il y a à peine 30 ans, notre organisation était essentiellement dédiée à la lutte contre les incendies, la transition paraît brutale. Aujourd’hui, sur 60 interventions quotidiennes, on recense 1 à 4 feux par jour hors activité feu de forêt. Il y a donc eu une évolution majeure dans l’activité du service. Maintenant, il faut ramener cet effet aux préoccupations de la société. Si on en est arrivé là, c’est qu’il y a un réel besoin qui émane de nos concitoyens et ce besoin se ressent inévitablement de manière importante sur l’activité du SDIS. Le SDIS a pris alors un certain nombre de mesures pour essayer de s’organiser par rapport à la recrudescence de l’activité liée au secours à personnes. Il a donc optimisé l’emploi de ses moyens notamment à travers la mise en place de la convention SDIS/SAMU/Ambulanciers privés de 2004 qui a pour objectif d’améliorer les relations dans le système et la coordination des moyens, afin de maîtriser la tendance inflationniste. Manœuvre commune SDIS / SAMU Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 7 DOSSIER BRULANT La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés les réalités du terrain Objectivement, avons-nous atteint les limites du système ? Quel est le point de rupture ? Pourronsnous, proportionnellement, continuer à assurer les réponses aux besoins grandissants ? Surtout que la société n’est pas prête à s’imposer une conjoncture inverse. Henri Emmanuelli, président du Conseil Général des Landes, le dit bien : « Plus on possède et plus on a peur de perdre ! ». C’est vrai pour tout, surtout pour le secours à personnes quand il s’agit de préserver son bien être dans une société basée sur le tout sécuritaire. Le CRRA 15 Le CTA 18 Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’un SDIS est avant tout un service de sapeurs pompiers qui a l’obligation de rester sur son cœur de métier, en l’occurrence l’incendie et le secours d’urgence. « Nous ne sommes pas à la recherche de missions ! » précise le Président Cabé. « Nous ne sommes pas là pour prendre le travail à qui que ce soit. » Surtout que la convention est là pour délimiter le terrain de chacun. Dés le départ, le choix de la répartition des interventions a été clair. Les textes nationaux les répartissaient suivant deux notions médicales : toute intervention à variable exogène (qui provient de l’extérieur du corps) incombait aux pompiers, celle à variable endogène (phénomène qui prend naissance à l’intérieur du corps) incombait au SAMU. Ce n’est pas la répartition qui a été choisi dans les Landes, lors des discussions qui ont précédé la signature de la convention. Pour plus de clarté, et afin de réduire les erreurs d’appréciation, la donnée géographique a été privilégiée : pour la voie publique ou assimilée, l’intervention du SDIS est automatique, pour les domiciles et lieux privés, l’intervention concerne le SAMU. Au cœur du dispositif opérationnel, le SSSM n’est-il pas sous exploité ? On a toujours le sentiment que l’on pourrait utiliser plus fréquemment nos services. Aujourd’hui, les personnels SSSM sont peu sollicités mais encore faut-il qu’ils soient disponibles. N’oublions pas que le SSSM est constitué de médecins et infirmiers volontaires, intervenant selon leurs disponibilités. Il est impossible, par exemple, d’établir un tour de garde ou d’astreinte local ou départemental des médecins. Par ailleurs, les médecins sapeurs pompiers sont également des médecins généralistes libéraux. Interview du Lt-Colonel Daniel GARNIER Médecin-chef du SSSM au SDIS des Landes Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 8 Pensez-vous que le médecin correspondant SAMU va être le fossoyeur du médecin SSSM ? Il est encore trop tôt pour répondre catégoriquement à cette question. Pour l’instant, le correspondant SAMU est un médecin encore plus virtuel que le médecin SSSM, qui a au moins l’avantage d’exister. Qui sera correspondant SAMU ? D’où viendra t-il ? Combien seront-ils ? Sur quels secteurs ? Qui les paiera ? Autant de questions qui maintiennent en vie le médecin SSSM. Et si le correspondant SAMU était un médecin SSSM ? A l’heure où la disponibilité et la proximité des médecins généralistes semblent être remises en question, comment peut-il y avoir encore des médecins SSSM impliqués opérationnellement ? D’abord un constat : près de 2500 interventions secours à personne ont été médicalisées en 2007, soit 14% des interventions globales (le double de la moyenne nationale). C’est une bordure basse qui tend à évoluer avec l’augmentation du nombre des infirmiers « protocolés », une meilleure entente entre pompiers et médecins SSSM sur les départs, une meilleure connaissance du monde des médecins sapeurs pompiers, et la mise en place de nouvelles missions (notamment le soutien sanitaire sur d’autres interventions que le feu de forêt). De toute façon, les médecins du SSSM ont fait savoir qu’ils tenaient à assurer la garde en tant que médecins libéraux associant ainsi leur implication opérationnelle. Non, le SSSM n’est pas mort car il garde encore ! DOSSIER BRULANT La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés les réalités du terrain Une seule dérogation (et elle est de taille) peut venir modifier cette règle. Elle se situe dans le prompt secours. On entend par prompt secours l’action de secouristes agissant en équipe et qui visent à prendre en charge sans délai des détresses vitales ou à pratiquer des gestes de secourisme. Dans ce cadre là, lorsque le CTA 18 reçoit un appel provenant d’un domicile et qu’il existe un risque vital imminent (détresse vitale avérée ou potentielle), alors le stationnaire sapeur pompier peut déclencher d’emblée les moyens du SDIS. L’appelant est alors transféré au CRRA 15 dans le cadre de la régulation médicale par le SAMU (conférece à 3). Toutefois cette dérogation peut être une contrainte pour le SDIS, parce qu’au final celui-ci est susceptible d’engager ses moyens sur tous les fronts : la voie publique et le domicile en prompt secours. Le colonel Bourdil en a conscience. Il ne veut pas que ses hommes interviennent là où ils ne devraient pas intervenir. C’est pourquoi, depuis quelques mois maintenant, il a chargé le major Christian Pradelles, officier CODIS, d’affiner des analyses sur tout ce qui concerne le domicile (téléalarmes, détresse vitale, carences, accidents à domicile). « J’ai besoin d’analyser les statistiques pour recadrer nos missions dans l’urgence absolue. Il faut rester dans nos missions. » précise t-il. Pour le SDIS, l’enjeu est de taille. Le Colonel Bourdil se rend à l’évidence : « Dans cette explosion d’interventions sapeurs pompiers à domicile, je ne doute pas une seule seconde de l’intégrité du SAMU et je veux croire à des évolutions démographiques et sociales peu favorables. On a peut être aussi favorisé cette conjoncture puisque les citoyens savent que nous répondons à tous leurs appels de détresse, que nous avons tout fait pour maintenir un service public de proximité et que nous sommes opérationnels 24h/24 ! ». L’autre contrainte posée à l’engagement des sapeurs pompiers sur intervention réside sur le « monopole » du SAMU dans la régulation des appels d’urgence. Aujourd’hui, le Centre de Réception et de Régulation des Appels (le CRRA) peut engager les moyens du SDIS sur les appels 15 reçus, que ce soit pour des interventions sur la voie publique, sur du prompt secours à domicile, ou alors par carence lorsque aucun véhicule (UMH ou ambulances privées) n’est disponible. Ce système peut connaître des limites surtout dans l’esprit des sapeurs pompiers car il est toujours difficile de se subordonner à une autre entité dans la prise de décision de l’engagement de ses propres moyens. Entre le SDIS et le SAMU, la régulation est avant tout une question de confiance. Certains SDIS ont opté pour la solution de la plateforme commune de réceptions des appels. Elles permettent aux permanenciers du CRRA 15 et aux opérateurs du CTA 18 de travailler ensemble dans les mêmes locaux. « Ce serait intéressant pour nous tous d’être ensemble, ceci étant il y a dans les Landes une tellement bonne interconnexion téléphonique entre le 15 et le 18, qu’on ne gagnerait pas grand-chose de plus ! Qu’est ce qu’on y perdrait ? Le CTA ne peut pas se séparer de son CODIS, le SAMU ne peut pas se séparer de son SMUR et de l’hôpital. On est plutôt en train de vouloir trouver un lien informatique entre nos deux logiciels, pour gérer un seul et même dossier » explique Rachel Ricard, directrice du SAMU. Finalement, lorsqu’on s’attarde sur le dossier du secours à personnes et de la convention avec chacun des acteurs, on se rend compte qu’ils tendent unanimement vers une même finalité : l’intérêt de la « victime » (terme pompier) ou du patient (terme SAMU). « Ce qui fait que ça marche, c’est qu’on a eu l’intelligence de se rendre compte qu’on était là pour les patients. On a réussi à travailler ensemble et à écrire une convention qui soit destinée à la sécurité des patients. On est conscient que ça peut être tendu mais c’est aussi une affaire de personnes entre les deux directions. On ne peut pas être antipompiers dans un département comme les Landes. On protège plus les victimes que nos services respectifs » déclare Rachel Ricard. SAMU 40 N° d’appel Le 15 / le 05 58 44 11 11 (permanence des soins) le 112 (dans les Landes) Matériel SMUR (Mont de Marsan / Dax) 4 ambulances de réanimation En relation avec 438 médecins libéraux avec 42 secteurs de garde 140 pharmacies Interventions 2007 3874 interventions SMUR avec renfort saisonnier (Hossegor-Mimizan-Biscarrosse) 95 330 affaires traitées par le SAMU 40 en 2007 Effectif CRRA par jour 3 permanenciers + 1 médecin hospitalier ou médecin généraliste de garde SDIS 40 N° d’appel : 18 Effectif CTA par jour (24h) 1 chef de salle + 2 opérateurs + 1 officier C.O.D.I.S 50 VSAV opérationnels Service de Santé et de Secours médical 147 sapeurs pompiers volontaires dont 98 médecins 38 infirmiers 7 pharmaciens 3 vétérinaires 1 expert Interventions 2007 22 077 interventions 81% des interventions globales dédiées au secours à personnes 17 718 interventions secours à personnes (+12,25% par rapport à 2006) Ambulanciers privés 17 ambulances de garde Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 9 DOSSIER BRULANT La convention SDIS / SAMU 40 / Ambulanciers privés les réalités du terrain « La victime doit être au centre de nos préoccupations, ce n’est pas de la démagogie, c’est une réalité. Le cœur du système, la « cible », c’est la victime » renchérit le Capitaine Poyau, responsable du CTA/CODIS au SDIS des Landes. C’est un constat. Dans les Landes, la convention SDIS/SAMU/Ambulanciers fonctionne. Certes tout n’est pas rose, et quelques dysfonctionnements épars remontent à la surface pour rappeler aux différents acteurs que le sujet est sensible et la réussite fragile. Mais déjà, chaque entité ne daigne pas à se remettre en question et chacun des intervenants propose des solutions pour améliorer la collaboration. Hiver 2007, Mont de Marsan : AVP sur rocade Le capitaine Poyau avance une prise de conscience : « La solution passe inévitablement par une régulation qui émane d’une volonté commune de la part des acteurs de ne pas transférer le travail ou les basses besognes aux autres ! Il faut que les médecins régulateurs soient conscients qu’en déclenchant le VSAV d’Aire sur Adour en pleine nuit pour un transport de malade, ce sont des pompiers volontaires qui s’engagent avec pour la plupart des hommes et femmes qui travaillent le lendemain matin à 7h… ». Justement, pour que chacun comprenne le métier de l’autre, le SAMU a eu la bonne idée de recruter dans les rangs de ces PARM (Permanencier Auxiliaire à la Régulation Médicale) 2 sapeurs pompiers volontaires : Stéphane Georgeon (voir encadré) et Sébastien Lafitte (SPV à Tartas). Aussi, au-delà de cette passerelle idéale, le capitaine insiste sur la continuité des échanges, des formations communes, afin que chacun puisse mieux comprendre le métier de l’autre et mieux appréhender l’organisation opérationnelle de la structure voisine. Le Docteur Ricard avance les efforts qui ont été effectués auprès des ambulanciers privés, avec une formation axée sur la variable endogène, avec l’équipement médical d’une dizaine d’ambulances. « On essaye de travailler ensemble non pas pour avoir un maillage qui se fasse compétition mais qui soit complémentaire ». De toute façon, aucune structure ne pourra à elle seule répondre à la demande. On aura toujours besoin de l’avis médical du SAMU, des 50 VSAV du SDIS des Landes et leur couverture départementale exceptionnelle, de la compétence des médecins et infirmiers du SSSM, de la disponibilité des sapeurs pompiers professionnels et volontaires, et de l’apport de plus en plus médicalisé des ambulanciers privés. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 10 Stéphane Georgeon incarne la réussite landaise de la convention tripartite et témoigne des bonnes relations nouées entre le SDIS des Landes et le SAMU. Sapeur pompier volontaire à Dax depuis 1995, opérateur au CTA depuis 2003 et permanencier auxiliaire à la régulation médicale du SAMU, Stéphane représente un élément majeur dans la coordination des secours. Il connaît le terrain et les contraintes que peuvent rencontrer les sapeurs pompiers en intervention, il profite aussi d’une expérience concrète en tant qu’opérateur et semble indispensable dans la compréhension des rouages des deux structures pour lesquelles il travaille. Son rôle chez les pompiers diffère de celui qu’il joue au SAMU : « Chez les pompiers, on engage les moyens ou on n’engage pas ! Au Samu, le panel des moyens est plus important, on a les UMH, les ambulances privées, les médecins, les pompiers, etc. La réaction au 18 est plus spontanée, au 15 l’appel engendre plus de questions, plus d’écoute, plus de temps de réflexion ! ». Il le dit clairement, il a l’avantage au SAMU de connaître le terrain sur lequel évolue les pompiers : « C’est une question d’empathie. J’imagine la prise d’appel, la souffrance des gens, la situation à laquelle on est confronté, je l’ai vécu en tant que pompier ». Cela va même plus loin et profite indéniablement aux pompiers sur intervention : « je connais les contraintes des pompiers, j’y réfléchis à deux fois quand je sais que les pompiers de Morcenx ou Mimizan sortent pour au moins deux heures d’intervention pour une évacuation sur l’hôpital le plus proche ! ». Il anticipe même : « Sur chaque engagement de moyens SDIS, il y a une réflexion d’anticipation opérationnelle ! Je sais qu’engager un VSAV à Dax n’a aucune conséquence de couverture opérationnelle par contre engager le VSAV de Labrit en Août, pendant la saison feux de forêt peut être plus préjudiciable ! ». Il n’y a aucun doute, Stéphane Georgeon est le meilleur allié des pompiers dans la régulation médicale du SAMU. Finalement, il est l’ambassadeur du bon fonctionnement de la convention, puisque non seulement sa priorité reste la « victime » mais en plus il veille sur l’intérêt propre à chacune des structures pour lesquelles il travaille. LE GROS CAMION ROUGE Le Bras Elévateur Aérien (le BEA) Le Centre de Secours de Biscarrosse vient d’être doté à titre expérimental d’un BEA (Bras Elévateur Aérien). Bien connu des sapeurs pompiers au début des années 80, le bras élévateur aérien a toujours été considéré comme un véhicule très imposant, trop lourd, et peu maniable en intervention. Délaissé jusqu’en 2005, il réapparaît sur le marché dans une version plus appropriée aux difficultés d’interventions, à la fois plus légère et plus maniable. Aujourd’hui, le SDIS des Landes a décidé d’en faire l’acquisition et de le tester sur le terrain, avant peut être de développer son utilisation sur l’ensemble du département. Le BEA fait partie des moyens élévateurs aériens. Il est basé au CSP Biscarrosse de façon à le tester sur intervention en complément de l’E.P.S (Echelle Pivotante Semi-automatique) du CS Mimizan. Il est destiné : • à l’extinction des feux (lance-canon 250/1000 LDV montée à demeure sur plateforme, présence d’une colonne sèche disposée le long du bras télescopique et d’une auto-protection). • au sauvetage (plateforme pivotante à 180° équipée d’un système d’horizontalité électro-hydraulique automatique, d’une auto protection, d’une lance canon et d’un support pour brancard). • à la reconnaissance (bras pendulaire qui couvre 180° permettant d’effectuer des reconnaissances en passant derrière des obstacles (toiture, murs….). • à supporter des appareils d’éclairage. Porteur : Renault Trucks Type Midlum 240.14 Light - Poids : 14 T - Moteur : 240 CV - Châssis : 4x2 - 2 roues motrices arrière avec blocage différentiel. - Longueur : 8,50 m - Empattement : 4,40 m. - Stabilisation en « H » automatique, qui peut être reprise manuellement avec une correction de dévers automatique sur celle-ci. Largeur minimale de stabilisation : 2,55 m et largeur maximale de stabilisation : 5 m. Equipement : COMILEV (Siège social à Roquefort – 40), société spécialisée dans la conception et la fabrication de Plates-formes Mobiles d’Elévation de Personnels sur porteurs de 10 m à 46 m. • Plate-forme : - Pivotante horizontalement de 90° à droite et de 90° à gauche, munie d’une lance canon (DN65), d’une autoprotection et d’un support pour brancard. - Déport : 19 m - Poids maximum : 270 kg (3 personnes). - Equipée d’un système d’horizontalité électro-hydraulique automatique. - 2 projecteurs orientables. - Détection d’obstacle par ultrasons. - Anémomètre. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 11 LE GROS CAMION ROUGE Le Bras Elévateur Aérien (le BEA) Avantages : - Moins coûteux qu’une échelle. - Bras pendulaire permettant les reconnaissances derrière un obstacle. - Robustesse. - Solidité. - Présence d’une colonne sèche (pas d’établissement de tuyaux). - Plateforme en position arrière du véhicule (accès avant déploiement). - Pivotement de la plateforme 90° à droite 90° à gauche Inconvénient : - Pas de cheminement en phase sauvetage. • Bras élévateur : - Déploiement total = 25,20m - Un bras principal télescopique (formé de 4 sections appelées téléscopes dont 3 sorties simultanées actionnées par un vérin hydraulique double effet, équipé de valves d’équilibrage) + 1 bras pendulaire télescopique supportant la nacelle qui couvre 180° qui permet un surplomb de 6 m. - 1 colonne sèche - 2 projecteurs orientables sur plateforme - 2 projecteurs motorisés sur téléscope. • Tourelle centrale avec poste de pilotage qui peut pivoter sur 360°. • Temps d’exécution - mise en place stabilisateur en largeur maxi : 25 s. - atteinte 25 m avec pivotement 90° : 1mn 40 s. - vitesse du vent maximale tolérée : 45 km/h. Prix : 376 022 € TTC Sergent Joël MORA Sapeur pompier professionnel au CSP Biscarrosse Formateur « COD 6 » Pour que le B.E.A soit opérationnel, le SDIS des Landes a formé tous les agents « COD 6 » (formateurs échelles), tous les agents du CSP Biscarrosse et les mécaniciens de l’Atelier Départemental. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 12 « J’ai connu les anciens BEA, installés sur des gros porteurs, très difficile d’emploi. Ce BEA n’a rien à voir ! Il y a eu une évolution technique considérable. Aujourd’hui ce véhicule spécifique peut concurrencer l’échelle. Ce qui lui manque, c’est le parc échelle. On ne rencontre pas les mêmes possibilités d’évacuation surtout lors de sauvetages multiples. La différence se situe dans le nombre de personnes que l’on pourra évacuer en simultané ! Sur un BEA, on peut faire évacuer une personne voire deux à la fois en mettant en place des norias. Avec un parc échelle, le nombre de personnes que l’on peut évacuer en même temps est illimité. Le gros avantage du BEA, c’est de pouvoir travailler en négatif, derrière un obstacle grâce au bras pendulaire de 4 mètres. Autre avantage, c’est la colonne sèche qui évite l’établissement de lances et la manipulation de tuyaux au sommet de la nacelle. Ce qui est peut être le plus impressionnant, c’est la sensation de vide due à l’absence du parc échelle. Sinon, c’est un véhicule très facile à manipuler, sécurisé par une haute technologie qui nous oblige à revoir notre façon de faire et de se placer par rapport à l’objectif. La technologie avancée de ce véhicule rend son utilisation plus souple. La manipulation est primordiale, sa technicité implique une utilisation intense. Aujourd’hui, à Biscarrosse, dans la maîtrise du BEA, nous insistons sur la formation et le recyclage des agents. En ce moment, le véhicule sort tous les jours en manœuvre. » 2 JOURS AU SDIS 48 h avec les pompiers volontaires des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever Lorsque vous lirez ce reportage, vous aurez peut être l’amère sensation de ne rien apprendre, vous aurez aussi la désagréable impression que dans les Landes, les interventions se suivent et se ressemblent. Et pourtant, contrairement aux apparences, passer 48 heures avec les sapeurs pompiers volontaires d’Hagetmau et Saint Sever, est une expérience riche en enseignements. Considérez d’un point de vue statistique, que les centres de secours d’Hagetmau et de St Sever étaient respectivement en 2007, les 8ème et 12ème centres de secours du département au nombre de sorties annuelles, avec pour l’un 546 sorties et pour l’autre 471 sorties (voir tableau statistiques). Considérez ensuite que les effectifs des deux centres de secours sont composés uniquement de sapeurs pompiers volontaires, que 80% des interventions des sapeurs pompiers des Landes concernent le secours à personnes, et que sur ces 80% d’interventions, un bon nombre d’entre elles relèvent de la « bobologie » ou de l’assistanat social. Alors ce reportage vous donnera une idée précise de ce que peuvent connaître les sapeurs pompiers landais dans leur quotidien opérationnel. Une réalité qui nous confirme que le service départemental d’incendie et de secours pourrait devenir peu à peu « un service d’ambulances qui fait des incendies de temps en temps », et que les sapeurs pompiers volontaires sont vraiment les derniers héros des temps modernes à la fois dans leur disponibilité, leur engagement, et leur renoncement. Car plus la société évoluera dans cette globalisation de la victimisation, et plus leur engagement pourrait devenir fragile ! Des pompiers de plus en plus sollicités pour de moins en moins de gravité, telle est la dérive sécuritaire d’une société qui modifie considérablement l’activité du SDIS. Finalement, l’importance d’un appel de détresse ne se mesure pas dans la gravité de la situation mais dans la possibilité de pouvoir toujours y répondre ! Quoi qu’il en soit, les sapeurs pompiers volontaires sont encore là. Ils répondent au bip et transforment encore et toujours la tristesse de leur centre de secours vide en jovialité solidaire et taquine de vestiaire sportif. Au moment où ils ont quitté leur famille, leur travail, ou leurs loisirs, pour venir porter secours à des gens en détresse, nous les avons suivis… Extraits ! 10 Jeudi INCENDIES SECOURS A PERSONNES OPERATIONS DIVERSES TOTAL : Interventions 31 443 31 Sorties 46 465 35 505 546 500 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 INCENDIES SECOURS A PERSONNES OPERATIONS DIVERSES INCENDIES 6% OPERATIONS DIVERSES 6% SECOURS A PERSONNES 88% Interventions sur le secteur de 1er appel Sorties totales INCENDIES SECOURS A PERSONNES OPERATIONS DIVERSES TOTAL : Interventions 33 361 49 Sorties 45 377 49 443 471 400 350 300 250 200 150 100 50 0 INCENDIES SECOURS A PERSONNES OPERATIONS DIVERSES INCENDIES 7% OPERATIONS DIVERSES 11% SECOURS A PERSONNES 82% 12:38 AVRIL Interventions sur le secteur de 1er appel Sorties totales Accident de travail Etablissements Laffite à Montaut Il est 12h44, soit six minutes après le déclenchement de l’alerte, lorsque le VSAV St Sever quitte le centre de secours, avec à son bord les sergents Campoy et Monge, le caporal-chef Agostinelli et le sapeur Manso. Derrière, Nathalie Duchesne, infirmière SSSM, suit l’équipage avec un véhicule léger. Quand ils arrivent sur les lieux, à 12h51, l’accident de travail pour lequel ils sont partis n’en est plus un. En fait, Elodie, 20 ans, employée de l’entreprise Lafitte, a fait un malaise sans perte de connaissance. Un médecin privé de Montaut, dont le cabinet est voisin de l’entreprise, est sur les lieux. La jeune fille a de la fièvre et souffre de fortes douleurs abdominales. Un premier bilan est donné : il y a suspicion d’appendicite ou de kyste. Après régulation avec le 15, Elodie est évacuée sur l’hôpital Layné de Mont de Marsan. Une heure après le VSAV St Sever revient au centre de secours. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 13 2 JOURS AU SDIS 48 h avec les pompiers volontaires des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever 21:11 AVRIL Malaise voie publique 10 Salle des sports d’Horsarrieu Jeudi Cela fait un petit quart d’heure que l’hommage à Charlton Heston a débuté sur France 3. Pour la 50ème fois en 50 ans, la chaîne publique diffuse « Les dix commandements ». « Tu ne dérangeras pas les pompiers pour rien », en voilà un qui semble avoir échappé aux descendants de Moïse. A 21h11, le VSAV d’Hagetmau est déclenché pour un malaise sur la voie publique. Sept minutes après, le caporalchef Christian Cazalot et les sapeurs Lansaman, Cazalot (David), et Laborde partent pour Horsarrieu, où Marie, 45 ans, a fait un malaise sans perte de connaissance. Lorsque les sapeurs pompiers se présentent sur les lieux en compagnie du Docteur Fohr, médecin SSSM, la salle de sports est pleine à craquer. Ce soir, c’est Loto. Marie se plaint de fortes douleurs à la poitrine. Elle est très rapidement conditionnée dans le VSAV. Avec un pouls à 104 et une tension de 17.9, Marie vient sûrement de décrocher le gros lot ! Il n’en est rien. Marie s’est juste emballée en croyant qu’on lui avait dérobé un carton. Fausse alerte donc, pas de carton dérobé ni d’urgence pour les pompiers. Marie a fait sa crise et les pompiers s’en sont allés… 22:42 AVRIL Détresse vitale à domicile 10 Lieu-dit Petit Cabos à Saint Sever (route de Grenade) Jeudi A 22h58, lorsque l’équipage VSAV de Saint Sever arrive au Petit Crabos, Maurice, 74 ans, est victime d’une décompensation respiratoire. Gravement malade, il est depuis deux ans mis en permanence sous oxygène. Ce soir là, il est très essoufflé et se plaint de fortes douleurs au thorax. Nathalie Duchesne, l’infirmière SSSM qui accompagne l’équipage VSAV sur l’intervention, lui prend les constantes. La saturation d’oxygène est basse, elle est à 88. Maurice est anxieux et peine à retrouver une respiration « normale ». Le médecin Lefort arrive alors sur les lieux. Après avoir fait un bilan de l’état de Maurice, il décide d’augmenter le niveau d’apport en oxygène. L’état de Maurice s’améliore. Après régulation avec le SAMU, il est décidé de ne faire aucune évacuation. Vers 23h36, le Sergent Monge, le caporal Bagalciague, les sapeurs Malet et Labadie ainsi que Nathalie Duchesne retournent au centre de secours. 09:49 AVRIL Accident de sport 11 Cité verte d’Hagetmau Vendredi Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 14 Qui a dit que le handball n’était pas un sport physique ? Sûrement pas le jeune Raphaël, 13 ans, qui a du écourter sa séance de sport scolaire, victime d’une fracture du poignet gauche. Conditionné dans le VSAV d’Hagetmau, il quitte la Cité Verte pour prendre la direction de l’Hôpital Layné de Mont de Marsan. Il fera le voyage en compagnie de l’Adjudant Durou, des sapeurs Carrère et Ringot, et de l’infirmière Laurence Jouannaut. En chemin, la douleur s’amplifie. Raphaël supplie qu’on atténue sa souffrance. “L’arrêt perfusion” est inévitable. C’est à la sortie de Saint Sever, le long d’une quatre voie tout juste aménagée que le VSAV stoppe sa route et que la perfusion est posée. Qui s’y colle, pique ! C’est la devise de Laurence Jouannaut qui achève la douleur du jeune homme. Il est déjà 11h35 lorsque le VSAV rentre de son voyage montois. 2 JOURS AU SDIS 48 h avec les pompiers volontaires des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever 13:19 AVRIL Accident de travail 11 Zone Industrielle d’Aurice Vendredi La cheville qui voulait se faire plus grosse que le bœuf… (Jean de la Fontaine) Les pompiers de Saint Sever virent une cheville Qui semblait de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Se coince entre deux palettes, s'étend, s'enfle, et se travaille, Pour réduire la cheville en grosseur. Le chef d’agrès dit : "Regardez bien madame, je vais poser un bandage. Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ? Nenni. – Qu’à cela ne tienne, je vais l’immobiliser avec une attelle de décompression. M'y voilà ? Vous approchez, je ne sens plus rien…" La cheville meurtrie et chétive S'enfla si bien qu’à la fin elle fut évacuée sur le centre hospitalier Le monde est plein de gens qui se blessent juste avant de débaucher, plein de pompiers qui décalent à l’heure du déjeuner, Toute blessure à son sauveur, quelle que soit sa gravité et quelle que soit l’heure ! 06:57 AVRIL Accident de travail 12 Route de Saint Cricq Chalosse à Hagetmau Samedi David a 37 ans, il est chauffeur livreur. Ce matin, il doit charger des caisses de volailles chez un particulier. Au moment de la cargaison, il se coince le majeur de la main gauche dans l’essieu de son camion. La plaie est profonde mais David est conscient quand le sergent-chef Simon, les sapeurs Langlade et Ringot et Laurence Jouannaut, infirmière SSSM, arrivent sur les lieux. Les constantes sont prises, Laurence nettoie la plaie et y dépose une poche de glace. Le docteur Fohr, médecin SSSM, arrive sur les lieux et décide, après régulation, d’évacuer le blessé vers son cabinet médical pour des soins plus approfondis. Les équipiers VSAV s’exécutent. Vers 8h, ils reviennent au centre où la première intervention de la journée servira finalement de prétexte à un petit déjeuner commun et convivial au centre de secours. Ce même jour, le samedi 12 avril, les sapeurs pompiers du département sont intervenus à 65 reprises. Un homme de 36 ans a tenté de se suicider en avalant des médicaments. 2 feux de véhicules, 2 feux de véhicules légers et 2 feux de poubelles ont été éteints. A Parentis, une jeune fille de 17 ans a percuté une voiture avec son scooter, elle a été évacuée sur le centre hospitalier de La Teste. A Bretagne de Marsan, les sapeurs pompiers ont désincarcéré de son véhicule un homme gravement blessé et à Soustons, ils ont récupéré des dauphins échoués sur la plage. Ce même jour, sur l’ensemble du département, près de 60 sapeurs pompiers professionnels étaient casernés et un peu plus de 400 sapeurs pompiers volontaires étaient susceptibles de répondre (en première intention) au bip en cas d’alerte ! Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 15 2 JOURS AU SDIS 48 h avec les pompiers volontaires des centres de secours d’Hagetmau et de St-Sever • 15 communes défendues en premier appel par le CS Hagetmau : Castelner – Cazalis – Doazit – Hagetmau – Horsarrieu Labastide Chalosse – Lacrabe – Momuy – Monségur – Morganx – Peyre – Poudenx - Saintt Cricq Chalosse - Ste Colombe Serreslous et Arribans Le centre de secours d’Hagetmau • 11 communes défendues en premier appel par le CS Saint Sever : Audignon – Aurice – Banos Bas Mauco – Coudures – Dumes - Eyres Moncube – Montaut – Montsoué - Saint Sever – Sarraziet Adjudant Sergent-Chef Infirmière Michel DUROU Pierre SIMON Laurence JOUANNAUT • Population défendue par le CS Hagetmau : 9164 habitants (dont 4500 habitants sur la commune d’Hagetmau). • Population défendue par le CS Saint Sever : 8325 habitants (dont 4600 habitants sur la commune de Saint Sever). Sapeur Sapeur Sapeur Jean-François CARRERE David LANGLADE Julien RINGOT Des soucis techniques nous ont empêché d’éditer les photos du Caporal-chef CAZALOT et des Sapeurs LANSAMAN, CAZALOT et LABORDE. Nous présentons nos excuses à ces derniers. Le centre de secours de Saint-Sever Nombre de sorties (au 27 avril 2008) CS Hagetmau : 150 Secours à personnes 123 Incendies 19 Opérations diverses 8 Sergent Sergent Caporal Denis CAMPOY David MONGE Benoît BALDACIAGUE CS St Sever : 127 Secours à personnes 98 Incendies 12 Opérations diverses 17 Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 16 Infirmière Sapeur Sapeur Sapeur DUCHESNE Christophe MALET Vincent IRENEE Jérôme TASTET EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq Salle d’embarquement pour sapeurs pompiers professionnels en attente de correspondances, zone de transit pour expatriés, le pôle de Léon/Magescq est l’endroit idéal pour attendre son heure. Raoul Volfoni l’avait prédit : « Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban, je vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux ! ». Justement pour le gugusse de Chalosse ou des Landes Océanes qui veut décrocher le pompon, il est de bon ton de venir à Léon ! Pour certains même, c’est devenu un fantasme, une pseudo stratégie : « Si tu veux toucher le CSP Dax ou Capbreton, viens donc prendre des gardes à Léon ! ». L’Adjudant-chef Lasserre n’y garantit pas la chorale de chérubins (loin de là !) mais assurément, pour ceux qui aspirent à d’autres prétentions, du sport, de l’ambiance et quoiqu’on puisse dire des interventions ! Bien que certains angelots aient pris du plomb dans l’aile, le pôle de Léon/Magescq Léon une sorte de paradis : il y a d’abord la maison bleue adossée au pylône, il y a toutes ces filles, de plus en plus nombreuses, 16% de l’effectif professionnel du pôle désormais, il y a aussi les jeun’s de la Star Ac affûtés comme des lames (Sébastien, Jean Philippe, Steve, David… et P’tit Louis), et puis il y a les « tontons », des premières gâchettes verbales, multirécidivistes en moqueries, à l’expérience opérationnellement transmissible, et enfin il y a les hommes et femmes du cru, léonnais ou magescquois, volontaires, sollicités et disponibles. Sur le pôle, la mixité éclabousse la tête de pôle et son centre de reversion, de toute sa cohérence, de toute sa diversité, de toute sa complémentarité. Alors Léon-Magescq, pôle de transit ? Finalement, pas tant que cela, pôle vivant, familial voire familier, où il est peut-être stratégique d’arriver mais finalement difficile de repartir ! Adjudant-chef Olivier LASSERRE Chef de Pôle Communes défendues en 1er appel par le CS Léon : Léon - Saint Michel Escalus et Vielle Saint Girons Communes défendues en 1er appel par le CS Magescq : Herm et Magescq Population défendue (en 1er appel hors période estivale) : CS Léon : 2 754 habitants CS Magescq : 2 211 habitants Nombre de sorties en 2007) : CS Léon : 400 CS Magescq : 218 Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 17 EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq Adjudant-Chef Michel Dulamon Sapeur pompier professionnel depuis 1982 Tition le chalossais est un des derniers « portolan » en voie de disparition, plutôt poules de 20 que Top 14, plutôt maillot à lacet que tunique près du corps. Le ballon « Gilbert », il ne l’a pas connu, par contre la « mornifle » de Gilbert dans le museau, il s’en souvient encore ! L’homme est du terroir. Né à la ferme, à l’époque où ça se faisait encore (ça ne le rajeunit pas), imprégné de respect (on ne chausse pas un homme à terre), des coutumes locales (une mêlée relevée est une mêlée qui ne progresse plus), des joutes festives (manger c’est tricher), Michel a très rapidement compris qu’il était doté de doigts de fée. Il compris également qu’il pourrait tirer profit de cet avantage. Dactylo, coiffeur, kinésithérapeute, pianiste, chirurgien, une ribambelle de métiers s’offrait à lui ! C’est ainsi que Michel partit se faire les mains au LEP de St Médard chez les ferrailleurs. Mélomane dans l’âme, il arrêta très tôt le piano, il lui préféra la trompette, instrument beaucoup plus maniable avec trois doigts (il s’était retourné les autres en grattant un ballon dans un regroupement). La banda des « Copleros » de Montfort surent alors dénicher la perle rare et surtout le bout en train qui sommeillait en lui (même si dormir c’est tricher aussi !). Le début des années 80 sonnera alors pour le petit Michel comme les prémices d’un destin doré. Malgré un physique un peu léger pour être “talon”, Michel compensa sa faible densité par un mental à toute épreuve, plus de « 100 kgs dans la tête » maintenus à l’élastoplast. Son tempérament interpella les recruteurs de la capitale landaise. Alors que 95% des montfortois auraient choisi d’immigrer à Dax, Michel fit le choix de devenir montois. Il muta pour les Reichels où il fit la connaissance de Bouboule Lamarque, entraîneur des juniors et chef des pompiers forestiers. A l’époque on préparait les matchs route de Sabres puisque bon nombre de pompiers étaient licenciés chez les abeilles. Les doigts de fée tracèrent de nouveau le chemin de Michel. Le ferrailleur entra chez les pompiers direction l’Atelier pour y démonter les GMC. L’ambiance, les copains, les odeurs de vidange, Michel était aux anges. C’est à ce moment qu’il connu son heure de gloire, avec le « TIC TIC CIRCUS », troupe théâtrale burlesque en charge de l’animation des noëls des pompiers sur le département (définition aseptisée). « On a commencé clowns pour les gosses, ça a fini un peu érotique… » avoue Michel. Le clown Kakali et sa bande avaient inventé un genre… C’était la grande époque de Kakali, de Jean-Louis, Pinpin, le grand Jean puis ensuite Louiche, Flipper, etc. Tic Tic conduisait le car et souvent le TIC TIC CIRCUS TOUR rentrait à la torche ! Un beau jour, le ciel se chargea. L’Atelier fut démonté et on envoya Tition “à la grêle” ! C’est curieux de charger un talonneur de mettre en place un système anti-grêle ! Michel, grand météorologue, spécialisé dans la bourrasque de phalanges, a toujours été un grand prévisionniste. Il étudiait souvent le phénomène, il avait pour habitude de déclencher les intempéries. Épaulé par Néné, dirigé par Mucci, le fils du MODEF avait semé le vent, il récoltait désormais la tempête. Aujourd’hui, Michel a changé. Il a intégré l’opérationnel, a passé le sous-off, est devenu chef de garde, mais ne donne pas sa part aux chiens quand il s’agit d’être l’animateur de la garde. Bien qu’ancien talonneur, Michel n’a pas pris le casque, il reste humble et solidaire des autres. Il veille à rester proche de la base, à ne pas creuser le fossé entre ceux qui donnent les ordres et ceux qui les exécutent. C’est un adjudant à l’ancienne, bonhomme et humain, chalossais donc engagé, la blague parfois grasse mais le sourire franc. Aujourd’hui, ses doigts se sont engourdis, il n’a plus la même dextérité pour le bourre-pif, ni la même agilité pour le piano. Il pourrait alors ne s’en servir que d’un, l’index, pour étaler toute sa fierté. Il monterait sur son mont de chalosse, le pointerait en direction des fontaines chaudes, et dirait à sa fille : « Tu vois, là-bas, ma fille, moi le montfortois, en tant que rugbyman, je n’y ai jamais signé !!! ». Adjudant-Chef Pierre DEHEZ Sapeur pompier professionnel depuis 1985 Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 18 Discret, parfois solitaire, Pierre Dehez est à lui seul une équation à plusieurs inconnues. Pour décrypter le personnage, il faudrait tout d’abord trouver l’abscisse de cet homme ordonné. L’abscisse, son point de départ, se cacherait peut-être dans la nécessité absolue de service qui entraîna son départ de Lesperon, l’envoya à Dax et EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq divisa jusqu’à l’infini la présence des pompiers professionnels sur le centre historique forestier. C’était une évidence pour l’œil de Linxe du « mathématicien », dans les calculs bureaucratiques, il n’y avait rien de cartésien ! Quand on aime, on ne compte pas ! dit le fameux adage. Justement, Pierre n’a pas trop aimé qu’on le force à bouger mais il ne s’est pas mis pour autant à compter les jours passés au CSP. Six mois après, il s’en est allé. Certes, il aurait pu rester chef de garde dans un centre où l’activité opérationnelle était assurée, mais Pierre est ainsi fait, il ne supporte pas qu’on lui donne la solution du problème sans qu’il ait mis le temps à la chercher. Alors, « par nécessité absolue de bien être », il muta pour la deuxième fois sans galon, et s’en alla rejoindre les pompiers de Léon. Là-bas, il retrouve d’anciens lesperonnais, comme Ponsonnaille, Duporté et son alter-ego Cantet. Il retrouve surtout une ambiance qu’il avait abandonnée, celle d’un centre mixte où il prend plaisir à travailler. Bien qu’il ne supporte pas le désordre, Pierre avoue un penchant certain pour la surprise, pour l’évènement qui met le chaos dans la routine ! De routine, justement, il en fut question, il y a trois ans, lorsque son rôle de chef de garde ne lui procurait que l’adrénaline d’un départ d’unité ou l’armement soudain d’un FPT ! C’est une constante chez les pompiers, les vases communiquent : plus on prend de grade, moins on part en intervention ! Mais chaque problème a sa solution. Pierre a résolu celle de son inactivité opérationnelle, en doublant son statut d’un contrat volontaire du côté du centre de secours de Linxe, soudain dépourvu de patron. Il y prend le relais intérimaire de l’adjudant-chef Lasserre, devient chef de centre, et délaisse sur son temps de récupération, le pôle de Léon, pour décaler avec les linxois sur n’importe quelle intervention. Encore un peu plus qu’à Léon, il y retrouve l’ambiance « communale » de ses débuts, son rôle de chef de centre, impliqué et disponible, les aléas de la gestion d’un groupe mais aussi la position incontournable et les responsabilités d’un chef au cœur de la cité ! L’équation désormais se dessine, on y voit plus clair chez Pierre malgré sa discrétion. Il nous reste quelques inconnues. Pour percer le mystère, on lui rejoue le registre de la nécessité absolue. Il déteste ça, mais on prend le risque. Cette fois, son mètre quatre vingt cinq devra se plier, courber quelque peu l’échine et enfin parler par « nécessité absolue de portrait ». On apprend alors que Pierre se nourrit d’une passion. Tous les jours, depuis 20 ans, il relève minutieusement les données météorologiques à partir d’une station qu’il possède à la maison. Il note tout, méthodiquement, de la température maximale à la minimale, des épisodes orageux à ceux de grêle. Il « excel » désormais dans le mélange des chiffres et s’en fait des tableaux. La météo ne lui ressemble pourtant pas. Elle est anarchique, il est organisé. Elle est parfois exubérante, il est plutôt discret. Pierre est conscient que cette pratique méthodique et quotidienne ne sert à rien, qu’il ne changera pas la face du monde et ne pourra sûrement pas ralentir le réchauffement climatique, mais qu’importe, la donnée météorologique est sûrement indispensable à l’équilibre de sa propre équation. Elle apaise en tout cas son insatiable curiosité de l’imprévisible ! Pierre passe plus de temps à observer qu’à parler. Il se réjouit de la surprise et s’offusque des paradoxes, surtout ceux qui conduisent à la défaillance de la cohérence humaine. Parfois, il se sent victime, mais surtout impuissant face aux lobbies politiques, économiques, industriels. Ceux là même qui donnent les Jeux à Pékin par intérêt financier, ceux qui préconisent le tri sélectif des déchets tout en maintenant l’usage des véhicules à essence. Il se dit alors qu’il vaut mieux, dans son coin, prendre note du temps qu’il fait. Dans dix ans, quand il en aura fini avec les pompiers, il s’imagine retraité et apaisé, carburant à la météo, au vélo et à la course à pied ! Sergent-Chef Dominique Cantet Sapeur pompier professionnel depuis 1984 Lorsqu’en 1749, dans « L’esprit des lois », Montesquieu fait l’analyse de ce qu’est la liberté et conclut sur la nécessaire séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il avance que la liberté politique est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir, est porté à en abuser. Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Cette notion de contre pouvoir, Dominique Cantet l’a bien comprise. Certes il ne possède pas les clefs de la piaule, n’est pas représentant du peuple ni avocat au barreau, mais à la droite (ou à la gauche, n’y voyez aucun positionnement politique) de Jean Bernard le « Pape », il piste la dérive libérale de sa corporation. Syndicaliste Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 19 EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq encarté, engagé et reconnu, Domi respecte la hiérarchie sans être un béni oui-oui (c’est un comble pour un fidèle du Saint Père). Déjà lycéen, il avait du mal à rentrer dans le rang. Le « Dissipé, mais peut mieux faire » fleurissait précocement ses cahiers d’annotations. Dissipé mais discipliné, Dominique appliquait les recommandations à la lettre et s’améliorait dans la dissipation ! « Je n’aime pas qu’on m’oblige » renchérit l’homme devenu adulte. La mobilité, le double statut professionnelvolontaire, les disparités de temps de travail, se sont alors inscrits comme des plans de bataille dans sa quête d’une justice certaine. Pour le coup, il s’aperçoit à ses dépends, que l’exécutif et le judiciaire ne marchent pas toujours main dans la main. Aujourd’hui, Domi a toutes les qualités requises pour le combat syndical. Patient, mesuré, attentif, sociable et surtout bavard, il entretient naturellement la rancœur, celle qui ravive la mémoire, celle qui relance le verbe, celle qui assure la longévité de la lutte. Ca ne s’invente pas, Dominique secrète le syndicalisme, non seulement dans ses traits de caractère, mais aussi dans ses références, dans ses choix de vie. On ne peut pas aimer Cohn Bendit ou Angus Young et rester muet. On ne peut pas avoir été maître chien sans aboyer. Il raconte : « A l’armée, j’étais chargé de la surveillance du dépôt de munitions, même le Colonel ne pouvait pas rentrer !! ». C’est aussi cela entretenir le contre-pouvoir. Même dans sa moustache, pilosité commune à de nombreux révolutionnaires, on peut déceler un signe fort de contestation. « Je l’ai depuis que j’ai travaillé dans des chambres froides, quand tu as le nez qui coule par -30°, c’est pratique ! ». C’est un peu comme quand une réforme refroidit l’ambiance, tu conditionnes ta colère au congélateur et tu la ressors plus tard quand la fièvre monte ! Justement, il regrette parfois que la fièvre ne soit pas épidémique, que la division des troupes gèle les avancées sociales. Mais qu’importe, au Sud, souvent le climat se réchauffe. Cohn Bendit en est la preuve, c’est souvent à la sortie de l’hiver, que fleurissent les barricades ! Mais il ne faudrait pas qu’il parte à la pêche, Dominique, lorsqu’il faudra uniformiser le temps de travail des pompiers, régulariser les arriérés et négocier les IAT. C’est que ça lui est déjà arrivé de rater le jour J. C’était à l’époque où il était dissipé et qu’il pouvait mieux faire. Il avait carrément sécher le bac français pour aller taquiner la truite. Ce serait toutefois assez réducteur de ne parler que de syndicalisme quand on parle de Dominique Cantet. L’homme est reconnu par ses pairs et sa hiérarchie comme un indispensable meneur d’hommes et un pompier de grande qualité. Il rubalise alors son action : « Je suis professionnel avant tout ». Incorporé sur le tard, à l’âge de 24 ans, le montois d’origine se rappelle alors de sa première affectation, Lesperon, qu’il avait cherchée sur la carte départementale du calendrier de la poste. Il se souvient aussi de sa toute première intervention à récupérer des tourteaux sur la 10, et de son premier feu de forêt où il y avait plus de camions plantés que de cuves vidées. L’ex frigoriste se demande alors où est ce qu’il est tombé ? 24 ans plus tard, il est à Léon, substitut chef de garde lorsqu’il y a pénurie d’adjudant. Ses qualités d’écoute et son calme apportent toute la mesure expérimentale nécessaire aux jeunes sapeurs pompiers professionnels et volontaires qu’il « encadre ». Il avance en locomotive de centre, désireux de l’égalité de tous. Il y a certes cette rancœur qui parfois le freine. Il ne dit rien, se rappelle, et agit en contre-pouvoir ! Pour la mobilité des troupes, qu’il a jadis connue, qu’il a lui aussi subie, qui l’a fait souvent enrager, il vient peut être de trouver son « antidote ». Aussi pour le Comité d’Action Sociale, il s’occupe de la gestion des « mobil-homes » ! C’est peut-être ça, aussi,… le contre-pouvoir ! Caporal-Chef Jean-Louis Levasseur Sapeur pompier professionnel à Léon depuis 2002 Sapeur pompier volontaire à Mugron depuis 2003 Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 20 P’tit Louis, l’enfant de Pontoise, a connu un véritable choc culturel. A l’aube du développement pileux, au moment même où l’acné commence à tuméfier les visages pubères, le p’tit Louis a du quitter les barres du Val d’Oise pour les zones désertiques de Baigts Chalosse. La transhumance aurait pu lui être fatale. C’est vite l’enfer pour JeanLouis ! Au Collège, les vieux relents haineux face à l’occupant ressortent, on l’appelle l’Allemand. P’tit Louis n’a rien EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq demandé, il a juste suivi sa mère qui s’est remariée avec un agriculteur chalossais. P’tit Louis est perdu. Son avenir s’obscurcit. Il redouble sa troisième, intègre le lycée agricole d’Oereluy, devient ouvrier agricole, l’expérience dure cinq jours, puis il suit une formation dans la sylviculture. Rien n’y fait, il a vraiment du mal avec le monde rural. Non pas qu’il dénigre ce qu’il ne connaît pas, mais le changement est vraiment trop brutal. Pourtant, Jean Louis a vraiment envie de s’adapter au monde qui l’entoure. Son mètre quatre-vingt devient alors son principal allié dans sa conquête du nouveau monde. Il saisit vite qu’en terre de chalosse, il existe deux solutions pour être accepté : être agriculteur ou basketteur. Il pose alors un « dunk » sur la ségrégation régionale et les idées arrêtées. Il signe à Baigts puis Poyanne où il rencontre celle qui deviendra sa femme. Dépourvu d’avenir professionnel, il se rappelle sans mal, qu’il fût jeune sapeur pompier à Osny à l’époque où il jouait du clairon dans la fanfare des pompiers du Val d’Oise. Les pompiers sonnèrent alors le réveil de son ambition professionnelle. Un peu refroidi par l’expérience rurale, il tente à 17 ans d’incorporer la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’attente est longue, il n’obtient son sésame que deux ans et demi plus tard. Il remonte enfin à Paname et y restera finalement quinze ans. En 1991, il règle ses différents avec sa terre d’accueil en se mariant avec une chalossaise. Quatre ans plus tard, il arrive même à la convaincre de le rejoindre dans le « Nord ». Ils vivent à Tremblay en France mais le spectre de la qualité de vie sudiste revient sans cesse. En 2002, il a la possibilité de revenir définitivement dans les Landes. Il n’hésite pas une seconde, le monde urbain ne lui dit plus rien, il sait désormais que le bonheur est dans le pré ! Aujourd’hui, il n’y a pas plus chalossais que P’tit Louis. « L’allemand » s’est fait naturalisé. Basketteur à Poyanne, marié à une vraie chalossaise (elle !), sapeur pompier volontaire à Mugron, conseiller municipal depuis deux mois, P’tit Louis est un modèle d’intégration. Aujourd’hui, il ne bougerait pour rien au monde. D’ailleurs, même s’il voulait bouger, il ne pourrait plus. C’est qu’il a pris cher le P’tit Louis ! La gastronomie locale lui a été fatale. Son problème, c’est le mental, la bonne résolution diététique. Aujourd’hui, il refuse de monter sur la balance, ça lui donnerait mauvaise conscience. La dernière pesée l’a déprimé… Au centre de secours de Léon, Yoko, son nutritionniste, son mentor sportif, a baissé les bras. Il voulait en faire un sauveteur aquatique d’élite mais il n’y avait pas la taille de P’tit Louis chez Arena. Non, il n’y a rien à faire, P’tit Louis préfère la salade landaise au raid landais, et le magret frites au parcours sportif ! Pourtant, Jean Louis est sportif mais le problème c’est le sandwich d’après match, la gestion des calories. « J’y arrive pas ! » avoue P’tit Louis avec son moral de fonte. N’en faisons pas une fixette, Jean Louis, ce n’est pas que quelques kilos superflus. C’est surtout un homme jovial, compétent et disponible, toujours de bonne humeur, qui témoigne par son sourire l’immense plaisir qu’il prend quand il monte des gardes à Léon ou Magescq. « Je viens au boulot en courant ! » s’enthousiaste l’ex-allemand. S’il se prenait aux mots alors Yoko aurait gain de cause. Ce que Jean Louis déteste par-dessus tout, c’est les gens qui font la gueule, ça le « fait monter dans les tours » et quand on lui demande pour quelle grande cause, il s’investirait, il répond gravement : la faim dans le monde ! P’tit Louis, vraiment, reste comme tu es, tu nous régales. Caporal Thierry Lanot Sapeur pompier volontaire à Magescq depuis 2001 « Il faut que l’emploi du temps de tous les hommes libres soit réglé dans la totalité de sa durée, à commencer presque depuis l’aube sans la moindre interruption jusqu’à l’aube du jour suivant ». Celui qui a écrit cette pensée philosophique vivait à Athènes, 400 ans avant Jésus Christ, il s’appelait Platon. Celui qui l’applique à la lettre, est né en 1970, vit à Magescq, et s’appelle Thierry Lanot ! Le temps qui passe, le même qui additionne méthodiquement les heures, les jours, les semaines, les années, celui que l’on tente d’accélérer à l’aube de sa vie, et qu’on ralentit au crépuscule de celle-ci, ce temps là, Thierry Lanot ne le voit plus passer. Il avoue même en fin de portrait : « Chez moi, le temps est une notion importante ». La vie en 3/8 peut être brutale car mathématique surtout lorsqu’elle divise 24 heures en trois centres d’intérêt. Elle est encore plus pragmatique lorsque les contraintes économiques d’un côté et les sollicitations humaines de l’autre grignotent inexorablement le temps que l’on souhaite consacrer à soi ou à son foyer. Au final, il reste quoi ? De la fatigue souvent, de la lassitude parfois mais aussi et surtout l’immense satisfaction de donner du sens à sa vie. Thierry Lanot est sur tous les fronts ou plutôt sur trois fronts. Il s’investit sans tricher, sans s’économiser. Il est Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 21 EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq honnête avec lui-même et clair avec tout le monde : « Quand je m’engage, je le fais, et j’essaie de bien faire. Quand je décide d’arrêter, je le fais ! ». Aujourd’hui, Thierry divise ses 24h entre son foyer, son travail à la DRT de Vielle St Girons et le centre de secours de Magescq. Depuis quelques années maintenant, Thierry travaille en trois huit ce qui lui permet d’avoir du temps, toujours un peu de temps devant « lui ». A la débauche, la famille est là, essentielle, apaisante, exigeante parfois ! Quoique ! C’est elle qui, finalement, laisse le plus de latitude à l’emploi du temps de Thierry. Et puis, entre les deux, empiétant généreusement sur les moments de repos, il y a le centre de secours, « qui vient souvent frapper à sa porte » (il habite à 50 mètres). C’est devenu un cercle vicieux. A l’époque, en 2001, parce que son rythme de travail lui permettait de se libérer, alors Thierry s’est engagé chez les pompiers. Depuis, son temps libre s’est considérablement amenuisé. D’ailleurs, il ne se passe plus un jour sans qu’il vienne à la caserne. « Quand je m’engage, je le fais… ». C’est une certitude ! Petit à petit, sur le pôle de Léon-Magescq, Thierry est devenu le responsable du centre de reversions. Magescquois, disponible, à l’écoute, sociable et serviable, Thierry est aujourd’hui le prolongement des bras de l’adjudant-chef Lasserre. Il rend compte mais garde la main ! Il se régale de l’esprit de groupe, de la gestion humaine que ses responsabilités entraînent. C’est comme une entreprise, pas classé SEVESO celle-là, mais qui n’est jamais à l’abri de la détonation dévastatrice. A Magescq, les professionnels sont encore là, importants dans la dynamique de groupe, essentiels dans la vie du centre, indispensables dans la formation et en intervention. « J’aurais du mal à les voir partir » avoue Thierry. Et puis, comme Thierry, il y a les volontaires, disponibles, formés, actifs. Plus ça va, plus les exigences de la vie du centre sont nombreuses, et plus la disponibilité des volontaires est sollicitée. « On a un engagement… mais on est quand même volontaires ! » rectifie t-il parfois, porte-parole d’un groupe parfois plombé par la lourdeur du système. Il y a les interventions de plus en plus nombreuses, l’organisation des astreintes, la formation, la réactivité de tous face à une réversion retirée au dernier moment, il y a aussi le rouleau de fax à changer, celui du papier toilettes à commander, etc… Il le dit clairement, s’il n’y avait pas les pros pour les épauler, la tâche des volontaires serait encore plus ardue. Et le temps lui serait encore plus compté… Aznavour le chantait bien : « Le temps, le temps, le temps, le temps, et rien d’autre, le tien, le mien, celui qu’on veut nôtre… ». Pour certains le temps c’est de l’argent, pour Thierry, c’est devenu une question de liberté ! Non plus la liberté philosophique de Platon, mais la liberté morale de Lanot, celle d’un engagement assumé, encore motivant, mais qui serait alors délesté de certaines responsabilités. Sapeur 1ère Classe Jennifer Daguerre Sapeur pompier volontaire à Magescq depuis 2004 Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 22 Ce n’est un secret pour personne. Depuis quelques années déjà, l’Ecole républicaine est sous perfusion, alitée, gangrenée dans ses entrailles par un mal profond. Sa souffrance est terrible mais de grâce, ne lui accordons pas le droit de mourir. Il reste encore un petit espoir. Aujourd’hui, on passe plus de temps à chercher les coupables qu’à trouver l’antidote. On montre du doigt les soixante-huitards, responsables libertaires de tous les maux, on fustige les conservateurs adeptes du tablier et des coups de règles sur les doigts. On cherche désespérément la bonne solution. Soudain, une jeune apprentie institutrice s’approche de la bête blessée. Elle ne risque pas de faire des miracles avec son accent d’Agen même, mais sa volonté de réinventer l’école, bien qu’utopiste, est inébranlable. Elle se penche sur la souffrante, lui glisse quelques mots réconfortants. Il est question de valeurs telles que le respect, la politesse. Il est surtout question de citoyenneté, notion impliquant l’engagement, la solidarité, mêlant devoirs, droits et responsabilités. Dans cette quête incessante du perfectible, il y a de l’Emma Bovary chez Jennifer Daguerre, il y a aussi de l’Amélie Poulain dans son envie de tendre vers un monde meilleur, de l’Anne Franck dans cette brutale clairvoyance de raconter ce qui ne va pas. Il y a surtout de l’Elsa Zylberstein sur son visage mais aussi Corinne Frêche dans son cœur ! Réfléchie, comme souvent, déterminée comme jamais, Jennifer voudrait que l’école ne soit plus là pour éduquer mais pour enseigner ! C’est sociétal, les parents ont rendu les armes, ils n’ont plus la force de lutter et s’en remettent au service public… Ils refourguent l’éducation de leur rejeton au corps enseignant comme ils appellent pour un petit bobo les pompiers ! C’est pratique, tous les fonctionnaires répondent EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq encore présents ! Ils répondent encore mais ne sont pas à l’abri du contentieux, de la procédure, pour une sanction jugée de suite « abusive » ou pour un délai « à priori » non respecté. Ils ne sont pas à l’abri, ils se dévouent mais à la moindre incartade, rien ne leur sera pardonné ! Jennifer n’a que 20 ans mais elle assume la charge des responsabilités. Elle sait qu’elle a grandi plus vite que son âge. Déjà, on mesure dans son extrême volonté de ne rien céder, les vertus d’une grande détermination, d’une extrême maturité. Institutrice et pompier, elle sait que chaque engagement est compliqué mais aujourd’hui il lui serait inconcevable de ranger l’un des deux costumes que la vie lui a taillés. Et puis, il y a ce mot qui revient sans cesse, le mot « valeur », héritage d’un père plus que jamais en paix dans son Panthéon. La reconnaissance du ventre en est une comme celle du cœur. Alors, elle ne lâchera rien, ni la part de son corps enseignant pour Corinne, ni la part de son corps de pompier forestier pour Philippe. A Magescq, au centre de secours, malgré l’a priori d’un milieu essentiellement masculin, malgré ceux qui doutaient de sa motivation, elle a obtenu à force de pugnacité, sa consécration. Et même s’ils viennent à peine d’être réhabilités, elle fait désormais partie des murs. Elle a fini toutes ses formations, a vaincu le cliché facile de la fille secouriste qui vient faire le ménage à la caserne, et a compris que son intégration dépendait de son implication. Sa consécration professionnelle, quant à elle, ne devrait plus tarder et la souffrance de l’éducation nationale devrait bientôt s’estomper. Dans quelques jours, Jennifer deviendra institutrice. Ce sera peut-être l’heure du choix crucial entre vocation et passion, entre ses rêves d’élèves citoyens et sa motivation de décaler. Pour l’institutrice, il s’agira alors de trouver la bonne ponctuation, de poser une virgule pour relancer sans cesse son envie de réformer ou de poser un point qui succéderait, au bas de son engagement volontaire, au mot « fin ». Sapeur Kévin TECHOUEYRES Sapeur pompier volontaire à Léon depuis 2004 En langage familier, « l’affranchi », c’est celui qu’on met au courant, qu’on initie, petit à petit pour savoir ce dont il est capable, pour savoir surtout si on peut lui faire confiance, s’il peut faire partie de la grande famille. L’affranchi est repéré très tôt, à la sortie des écoles. Les murs de la maison et ceux de l’école lui sont étouffants. Il est alors la cible idéale des « kapo », ceux qui ont la main et font tourner les affaires. A 13 ans, il a des rêves plein la tête et la vie des « grands frères » devient très vite idéale. L’action, l’esprit de groupe, la reconnaissance et les grands espaces sont autant de « carottes » pour s’affranchir d’un quotidien monotone et trop étroit. La tentation est grande, l’appât trop appétissant. Le gamin se laisse convaincre. Les premières besognes sont faciles puisque initiatiques, les suivantes, plus basses, requièrent qu’on s’y joue les tripes ! Pendant ce temps, les bulletins scolaires s’égarent, le facteur est mis à l’amende. L’ascension suit son cours, le petit devient grand, et puis un jour, c’est l’adoubement, le franchissement de barrière, l’heure des « Affranchis », de l’affranchi ! Comme le héros du célèbre film éponyme de Scorcese, Kévin Téchoueyres est devenu un affranchi ! Son histoire, sa famille, c’est plus celle du corps de Léon que celle des « Corleone » ! A Léon, à la caserne, « sa » caserne, au milieu des « parrains », ses « parrains », il est encore et toujours « le petit », celui qu’on chicane mais qu’on protège, celui qu’on s’étonne de ne pas voir, celui qu’on pousse à la « patibourre ». Kévin, c’est celui que tous ont adopté et que certains ont vu grandir ! Tout petit, il s’invitait déjà sur les interventions, guettant les bruits de sirènes et reniflant les odeurs de Brimont. Il traînait à la caserne, montait sur les camions, glissait entre les bottes, et s’agrippait aux pantalons. A 12 ans, Kévin n’a qu’une idée en tête, devenir pompier forestier. Il regarde les « grands » toucher du doigt le rêve qu’il convoite. Un jour, dans le calendrier des PTT, il apprend qu’à Pontenx on forme des jeunes sapeurs pompiers (JSP) ! Il n’hésite pas une seconde, JSP c’est déjà mieux que regarder le gâteau sans y goûter ! Il convainc ses parents de l’y accompagner, d’avaler tous les dimanches matins les 50 kilomètres qui le séparent de l’école des pompiers. Kévin y passera 4 ans. Chez les JSP, avec sa section, il se grise des manœuvres sous la pluie, de la discipline et du respect qui sont imposés, de la rigueur militaire de René Degorce et Pierre Pons, de la motivation générale malgré le matériel désuet et les moyens rudimentaires qui leur sont accordés. A l’école, il pêchait dans l’ennui, aux JSP, il Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 23 EN POLE POSITION Les pompiers de Léon - Magescq Le Caporal William Lucas, originaire de Seine et Marne et sapeur volontaire à Magescq, a créé il y a 3 ans un blog dédié aux véhicules d’interventions du département des Landes. Passionné de photos et surtout de camions de pompiers, William a mis en ligne près de 300 photos de véhicules de 1949 à nos jours. Il lance un appel à toutes les personnes qui détiennent des photos de véhicules susceptibles d’alimenter son blog qui compte aujourd’hui près de 30.000 connexions (en 3 ans d’existence). réussit par envie ! Quatre ans de régalade et deux jours de consécration alimentèrent sa passion : le jour de l’incorporation où il touche sa tenue (il dort même avec le soir) et le jour de la remise du brevet des cadets, épilogue chargé en émotions. A la sortie, il peut enfin prétendre à décaler avec les « kapos », ses héros ! C’est donc en 2004, que « l’affranchi » rentre définitivement dans la famille. Kévin ne change rien à ses habitudes. Il ne se passe pas un jour sans qu’il vienne à la caserne. « Dès que je peux, je viens… sinon ils m’appellent quand je ne suis pas passé. ». A Léon, c’est un peu la mascotte, le porte bonheur, le générateur de bonne humeur, celui qui provoque l’affection de tous et la confiance des pros. Il connaît les moindres recoins de la boutique, d’ailleurs quand il y a un nouveau venu, c’est lui qui méne le tour du propriétaire. Malgré le plaisir qu’il prend dans la vie de la caserne et sa motivation sur intervention, Kévin n’a toujours pas décroché sa lune. Obstiné voire même entêté, Kévin veut devenir sapeur pompier professionnel. Mais à ce jour le dilemme est profond. Engagé depuis septembre au SITCOM, Kévin se voit parfois immigrer vers le Nord et tenter l’aventure de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris. Il y trouverait l’esprit militaire et rigoureux qu’il affectionne et les interventions qui le font se sublimer. Mais voilà, quitter Léon par passion est aussi compliqué qu’y rester par raison ! Il y a quand même un travail qui lui plaît et qui lui permet de décaler, et il y a aussi sa deuxième maison, le centre de secours de Léon ! Puis finalement, mieux vaut peut être rester « un affranchi » que devenir «un repenti » ! Comme dit la chanson : « Repenti… j’ai trahi ! » Pour visiter ce blog, tapez : www.galakfr.skyrock.com Effectifs Léon En juillet prochain, le sergent-chef Michel Ponsonnaille prendra sa retraite. Mais « Ponpon » ne laissera pas Léon sans « Pin-pon » ni « Ponpon » puisque « Ponpon Junior » vient d’intégrer le pôle de Léon. Après le poinçonneur des Lilas, Le Ponsonnaille de Léon a lui aussi fait son trou dans la profession après être passé par Uza, St Julien en Born, Lesperon, Morcenx et Léon. Bonne retraite Michel ! Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 24 20 sapeurs pompiers professionnels Adjudants-chefs : Olivier Lasserre (chef de pôle) – Pierre Dehez – Michel Dulamon Adjudant : William Mezrich Sergents-chefs : Dominique Cantet – Michel Cazaumartin – Guy Duporté – Didier Lecollonier – Thierry Lupé – Michel Ponsonnaille – Jean Luc Lespes Sergents : Anne Loubère – David Taris Caporaux-chefs : Sébastien Persillon – Jean Louis Levasseur Caporaux : Steve Ponsonnaille – Cédric Boizieau – Julie Saint Pic Sapeurs : Lucile Brissard – Jean Philippe Lassus 24 sapeurs pompiers volontaires Adjudant : Cyril Naud Sergents : Pascal Besset – Patrice Doulet Caporaux-chefs : Bernard Damestoy – Christian Dubedat – Bernard Martinez Caporaux : Loïc Cazaux – Philippe Dubos Sapeurs : Vincent Badoux – Cédric Caumont – Thierry Chabadière – Emmanuelle Cordobès – Anaïs Doulet – Frédéric Dumas – Romain Duvignac – Patrick Gallet – Elisabeth Graczyk – Flavien Lasserre – Konogan Lefeuvre – Loïc Pereira – Rémi Ruiz – Laetitia Salles – Kévin Téchoueyres Médecin Capitaine : Michel Gilly Magescq 21 sapeurs pompiers volontaires Adjudant : José Arigita Sergent : Stéphane Lalanne (SPP) Caporal-chef : Vincent Dupin Caporaux : Cédric Boizieau (SPP) – Thierry Lanot – William Lucas – Franck Mora Sapeurs : Jeremy Bertrand – Jennifer Daguerre – Florent Fourteau – Tony Grande – Jean Claude Labastugue – Rémi Labeyrie – Mickaël Lahonta (SPP) – Jean Pierre Libier – Matthieu Mora – Romain Mora – Christian Pallier – Jean Marc Soubrie – Julien Subsol. UDSP 40 Aider… Informer… Fédérer… INTERVIEW de Marc TASTET Président de l’Union Départementale Sapeur pompier volontaire depuis 1975, ancien chef du centre de secours de Grenade, président de l’Union Départementale depuis 2003, le Capitaine Marc Tastet est en passe de céder sa place à la tête de l’association départementale. Avant de partir, il nous livre ses sentiments sur son mandat, sur sa vision de l’engagement volontaire, sur l’avenir de l’Union. En 2003, quelles étaient vos motivations pour devenir Président de l’Union Départementale ? Marc Tastet recevant les galons de capitaines des mains du Président Cabé et du Préfet des Landes. Depuis longtemps, la position de l’Union Départementale, avec le système qui existait, ne me convenait pas. Au moment de la départementalisation, les sapeurs pompiers volontaires ont été cédés « pour le franc symbolique » au département sans opposition et sans dialogue entre le service et les volontaires. Nous étions des chefs de corps, avec des responsabilités lourdes que nous assumions pleinement. Nous étions seuls maîtres à bord lors des interventions avec la responsabilité de dégager les moyens ou les renforts nécessaires. La donne avait changé, les chefs de corps étaient devenus des chefs de centres. A cette époque, j’ai eu du mal à assimiler cette nouvelle fonction. J’avais déjà les fonctions de patron d’entreprise et à Grenade, je me sentais le patron du centre de secours. Je n’ai pas compris qu’on prenne ma place sur les décisions du terrain. D’après moi, il n’y a que le chef de centre pour connaître parfaitement les moyens disponibles et le secteur. Le changement de statut des anciens « chefs de corps » m’a donné envie de monter au créneau, non seulement pour défendre la position de ceux qui avaient le même rôle que moi mais pour améliorer le sort des pompiers volontaires en général. Je ne voulais pas qu’on devienne les portes bidons du service. Je voulais garder mon autonomie sur les interventions quotidiennes et sur ma vision des choses sur le terrain. Cependant, je voyais bien le service reprendre la main sur les interventions d’envergure impliquant l’intervention de plusieurs centres de secours. Le jour où je suis monté au créneau, pour le congrès de Capbreton, c’était avant tout pour défendre le volontariat, et ouvrir le dialogue avec la direction. Je voulais assumer mes responsabilités de sapeur pompier volontaire comme j’ai toujours assumé mes responsabilités au sein de mon entreprise ! Quel bilan dressez-vous de vos années de présidence ? Lorsque j’ai pris la tête de l’Union Départementale, j’ai assumé dans la continuité de mon prédécesseur, Michel Roumégous, la lutte engagée pour la reconnaissance sur le terrain des sapeurs pompiers volontaires. Au bout de mon mandat, je pense que l’Union Départementale a gagné en organisation avec la mise en place d’un secrétariat permanent et réactif. Au niveau des assurances, et notamment de la mutuelle des pompiers, on a travaillé pour une meilleure couverture sociale en signant le contrat ASSO 18. Ensuite, on a assuré la transparence des finances. On s’est finalement donné les moyens d’être clairs sur nos engagements et structurés dans notre méthode. Là, où j’ai enfoncé le clou, c’est Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 25 UDSP 40 Aider… Informer… Fédérer… quand il a fallu définir les nouvelles grilles pour les vacations et les indemnités de chefs de centres. On entrait alors sur un terrain qui me tenait à cœur ! Aujourd’hui, je suis fier de la reconnaissance des chefs de centres, de la revalorisation de leur engagement, et des moyens financiers et matériels qui leur ont été accordés. J’ai encore une seule préoccupation, et je l’ai amené au niveau national, c’est le paiement des heures de formation qui ne sont rémunérées qu’à 75%. On peut et on doit faire plus à ce niveau. On nous demande d’être efficaces à 100% et formés à 100% alors soyons rémunérés à 100% ! Aujourd’hui, je n’ai qu’un regret : l’argent a pourri certaines fonctions. J’ai peur que l’éthique du volontariat soit souillée par l’attrait économique. Moi, j’ai été chef de centre 24h/24 pendant 25 ans. Ça sonnait, je partais ! De plus en plus, les volontaires fonctionnent comme des professionnels. Il y a des centres, comme à Grenade, qui fonctionnent en quatre équipes de huit personnes qui ne se rencontrent pas sur intervention. Ils sortent par équipe, c’est fini le temps du bip général et des manœuvres communes. On a professionnalisé le volontariat ! Maintenant, on ne trouve que des pompiers volontaires qui ne sont volontaires qu’une semaine par mois. Pour moi, la vie du centre se perd, et la vie des amicales se meurt. Marc Tastet en compagnie du Président Cabé et du Préfet des Landes lors du Congrès Départemental à Grenade. Aux yeux de bon nombre de sapeurs pompiers professionnels, l’Union Départementale, au-delà de l’association qu’elle représente, n’est-elle pas le syndicat des sapeurs pompiers volontaires ? Et quid des professionnels à l’Union départementale ? L’Union départementale ne sera jamais le syndicat de qui que ce soit ! Le terme syndicat entraîne des idées telles que la défense d’un salaire, d’un travail, de conditions de travail, vis-à-vis d’un employeur. Nous sommes volontaires pour aller porter secours aux gens dans le temps qui nous est disponible et possible d’accorder à cette mission. Nous ne pouvons pas nous positionner dans une lutte des classes au sein d’une corporation. Il est important cependant de faire part de l’avis des sapeurs pompiers volontaires dans l’organisation du service. A ce sujet, j’ai été un des principaux artisans de l’éclosion de la commission des volontaires au sein de notre association. Il faut préciser que l’Union Départementale est l’union de tous les sapeurs pompiers du département. Alors pourquoi il y a peu d’adhérents professionnels ? Je crois que c’est notre absence de revendications syndicales qui finalement nous met en marge de l’intérêt du professionnel. Ce que les professionnels peuvent venir chercher chez nous, c’est le social, les assurances et l’esprit convivial que nous essayons de préserver. Finalement, l’Union Départementale servirait à rassembler tout le monde dans un même esprit associatif. Détenez-vous les clefs de votre succession ? Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui dans les Landes, nous ne sommes pas prêts à nommer à la tête de l’Union départementale, un sapeur pompier professionnel. Je ferais tout pour que ce soit un sapeur pompier volontaire par souci de représentativité. Dans le département, il y a 1600 sapeurs pompiers volontaires et 300 sapeurs pompiers professionnels. Par contre, l’Union Départementale sans professionnels au sein de son bureau, ne serait plus l’Union Départementale. Je suis favorable à la nomination de deux professionnels aux vices-présidences. J’ajoute que j’aurais un rôle de conseiller à jouer lors de ma succession, et vous pouvez être sûr que je le jouerais pleinement ! “Chez les pompiers, je suis capitaine. Au sein de mon entreprise, je suis général…” Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 26 Quels sont à vos yeux les axes d’évolution de l’Union Départementale pour les trois ans à venir ? L’axe majeur sera et devra être le social. Compte tenu de l’évolution de la société et de la conjoncture actuelle, nous n’avons plus les moyens de venir en aide aux personnes en difficultés financières. Les besoins sont de plus en plus nombreux mais nous n’avons plus les moyens de répondre à toutes les sollicitations. Sachez que j’en suis profondément désolé ! LE SERVICE SDIS Le Groupement Opérations En 1996, lorsque le Lieutenant Colonel Jean Marc Antonini, alors capitaine, prend ses fonctions de chef de groupement territorial de Mont de Marsan, la départementalisation des services d’incendie et de secours est proclamée depuis deux ans déjà. L’entité communale du corps, historique et sentimentale, vit ses dernières heures. C’est comme si on enlevait aux maires, un peu de leur école, un peu de leur église. A l’époque, la gestion opérationnelle se décline suivant la logique locale concernée. Tout l’effort est donc de construire les fondations de la maison départementale. Le premier ciment est coulé en 1998 lorsque le Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques sort du chapeau du 1er Groupement Opérations dirigé à l’époque par le capitaine Richard Desbieys. Véritable outil de péréquation, le SDACR voit large, additionne les contraintes locales et résonne pour la première fois à l’échelle d’un département. Les choix politiques en découlent. C’est l’heure des plans (équipement, casernement), des choix stratégiques (maintien de tous les centres de secours, stabilité du nombre de sapeurs pompiers professionnels, développement du volontariat, effort considérable en matière de formation), c’est l’heure de la vision globale ! En 2001, le premier outil concret de structuration opérationnelle voit le jour, le SDIS des Landes se dote d’un système informatisé d’alerte, l’outil « START » de Systel, dans lequel sont définies la nature des interventions, la programmation des départs, la gestion des matériels disponibles. Avec les premières préoccupations opérationnelles, c’est le CTA/CODIS (Centre de Traitement de l’Alerte/Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours) qui connaît son émergence. La deuxième poussée de fièvre opérationnelle se fera sous la houlette du Commandant Groisillier avec le développement de la prévision. Enfin, depuis 2004, avec l’arrivée du Colonel Bourdil à la direction départementale et du Lieutenant Colonel Antonini à la tête du Groupement Opérations, on sent que l’opérationnel vit pleinement sa maturité dans l’accession aux techniques nouvelles. Il prend enfin ses responsabilités, non plus de faire le boulot, mais d’aller au-delà pour être encore plus performant. Aujourd’hui, garant des pôles « méthodes opérationnelles », « prévision » et « des systèmes d’information et de communication », le Groupement Opérations est le centre névralgique de l’organisation départementale, l’expression même de ce qui garantit la vie d’un SDIS : les interventions. Le Groupement Opérations La Prévision / Planification • Connaissance et analyse des risques • Connaissance des ressources (accès – eau) • Planification des actions pour les établissements • Etudes (lotissements – industries – artisanat – ICPE). • Le Bureau Forêt et Développement cartographique Les méthodes opérationnelles • Gestion du CTA/CODIS • Méthodes liées à la formation et adaptées à l’évolution des risques, de la société, des techniques. • Elaboration des statistiques, exploitation des données START. Le P.S.I.C • Gestion des outils et logiciels opérationnels (START – PRODALIS – SIG – ANTARES – BUSINESS OBJECT) • Maintenance technique du CTA/CODIS • Gestion des outils et logiciels administratifs Le schéma fonctionnel du Groupement Opérations Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 27 LE SERVICE SDIS Le Grouprement Opérations Le pôle « méthodes opérationnelles » C’est le « nerf de la guerre ». Il est géré par le Capitaine Stéphane Poyau. La principale entité du pôle est le CTA/CODIS (voir « SDIS D LAND’ Magazine numéro 4) qui nécessite une coordination importante. Avec ses 9 opérateurs, ses 4 chefs de salle, et son pool restreint d’officiers CODIS, le CTA/CODIS est l’outil opérationnel qui doit absorber toute l’activité opérationnelle ainsi que tous les changements dus à l’adaptation technologique. C’est aussi l’outil en prise directe avec le directeur départemental. Aujourd’hui, le capitaine Poyau dispose d’une équipe qui travaille dans un bon état d’esprit, qui connaît parfaitement le département, ce qui représente une réelle plus-value dans l’approche du travail au quotidien. Pour plus de souplesse dans la réactivité opérationnelle, il souhaiterait que le CTA/CODIS puisse à terme ne plus déclencher des engins mais des sapeurs pompiers professionnels et volontaires auxquels on associerait des engins (c’est le système de planning centralisé avec serveur vocal de disponibilité) ! Capitaine Stéphane POYAU Pour le pôle « méthodes opérationnelles », l’actualité réside dans la réalisation d’un guide de rédaction des comptes-rendus d’interventions, le maintien de l’effort consenti en matière de gestion opérationnelle et de commandement (équipement VPC/VLPC, formation continue FDF3 et 4, stages chefs de groupes), et la poursuite de la migration ANTARES, mutation essentielle du réseau des transmissions. Le capitaine Poyau est également l’interlocuteur SDIS auprès de nos partenaires tels que l’ASF, le SAMU, la Gendarmerie, la BA 118, et le CEL. Le pôle « prévision-planification » C’est l’entité du Groupement la plus fournie en ressources humaines. Elle est dirigée par le Capitaine Olivier Loustau. Depuis son arrivée au SDIS40, en janvier 2008, le Capitaine Loustau est chargé de la révision du SDACR qu’il doit finaliser fin juin. Avec l’explosion démographique (+3.500 habitants par an) et économique du département, l’activité opérationnelle a connu ses dernières années une croissance considérable. Avec la croissance démographique, les risques se sont accrus. Le SDIS des Landes doit donc s’adapter au contexte conjoncturel actuel. Après avoir fait le recueil des données sur les risques du département, l’analyse statistique du nombre d’interventions, et l’analyse de la couverture des risques (délais d’interventions, répartition des moyens), le service Prévision doit éditer le document (SDACR) qui pourra guider les choix stratégiques et politiques de la direction qui définiront l’organisation opérationnelle du service sur les prochaines années. Capitaine Olivier LOUSTAU Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 28 Le deuxième chantier du pôle consiste à dresser les plans d’établissements répertoriés de 100 établissements à risques identifiés dans le département (ERP, industries). Il s’agit d’apporter au sapeur pompier qui va intervenir, l’outil lui permettant d’appréhender les risques qu’il va rencontrer. Le capitaine Loustau travaillera en étroite collaboration avec les officiers prévisionnistes au sein des groupements territoriaux : le Capitaine Cazassus, le major Zion, le major Tastes et le major Lavigne. LE SERVICE SDIS Le Groupement Opérations Le « pôle prévision », c’est aussi : • Le capitaine Jean Paquero qui est en charge des installations classées pour la protection de l’environnement, des dossiers concernant les manifestations qui nécessitent des services de sécurité. C’est aussi l’officier référent en terme de surveillance aérienne. • l’adjudant-chef Bruno Capdeville qui gère la prévision sur les lotissements et les établissements industriels. • l’adjudant-chef Hervé Chosserie qui est chargé de la centralisation et du traitement des données dédiées au système de navigation. Il tient à jour le registre départemental des ressources en eau. Il est opérateur cartographique et opérateur « Prodalis ». • le sergent-chef Jean-Claude Herran est opérateur cartographique et opérateur « Prodalis ». Adjudant-Chef Bruno CAPDEVILLE Adjudant-Chef Hervé CHOSSERIE Capitaine Jean PAQUERO Sergent-Chef Jean-Claude HERRAN Le « pôle prévision », c’est enfin : Le Bureau Forêt et Développement cartographique Thierry Caule en est le responsable. Son intervention s’articule autour de 3 grands thèmes : • la forêt : suivi des aménagements et des infrastructures (DFCI), relations avec les services de l’Etat (DDAF et DDE), aménagement de la forêt (PPFCI), règlement PFCI et suivi des dossiers d’incinérations. • le feu de forêt : gestion de l’outil PRODALIS (expertise permanente et utilisation de l’outil) et suivi particulier des statistiques feux de forêt (regard précis, analyse du risque, conditions climatiques, recherche des causes, investigations, engagement des mesures préventives, réglementation) • la cartographie : administration du SIG (gestion des données, remontées du terrain), aide à l’opérationnel (édition Atlas, cartes, outils VPC, données SDACR, relevés cartographiques GPS), aide à la formation (cartes FDF3 et FDF4). Thierry CAULE est sapeur pompier volontaire expert. Il aide l’officier renseignement auprès du COS (cartographie, tour du feu, appui technique, infos géographiques). Thierry CAULE Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 29 LE SERVICE SDIS Le Grouprement Opérations Le P.S.I.C ou Pôle des Systèmes d’Information et de Communication Le P.S.I.C est un pôle récent qui émane de la fusion entre l’informatique opérationnelle et administrative et les transmissions. Après avoir été CIT (Cellule Informatique et Transmissions), la cellule est devenue PSIC car elle englobe toute une gamme de nouvelles technologies au-delà des notions basiques de transmissions et d’informatique. Désormais, le pôle est dirigé par Philippe Arnould, assisté de Dominique Cazaubieilh. Le rôle transversal du pôle le situe à l’intersection de tous les services. Son rôle est de mettre à disposition tous les outils techniques et informatiques pour que les agents puissent remplir leurs missions. L’actualité du P.S.I.C perpétue la refonte totale des logiciels de gestion pour les services administratifs (ressources humaines, gestion financière) qui a débuté en 2005, et annonce l’arrivée progressive de l’informatique administrative, notamment Intranet, dans les centres de secours. Dans le domaine opérationnel, le PSIC assure le suivi de Prodalis (fonctionnement des systèmes, amélioration des algorithmes de détection, maintenance du matériel), accélère la « révolution » ANTARES, développe la cartographie opérationnelle et participe activement à la maintenance technique du CTA/CODIS. Philippe Arnould (Le P.S.I.C sera détaillé dans le prochain magazine comme un service SDIS à part entière.) Le secrétariat du groupement opérations est assuré par Odile Destenave, au Groupement Opérations depuis 2002. C’est la mémoire du groupement. Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 30 Elle gère le secrétariat de 7 personnes ce qui l’a amené à taper en 2007 près de 1.700 courriers (permis de construire, planification, suivi de dossiers services de sécurité, suivi de dossiers incinérations, suivi des compte-rendu des visites et contrôles de points d’eau, attestation d’interventions, notes de service, etc….). Elle gère également le planning de chacun (congés – récupération – astreintes – gardes), assure l’accueil téléphonique et l’enregistrement puis la classification des courriers. Elle fait aussi de très bons gâteaux et s’assure du bien être professionnel de chacun des membres du Groupement Opération, voire des autres personnels de la Direction. Odile Destenave LE SERVICE SDIS Le Groupement Opérations INTERVIEW du LIEUTENANT COLONEL ANTONINI Si vous deviez insuffler une « philosophie opérationnelle » au corps départemental, quelle serait-elle ? Ce serait la connaissance du risque. Connaître le risque pour le prévenir en amont, c’est l’objet de la prévention. Connaître le risque pour anticiper ses effets et prévoir les moyens pour le combattre, c’est l’objet de la prévision. C’est cette connaissance du risque qui permet au sapeur pompier d’agir efficacement, en toute sécurité durant l’opération. Aujourd’hui, quand on voit des centres comme Tyrosse, Pontonx ou Gabarret qui gagnent en autonomie, n’est ce pas le début de la fin pour la notion de « pôle » ? L’entité « pôle » connaît aujourd’hui des évolutions contradictoires. Elle est devenue un outil de gestion territoriale opérationnelle (c’est le cas de Saint Justin qui gère de façon dynamique les effectifs professionnels et volontaires suivant le risque), mais elle reste une entité de réversion et de prévision forestière. Demain, le SDACR viendra peut être redéfinir le concept ou le faire évoluer. Les différentes évolutions du « pôle » obéissent à des logiques différentes. Il est vrai que le modèle de base est remis en question. Nous sommes de plus en plus dans une logique de subdivision territoriale de groupement. Mais cette logique peut poser des problèmes de gestion humaine, notamment dans le maintien de l’autonomie de certains centres volontaires. Il faut clarifier la question et redéfinir la notion de pôle. Est-ce simplement une question de gestion d’effectif à l’échelle d’un territoire ou estce une subdivision territoriale du groupement qui recouperait l’ancienne appellation de « zone forestière ? ». En quoi le SDIS des Landes, en terme opérationnel, reste t-il perfectible ? Nous sommes perfectibles dans le détail de la gestion des outils opérationnels et notamment dans l’optimisation de ceux-ci. Nous nous sommes considérablement modernisés mais maintenant il s’agit de maîtriser la modernité de nos outils. Ca ne sert à rien d’avoir désormais des lances à débit variable si on ne sait pas gérer le débit de l’eau. Affiner son outil, c’est la tendance ! Aujourd’hui, un nouveau virage technologique s’offre à nous. Il nous permettra d’optimiser l’efficacité de nos outils opérationnels, que ce soit dans notre action sur le terrain (Antares – Prodalis – Cartographie – GPS) comme dans les comptes-rendus d’interventions (précision des rapports, terminologie adaptée). Si nous tendons vers cet objectif, ce n’est pas pour s’auto satisfaire mais pour répondre aux attentes opérationnelles des sapeurs pompiers. Je tiens à préciser que toutes ces évolutions ne peuvent exister sans le retour d’expérience des centres de secours. (Exemple : si nous insistons aussi lourdement sur le système ANTARES aujourd’hui, c’est parce que nous connaissons les limites de notre réseau analogique actuel et que la nouvelle technologie nous assurera une réelle plus-value dans la gestion des interventions au quotidien.) Le SDIS des Landes - Juin 2008 - 31 Les Sapeurs Pompiers de PEYREHORADE prochainement…