Trésors d`une mosaïque de cultures

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Trésors d`une mosaïque de cultures
LA VOIX ANNONCES
DIMANCHE 1er JUIN 2014
FF28.
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www.lavoixannonces.com
LA VOIX ANNONCES
DIMANCHE 1er JUIN 2014
FF28.
27
www.lavoixannoncescom
LES PRÉCARPATES AU SUD-EST DE LA POLOGNE
PRATIQUE
Trésors d’une mosaïque de cultures
Les Précarpates, au sud-est de
la Pologne, recèlent des trésors
patrimoniaux qu’il est facile de
découvrir à partir de la capitale
Rzeszow. À la frontière de
l’Ukraine et de la Slovaquie,
sous influence de l’empire
austro-hongrois, la région
témoigne de cette mosaïque
culturelle façonnée par les
peuples polonais, juifs, et
ukrainiens.
Impossible de se promener dans le
quartier historique de Rzeszow,
autour de la place du Marché et
de son puits du XVIIe siècle, res-
Un reportage
de
CAROLE MOCELLIN
tauré en 2000, sans que s’imposent signes des grandes secousses de l’histoire qui auront
vu, dès le XVIIIe siècle, quatre
partitions de territoire et des frontières reconsidérées en 1945,
avec un glissement de 200 kilomètres vers l’Ouest. Plusieurs fois
incendiée au fil séculaire des invasions, Rzeszow réussit toujours
à renaître de ses cendres.
Aujourd’hui centre de commerce
et ville universitaire, la capitale
régionale expose ses maisons anciennes et ses villas bourgeoises
de style art nouveau qui donnent
leurs couleurs pastel à un passé
dont les épisodes douloureux sont
assumés. En témoignent ces monuments à la mémoire des juifs
déportés qui constituèrent jusqu’à un tiers de la population non
loin de la vieille synagogue forteresse, édifiée au XVIe siècle.
Ici le passé a été patiemment reconstruit pour le plus grand intérêt du visiteur. Ainsi cette galerie
souterraine qui, dès les années
soixante, a fait l’objet d’une restauration pour constituer un itinéraire qui permet de découvrir
les caves des marchands qui, dès
le Moyen Âge, y stockaient leurs
produits. Ces caves aujourd’hui,
musée de l’artisanat, servaient de
refuge aux habitants lors des invasions.
À une quarantaine de kilomètres,
le château de Lancut érigé par
Stanislaw Lubomirski, seigneur
et mécène de Rzeszow, fut la
somptueuse demeure des Potocki
au XIXe et XXe siècles. Épargné
par la Seconde Guerre mondiale,
il devint musée national après la
fuite de l’une des plus grandes
fortune d’Europe en 1944. L’aspect de la forteresse moyenâgeuse
a bien changé depuis qu’elle fut
PRÉPARER SON VOYAGE
Office national du tourisme polonais,
10 rue Saint-Augustin à Paris.
Tél : 01 42 44 29 91.
www.pologne.travel
Formalités : carte d’identité ou passeport.
Monnaie : le zloty ou PLN (1 € = 4 slotys)
Y ALLER
En avion depuis l’aéroport de BeauvaisTillé. La compagnie régionale polonaise
Eurolot vient d’ouvrir un vol Paris-Rzeszow depuis septembre. Liaisons bi-hebdomadaires, les mardis et samedis. À
partir de 260 €.
Par la route car la capitale des Précarpates, Rzeszow est bien desservie. Avec
l’E-40 menant de Dresde et Cracovie à
Kiev en Ukraine et l’E-371 allant de
Gdansk vers la Slovaquie, la Hongrie et le
sud de l’Europe en passant par Varsovie.
HEBERGEMENT
Sur la place médiévale du marché de Rzeszow, l’hôtel de ville a été établi en 1591. La ville universitaire compte aujourd’hui 163 000 habitants.
habitée, en 1600, par Stanislaw
Stadnicki, surnommé le Diable de
Lancut. D’abord pour son courage ensuite pour sa cruauté.
Transformé en palais aristocratique, le château déploie de magnifiques intérieurs aux mobiliers
précieux. Pour le visiteur qui aura chaussé des patins, il a aussi
un attrait particulier : celui de ses
parquets en marqueterie, véritables chefs-d’œuvre annoncés
dès l’entrée par un hall pavé de
dalles de chêne.
La forêt dense y a livré ses plus
beaux bois et c’est en parcourant
une nature préservée où vivent
encore lynx, ours et loups que
l’on arrive à Sanok dans le plus
grand parc ethnographique de
Pologne.
Nuitées royales
Au bord de la rivière San, une
centaine de constructions en bois
des XIXe et XXe siècles accueille le
promeneur pour une exploration
de la vie quotidienne des différentes populations qui vécurent
dans les plaines et les collines des
Précarpates. Fermes, villages typiques, églises orthodoxes, moulins… retracent avec précision les
conditions de vie des habitants
(Bojkis, Lemkis, Ruthènes, Polonais, Juifs), dont on peut observer
mobiliers et outils dans un habi-
tat rendu vivant par de véritables
artisans.
Toujours à Sanok, les icônes du
musée de la ville étonnent par
leur profusion. Elles racontent
une foi populaire empreinte de
catholicisme et d’orthodoxie. tandis que veillent au dernier étage
les œuvres tragiques de Zdzislaw
Beksinski traversées par la barbarie de l’âme humaine.
Sur la route qui mène de Sanok à
Przemysl, le château de style renaissance tardive offre ses nuitées
royales. Bâti par Stanislaw Krasicki en 1580, il a appartenu à plusieurs familles nobles dont le dernier représentant fut le cardinal
Adam Sapieha, considéré comme
Dans le château de Lancut, de remarquables parquets en
marqueterie pour ce musée des intérieurs polonais.
un héros de l’indépendance polonaise. Les frises qui ornent sa
cour rectangulaire sont réalisées
dans la technique du sgraffite italien. Ses quatre tours, qui reflètent l’ordre éternel du monde
(Dieu, le pape, le roi et la noblesse) interpellent le parc planté
de chênes centenaires. Mais le
plus spectaculaire est sans aucun
doute sa chapelle entièrement
restaurée dans le style renaissance qui culmine à trente mètres
dans la tour de dieu.
À quelques kilomètres de
l’Ukraine, qui fut autrefois en
partie territoire polonais jusqu’à
Lviv, le voyage s’achève dans la
ville frontalière de Przemysl, fon-
dée au VIIIe siècle. Polonais, Ruthènes,
Juifs,
Allemands,
Tchèques et Arméniens y cohabitèrent.
Du haut de la tour de l’Horloge,
dont les marches mènent aux
salles du musée des cloches et des
pipes, un panorama de clochers
et de coupoles témoigne de ces
différentes confessions.
Le musée remarquable, construit
sur l’ancien quartier juif, propose
ses collections d’icônes et d’objets
sacrés et une exposition de
grande qualité sur cette bataille
méconnue de la Grande Guerre,
qui vit s’affronter, durant 133
jours de siège, Austro-Hongrois et
troupes russes.
Les Précarpates, entre villes et villages
de montagne, possèdent de nombreuses
possibilités. Cela va de l’hébergement à
la ferme, très bon marché en passant par
les hôtels de luxe au tarif abordable. À
Rzeszow, le Bristol, sur la place historique, propose des chambres de grand
confort à prix raisonnables (environ 90 €
pour une nuit avec le petit déjeuner).
Tél. : 048 17 250 00 50.
À Krasiczyn, le Zamkowy hôtel propose
des chambres au château (chambre
double à 250 zlotys soit 37,5 €). Il est
prudent de réserver.
Tél. : 048 016 671 83 21.
À Kombornia, le manoir du XVIIIe siècle
restauré en 2006, Nowy Dwor, à la fois
hôtel et SPA niché dans un parc paysager propose un week-end, du vendredi
au dimanche soir pour 700 slotys (pour
deux personnes en demi-pension).
Tél. : 13 435 42 89.
www.DworKombornia.pl
Entre Rzeszow et Sanok,
l’église médiévale en bois
de Blizne
Le cardinal Karol Wojtyla (Jean
Paul II) venait s’y recueillir avant
d’incarner ce pape révéré par les
Polonais aujourd’hui sanctifié.
C’est dire si l’église construite de
rondins de bois horizontaux dans
une technique inconnue en Europe de l’Ouest est singulière. De
par son architecture, à la frontière du monde occidental et du
monde oriental, et sa décoration
intérieure mêlant virtuosité des
fresques murales et richesse des
autels. Érigée à la moitié du XVe
siècle, elle témoigne du développement en plein essor de la Pologne du XVe au XVIIe siècle alors
qu’unie à la Lituanie elle formait
un vaste empire englobant l’Europe centrale.
L’église de Tous-les-Saints compte
parmi les plus anciennes églises
catholiques romaines en bois qui
soient bien préservées. Notamment ses murs et ses toits conservés depuis son origine médiévale.
Sa restauration a duré sept ans.
Les peintures murales datent des
XVIe et XVIIe siècles. Elles racontent en images les moments
forts de ce que tout bon chrétien
devait connaître de la Bible, outre
la Passion du Christ car elles
s’adressaient aux paysans illettrés qui ainsi, en venant à la
messe, étaient instruits des mystères de la foi.
En pénétrant dans l’enceinte, on
est frappé par la sérénité des lieux
et l’élégance des dessins polychromes qui contraste avec la
simplicité du style gothique des
façades extérieures. L’église est
classée au patrimoine de l’UNESCO depuis 2003. Des messes y
sont régulièrement célébrées. ■
៑ Blizne fait partie d’un vaste ensemble qui compte 130 bâtiments historiques en bois que l’on peut visiter en
suivant neuf itinéraires proposés par
l’Office régional de tourisme des Précarpates (Itinéraires de l’architecture
en bois).
REPAS
À l’auberge Jadlo Karpackie,à Sanok, la
patronne sert des plats dont elle a retrouvé les anciennes recettes populaires.
www.karczmasanok.pl
À Przemysl, le restaurant Ck.Monarchia
recrée l’univers culinaire de l’empire
austro-hongrois dans des salles confortables d’une élégance raffinée.
www.facebook.com/
RestauracjaMonarchia.
L’église est inscrite au patrimoine de l’Unesco.
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Dans le musée national de Przemysl, la plus ancienne ville de Pologne après Cracovie, on peut
découvrir un riche patrimoine d’objets sacrés.
Le château de Krasiczyn, à la fois hôtel et musée de style Renaissance tardive.
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