Mais où est donc passée la bulle immobilière?
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Mais où est donc passée la bulle immobilière?
4 Immobilier Tribune de Genève | Mardi 1er avril 2014 C’est votre droit Location d’une chambre: quelles règles dois-je respecter? Vous êtes locataire ou propriétaire? Vous avez une question en lien avec votre logement? Posez-la à [email protected]. Des avocats spécialisés y répondent chaque mardi. Andreas Fabjan Avocat, Etude Morvan & Fabjan Question de Martina L.: «Je souhaite louer une chambre à un étudiant dans la villa dont je suis propriétaire. A quoi dois-je prendre garde et quelles sont les règles que je dois respecter?» Le droit du bail est un droit particulièrement technique et formaliste. Il exige une grande attention, en particulier de la part du bailleur, notamment en ce qui concerne la rédaction du contrat de bail à loyer. L’omission de certaines informations peut en effet avoir des conséquences particulièrement fâcheuses, et ce même des années après le début de la location. Avant de louer un logement, il convient de définir un certain nombre d’éléments. En premier lieu, la durée du bail. Deux types existent: le premier est le bail de durée déterminée, qui prend fin à l’échéance de la durée convenue sans qu’il ne soit nécessaire de procéder à une résiliation par l’une des parties. Le second est un bail de durée indéterminée, dont l’échéance, c’est-à-dire la date pour laquelle les parties peuvent mettre un terme au contrat, peut être convenue librement par les parties. Il s’agit en principe d’une échéance mensuelle, trimestrielle ou annuelle. A défaut, l’échéance correspond, à Genève, à la fin d’un trimestre à compter du début du bail. Le montant du loyer est un autre élément important à définir. Sous réserve des loyers au bénéfice d’une aide étatique ou contrôlés par l’Etat, ceux-ci peuvent être fixés librement, pour autant que le montant ne puisse pas être réputé abusif selon le droit du bail. Dans la situation de Martina, où seule une chambre est louée à l’intérieur de sa villa, il est également particulièrement important de définir précisément l’étendue de l’objet du bail, soit en principe la chambre, et de préciser dans quelle mesure le locataire pourra disposer des sanitaires (droit d’usage exclusif ou non) et, le cas échéant, de la cuisine, du jardin ainsi que de toutes les autres parties de la maison ou de ses dépendances. Il est également utile de préciser si la chambre est louée meublée ou non, ce qui aura une incidence, notamment en ce qui concerne les délais de congé. Enfin, le choix du locataire luimême exige de prendre certaines précautions, notamment en ce qui concerne sa solvabilité. Il conviendra de solliciter les documents nécessaires à démontrer qu’il offre toutes les garanties requises. Finalement, le canton de Genève a fait usage de la possibilité de contraindre l’utilisation de la formule officielle à l’occasion de la conclusion d’un nouveau bail tant que dure la pénurie de logements. Actuellement, la pénurie existe pour toutes les catégories de logements. L’utilisation de la formule est donc nécessaire dans le cas de Martina pour la location d’une chambre. Celle-ci doit impérativement être notifiée au locataire au plus tard le jour de la remise de la chose louée et comprendre l’ensemble des informations exigées par la loi. Le respect par le bailleur de cette formalité imposée par le droit du bail est essentiel. www.avocats-immo.ch La chronique de l’USPI Mais où est donc passée la bulle immobilière? Flavio Brisotto Président de l’USPI Genève Il y a quelque temps, nos grandes banques nationales annonçaient dans la presse un risque élevé de bulle immobilière. Cette peur de l’effondrement du marché immobilier a justifié la mise en place de mesures pour restreindre le crédit hypothécaire. Début mars, ces mêmes banques nous annoncent que la bulle est derrière nous. Mais que s’est-il passé? La mise en place de ces mesures était-elle nécessaire? Les professionnels de l’immobilier observent, depuis près de deux ans, une autorégulation du marché et des prix de la pierre. Par exemple, les loyers élevés (entre 4000 et 5000 francs), sont très souvent revus à la baisse, à hauteur de 10% ou 15%, selon les critères du bien. Nous constatons également qu’une certaine catégorie de biens, jusque-là loués facil ement, demande d’avantage d’efforts afin de conclure à une location. Il s’agit d’appartements standards concernant surtout les 4 et 5 pièces en campagne genevoise et pouvant dépasser les 2500 francs par mois. Pour le segment du luxe, après une chute importante de la demande dans cette catégo- rie, la situation à tendance à se stabiliser. La demande est toujours présente, même si les budgets des locataires (entreprises internationales, missions, ambassades ou personnes physiques) ont baissé. Il y a passablement d’objets présents sur le marché pour cette catégorie. En outre, dans le cadre de la relocation, il y a souvent lieu de réajuster le loyer selon la qualité et la situation du bien. La bulle immobilière n’est pas derrière nous: elle n’a simplement, à notre avis, jamais été là… Le marché immobilier se régule de lui-même depuis plusieurs années, et c’est tant mieux. Les prix se corrigent petit à petit et il n’y a pas, en l’état actuel des choses, de risque de voir le marché s’effondrer. Les restrictions de crédits hypothécaires ont contribué à faire diminuer la demande, mais n’ont-elles pas été mises en place trop rapidement? Peut-être aurait-il fallu attendre un peu car l’autorégulation du marché ne se fait pas en un jour. La diminution de la demande permet de corriger les prix, mais une diminution trop forte accélérera la chute des valeurs immobilières. Seul l’avenir nous dira si les mesures imposées aux banques par les autorités (Conseil fédéral, BNS, FINMA) en vue de prévenir un effondrement du marché n’auront pas, en réalité, entraîné sa chute. www.uspi-geneve.ch