TRADUIRE YOURCENAR EN JAPONAIS par Osamu HAYASHI

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TRADUIRE YOURCENAR EN JAPONAIS par Osamu HAYASHI
TRADUIRE YOURCENAR EN JAPONAIS
par Osamu HAYASHI (Université de Fukushima)
Un poète suédois a dit de la traduction suédoise des Fleurs du
mal : «Sur la totalité, il y en a peut-être deux qui étaient traduisibles,
qu’on peut considérer comme traduits ; le reste, c’est impossible ».
Qu’il s’agisse de poèmes, de romans, de théâtre, d’essais ou
d’interviews de presse, la traduction est le plus souvent critiquée,
soupçonnée ou reniée par les fous amoureux de la littérature.
Trahison ou mal nécessaire, elle reste néanmoins le seul moyen qui
permette à tous les écrivains d’acquérir droit de cité dans un pays
d’une autre langue. Marguerite Yourcenar, citoyenne du monde. Mais
cette citoyenneté mondiale n’existerait pas si elle n’était pas reçue et
reconnue par les lecteurs du monde qui ne sont pas toujours
francophones.
Je suis donc fier d’avoir contribué, si peu que ce soit, à la
citoyenneté japonaise de Marguerite Yourcenar, en ayant collaboré, en
tant que traducteur, à la récente publication de la collection
Yourcenar Selection, collection de 6 volumes qui propose pour la
première fois aux lecteurs japonais Les Yeux ouverts et une douzaine
d’essais extraits du Temps, ce grand sculpteur et de En pèlerin et en
étranger, à côté des grands romans déjà traduits et publiés. Ce
travail m’a amené à reconsidérer l’histoire de la traduction ainsi que
celle de la réception des œuvres de Yourcenar au Japon. Je me
propose donc ici de faire une petite synthèse sur la citoyenneté
japonaise de l’écrivain à travers la situation de ses œuvres au Japon
du passé et d’aujourd’hui. Certains se souviendront du travail fait
par ma compatriote Naoko Hiramatsu pour le Bulletin de la SIEY, où
elle a donné, avec la liste des œuvres yourcenariennes traduites, celle
des articles de revues universitaires.1 Le présent exposé se veut être
Naoko HIRAMATSU, «Réception de l'œuvre de Marguerite Yourcenar au Japon»,
Bulletin de la SIEY, n° 19, décembre 1998, p. 167-171.
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Osamu Hayashi
complémentaire à son travail, en s’intéressant plutôt à la réception
générale par le grand public qu’à celle du milieu universitaire élitiste.
Avant de parler de Yourcenar, nous allons d’abord remonter dans
le temps pour voir assez brièvement l’histoire de la traduction
japonaise des romans français.
L’histoire commence en 1878, avec la publication de la traduction
japonaise du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, premier
roman français traduit en japonais. Le choix du livre de Verne et son
succès commercial étaient étroitement liés à l’air du temps. En cette
fin du XIXe siècle, le Japon poursuivait son chemin vers la
modernisation. En vue de transformer la vieille société féodale en
société moderne, il s’acharnait à introduire et à assimiler les cultures
occidentales avancées. Dans ce contexte socio-politique, les œuvres de
science-fiction de Verne étaient lues non comme des récits imaginaires
fantaisistes, mais comme des livres prophétiques représentant un
avenir assez proche de la société industrielle. D’un autre côté, les
romans d’aventure de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas père ont eu
un grand succès auprès de la jeune génération japonaise qui
s’aventurait littéralement dans le Mouvement pour les Droits Civiques
et la Liberté.
Au début du XXe siècle, le Japon a choisi de structurer son État
selon le modèle prussien, tout en écartant le modèle français. Ainsi,
dans le domaine de la littérature française traduite, on s’intéressait
aux écrivains d’apparence moins engagée et plus littéraire, tels les
naturalistes (Maupassant, Alphonse Daudet ou Zola) ou les poètes
(Verlaine, Baudelaire, Rimbaud par exemple). Alors qu’on n’a cessé
de traduire des œuvres françaises, il faut attendre la fin de la
Seconde Guerre Mondiale pour que la littérature française devienne
un véritable phénomène dans les librairies japonaises. Possédant
une soif de culture étrangère interdite pendant la guerre, puis
marquant sa réaction face aux États-Unis qui occupaient le pays, le
Japon commençait à dévorer la littérature française dont la
popularité a atteint son sommet dans les années 60 et 70, avec la
diffusion non seulement des classiques des siècles passés, mais aussi
des œuvres contemporaines, notamment des Nouveaux Romans.
Ajoutons que les deux plus grands best-sellers français au Japon
(Bonjour, Tristesse de Françoise Sagan et L’Étranger de Camus) ont
été traduits à cette époque. Et c’est aussi à la même époque que sont
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parues les premières traductions japonaises des œuvres
yourcenariennes : Mémoires d’Hadrien et L’Œuvre au Noir.
Mémoires d’Hadrien a été traduit par la poétesse Chimako Tada
qui fut aussi la traductrice des Nouvelles orientales, de Feux et du
Cerveau noir de Piranèse. Le livre est sorti en 1964, dans la collection
intitulée «Nouvelle Littérature du Monde» de la maison d’édition
Hakusuisha à Tokyo. Malgré son nom, cette collection (publiée entre
1963 et 1978) est constituée de 82 volumes qui sont tous consacrés à
des auteurs européens et américains. Parmi les 31 volumes relevant
d’auteurs francophones, nous trouvons trois œuvres de Marguerite
Duras, trois aussi de Jean Cayrol et Bernard Pingaud, puis deux de
Claude Simon, de Monique Wittig, et de Pierre Gascard. Choix
judicieux ou non, en tous cas très (ou trop ?) diversifié qui reflète
l’engouement pour la littérature française de l’époque. La même
maison d’édition a publié en 1970 la traduction de L’Œuvre au Noir,
cette fois dans une collection plus compacte de 8 volumes, nommée
«Romans contemporains français». Huit auteurs y sont recueillis :
Boris Vian, Eugène Ionesco, Maurice Blanchot, Henri Thomas,
Nathalie Sarraute, l’éternel Jean Cayrol, Claude Simon et enfin
Marguerite Yourcenar.
Pourtant cet engouement n’a pas duré longtemps. À partir du
milieu des années 70, l’intérêt des lecteurs et des librairies japonais
s’est tourné vers les philosophes et les critiques littéraires tels
Derrida, Deleuze, Foucault, Barthes ou Lévi-Strauss. Rien
d’étonnant, donc, que Mishima ou la vision du vide, dont la traduction
est sortie en 1982, soit le livre le plus réussi, c’est-à-dire le plus
vendu des œuvres youcenariennes traduites à cette période.
D’ailleurs, si le voyage au Japon de l’écrivain en 1981 a suscité une
attention plutôt modérée de la part des médias et même du milieu
universitaire, il ne faut surtout pas oublier que ce livre est l’un des
très rares essais critiques sur Mishima disponibles au Japon et que
le nom du traducteur, Tatsuhiko Shibusawa, grand ami de Mishima,
a conféré au livre une sorte de garantie d’authenticité.
Nous allons nous intéresser maintenant à la citoyenneté de
Yourcenar depuis son début japonais des années 60. Comment
pourrions-nous la définir ?
Au niveau des chiffres, Mémoires d’Hadrien a été tiré jusqu’à l’an
2000 à environ 20.000 exemplaires, L’Œuvre au Noir à 11.000. Ces
chiffres seraient assez modestes aux yeux de certains, mais
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importants pour ceux qui connaissent le déclin de la littérature
française, voire de la littérature tout court, depuis la fin des années
70 : le premier tirage est réduit à un nombre de 2.000 exemplaires,
et la majorité des titres disparaissent sans bénéficier d’un deuxième
tirage. Remarquons surtout le succès commercial non exorbitant mais
constant des Mémoires d’Hadrien, succès soutenu par la
reconnaissance artistique de la part des critiques et des littéraires,
notamment Yukio Mishima, qui était à l’époque une figure influente
dans les médias japonais.
Rappelons cependant que les critiques des années 60 et 70 ont eu
quelque difficulté pour présenter ou pour lancer la romancière qui
apparemment n’avait rien à voir avec les Nouveaux Romans et dont
l’écriture se range plutôt du côté du classicisme. Au Japon comme
dans d’autres pays, Yourcenar a bâti avec Mémoires d’Hadrien, puis
L’Œuvre au Noir, une réputation d’écrivain de romans historiques. En
1970, le journal japonais Asahi présente L’Œuvre au Noir comme un
« grand drame d’une idée sous forme de roman historique »2, tout en
faisant l’éloge du rapport de tension que la romancière a réussi à
créer entre le destin d’un individu et la fresque historique de l’Europe
du XVIe siècle. Plus tard, lors de la sortie japonaise de Denier du rêve,
le même journal compare le livre à un «théâtre classique» qui
présente pourtant la «multiplicité de la vie, sujet cher à la littérature
du XXe siècle»3. À raison ou à tort, l’ombre du classicisme hante
Yourcenar jusqu’à la fin de sa vie. «L’un des écrivains représentatifs
de la littérature française, connu pour sa connaissance profonde de
l’histoire grecque et romaine, la décence de son écriture et sa
clairvoyance pénétrante»4: telle est la description de Yourcenar dans
l’annonce de son décès dans le journal Asahi. (On y trouve également
la référence à ses deux Prix Fémina, à son intérêt pour la culture
japonaise et au fait qu’elle ait été la première Académicienne).
Carole Allamand, dans son article sur la réception des œuvres
yourcenariennes aux États-Unis, parle du silence ou de l’hostilité des
critiques féministes des années 80 à l’égard de Yourcenar5. Le
paysage littéraire et universitaire n’était pas tout à fait le même au
Asahi shinbun (Journal Asahi), 14 décembre 1970.
Asahi shinbun, le 22 mai 1978.
4 Asahi shinbun, le 19 décembre 1987.
5 Carole ALLAMAND, «Marguerite Yourcenar on Campus», Bulletin du Centre
International de Documentation Marguerite Yourcenar, 10, 1998, p. 95-103.
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Traduire Yourcenar en japonais
Japon, où la discussion féministe, notamment sur l’écriture des
femmes et l’écriture féminine, était plutôt négligée ou accueillie avec
indifférence. La situation est compréhensible. Au Japon, l’écriture
littéraire a été jusqu’au XVIIIe siècle nettement distinguée entre celle
des hommes et des femmes, et la différence du langage masculin et
du langage féminin est encore vivante même aujourd’hui. Le fait que
les hommes et les femmes ne parlent pas de la même manière est
une réalité quotidienne pour les Japonais. On avait donc du mal pour
comprendre la nouveauté de la notion américano-européenne de
parler-femme ou d’écriture sexuée, qui ne parvenait pas finalement à
se faire accepter comme un sujet théorique important. Quand
Mishima a dit dans les années 60 qu’il avait longtemps cru que
l’auteur de Mémoires d’Hadrien était un homme, son aveu était aussi
un éloge adressé à une femme qui écrit comme un homme. Dans les
années 80 encore, ce manque de féminité était généralement
considéré comme un talent respectable, et il a permis à Yourcenar de
maintenir et de consolider sa réputation de grand écrivain.
Pourtant réputation ne signifie pas toujours popularité,
reconnaissance de la part du grand public. Pour les lecteurs
francophiles japonais, les années 80 et 90 étaient les années de
Marguerite Duras, puis de Jean-Philippe Toussaint, dont le succès a
été le sous-produit du cinéma plutôt que la conséquence d’une
reconnaissance littéraire. De plus, leurs livres sont tous courts, donc
ils ne coûtent pas cher, et ils sont faciles à lire ! (C’est l’une des
raisons pour lesquelles on hésite encore à publier au Japon Le
Labyrinthe du monde). Il est vrai que Yourcenar a toujours été
considérée comme un écrivain difficile à lire, d’autant plus difficile que
ses romans (par exemple, Mémoires d’Hadrien et L’Œuvre au Noir)
exigent une bonne connaissance de l’histoire européenne dont très
peu de lecteurs japonais sont avertis. D’ailleurs, la «décence» de son
écriture, bien qu’elle soit traversée par la «clairvoyance pénétrante»
de la psychologie humaine, laisse sur leur faim les lecteurs qui
attendent de la littérature (surtout féminine), un aveu ou une
confession personnels et indécents, tendance sans doute plus
persistante au Japon où le roman est depuis le début du XXe siècle
presque synonyme de confession personnelle.
Si on mentionne la difficulté de la lecture, on doit parler également
de la difficulté de la traduction. Car le traducteur est aussi et tout
d’abord le lecteur. Mais son travail se constitue non seulement de la
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lecture et de la compréhension du texte original, mais encore de sa
transposition dans une autre langue. Il n’est plus nécessaire de
répéter ici cette fameuse formule italienne : traduttore, traditore.
D’ailleurs, la formule a rarement fait objet de discussion au Japon,
puisque la différence entre le japonais et le français (et d’autres
langues européennes) n’autorise pas la traduction littérale rigoureuse
et qu’elle demande, ou en quelque sort impose, la traduction
littéraire.
Nous n’allons pas énumérer ici toutes les différences entre les deux
langues. Mais, par exemple, le japonais est principalement structuré
à partir des verbes, c’est-à-dire qu’à la différence du français, le verbe
se subordonne rarement au nom. La dernière phrase des Mémoires,
«Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts», se traduit en
japonais (en bon japonais) par «Ouvrons les yeux et tâchons d’entrer
dans la mort». D’autres différences rendent, elles aussi, la traduction
littérale peu naturelle et parfois illisible : la langue japonaise ne
connaît ni le style indirect libre, ni les pronoms relatifs ; un nom
abstrait prend très rarement la place du sujet de la phrase, ce qui
n’est pas le cas en français ; le japonais conseille la répétition du
même nom et déconseille l’usage des pronoms personnels. D’ailleurs,
à proprement parler, il n’y a pas de pronoms personnels en japonais.
Par exemple, il existe plusieurs mots pour dire je, et chacun a une
connotation différente. Ainsi Zénon dans L’Œuvre au Noir se dit boku
dans la première partie de « La vie errante » (boku est le pronom
masculin à la première personne employé par un garçon ou un
adolescent), tandis que dans les deux autres parties, il se dit
watashi, ce qui est plus neutre et adulte. Cela dit, le je en japonais
signifie déjà et à lui seul le caractère ou le sexe de son locuteur. Ainsi
les traducteurs sont obligés de choisir un bon pronom à la première
personne pour chaque personnage.
À part ces difficultés générales, la difficulté de traduire Yourcenar
provient, à mon avis, du mélange ou de la juxtaposition de styles.
Par exemple, puisqu’elle met en scène le contraste entre un individu
et la société, une histoire personnelle et l’Histoire, l’écriture
yourcenarienne, même quand elle semble poursuivre un récit
historique quasi-académique, tourne souvent à un récit plus poétique
qui fait passer l’intimité de la psychologie individuelle. Dans
Mémoires d’Hadrien, l’histoire, la philosophie, l’aveu personnel ou la
poésie coexistent dans le style épistolaire à la première personne. Ou
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Traduire Yourcenar en japonais
encore, surtout dans les essais, le poétique prend le pas sur le
logique pour amplifier ou enrichir la logique de l’ensemble du texte.
C’est précisément la difficulté que j’ai rencontrée quand je traduisais
les articles sur Virginia Woolf et Oscar Wilde. Finalement j’ai décidé
de les traduire comme s’ils étaient, non pas un essai critique mais un
récit poétique.
Si le traducteur est celui qui offre une base à la citoyenneté de
l’écrivain étranger, il n’est pas le seul à la faire reconnaître au grand
public. Je ne parle pas des stratégies publicitaires des éditeurs, mais
d’un écrivain japonais femme. En 1996, ce qui est rare à se produire
s’est produit pour Yourcenar. Il s’agit de la sortie d’un livre d’Atsuko
Suga, intitulé Yourcenar no kutsu (Les Chaussures de Yourcenar). Ce
n’est ni une biographie, ni une étude littéraire, mais un essai au sens
le moins académique du terme où l’auteur raconte sa vie, ses pensées
quotidiennes et ses souvenirs personnels. Professeur de littérature
italienne, traductrice de Natalia Ginzburg, d’Antonio Tabucchi et
d’Umberto Saba, et surtout essayiste à grand succès, Atsuko Suga,
inspirée et incitée par la vie et l’œuvre de Yourcenar, s’engage dans
son écriture pour un voyage dans l’espace et dans le temps. Je ne
sais ce que dirait Yourcenar de ce livre où l’auteur parle de son
enfance, de ses amis, de sa famille, de ses chaussures..., mais il a
réussi non seulement à réimposer le nom de Marguerite Yourcenar
auprès du grand public, mais aussi à encourager la maison d’édition
à lancer la collection consacrée aux œuvres yourcenariennes :
Yourcenar Selection. Événement rare pour un écrivain du XXe siècle (ni
Robbe-Grillet, ni Duras n’ont jamais eu un tel honneur !) qui fait
preuve du succès commercial du livre de Suga. Mais ce qui est plus
rare, c’est le fait qu’un écrivain japonais ait écrit un livre non sur
Yourcenar, mais avec elle, côte à côte avec sa vie et ses œuvres. Dans
la postface des Chaussures de Marguerite Yourcenar, Atsuko Suga dit :
L’homme est fasciné par celui qui lui ressemble mais qui lui est
définitivement séparé par une distance infranchissable. C’est
d’abord cette distance que j’ai sentie par rapport à l’écrivain
Marguerite Yourcenar. Elle ne me ressemble pas. Je n’ai pas son
génie, et mes choix dans la vie ont été différents des siens. Mais,
avec la lecture de ses livres, j’ai été fascinée, comme je ne l’avais
jamais été, par cette femme qui a vécu sans craindre les regards
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des autres et qui a mûri son écriture par ses expériences de vie.
« Je veux écrire comme si je suivais les pas de Yourcenar ». Le désir
est né en moi et il commençait à prendre forme. [...] J’ai voulu
écrire un livre comme un tissu où mes propres pas s’entrelacent
aux siens. 6
Nous pourrions voir ici la déclaration de ce que Yourcenar a appelé
amour de sympathie, la même déclaration que l’écrivain français a
elle-même adressée dans ses essais, à Mishima, à Basho ou à
beaucoup d’autres artistes du monde. C’est dans ce sens que Les
Chaussures de Yourcenar me paraît la plus grande contribution que le
Japon ait faite à la citoyenneté de notre écrivain. Et si je tente de
donner une sorte de conclusion à mon petit exposé, c’est que le travail
du traducteur est aussi fondé sur cet amour de sympathie : dialoguer
avec un autre d’une autre langue et d’une autre culture, cet autre
auquel on ne pourrait jamais s’identifier, mais le comprendre,
partager ses ouvrages avec lui et les faire partager aux autres. En
tant qu’apprenti-traducteur et qu’amateur des œuvres yourcenariennes,
j’espère que cet amour de sympathie continue à se répandre chez les
lecteurs, ce qui prolongera et approfondira la citoyenneté non
seulement japonaise, mais mondiale de Marguerite Yourcenar.
Atsuko SUGA, Yourcenar no kutsu (Les Chaussures de Yourcenar), Kawadeshobo,
Tokyo, 1996, p. 242 ( c’est nous qui traduisons).
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