Echos BML 2014-01

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Echos BML 2014-01
• P 402014 • Trimestriel • No 1 • janvier – mars 2014 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
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Echos
de la Compagnie de Jésus
Province Belge méridionale et du Luxembourg
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Echos
•
No 1
•
JANVIER
–
MARS
2014
•
Sommaire
Edito
Pierre Favre, frère aîné, Pierre Hupez, s.j.
p. 1
Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours dans la Province, Roland Francart, s.j.
p. 3
Nos défunts
p. 5
Jésuites nés après 1950, Paul Malvaux, s.j.
p. 6
Les éditions jésuites, Pierre Sauvage, s.j.
p. 8
Pierre Favre, saint
p. 11
Jésuites français et écologie, Guy Cossée de Maulde, s.j.
p. 12
Six Belges au pays de France, Charles Delhez, s.j.
p. 15
Vie & Partenariat
Deux concerts exceptionnels, Pierre Sauvage, s.j.
p. 17
Rubrique Lessius, Nadège Guillaume
p. 19
La Compagnie en Europe et dans le Monde
Cura personalis, cura mundi, Bernard Peeters, s.j.
p. 23
Dialogue interreligieux, Tommy Scholtes, s.j.
p. 25
Nota bene
p. 28
Le billet d’humeur
Roland Francart, s.j.
p. 32
Le dossier
Rassemblement de la « famille ignatienne »
p. A à L
En couverture : Rassemblement de la famille ignatienne à Erpent, le 23 novembre 2013 (photomontage de Daniel de Crombrugghe, s.j.)
Initiatives & Evénements
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Editorial
Pierre Favre,
frère aîné
C
’est devenu une rengaine bien entretenue, comme la conviction
d’un bon nombre. Pour être connu, il faut faire parler de soi,
quels que soient le contenu et l’objet des informations. S’il en était
ainsi la Compagnie aurait remarquablement manœuvré à l’occasion
de la canonisation de Pierre Favre en préparant de manière opportune
la commémoration du deuxième centenaire du rétablissement de
la Compagnie en 1814.
En attendant, le poids de ces deux événements apparait peu significatif dans les informations du monde francophone. En dehors
des médias catholiques, peu ont relayé la canonisation de Pierre
Favre. Qu’en sera-t-il du deuxième centenaire du rétablissement de
la Compagnie en 2014 ?
À chaque événement revient une juste compréhension pour laquelle le P. Adolfo Nicolàs, préposé général de la Compagnie, donne
quelques pistes.
« Nous avons aujourd’hui bien des raisons de continuer à reconnaître Pierre Favre, avec une joie sereine, comme notre « frère aîné ».
Sa manière d’être présent est une bénédiction pour nous ; il nous
rappelle à l’humilité et au retour constant à notre « petite Compagnie » ; auprès de lui, nous nous éloignons des tentations de vain
triomphalisme ou de présence toute-puissante. Favre exprime la
vocation à « tenir le regard fixé d’abord sur Dieu », cherchant en tout
à faire sa volonté en cet Institut qui est le sien (cf. Formule de l’Institut).
Favre exprime la vocation à se soucier du Corps de la Compagnie,
vocation de dialogue et d’ouverture inconditionnelle, de disponibilité
obéissante et de remise de soi confiante. Auprès de Favre, les choses
prennent sens : « Vous me l’avez donné : à vous, Seigneur, je le rends »
(Lettre du P. Général, à toute la Compagnie, 17 décembre 2013).
Ou encore : « Notre commémoration du Rétablissement — qui
commence officiellement le 3 janvier, en la solennité du Très Saint
Nom de Jésus en 1540, et se termine le 27 septembre, jour de la confirmation de la Compagnie en 1540 — doit éviter tout triomphalisme
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Editorial
ou orgueil. Cependant, même en utilisant des moyens simples et
modestes, j’espère que toutes les communautés, Régions et Provinces
de la Compagnie s’efforceront de commémorer cet anniversaire
d’une manière marquante et significative aux niveaux tant personnel
que communautaire » (Lettre du 14 novembre 2013, à toute la Compagnie).
Ce numéro des Échos relate quelques événements qui ont marqué
la vie de la Province au cours de ces derniers mois. Pour chacun
d’entre eux, les frontières du Luxembourg et de Belgique francophone
sont dépassées. « On dirait que Favre est né pour ne rester tranquille
nulle part » (Monumenta Ignatiana, Epistolae I, 362).
Pierre Hupez, s.j.
Éditeur responsable
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Belgique méridionale & Luxembourg
90 jours
dans la Province
L
e samedi 26 octobre 2013, une cinquantaine de membres des CVX (Communautés de vie chrétienne) belges francophones,
étaient réunis à Namur pour écouter les trois
délégués belges leur partager le rapport final
de l’Assemblée mondiale qui s’est tenue, cet
été, à Beyrouth, au Liban. Deux cents délégués
(représentant les vingt mille membres répartis
dans le monde) y étaient réunis malgré la situation à hauts risques. La famille dans toutes
ses formes, la mondialisation et la pauvreté,
l’écologie et les jeunes : voilà les thèmes qui
feront l’objet de réflexion et orienteront les engagements de la CVX pour les quatre prochaines années. Ce mouvement laïc de la spiritualité ignatienne compte, en Belgique francophone, trois cents membres qui, en équipes
de partage, essaient d’unifier leur vie au quotidien avec leur foi. Contact : [email protected] ou 081 22 99 28. Site : www.cvxbelgique.org
Le 11 novembre, le P. Antonio Moreno, Provincial des Philippines adressait une lettre à
sa Province dans laquelle il notait : « Des milliers de gens ont perdu la vie ; d’autres milliers,
leur maison et leurs biens. Il a été reconnu que
ce typhon est le pire cette année, et peut-être
la pire catastrophe naturelle à frapper les Philippines. Selon certaines estimations, le nombre de morts dépasse 10 000. Le Conseil national pour la réduction et la gestion des catastrophes estime que près de 2 900 000 familles ont souffert du typhon, 24 000 habita-
tions endommagées et d’importantes infrastructures détruites. Beaucoup de régions des
Visayas sont encore privées d’électricité et de
communications, d’eau, de nourriture, d’abris
et d’autres nécessités. Se rendre dans certaines
zones touchées ou en venir est encore impossible. » Le P. Provincial a demandé aux communautés de Belgique Méridionale et Luxembourg une solidarité financière.
Le 30 novembre, le synode du diocèse de
Tournai s’est clôturé par une célébration suivie par une assemblée fort nombreuse à la Collégiale Sainte-Waudru de Mons : les décrets
ont été remis à chacun des participants et c’est
un possible nouveau départ — même si les
réflexions sont davantage tournées ad intra
que vers le monde des pauvres. Charleroi reste la « capitale sociale » de la
Wallonie, et bien des nationalités s’y côtoient :
à l’occasion de la Noël, une exposition internationale de crèches de bien des pays s’est tenue à la Ville Haute
(Saint-Christophe)
où 111 crèches
étaient rassemblées
— beaucoup de
passages… Le P.
Pierre Mourlon a
été invité par le
doyen Lysy à animer deux récollections (Avent, puis
Carême) à Erme- P. Pierre Mourlon
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Belgique méridionale & Luxembourg
ton, à l’intention des animateurs et animatrices
en pastorale de la région carolorégienne. Le
soir de Noël, la communauté a accueilli les
confrères de Haine-Saint-Paul pour une soirée
de détente et de fête ; le jour de l’an à midi, les
dix compagnons d’ici ont partagé un sympathique repas « moules et frites » au restaurant !
Enfin, la soirée de prière œcuménique pour
l’unité des chrétiens s’est tenue le 21 janvier à
la chapelle du Sacré-Cœur sur le beau thème :
« Le Christ est-il divisé ? » (1 Co 1, 13). Un
prêtre anglican en a assuré l’homélie…
Le 2 décembre,
le P. Paul Detienne,
de la communauté
Saint-Claude-laColombière à Woluwe-Saint-Pierre,
est parti à Calcutta
jusqu’au 1er février
2014. Le Fr. Joseph
de Pierpont est un
nouveau membre
de la communauté. P. Paul Detienne
Il aide le P. Ministre.
La communauté Notre-Dame-de-la-Paix
à Namur a un nouveau membre, le P. Albert
Huart (Calcutta). Après soixante années passées en Inde, où il fut notamment professeur
à St Xavier et adjoint du P. Provincial, il rentre
dans sa villez natale.
Le 13 décembre, le conseil d’administration
de Lumen Vitae a choisi M. Dominique Martens, exégète et professeur à Lumen Vitae depuis une dizaine d’années, comme futur directeur de l’Institut international. Il succède
au P. Benoît Malvaux, appelé à la Curie Généralice de Rome comme Procureur Général.
Le 17 décembre, la maison Pierre-Favre
(30, rue du Grand Hospice, 1000 Bruxelles)
s’est réjouie grandement de la canonisation du
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jésuite savoyard :
invitation à nous
laisser inspirer à
neuf par l’exemple
de disponibilité et
la profondeur spirituelle de ce Compagnon de la première
heure. Le P. Kénel
Senatus, prêtre jésuite haïtien, nous P. Philippe Wargnies
a rejoints en septembre. Il est bien entré dans son année de licence complémentaire en droit international
(Droits de l’homme) à St Louis. D’octobre à
décembre, nous avons accueilli Vincent Ploquin, étudiant français venu faire à Bruxelles
un stage auprès de la Représentation française
à l’Europe. Lors de notre récollection d’Avent,
nous avons échangé avec fruit, en écho à la demande préparatoire au synode sur la famille,
sur la question de la loi naturelle envisagée
entre autres comme nous invitant à être en
conscience « providence » pour nous-mêmes
et pour autrui. Le visage de notre communauté
changera grandement sous peu : en septembre
2014, Benoît Malvaux se transférera à Rome
où il a été nommé Procureur Général de la Cie
(traitement de situations canoniques spécifiques) ; quant à notre frère munichois Michaël
Schöpf, qui a prononcé ses derniers vœux en
octobre, il rejoindra sa Province en décembre
2014, au terme de son mandat comme directeur au JRS Europe (Service jésuite des réfugiés). Les autres compagnons de la communauté (Michel Bacq, Henri Lambert, Eric Vollen et Philippe Wargnies) continuent leur route
dans leurs champs d’activité respectifs et dans
le soutien de l’amitié fraternelle.
Le 21 décembre, à la communauté SaintServais de Liège, le P. Pierre Janvier a fêté ses
90 ans.
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Belgique méridionale & Luxembourg
Le 23 décembre, s’est tenue à Namur l’assemblée générale constitutive des « Editions
jésuites ». Elles vont regrouper les éditions
Lumen Vitae, Fidélité et Lessius avec la participation des jésuites français. Le conseil d’administration de la
nouvelle ASBL est
composé des Pères
Daniel Sonveaux
(délégué des provinciaux), Charles
Delhez, Richard
Erpicum (président), Bruno Régent (jésuite français),
Jacques
Scheuer et M. Pier- P. Daniel Sonveaux
re Pirson.
Le 12 janvier, à l’initiative des communautés
Arrupe (Flandres et Pays-Bas) et Saint-Benoît
(Europe) et de la chapelle de la Résurrection,
les communautés jésuites de Bruxelles et de
Louvain-la-Neuve se sont rassemblées pour
la traditionnelle rencontre du Nouvel An.
Du 30 janvier au 15 février, le Fr. Roland
Francart a exposé une collection « Philabulle
– Timbres et BD » à l’office du Tourisme d’Angoulême dans le cadre du 41e Festival international de la BD.
LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX
◆ Le P. Henri Tihon, s.j. de la communauté Saint-
Claude-la-Colombière, né le 14 mars 1920 à
Woluwe-Saint-Lambert, est décédé le 8 novembre 2013 à Woluwe-Saint-Pierre. Il est entré dans la Compagnie le 23 septembre 1936 et
a été ordonné prêtre le 24 août 1949.
◆ Le Fr. Maurice Arnould, s.j., de la communauté
Saint-Claude-la-Colombière, né le 15 décembre 1926 à Corbion, est décédé le 25 novembre 2013 à Woluwe-Saint-Pierre. Il est entré dans la Compagnie le 7 janvier 1945 et il a
prononcé ses derniers vœux le 2 février 1957.
◆ Le Fr. François Lehaire, s.j., de la communauté
Saint-Claude-la-Colombière, né le 29 août 1921
à Marcourt, est décédé le 11 décembre 2013 à
Woluwe-Saint-Pierre. Il est entré dans la Compagnie le 14 mars 1951 et il a prononcé ses derniers vœux le 15 août 1961.
Roland Francart, s.j.
avec l’aide des Supérieurs de communauté
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Belgique méridionale & Luxembourg
Jésuites
nés après 1950
S
elon une tradition désormais bien établie,
le groupe des 1950 + s’est rencontré entre
Noël et Nouvel An. 1950 +, qu’est-ce donc ?
Simplement l’ensemble des compagnons jésuites de notre Province nés après 1950. Cette
année, pas de longues délibérations ni de profonds discernements, mais un temps de pèlerinage, de Trois-Ponts à Trois-Ponts en passant
par Farnières, la salésienne et Wavreumont,
la bénédictine. Outre les étudiants des autres
provinces présents en Belgique, se sont joints
également quelques compagnons français,
rapprochement entre Provinces oblige.
Nous nous sommes donc retrouvés à la chapelle de Trois-Ponts le jeudi 28 décembre pour
partager un temps de prière introductif et un
pique-nique destiné à nous donner les calories
nécessaires au départ. Premier tronçon jusqu’à
la montagne Saint-Jacques
— le chemin de Compostelle passerait-il par ici ? —
et premier partage fraternel : « Qu’est-ce qui nous
habite en cette fin d’année ? » Les derniers kilomètres se font dans la lueur
déclinante du crépuscule et
l’arrivée, dans la nuit déjà
bien tombée, nous ne
sommes pas fin décembre
pour rien ! Une eucharistie
chaleureuse introduira la
soirée détente où ceux qui
ont encore un peu d’énergie
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s’efforceront de découvrir les loups-garous
qui déciment les villageois de Tiercelieu. Qui
a dit que les jésuites ne savaient pas s’amuser
ensemble ?
Le lendemain, une vingtaine de kilomètres
nous attendent à travers les collines et les forêts
d’Ardennes jusqu’au monastère bénédictin
de Wavreumont. Marche méditative et silencieuse pour commencer, dans le vent et la grisaille, mais pas encore dans la pluie. Dîner
pique-nique dans une petite auberge refuge
à Logbiermé, où nous réconforte la chaleur
d’un poêle à bois et la soupe chaude qui va
avec. Distribution de cartes topographiques
ensuite car le groupe se divise selon les saisons
des anniversaires de chacun pour continuer
la route à la manière d’un parcours d’orientation. L’occasion de découvrir que nos dates
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Belgique méridionale & Luxembourg
de naissance sont loin de se répartir uniformément au long de l’année. L’automne semble
particulièrement peu propice à l’éclosion de
jésuites au contraire du printemps et de l’été.
Faut-il y voir un signe ? Allez savoir ! Les anciennes bornes frontières séparant la Belgique
de la Prusse à proximité de Wavreumont sont
le lieu d’une petite explication historico-géographique dont les compagnons étrangers ne
sont pas les seuls à profiter. Nous sommes enfin accueillis par la communauté bénédictine,
d’abord pour les offices de Vêpres et de Complies, puis lors d’un partage informel autour
de quelques bières. Pour les uns l’occasion
d’évoquer, et pour les autres de découvrir, les
liens innombrables qui réunissent nos deux
communautés.
La dernière matinée arrive trop vite. Direction Trois-Ponts via Stavelot et la vallée de
l’Amblève, le long d’un parcours Ravel conseillé par le prieur du monastère. Nous éviterons ainsi les chemins gorgés de boue après
la pluie diluvienne de la nuit. Quant à nous,
c’est sans avoir essuyé une seule goutte que
nous arriverons à destination où nous partagerons ensemble une dernière frite offerte par
le provincial.
Convivialité, partage fraternel et détente
furent les maîtres-mots de ces trois jours de
pèlerinage. Une manière d’expérimenter que
le temps gratuit passé ensemble construit la
fraternité mieux que bien des activités qui
remplissent nos agendas. Avec aussi un petit
goût d’aventure et de nature auquel certains
se verraient bien revenir l’an prochain.
Paul Malvaux, s.j.
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Belgique méridionale & Luxembourg
Les éditions
jésuites
F
idélité, Lessius et Lumen Vitae regroupées
au sein d’une même association sont
devenues fin 2013 une œuvre commune de
deux provinces : France et Belgique Méridionale & Luxembourg. La nouvelle association
est composée de représentants des deux provinciaux et de représentants des trois éditions.
En créant une nouvelle maison d’édition
jésuite, fruit de la fusion de trois maisons
belges mais aussi de partenariats nouveaux
avec la Province de France, la Compagnie entend insuffler une nouvelle dynamique à la
recherche intellectuelle, à la formation et à
l’évangélisation.
Un projet novateur
et ambitieux
Trois maisons
au savoir-faire reconnu
Depuis ses débuts, la Compagnie de Jésus
a choisi d’investir dans le champ intellectuel,
notamment par le biais de la formation des
jeunes dans les collèges et la rédaction d’un
grand nombre de publications.
En France, depuis de très nombreuses années, les revues jésuites font autorité et l’expertise intellectuelle de la Compagnie est unanimement reconnue et appréciée. En Belgique
francophone, la Compagnie a pour sa part
fait le choix de soutenir plusieurs maisons
d’édition, chacune ayant sa spécificité.
L’union fait la force, dit-on. L’adage s’applique aux trois maisons d’édition de la Province belge méridionale et du Luxembourg,
qui, par leurs productions respectives et leurs
publics visés, affichent une complémentarité
évidente. Toutes trois partagent une vision
ignacienne de l’Église et du monde.
Destinées essentiellement au grand public,
les publications des éditions Fidélité sont bien
connues en France depuis plus de vingt ans,
et des auteurs prestigieux comme Stan Rougier, Guy Gilbert, le cardinal Danneels, Sœur
[
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lumen vitae ]
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Belgique méridionale & Luxembourg
Emmanuelle, le cardinal Martini, Olivier Le
Gendre, Dom Louf et des dizaines d’autres lui
ont fait confiance.
Crée en 1998, la maison Lessius se situe
dans la ligne de deux maisons antérieures, le
Museum Lessianum (1922), de laquelle elle
tire son nom, et Culture et vérité (1977), dont
elle héberge le fonds. D’emblée, la maison a
été reconnue pour ses publications de qualité
et de haut niveau. Certains ouvrages ont été
un succès commercial : L’événement
Vatican II (O’Malley) ; Un Christ toujours
plus grand (G. Martelet), Les énigmes du passé
(J-L. Ska), L’évêque (C.M. Martini). Avec son
format poche, la collection « La Petite Bibliothèque jésuite », est promise un bel avenir.
Le savoir-faire des éditions Lumen Vitae
en matière de catéchèse, de pastorale et de
théologie pratique n’est plus à démontrer. Faisant partie du centre de formation international du même nom, cette maison publie, dès
1974, l’ouvrage de Gustavo Gutiérez, éologie
de la libération, et le célèbre ouvrage de Dom
Louf, Seigneur, apprends-nous à prier. Plus
récemment, plusieurs ouvrages de Philippe
Bacq, André Fossion et Henri Derroitte ont
connu un beau succès.
Comme union ne signifie pas unité, encore
moins unification, chacune des maisons, au
sein d’un ensemble plus vaste, restera identifiable et gardera une autonomie, garante d’une
collaboration efficace et respectueuse.
Des chantiers nouveaux
S’appuyant sur les trois maisons précitées,
les éditions jésuites ont l’ambition d’occuper
une place de choix dans le paysage éditorial
religieux francophone. Le regroupement des
éditions Fidélité, Lessius et Lumen Vitae, qui
suppose l’implantation dans un même lieu,
L’implantation du regroupement se fera dans les
actuels locaux des éditions Fidélité, à Namur
permettra à la fois un partage des compétences
favorables au professionnalisme et une économie de moyens. Conjugué au déploiement
de synergies nouvelles avec le monde religieux
français et belge, au sein et en dehors de la
Compagnie, ce regroupement va immanquablement ouvrir de nouveaux champs d’action.
De par son histoire, sa réputation et la médiatisation de sa création, cette nouvelle maison d’édition ne manquera pas d’attirer à elle
des auteurs de renom, jésuites ou non, qui lui
donneront assez rapidement une envergure
nouvelle. Elle pourra également compter sur
de nombreux réseaux qui lui garantiront une
bonne diffusion, ainsi que sur des contacts
internationaux avec d’autres maisons jésuites.
De plus, chacune des maisons existantes pourra déployer des partenariats spécifiques.
S’appuyant sur le renouveau de l’Apostolat
de la prière en France, les éditions Fidélité seront par exemple à même de lui donner une
diffusion plus grande grâce à l’édition d’ouvrages grand public sur des thèmes tels que
la prière, la spiritualité ignacienne (déjà initiée
grâce à une collaboration régulière avec les
éditions Vie chrétienne), les saints jésuites…
Des contacts fructueux pourront également
être noués avec des organismes comme le Ré-
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Belgique méridionale & Luxembourg
seau jeunesse, le CEP et d’autres.
L’expertise des éditions Lessius sera un
atout considérable pour permettre à la prestigieuse collection « Christus » de retrouver
sa pleine liberté éditoriale. Des partenariats
pourront également être noués avec la revue
Études et le Centre Sèvres pour développer de
nouvelles collections sur des thématiques politiques et scientifiques dans un contexte de
dialogue avec la culture contemporaine.
Les collaborations internationales des éditions Lumen Vitae sont déjà nombreuses, notamment avec l’Institut supérieur de catéchèse
et pastorale de Paris. La reconnaissance de
Lumen Vitae dans les domaines de la catéchèse et de la pastorale inciteront sans nul doute
des acteurs tels que le CEP, le Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ), le Centre Sèvres
et d’autres à initier de nouvelles voies de collaboration.
Une équipe performante
La mise en œuvre d’une maison telle que
décrite ci-dessus repose essentiellement sur
la compétence d’hommes et de femmes rompus aux différents métiers de l’édition. Pour
ce faire, on compte sur le personnel des éditions Fidélité, Lessius et Lumen Vitae pour se
mettre au service de ce projet ses qualités humaines et professionnelles. Il est aidé dans sa
tâche par de nombreuses personnes compétentes, notamment issues des communautés
jésuites, qui prennent en charge des activités
de relecture de manuscrits et d’épreuves.
Par ailleurs, les nombreuses synergies projetées avec la France réclameront rapidement
l’engagement de plusieurs personnes (éditeur,
attachée de presse…) parfaitement en phase
avec la sensibilité française. Enfin, il convient
que les Provinces de France et de Belgique,
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qui soutiennent ce projet, puissent exercer un
droit de regard au niveau des instances décisionnelles et participer activement au processus de désignation des cadres de la maison
d’édition.
Des moyens adaptés
Il est raisonnable de penser que, endéans
trois ans, la nouvelle maison aura atteint son
seuil de rentabilité. Pour y arriver, il sera sans
doute nécessaire de recourir à des financements complémentaires qui, comme l’espèrent
ceux qui portent le projet, pourront notamment provenir des Provinces belges et françaises. Les sommes investies le seront dans la
plus grande transparence et un organe de
contrôle permettra d’évaluer la bonne utilisation des fonds collectés.
L’ambition, en créant cette nouvelle maison
d’édition jésuite, est de fédérer les enthousiasmes autour d’un projet novateur. Certes,
il ne faut pas faire fi des difficultés actuelles
du marché du livre et du secteur religieux en
particulier, mais on peut raisonnablement
penser que l’engagement de la Compagnie
couplé à un professionnalisme reconnu donnera à cette initiative toutes les chances
d’aboutir.
Pierre Sauvage, s.j.
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Initiatives & Evénements
Pierre Favre, saint
P
ierre Favre a été proclamé saint le 17 décembre. Le pape François a canonisé un
des premiers compagnons d’Ignace, étendant
son culte à l’Eglise universelle. Il s’agit d’une canonisation dite « équipollente », selon laquelle
le Pape, de sa pleine autorité, étend le culte et la
célébration liturgique d’un saint à l’Eglise universelle, une fois que les conditions jadis posées
par le pape Benoît XIV (1675–1758) sont remplies. C’est une pratique connue dans l’Eglise,
à laquelle le pape François a déjà recouru pour
la canonisation de la bienheureuse Angèle de
Foligno le 9 octobre dernier. Ses prédécesseurs
Benoît XVI, Jean-Paul II, Jean XXIII, et d’au tres, y avaient aussi recouru.
La canonisation du bienheureux Pierre
Favre revêt une signification très particulière
parce qu’il représente un modèle de spiritualité et de vie sacerdotale pour le pontife actuel
et, en même temps, une des références importantes pour comprendre son style de gouvernement. A une époque qui a vu l’unité de
l’Eglise sapée, Favre, tout en restant en apparence à l’écart des disputes doctrinales, a consacré son apostolat à la réforme de l’Eglise,
devenant ainsi un pionnier de l’œcuménisme.
Son exemple est enraciné dans l’horizon pastoral du pape François, comme l’illustre le
portrait synthétique qu’il en trace dans l’entretien accordé à la Civiltà Cattolica, révélant
certains traits essentiels de son caractère : « Le
dialogue avec tous, même avec les plus lointains et les adversaires de la Compagnie ; la
piété simple, une certaine ingénuité peut-être,
la disponibilité immédiate, son discernement
intérieur attentif, le fait d’être un homme de
grandes et fortes décisions, capable en même
temps d’être si doux… »
La physionomie de Favre est celle d’un
contemplatif en action, un homme attiré par
le Christ, qui se consacre passionnément à la
cause des frères, habile à discerner les esprits,
dévoué au ministère sacerdotal avec patience
et douceur, se donnant soi-même sans espoir
d’une récompense humaine. Favre rencontre
Dieu en toutes choses et en tous lieux, même
les plus froids et hostiles. Dans son Mémorial,
qui est l’un des principaux documents de la
spiritualité des débuts de la Compagnie de Jésus, on voit combien sa vie est conçue comme
un voyage, un voyage dans les différentes régions d’Europe, à l’instar du Christ : itinérant
par obéissance, toujours attentif à faire non
pas sa propre volonté, mais la volonté de Dieu.
Ces aspects sont mentionnés dans une lettre
du P. Adolfo Nicolás, Supérieur Général de la
Compagnie de Jésus, écrite le même jour et
adressée à toute la Compagnie. ■
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Initiatives & Evénements
Jésuites français
et écologie
E
chos à l’assemblée provinciale des 26–30
décembre 2014 au Châtelard 26 décembre 2013, 18 h 00. Dans l’espace arboré et
aéré du Châtelard, sur les hauteurs de Francheville près de Lyon, quelque cent vingt jésuites — dont sept de Belgique Méridionale
& Luxembourg — se retrouvent pour l’assemblée annuelle des Jésuites de la Province de
France. Quinze laïcs s’y sont joints (six femmes
et neuf hommes) ainsi qu’une religieuse. Trois
jours et demi, qui allient avec bonheur rencontres fraternelles, repos et session de travail
sur « l’écologie : enjeux pour la mission et la
vie communautaire ».
Avant d’exprimer quelques idées forces que
je retiens à propos de cette question majeure
pour notre temps, un mot sur l’organisation :
12
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le programme, bien conçu, n’était pas trop
chargé et donnait place à une diversité d’activités qui soutenait l’attention.
Un programme varié
et consistant
Trois exposés ont rythmé les journées. Tout
d’abord, les constats : « Les données scientifiques » relatives au climat et à ses changements
(Jean Bernard Baudin, directeur adjoint département de chimie à l’École nationale supérieure de Paris). Ensuite, les solutions : « Des
actions possibles aujourd’hui », l’expérience
d’un couple (Arthur & Gwendoline Darde)
qui entend faire des choix de vie familiale en
cohérence avec la prise de
conscience des défis écologiques et qui — dans le cas
de l’époux — s’est engagé
professionnellement, d’une
part, sur le captage et le stockage du CO2 et, d’autre part,
sur l’économie d’énergie
dans le bâtiment. Enfin, un
exemple concret, celui des
dominicaines de Taulignan
qui ont décidé de s’engager
dans ce qu’on appelle l’agroécologie (sœur Marie-Madeleine),
convaincues
qu’elles sont que « ne pas
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Initiatives & Evénements
respecter la terre mène à ne pas respecter
l’homme et donc à ne pas respecter Dieu ».
N’hésitez pas à faire un détour par leur site
(www.dominicaines-taulignan.fr).
Les deux premiers jours, pour compléter
notre information et notre réflexion, nous
avons chacun choisi deux ateliers parmi les
onze qui portaient les uns sur le comprendre,
les autres sur le faire (ah, le bon pain que nous
avons ensuite goûté !). Le troisième jour, pour
mieux apprécier des pistes d’action, chacun
de nous a choisi deux des dix carrefours dont
la visée variait des achats alimentaires à l’éducation… ou à la proposition d’une retraite
écologique.
Enfin, à deux reprises, nous avons tous participé à des petits groupes préconstitués qui
nous ont permis d’échanger plus longuement
sur nos questions, idées, voire expériences.
Last but not least, la prière était bien présente. Nos journées commençaient par une
prière incarnée : psalmodie et méditation —
soutenue par de très beaux montages audiovisuels — nous incitaient à contempler Dieu
présent en sa création et à nous laisser toucher
par les défis de justice et de solidarité que nous
sommes invités à relever sereinement et efficacement. Tous ont vivement apprécié ces
prières matinales ainsi que les célébrations
eucharistiques soigneusement préparées en
phase avec la thématique du jour. Elles nous
permettaient d’intérioriser nos démarches.
Les aspects détente et festivité faisaient partie du programme. Suscitant joie et rire partagés…
Outre la variété des activités, je tiens à souligner combien j’ai apprécié les moments
« perso » figurant dans l’horaire, qui étaient
autant de moments de respiration !
Quelques réflexions
Impossible de faire état ici de ce qui a été
dit et discuté tout au long de la session. Voici
seulement quelques réactions de participant.
En ce qui concerne les enjeux, ce sont surtout ceux du changement du climat et des économies d’énergie qui ont été traités. Le temps
imparti ne permettait sans doute pas d’aborder
d’autres enjeux de l’écologie qui sont de première importance et qu’il est essentiel de
prendre en compte.
Ainsi la biodiversité. Ainsi l’épuisement des
ressources — je songe à la surpêche, pour ne
prendre que ce cas. Ainsi l’exploitation minière
qui, ayant en vue des intérêts particuliers immédiats, détruit durablement l’environnement
et porte atteinte aux droits humains fondamentaux… Tout cela doit retenir notre attention si nous voulons être solidaires tant des générations futures que de nos contemporains.
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Initiatives & Evénements
Par-delà cette remarque
générale, voici quatre points
que je retiens plus particulièrement à l’issue de cette
session.
1. La nécessité de nous
référer à des données sérieusement établies. Cela
conditionne la sérénité des
débats et la qualité des
choix. Lors de la session,
l’exposé sur l’évolution du
climat était un modèle à cet
égard. Pour ma part, je ressens encore le besoin d’obtenir des renseignements corrects permettant
d’objectiver la valeur des solutions techniques
proposées (éolien, photovoltaïque, par
exemple).
2. L’importance du temps. Tout d’abord
l’appréhension correcte de nombreuses réalités écologiques requiert que nous tenions
compte du temps long qui la caractérise. C’est
notamment le cas du climat. Nous tronquons
notre connaissance de son évolution si nous
adoptons des vues de court terme — ce que
n’hésitent pas à faire de nombreux « intérêts »
particuliers… Mais il s’agit aussi de tenir
compte de notre temps personnel et de redécouvrir une maîtrise de ce temps. Comme le
disait un participant : si je ne m’y prends pas
à temps, je ne pourrai pas utiliser le bus plutôt
que la voiture pour rejoindre telle destination… Et, comme le remarquait un autre : je
découvre que l’être humain se réapproprie
lorsqu’il retrouve le temps de la nature…
3. La dimension spirituelle de notre démarche est essentielle : elle donne sens — et
espérance — à ce que nous avons à vivre. C’est
dire la nécessité de développer à neuf une théologie de la création : comme le disait sœur Ma-
14
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
rie-Madeleine du monastère dominicain de
Taulignan, l’homme ne peut se penser sans la
création : il y vit en interdépendance avec la
nature, œuvre de Dieu, où Dieu est à l’œuvre.
« Reconnaître Dieu en toutes choses », disait
Ignace de Loyola.
4. À l’issue de la session ma conviction est
confirmée que nous avons à agir — selon nos
capacités — à tous les niveaux : personnel,
communautaire, et également collectif, autrement dit politique (notamment européen).
En ce qui concerne le politique, rappelons le
rôle que peut et doit jouer la société civile,
dont nous faisons partie à bien des égards…
Pour avancer dans nos communautés, il a
été plusieurs fois rappelé combien il serait précieux de nous plonger ou nous replonger dans
le document « Guérir un monde brisé », publié
par le Secrétariat pour la Justice sociale et
l’écologie dans Promotio Iustitiae no 106,
2011/2 (www.sjweb.info/documents/sjs/pjnew/PJ106FRA.pdf). Bon travail à tous…
Guy Cossée de Maulde, s.j.
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Initiatives & Evénements
Six Belges
au pays de France
« Quelle arche nous sauvera
des eaux qui montent ? »
S
ix compagnons (Laurent Capart, Guy
Cossée de Maulde, Charles Delhez,
Pierre Ferrière, Roland Francart et Daniel
Sonveaux) ont représenté dignement la BML
à l’« assemblée de Province » de France. Cette
tradition de nos voisins du sud, déjà ancienne,
consiste en une rencontre de près de quatre
jours, au centre spirituel « Le Châtelard »
(Lyon), autour d’un thème précis, dans une
ambiance fraternelle et détendue. Cette année : L’écologie : enjeux pour la mission et la
vie communautaire. L’homme voulait rivaliser
avec les dieux, comme Prométhée, et le voilà
maintenant plus proche de Noé. Évocation.
Ceux qui étaient « climato-sceptiques » sont
certainement revenus du Châtelard convaincus qu’il fallait faire quelque chose, si petit soitil, à l’image du colibri de Pierre Rabhi si souvent
cité. La session-vacances a commencé fort,
par l’exposé scientifique, mais tout à fait abordable pour les profanes, de Jean-Bernard Baudin. De multiples exemples ont fait percevoir
qu’une mutation écologique était bel et bien
en cours. Un petit symptôme parmi d’autres :
en 1943, les vendanges débutaient le 28 septembre ; aujourd’hui, le 10 du même mois.
Pour ceux
qui ne sont pas encore nés
C’est à partir de 1950 qu’on peut observer
un décrochage. Des signes indiquent clairement que quelque chose ne va plus. Il ne s’agit
pas de romantisme… Certes, les papillons
sont moins nombreux, la diversité des espèces
est menacée… Mais c’est surtout l’avenir de
l’humanité qui inquiète. En consommant trop
et sans discernement, en puisant aveuglément
dans les sources d’énergie, ce sont les générations à venir qui sont en danger.
La prédiction est difficile, le climat étant
un système très complexe où les facteurs sont
multiples. Il faut dès lors faire appel à la prévoyance, au principe de précaution. C’est en
effet devant ceux qui ne sont pas encore nés
que nous sommes responsables. Nous
sommes héritiers d’une planète qu’il faut
maintenir habitable pour des gens que nous
ne connaissons pas encore, mais qui seront
nos descendants. La foi chrétienne parle de
la « communion des saints », cette solidarité
entre tous les vivants. Il y a ceux de la terre,
ceux du ciel, mais encore ceux des générations
à venir, connues et inconnues. Une des conséquences les plus inquiétantes, en effet, est la
montée des eaux de l’océan, à cause notamment à la dilatation de l’eau due au réchauffe-
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Initiatives & Evénements
ment. Si l’on ne fait rien, la croissance pourrait
être de 60 cm d’ici 2100. Les premières victimes seront les populations des côtes et des
deltas.
Il y avait aussi du concret. Les échanges en
groupe, les ateliers de compréhension et ceux
ou l’on pouvait faire du pain par exemple ou
une observation de la faune et de la flore du
Châtelard. Et des témoignages. Ainsi celui
d’Arthur & Gwendoline, un jeune couple engagé de manière radicale dans le sens de l’écologie, le mari étant lui-même un professionnel
de la chose. Ou encore celui de sœur MarieMadeleine, dominicaine de Taulignan, dans
la Drôme, évoquant la réorientation de sa
communauté dans le sens de la culture bio
des plantes aromatiques (achetez la tisane
Saint-Ignace !). Pour la culture bio, a-t-elle
confessé, il faut « de l’eau, de la terre, du courage, et une bonne dose de foi ». À la racine
de cette démarche, il y a un changement de
regard. Il s’agit en effet de recevoir la Terre
comme un don de Dieu. Mais sans le soin du
frère, le soin de la Terre perdrait tout son sens.
Un des défis de la Compagnie
La Compagnie s’est sentie concernée dès la
34e Congrégation générale, en 1994, qui a vu
les premiers postulats sur le développement
durable arriver à Rome. Mais c’est la 35e Con Grégation qui a placé la question écologique
parmi les défis de notre mission. Quant à la
revue Promotio justitiæ, elle lui a déjà consacré
plusieurs numéros, dont le récent de 2013,
« Une spiritualité qui nous réconcilie avec la
Création ». Le P. José Ignacio Garcia, du site
EcoJesuit, a pu témoigner des initiatives jésuites dans le monde. « La question écologique
est un défi pour notre foi ainsi que pour notre
compréhension de la justice », a-t-il affirmé.
16
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
L’atmosphère était au questionnement, chacun évoquant le style de vie de sa communauté, les « pères ministres » se sentant particulièrement concernés. Il faut en effet poser des
actes concrets, sans attendre d’être absolument
certain d’avoir tout compris et tout maîtrisé,
car viendra un moment où il sera trop tard.
Les petits gestes concrets circulaient dès lors
dans toutes les conversations !
*
Des vacances, ai-je dit. Eh oui, on pouvait
aller au cinéma ! Un film sur Pierre Rabhi nous
invitait, au nom de la terre, à une autolimitation, à la sobriété. Un autre, où Michel Serrault
est tellement présent à l’écran, une Hirondelle
a fait le printemps, nous a plongés dans la solitude de la montagne et les affres de la nature,
tout autant que dans sa poésie. Mais, pour les
petits Belges que nous étions, ce fut aussi l’occasion de rencontrer, notamment lors des repas, les confrères français et aussi de goûter à
leur humour lors de la gaudiosa, le grand moment de détente du dernier soir. Bien sûr, nous
y avons apporté notre touche, appréciée. D’un
sujet aussi sérieux que l’écologie, on peut se
rire, et cela fait du bien, à condition que l’on
n’oublie pas qu’il faudra se retrousser les
manches pour mettre les mains à la terre.
Charles Delhez, s.j.
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense
incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés,
atterrés, observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher
quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur
le feu. Après un moment, le tatou, agacé par
cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu
n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau
que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
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LE DOSSIER
Rassemblement de la
“famille ignatienne”
Erpent, le 23 novembre 2013
DOSSIER RÉALISÉ PAR VINCENT DELCORPS,
AVEC LA COLLABORATION D’AGNÈS GRANIER ET DES PÈRES DANIEL DE CROMBRUGGHE, GUY DELAGE,
CHRISTOPHE RENDERS ET MICHEL ROGER | PHOTOS : DANIEL DE CROMBRUGGHE
L
a CVX (Communauté de Vie chrétienne) de Belgique francophone
et du Luxembourg, des congrégations religieuses ignatiennes (Religieuses
de l’Instruction chrétienne, du SacréCœur, de Saint-André, de l’Enfant-Jésus
de Nivelles…), le Réseau Jeunesse ignatien, le Centre spirituel ignatien de La
Pairelle, les SEPAC, le JRS Belgique (Service jésuite des réfugiés), Lumen Vitae,
la Communion de La Viale, le Secrétariat
ignatien des retraites, l’IET, le MEJ (Mouvement eucharistique des jeunes), le
Centre AVEC, ESDAC, les éditions, les collèges et les anciens, Botassart, l’Université
de Namur, le Chemin Neuf… ont rassemblé au collège d’Erpent quelque deux
cents participants parmi lesquels trentesix membres de notre province et deux
de la province de France dont le coordinateur de la famille ignatienne française,
le P. Michel Roger.
À l’image d’une rencontre de famille
dont les membres viennent de partout
sans se connaître nécessairement, cette
journée à a été l’occasion de découvrir
ce qui leur est commun et d’établir des
ponts à partir des expériences de vie de
Saint Ignace et de sa spiritualité.
Bénéficiaires et acteurs contemporains
d’une tradition spirituelle, toutes et tous
ont participé à la fondation de cette « famille ignatienne » de Belgique francophone et du Luxembourg : « découvrir
Dieu en toutes choses et toutes choses en
Dieu ».
L’équipe organisatrice était formée de
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
A
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Vincent & Marie Delcorps-Tempels, Sœur
Agnès Granier, r.s.a., Franck Janin, Bernard Peeters, sœur Françoise Schuermans, s.s.m., Etienne Vandeputte.
Le Récit du pèlerin a été une bonne entrée en matière. Ce récit en a engendré
d’autres réalisés à partir de ce que chacun
et chacune a pu découvrir dans ses engagements. La présentation de témoignages sous la forme d’interviews a donné lieu à un autre temps fort. Se sont ainsi
croisés une sœur de Saint-André, responsable d’une unité pastorale à Bruxelles,
un enseignant du supérieur, diacre et
membre de l’équipe ESDAC, une maman
infirmière et membre des CVX, le directeur du Centre AVEC, une enseignante
du secondaire, responsable de l’animation pastorale dans son établissement et
membre du Réseau jeunesse, une jeune
psychologue, membre du Réseau jeunesse et de la CVX, coorganisatrice du rassemblement. Avant l’eucharistie de clôture, tous ont pu s’exprimer sur l’avenir
de la « famille ignatienne » dans nos régions et au Luxembourg.
Une video de la journée est visible sur
www.jesuites.be/Video-Flashe-de-lajournee.html
Famille ignatienne
Le 23 novembre, 200 personnes se sont
rassemblées à Erpent pour la « journée
B
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
de la famille ignatienne ». Au programme : relectures, échanges, témoignages,
célébration. Surtout, les participants ont
pris le temps d’imaginer l’avenir de leur
famille…
Au commencement, était le rêve. Celui
de rassembler, de tisser des liens, de bâtir
des ponts. Avant tout, de se connaître.
Pour le plaisir, certes. Mais aussi pour semer. Mieux semer. Et semer longtemps.
Car telle est la responsabilité des héritiers.
A ceux qui ont reçu, il sera demandé de
donner. Et c’est une certitude : la spiritualité ignatienne est un trésor.
Puis, il y eut la journée du 23 novembre. Attirés par une lettre enthousiaste et l’odeur du café, les participants
étaient nombreux — 200 ! — et curieux.
Ils étaient venus pour voir — « Venez et
voyez » — sans savoir. Mais ils avaient le
meilleur : l’a priori favorable. Et l’humble
désir de se mettre au service. Très vite, ils
se sont retrouvés en terrain (plus ou
moins bien) connu, invités à retracer la
vie d’Ignace. Avant de se réunir devant
une auberge espagnole à la hauteur de
leurs attentes, et à la mesure de ce qu’ils
avaient apporté. Après avoir été stimulés
par le témoignage de quelques ignatiens
enthousiastes, ils eurent à mettre les
mains dans le cambouis. En petits groupes, rêver la famille : comment est-ce que
je l’imagine ? Que suis-je prêt à y apporter ? Enfin, célébrer, remercier et se tourner vers l’Au-delà de tout.
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageC
LE DOSSIER
3 questions à
Franck Janin, provincial
• Peux-tu nous dire dans quel contexte est née l’idée de cette journée ?
En réalité, plusieurs événements ont
rassemblée la famille ignatienne en
Belgique ces dernières années. En
2006, à l’occasion des anniversaires
ignatiens (450e anniversaire de la mort
d’Ignace, 500e anniversaire de la naissance de François Xavier et
de Pierre Favre), 700 personnes s’étaient réunies à
La Pairelle. Ce fut une journée importante, de grande communion. On a exprimé alors le souhait de
rééditer ce genre d’événements car il est bon de
vivre cette fraternité ensemble. En 2010, nous
avons reçu la visite du père
général Adolfo Nicolás.
Bon nombre d’ignatiens se sont retrouvés à cette occasion à Saint-Michel. Ce
fut une rencontre forte : le père général s’est adressé à la famille. Ces deux
rassemblements ont nourri la réflexion. Ils ont aussi accru le désir d’établir véritablement cette famille, mais
pas uniquement autour d’événements
ponctuels. Par ailleurs, à la suite de
2006, la famille ignatienne s’est aussi
structurée dans plusieurs pays voisins,
et particulièrement en France. Nous
nous sommes aperçus que ces initiatives portaient du fruit. Nous avons vu
des ponts et des synergies se créer.
• Tu décides alors de structurer cette
famille dans la province BML. Premier
défi : constituer une petite équipe…
Je dois dire que je portais vraiment
ce désir dans le cœur : pour moi, il fallait absolument qu’on forme cette famille ignatienne ! De fait, j’ai alors
constitué une petite équipe. Je voulais
que celle-ci soit représentative de la famille. Mixte, avec des plus anciens et
des plus jeunes… J’ai contacté quelques personnes avec qui j’avais aussi
un lien personnel.
• Avec le recul, considères-tu que
cette journée fut un succès ?
Oui, un grand succès ! Tout d’abord
par la réponse des gens, par leur enthousiasme. On sait bien que la famille
ignatienne compte plus de 200 personnes mais c’est un très bon point de
départ. Et puis aussi par l’atmosphère.
On a pu sentir l’esprit de famille. Cette
famille existe ! Elle a besoin de se rassembler, de se connaître. L’esprit ignatien nous unit ; on est heureux de le
vivre, de le célébrer.
C
Echos •
no
1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageD
Fiat familia, et familia fuit
La journée du 23 novembre ne fut
qu’une journée. Et ce ne fut qu’une étape. Mais ce fut la première. Elle avait du
goût et elle a donné faim. Les organisateurs n’avaient pas caché leur souhait
d’être des bâtisseurs. Leur objectif n’était
pas de créer la famille ignatienne mais
de la rendre visible, concrète, incarnée.
Soudain, elle apparut. Fiat familia, et familia fuit. Fastoche ?
Non, pas fastoche. Car les défis restent
à l’horizon. Il y a du plaisir à initier ; il n’y
a de joie profonde que dans ce qui dure.
Déjà, la douce urgence se fait sentir.
L’heure vient et elle est là. Battre le fer
tant qu’il est chaud. Profiter de l’enthousiasme suscité. Se montrer créatif et audacieux. Jeter des ponts et larguer les
amarres.
Toutes les bonnes volontés seront nécessaires. Il s’agira de s’exercer à l’art délicat de la rencontre. Jeunes et vieux, les
pèlerins sont invités à se mettre debout,
à se saisir de leur bâton et à oser. Oser des
collaborations concrètes et des échanges
véritables. Unis dans le Seigneur, parta-
D
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
ger des adresses, des listings, des bons
plans, des photos, des conseils… Des
prêts sans autre intérêt que celui de faire
famille. Les acquis ne seront jamais définitifs. Mais chaque petit pas sera savoureux. Ainsi, elle vivra longtemps et tous
verront que cela est très bon.
Paroles de témoins
Lors de la journée du 23 novembre, six
personnes, engagées de diverses manières, ont partagé leur témoignage et
leurs attentes pour la famille ignatienne.
Extraits.
• Anne Peyremorte, sœur de Saint-André et responsable d’unité pastorale à
Bruxelles
« A Saint-André, ce qui m’a touché, je
crois, c’est une simplicité joyeuse. Pas une
exubérance simpliste ! Non, une joie
simple. La simplicité, qui permet une forme de créativité. […] Aimer, c’est exigeant, et c’est ça qui est intéressant. S’il
y avait une fois par an, au printemps, des
soldes de l’amour (« On aime ici à bas
prix »), ça ne m’intéresserait pas ; je n’ai pas
envie d’aimer à bas
prix, je veux aimer pleinement. […] On ne
peut pas être ignatien
en l’air, par une structure d’esprit, un rêve
ou une imagination.
Non, ça doit s’incarner.
Etre envoyé dans un
territoire bien défini
me permet de faire un
mouvement descendant d’incarnation. »
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageE
LE DOSSIER
• Willem Kuypers, père de famille,
diacre, engagé dans ESDAC
« Est-ce que je me sens membre de la
famille ignatienne ? Oui et non. Oui, parce que je suis né dedans et je chemine depuis tellement de temps dans cette spiritualité. […] Depuis longtemps, on se
dit : pourquoi n’y a-t-il pas quelque chose
qui se passe ? Je suis très content d’être
là mais j’attends surtout la suite pour appartenir encore bien plus à la famille
ignatienne. […] J’ai fait les 30 jours à La
Viale et je retiens une chose : […] je ne
sais pas si Dieu existe, mais je l’ai rencontré. »
Parfois j’agis beaucoup, je me disperse
et je m’aperçois que je suis loin de moi,
de ce que je veux vraiment. Et loin de
Dieu. […] Ce n’est pas l’un ou l’autre ;
c’est l’un dans l’autre ! »
• Vincent Sohet, enseignant au collège
Notre-Dame d’Erpent :
• Marie Tempels, CVX et Réseau jeunesse ignatien
« Je suis rentrée dans plusieurs projets
ignatiens par des personnes. Je suis entrée par la porte de l’amitié. J’ai pu développer des amitiés vraies, authentiques, fidèles, et ça, c’était quelque chose de très important pour moi. […] J’aime
beaucoup l’idée « compagnon » de Jésus.
Je me sens également proche de la spiritualité ignatienne par son ouverture sur
le monde. […] Ce que j’aime beaucoup
aussi, c’est la pédagogie, la méthode. En
tant que personne, cette méthode me
rassure dans une manière de vivre la foi
qui ne soit pas irrationnelle ou dans les
nuages. […] Et alors, j’aime beaucoup
aussi le côté contemplation dans l’action.
« Les écoles sont des lieux extraordinaires parce qu’on est aux frontières. […]
A Erpent, il y a beaucoup de possibilités :
des retraites, une matinée de solidarité,
des célébrations… Il y a de nombreux espaces disponibles. Je trouve aussi qu’il y
a beaucoup d’ouverture, tant de la part
des élèves que des profs. […] La question :
qu’est-ce qu’on apporte dans cet espace
disponible ? Et là, je trouve que nos
moyens sont parfois pauvres. Nous avons
des outils. Mais ils sont où ? Comment les
mettre en pratique dans ce contexte-ci ? »
• Marie-Claire Beaudelot, membre de
l’ESN de la CVX et accompagnatrice
d’équipe
« Fondamentalement, je suis venue
dans la CVX parce que c’est un lieu où je
n’ai plus besoin de faire des tiroirs. Je
peux unir ma vie de laïc engagée dans le
monde et ma vie de foi. C’est l’expérience
de Dieu qui s’intéresse à toutes les dimensions de ma vie : pas seulement le travail
et la famille, mais les loisirs, la santé…
Dieu nous rejoint dans toutes ces petites
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
E
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageF
choses. […] Je n’ai pas prévu de suivre
Ignace ; ce que j’ai eu envie de faire, c’est
de suivre le Christ à la manière d’Igance,
et avec ses outils. »
• Frédéric Rottier, directeur du Centre
AVEC :
« A partir du moment où l’on regarde
l’Evangile, où l’on essaie de rentrer dans
la scène, on se rend compte qu’il n’y a pas
qu’une histoire purement spirituelle. Il y
a aussi une réalité humaine et sociétale.
[…] Il n’y a pas que le boulot-dodo-famille dans la vie ; on doit avoir un engagement vis-à-vis de la société. Et cela peut
se faire de diverses formes. »
audacieux. Ils ont été contactés par
Franck Janin. Ils n’ont pas tous bien compris dans quoi ils se lançaient. Mais ils ont
perçu un enthousiasme. Une espérance.
Alors, ils ont dit oui.
Dès l’entame, Franck insiste : l’idée est
d’organiser une journée fondatrice d’un
réseau. Poser des jalons et non pas organiser une grande kermesse. Il précise :
pour le moment, le leadership de l’initiative est assuré en fait par la Compagnie
mais l’objectif est bien d’élaborer la chose
en famille. Place aux idées. Et aux questions. Qui invite-t-on ? Les enfants et les
plus âgés trouveront-ils leur place ? Nous
concentrons-nous sur les personnes activement engagées ou sur l’ensemble des
membres ? Comment va-t-on lancer les
invitations ? Et puis, que va-t-on faire durant cette journée ? On parle déjà de témoignages, de récit, de chants et d’eucharistie.
« Une famille presque parfaite »
Toutes les vidéos sont disponibles sur :
www.anciens-eleves-jesuites.be/2013/12/journee-ignacienne-a-erpent/
Dans les coulisses de l’organisation…
La petite équipe de préparation s’est
rencontrée à plusieurs reprises, entre La
Pairelle et Bruxelles, pour organiser la
journée. D’abord, l’imaginer. Puis, la
mettre sur pied. Enfin, la faire connaître.
Le tout vécu dans un véritable esprit de
fraternité.
15 décembre 2012. La Pairelle est déjà
plongée dans l’obscurité quand y débarquent, au compte-gouttes, les quelques
F
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
L’hiver n’a pas disparu et il fait toujours
noir quand l’équipe se retrouve pour sa
deuxième réunion. Nous sommes le 2 février, rue Fauchille cette fois. Des premières décisions sont entérinées : la journée aura lieu le 23 novembre à Erpent.
Les objectifs se précisent, le procès-verbal
de la réunion en atteste : « Apprendre à
se connaître », « nouer des collaborations », « marquer un premier pas »,
« prendre conscience de la responsabilité
que nous avons à transmettre », peut-on
lire. On cherche aussi un slogan. Les esprits chauffent, les idées jaillissent. Des
plus prophétiques (« I have a dream »),
aux plus poétiques (« To be or not to be
ignatien »). Des moins humbles (« Une
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageG
LE DOSSIER
famille presque parfaite ») aux moins
drôles (« Tu connais Ignace ? »). Avant la
perle : « Se connaître pour mieux semer ».
Les importants détails pratiques ne sont
pas négligés. L’idée d’une auberge espagnole est retenue. « Apéro et desserts offerts », lit-on encore sur le PV. Finalement,
seul l’apéro subsistera…
« Nécessité de relancer notre
campagne »
22 avril : c’est dans 7 mois. On lance la
comm ». Affiches, cartes postales, lettre,
mail, web. Les tâches deviennent concrètes. Il faut inviter, rédiger, corriger, demander des prix, finaliser (déjà !). On parle de responsabilités et de suivi personnel
des tâches. Les choses deviennent sérieuses. Ce qui ne fait pas disparaître l’enthousiasme et la convivialité. Le 17 septembre, le programme de la journée devient détaillé. Marie et Franck feront le
mot d’entrée ; Vincent a 3 témoins sur 6
pour ses interviews. On sait déjà que des
graines de tournesol seront distribuées
à la fin de la journée. Reste cette question, centrale : prévoit-on de la soupe
pour le midi ou pas ? La question, trop
technique, est provisoirement laissée en
suspens. Le 23 octobre, c’est au cœur de
Namur, à la coordination des collèges jésuites, que l’équipe se
réunit. Pour l’heure, il
y a 80 inscrits. « Pas encore d’inquiétudes
mais nécessité de relancer notre campagne », indique le PV
de la réunion. L’équipe « musique » est pratiquement au complet – bravo Françoise !
La liste du matériel est établie : papiers
collants, ciseaux, matériel enfants, 3 fauteuils en paille, fleurs… L’heure fatidique
est fixée : c’est à 7 h 45 que l’équipe organisatrice se retrouvera le jour J. Enfin,
la décision tombe, cruelle : il n’y aura pas
de soupe à midi.
La suite, c’est un travail souterrain. Des
coups de fil, des mails, du stress nocturne
jusqu’au dernier jour… Et surtout, de
multiples coups de main offerts à gauche
et à droite, par nombre de participants.
Enfin, une confiance, une amitié, une
joie. L’esprit de la journée aura été celui
dans lequel elle a été préparée. Un véritable esprit de famille.
Mais qu’en pensent les jésuites ?
« Une ambiance de joie captée à travers l’œil de la caméra »
Daniel de Crombrugghe
Couleurs, mouvements, chants, sourires, rencontres… Je ne sais où tourner
le regard de ma caméra : pour rendre
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
G
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageH
compte de ce qui se
vit, il faudrait filmer simultanément toutes
ces tonalités.
Ce que l’œil de la caméra peut capter, c’est
une ambiance de joie,
des retrouvailles, des
rencontres, tout cela
porté par les chants
dans lesquels nous entraîne une jeune chorale.
J’apprécie l’enchaînement harmonieux
et la diversité des animations : l’accueil
chaleureux, le jeu d’Ignace pour nous aider à nous rencontrer et partager, le
montage « diapo » sur Saint Ignace ou la
méditation, six interviews menées de
main de maître et déployant quelques
facettes de la famille ignatienne, l’eucharistie, le repas en auberge espagnole…
Je ne peux que remercier les organisateurs pour cette belle journée.
« A l’été 2015 : tous ensemble sur le camino ignaciano »
Christophe Renders
Cet été, j’étais à l’Assemblée mondiale
de la Communauté de Vie chrétienne
(CVX) au Liban. Impressionnant de voir
rassemblés, venus d’horizons si divers,
des hommes et des femmes vivant au jour
le jour de la spiritualité ignatienne et animés par le même désir de la mission, avec
une question : « Comment aller de nos
racines aux frontières ? »
Une interpellation qui vaut aussi pour
la famille ignatienne en Belgique. Invitation à traverser les frontières de nos
« secteurs » bien cloisonnés. J’ai la chance
H
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
de le vivre aujourd’hui : après de belles
années de mission avec les réfugiés au
sein du JRS, je viens de rejoindre le centre
spirituel de La Pairelle. Quelle fécondité
quand on ose faire se rencontrer spiritualité, éducation, engagement social,
réflexion théologique, activités avec les
jeunes, dynamiques communautaires… !
Mon parcours dans la Compagnie m’a
aussi donné de traverser des frontières
linguistiques et culturelles : Irlande,
Congo, Espagne, Mexique, Tchad…
Alors, tout naturellement notre famille
ignatienne, je la rêve pas trop à l’étroit :
belge, luxembourgeoise, française bien
sûr… mais sans crainte de voir plus loin.
Aujourd’hui les défis qui nous appellent
sont européens et internationaux.
Tout cela en prenant soin de nos racines. Alors je lance une idée pour l’été
2015 : nous mettre dans les pas du Pèlerin, avec son récit en main, de Loyola à
Manrèse, sur le camino ignaciano ouvert
par nos amis espagnols (caminoignaciano.org). Des candidats ?
« Que la famille ne forme qu’un seul
corps »
Guy Delage
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageI
LE DOSSIER
Dimanche 23 novembre 2013, dans la
grisaille de ce matin d’automne une
étrange agitation vient perturber le calme dominical qui règne habituellement
dans le collège d’Erpent. Il y a forte affluence à l’entrée. Ce ne sont pourtant
pas des élèves en mal de cours, ni des enseignants à la recherche d’heures supplémentaires. Le fléchage indique qu’il s’agit
d’une réunion de famille. Une « cousinade » sans doute. Mais non. A part quelques couples, tous ont des noms différents que chacun a collé sur son cœur. La
famille est nombreuse : presque 200 personnes. Et diversifiée aussi : il y a même
des cousins que je ne connais pas.
La journée dans son ensemble fut
conviviale, fraternelle, vivante et joyeuse.
Le point fort en fut le temps de partage
par groupes à partir d’un extrait du « Récit du pèlerin ». En partant, j’ai fait un
rêve : que la famille ne forme qu’un seul
corps au service de la mission du Christ.
C’est bien le moins que l’on puisse attendre d’une famille !
L’expérience de la France
Par Michel Roger
En France, à la suite du jubilé de 2006,
une association s’est créée en vue de soutenir l’élan de la famille ignatienne. Michel Roger porte ce beau projet. Il nous
partage son expérience. Et nous invite à
le suivre…
A l’occasion de la très belle et joyeuse
journée de la Famille Ignatienne de Belgique Francophone, on m’a demandé ce
qui existait d’approchant en France…
De fait, au terme d’un long cheminement, nous venons de créer en France une
association 1901. Son objectif : soutenir
dans la durée la dynamique née du jubilé
de 2006 (rencontres des centres spirituels
ignatiens et rencontres de travail sur le livret des Exercices tous les deux ans, rencontre de tous les acteurs ignatiens de
toutes les régions tous les trois ans).
Cette association est née en mai dernier sous l’impulsion de quatre membres
fondateurs, la Communauté Vie chrétienne, les sœurs de la Retraite et du Cé-
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
I
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageJ
nacle, et la Province de
France. Elle prend la
responsabilité des divers événements dont
j’ai parlé ci-dessus.
D’ailleurs, vous, nos
amis belges, participez
déjà à ces rencontres,
notamment celles des
quinze centres spirituels ignatiens.
C’est le rôle de l’équipe nationale mandatée par l’association « Le pas ignatien »
de les organiser ; elle poursuit ainsi plus
officiellement ce qui se faisait donc depuis quelques années.
De Lille à Marseille, de Brest à
Strasbourg…
Le but de tout cela : se reconnaître avec
nos diversités et nos complémentarités,
prendre conscience de notre force apostolique (nous sommes certainement plus
d’un millier et demi d’animateurs), même
si elle reste modeste, se former et reflechir aux questions du monde d’aujourd’hui, faire croître le désir chez tous de
pratiquer davantage les Exercices, de les
J
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
donner, pour davantage être au service
de l’Évangile dans le monde, et ainsi
mieux faire connaître l’Amour de Dieu
pour l’homme.
Comment nous efforçons-nous de traduire concrètement ce désir : par la mise
en place des retraites, en centres ou dans
la vie quotidienne, par les semaines de
prière accompagnée, par les sessions ou
retraites de discernement communautaire, les journées ou week-ends
« marche et prière » ou « déserts », les formations à l’accompagnement sous ses diverses formes, la messe qui prend son
temps, les fêtes régionales et pas mal
d’autres propositions…
Ainsi, pour « marcher, édifier, confesser », comme le pape
nous y invite, au service des petits et des
pauvres, nous voilà implantés dans une cinquantaine de villes, de
Lille à Marseille, de
Brest à Strasbourg, de
Nice à Bayonne, bref,
un peu partout, de
manière assez inégale
en quantité…, mais
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageK
LE DOSSIER
A la découverte d’Ignace…
Par sœur Agnès Granier
la foi et l’espérance. Cette confiance, cette affection et cette espérance, c’est en
Dieu seul qu’il voulait les mettre, et ce
qu’il exprimait ainsi correspondait bien
aux sentiments de son cœur.
E) Peu de temps après vint la SaintRemi, qui se fête le premier octobre. Il
entra au cours des Arts, sous un maître
appelé Jean Pena, et il le fit avec le désir
de garder les compagnons qui avaient
décidé de servir le Seigneur, mais de ne
plus en recruter d’autres, afin de pouvoir
étudier plus commodément.
F) A la fin, le Seigneur accordant son
secours, nous avons conclu non pas à la
majorité des voix, mais sans que personne
soit d’un avis contraire : pour nous, il
convenait davantage et il était plus nécessaire de rendre obéissance à l’un
d’entre nous, pour que nous puissions
réaliser mieux et plus exactement nos
premiers désirs d’accomplir en toutes
choses la volonté divine, ensuite pour
que la Compagnie soit conservée plus sûrement, et enfin pour qu’on puisse pourvoir correctement aux affaires particulières qui se présenteraient, tant spirituelles que temporelles.
G) Tous ses compagnons, voyant clairement l’impossibilité de la défense,
étaient d’avis de se rendre contre promesse de la vie sauve ; mais il fit valoir tant de
raisons près de l’alcade qu’il le persuada
de résister, malgré le sentiment de tous
les officiers ; ceux-ci, grâce à son énergie
et à ses efforts, reprirent courage.
H) Les neuf compagnons arrivèrent à
Venise au début de 1537. Là, ils se séparèrent pour servir dans divers hôpitaux.
Après deux ou trois mois, ils s’en allèrent
tous à Rome recevoir la bénédiction pour
le voyage de Jérusalem. ■
Réponses : A : en Espagne – B : à Manrèse –
C : vers Rome – D : Vers Jérusalem – E : à Paris –
F : délibération des premiers Pères – G : à Pampelune – H : à Venise.
Le 23 novembre, par petits groupes, les
participants eurent à retracer le chemin
du pèlerin. A votre tour de jouer : dans
quel ordre se sont succédées ces différentes étapes de la vie d’Ignace ? Les réponses se trouvent en bas de la page.
A) Dans cet hôpital, il entretint les
nombreuses personnes qui venaient le
visiter des choses de Dieu et, par sa grâce,
il fit beaucoup de fruit. Dès son arrivée,
il prit la résolution d’enseigner chaque
jour le catéchisme aux petits enfants ;
mais son frère y répugnait beaucoup, affirmant que personne ne viendrait. Il répondit qu’un seul enfant lui suffirait.
Mais, dès le début, beaucoup de gens vinrent l’écouter, y compris son frère. Outre
le catéchisme, il prêchait aussi les dimanches et jours de fêtes pour être utile
aux âmes qui venaient de plusieurs milles
afin de l’entendre et pour les aider.
B) A cette époque cependant, il s’entretenait quelquefois avec des personnes
spirituelles qui lui faisaient confiance et
recherchaient sa conversation ; car, bien
qu’il n’eût aucune connaissance des
choses spirituelles, il montrait toutefois
dans sa façon de parler beaucoup de ferveur et une grande volonté d’aller de
l’avant dans le service de Dieu.
C) Témoignage de Lainez : « Il me dit
qu’il lui semblait que Dieu le Père avait
gravé dans son cœur ces mots : « je vous
serai propice à Rome »…. Puis une autre
fois, il me dit qu’il lui semblait voir le Christ
chargé de sa croix et à côté de lui le Père
qui disait : « je veux que tu le prennes
comme compagnon ». Et Jésus accueilli
la demande te dit : « Je veux que tu nous
serves ». Ce qui lui donna tant de dévotion au Nom de Jésus qu’il voulu nommer
son groupe « Compagnie de Jésus ».
D) Bien que certains se fussent offerts
à l’accompagner, il voulut voyager sans
compagnon, car l’essentiel pour lui était
d’avoir Dieu seul pour refuge… Il désirait
en effet pratiquer trois vertus : la charité,
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
K
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 PageL
pas en dynamisme :
cet élan et le vôtre,
nous le partageons
déjà ; et si cela vous
tente, venez le partager davantage encore
avec nous à Lourdes
en septembre prochain !
Et maintenant ?
L’équipe d’organisation a pris le temps
de relire la journée du 23 novembre et
son organisation. Elle envisage à présent
la suite. Avec déjà quelques idées très
concrètes…
Ils se sont retrouvés le 19 décembre.
Avec un peu plus de légèreté que d’habitude. Un relâchement ? Une grande
joie ! Ils savent qu’un premier jalon a été
posé et sentent que celui-ci l’a bien été.
Pour fêter ça, Agnès a apporté des clémentines et Franck a dressé une table de
fête. Pain, Piedbœuf, fromage et pâté
sont au menu : la simplicité joyeuse.
Tour de table. Chacun partage ses impressions, relit son ressenti. Le (très) positif domine. Sont ainsi relevés l’esprit de
famille, la qualité du groupe musical, la
convivialité, la richesse du dialogue intergénérationnel, la simplicité. « Les gens
se sont reconnus : le réseau existe », relève l’un. Des points négatifs ? L’équipe
aurait sans doute aimé voir un peu plus
de jeunes. Est aussi relevée la lourdeur
de la préparation. Lourdeur légère, sans
doute, mais lourdeur quand même.
A présent, il convient de se tourner vers
l’avenir. Plusieurs membres de l’équipe
sont prêts à continuer mais il semble important de renouveler aussi les effectifs,
en vue d’impliquer de nouvelles per-
L
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 • LE DOSSIER
sonnes et de faire croître la conscience.
Oui, mais pour faire quoi ? Les idées sont
là, nombreuses. Elles ont été lancées par
tous les participants de la journée du 23
novembre, rassemblés en petits groupes.
Monter un flash-mob, créer un site web,
organiser une journée annuelle, mettre
sur pied une retraite ignatienne, favoriser les rencontres, faire récit des expériences positives de synergie, se mettre
à l’écoute des besoins de l’Eglise et de la
société… Des lignes de force dominent.
Deux en fait. D’une part, élaborer un outil de communication. Car il importe de
faire circuler les infos et de diffuser les
contacts, au service des rencontres véritables. Et puis, prévoir de nouvelles retrouvailles. Ce serait pour septembre
2014. On parle de La Pairelle… De nouveaux rêves germent. Appel est fait aux
rêveurs… et aux bâtisseurs. ■
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page17
Vie & Partenariat
Deux concerts
exceptionnels
La force d’une tradition vivante
L
es 11 et 13 novembre derniers, l’ensemble
Moxos s’est produit respectivement
dans l’église Saint-Loup, à Namur, et dans
l’église du collège Saint-Michel, à Bruxelles.
Si les assistants ont été conquis par la prestation, les jésuites, qui étaient parmi eux, ont été
particulièrement touchés par cette musique
composée au temps des réductions du Paraguay, c’est-à-dire du xviie et xviiie.
Quelques repères historiques. Fondée en
1609, la première réduction est située dans la
province jésuite du Paraguay qui, outre le Paraguay actuel, couvre une partie de l’Argentine, l’Uruguay, le Sud-Ouest du Brésil, l’Est
de la Bolivie. Les jésuites développent leur action dans deux misions principales : celle des
Guaranis, dans le bassin des fleuves Parana
et Uruguay ; et celle de la Chiquitana (qui
comprend les Chiquitos et les Moxos), dans
la Bolivie actuelle. Les réductions disparaissent
en 1768, date de l’expulsion des jésuites de ces
territoires. A ce moment, on dénombre
150 000 habitants. L’ensemble des réductions,
qui sont au nombre d’une trentaine, se présente comme une fédération de cités.
Le terme réduction, qui signifie « rassemblement », désigne un système où l’autochtone,
est civilisé, évangélisé et protégé contre les colons espagnols. Chacune des réductions
compte de deux à sept mille habitants. Bâtie
sur un plan similaire, chaque réduction possède une organisation propre sous l’autorité
de deux ou trois jésuites. Si les jésuites exercent
l’autorité suprême, l’autorité immédiate revient aux chefs autochtones, suivant une hiérarchie bien définie.
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
17
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page18
Les réductions sont
le champ d’une expérience humaine et religieuse originale. Les jésuites sont parvenus à
greffer les principes et
les éléments modernes,
provenant de l’Europe,
sur les traditions autochtones. Ils ont réussi
un métissage culturel,
dont la musique est une
manifestation qui a traversé les âges.
Dès le début des réductions, les missionnaires constatent une disposition particulière
des autochtones pour la musique et le chant.
Aussi très tôt, des jésuites musiciens sont envoyés dans ce vaste territoire. Les instruments
modernes sont joints aux instruments traditionnels et le répertoire classique de l’Europe
se marie à la musique ancestrale. Parmi ces
musiciens, le plus célèbre est Domenico Zipoli
(1688–1726). Avant son entrée dans la Compagnie, il était considéré comme l’étoile montante au firmament musical de Rome, comme
Vivaldi l’était à Venise
L’ensemble Moxos, composé de seize
jeunes musiciens, est le gardien privilégié de
cette longue mémoire musicale. Il provient
de San Ignacio de Moxos, village de vingtcinq mille habitants situé dans la région Nord
de la forêt amazonienne de la Bolivie. Le nom
du village doit son origine à la réduction fondée en 1689 qui portait le nom du fondateur
de la Compagnie de Jésus. C’est là qu’en 2001
a été fondé l’Institut supérieur de Musique
d’où provient l’ensemble Moxos. Dans cette
institution est dispensée une éducation musicale gratuite à environ deux cent jeunes.
Dans ce lieu a été créé un dépôt d’archives de
18
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
Photo : TS
Vie & Partenariat
musique baroque où sont conservées plus de
cinq mille partitions datant de l’époque des
réductions.
Gardiens de la mémoire, l’Institut supérieur
et donc l’ensemble, veulent être aussi les défenseurs de l’identité indigène face à tous les
risques de disparition de leur peuple. Leur
musique dessine leur espace de liberté.
En vue de récolter de l’argent pour leur Institut , l’ensemble a effectué une tournée de
trois mois en Europe, de la mi-septembre à la
mi-décembre. Il s’est produit dans huit pays :
France, notamment au siège de l’UNESCO,
Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Allemagne, Tchéquie, Espagne.
L’ensemble sera de retour dans deux ans.
Ils seront invités par la communauté dominicale du Christ-Roi, animée par les jésuites
du Luxembourg, qui est jumelée avec la paroisse San Ignacio de Moxos. Un rendez-vous
à ne pas manquer. Si vous souhaitez en savoir
plus sur cet ensemble, il suffit de consulter Facebook « Ensamble Moxos » (sic).
Pierre Sauvage, s.j.
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page19
Vie & Partenariat
Rubrique Lessius
L
es éditions Lessius ont mis la Compagnie
à l’honneur ! Que ce soit sous les traits
de biographies, d’ouvrages sur les théologiens
jésuites, sur l’histoire, ou encore à travers les
réflexions de jésuites sur la foi…
Il y a quelques mois déjà, nous avons eu la
joie de publier Passion
pour une terre délaissée.
Nicolas Kluiters, jésuite
au Liban. Dans cet ouvrage, Carole Dagher —
dont les livres ont été
couronnés par de nombreux prix — met tout
son talent à nous faire
vivre au côté de cette très belle figure de la
Compagnie. Très tôt, Nicolas Kluiters voulut
être peintre, puis il est finalement devenu
prêtre, choisissant de « peindre avec les
hommes ». De sa naissance aux Pays-Bas à
son apostolat dans la plaine de la Békaa, au
Liban, où il sera victime de la guerre qui ravage
le pays, il a suivi un chemin de pasteur. Le pape
Jean-Paul II lui a rendu hommage en ces
termes : « Un nouveau témoin dans le sang,
dans la longue rangée de jésuites qui, durant
les dernières années, avaient été tués pour leur
dévouement pour la foi et la justice. » En effet,
le P. Kluiters était la sixième victime jésuite
tuée depuis le début de la guerre au Liban
(1975–1990). Il s’inscrivait dans la droite lignée
des pères missionnaires qui, depuis leur arrivée au Liban au xixe siècle, avaient pris des
risques et choisi des régions difficiles d’accès
et dénuées de tout, pour y apporter leurs talents ainsi que leur engagement pour l’édu-
cation et la catéchèse, pour le développement
social et sanitaire. Au xixe comme au xxe
siècle, les pères jésuites ont laissé des martyrs
dans ces lointaines contrées, tous des bâtisseurs et des pionniers. Lire la biographie du
P. Kluiters, c’est se replonger dans les premières années d’une guerre que les Libanais
désignaient sous le vocable prude d’« événements de 1975 », se refusant à utiliser le mot
guerre, mais c’est surtout suivre le cheminement d’une vie afin de voir comment elle a
laissé son impact sur d’autres vies, comment
elle s’est donnée et comment elle s’est dépassée
pour faire prévaloir la paix sur la guerre. Au
fil des pages se déroule la vie inspirante et authentique d’un homme de Dieu de nos jours.
Une véritable réflexion sur la foi et le sens de
l’engagement dans le monde d’aujourd’hui.
Dans son Ignace de
Loyola. Légende et réalité, le P. Pierre Emonet
relève avec brio le défi
qui consiste à répondre
à cette question : Que
connaît-on vraiment
d’Ignace de Loyola ?
Comme tout un chacun, l’homme a eu sa
part d’ombres et de lumières, et c’est ce que ce
livre entend révéler, sans tabou, en dix-neuf
courts tableaux. La tâche n’est pas aisée quand
il s’agit d’un homme comme Loyola. Sur son
compte se sont forgées bien des légendes, dorées ou noires, cautionnées par des Compagnons, des hommes de pouvoir, des philosophes, des grands penseurs et des auteurs
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
19
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page20
Vie & Partenariat
au-dessus de tout soupçon. Les uns voient en
lui l’homme providentiel qui a introduit l’Église dans la modernité, les autres l’accusent d’y
avoir introduit le ferment des hérésies modernes qui menacent ou du moins affaiblissent
la foi catholique. Pour passer au-delà de ces
miroirs déformants, un retour aux sources
s’impose : recueillir les témoignages de ses
contemporains, écouter ses confidences orales
et scruter les pages sorties de sa plume. Il s’en
dégage une personnalité complexe, impressionnante, et très attachante.
Vous vous en souvenez certainement, en
2011, les éditions Lessius ont publié l’Événement Vatican II qui a connu un très grand
succès en librairie. Ce succès n’était en rien
usurpé, car John W. O’Malley, s.j., possède le
talent rare de faire revivre l’histoire dans sa
complexité et sa vérité. En 2013, nous avons
fait paraître un second ouvrage de l’auteur, à
nouveau sur un concile :
le Concile de Trente. Ce
qui s’est vraiment passé.
Ce concile (1545–1563)
a fait date dans l’histoire
de l’Église et ses orientations ont marqué le
monde catholique jusqu’à nos jours. Pourtant,
aucun livre n’en présentait une vue d’ensemble. Cette lacune est ici heureusement
comblée. Pour permettre de saisir le sens de
cet événement unique et particulièrement
complexe, John O’Malley situe dans leur
contexte les questions abordées, les enjeux,
les solutions adoptées. Il n’oublie jamais qu’un
concile est aussi une affaire d’hommes et de
réseaux. Au fil du récit, il parvient à dégager
la logique qui sous-tend des décisions apparemment sans liens entre elles. De la sorte, il
montre que Trente présente un système cohérent et, au passage, il ne manque pas de ré-
20
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
gler leur compte à quelques mythes qui ont
circulé et circulent encore à propos de ce
concile. Très récemment, nous venons de publier, dans la « Petite Bibliothèque jésuite »,
un troisième ouvrage du P. O’Malley, Histoire
des jésuites. Dans quelques dizaines d’années,
la Compagnie de Jésus fêtera les cinq cents
ans de sa fondation en 1540 et l’histoire de ces
bientôt cinq siècles d’existence s’avère riche,
complexe et souvent tumultueuse. Autant admirée que vilipendée, la Compagnie échappe
d’emblée aux classifications faciles. À l’origine,
elle n’est qu’un ordre religieux de rite catholique romain parmi les autres, et ses adhérents
prononcent les vœux traditionnels de pauvreté, chasteté et obéissance. Tout comme les
membres des autres ordres, les jésuites s’engagent dans les ministères traditionnels : ils
proclament l’Évangile et administrent les sacrements. Comme beaucoup d’autres également, ils partent en mission et s’aventurent
dans des terres lointaines où ils côtoient des
peuples inconnus. « Le monde est notre maison », dira Jérôme Nadal, un compagnon de
la première heure dont l’influence s’avérera
extrêmement importante. Quelque dix ans
après la fondation de la Compagnie, les jésuites ouvrent leurs premiers collèges à des
élèves laïques, une innovation qu’aucun autre
ordre religieux n’a jusqu’alors mise en œuvre
de manière systématique. Les compagnons
se démarquent aussi des autres ordres parce
que leurs collèges les mettent en contact avec
bien des facettes de la culture séculière. Les
jésuites deviennent ainsi poètes, astronomes,
architectes, anthropologues, hommes de
théâtre et bien d’autres choses encore. Ils paraissent largement appréciés. Mais ils sont
également craints et détestés, jusque dans les
milieux catholiques. Pendant des siècles, les
histoires qui circuleront à leur sujet reflèteront
cette dualité : ils se trouveront tantôt sanctifiés,
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page21
Vie & Partenariat
tantôt diabolisés. Bien sûr, des appréciations
plus mesurées circulent depuis toujours mais
cela fait seulement une vingtaine d’années
que les historiens ont créé l’événement en posant sur eux un regard d’avantage impartial
et neutre à partir de la question de savoir qui
ils sont tout simplement.
Et afin de mieux cerner qui ils sont justement, le P. Michel Fédou
propose, dans les éologiens jésuites. Un courant uniforme ? une
brillante synthèse sur les
théologiens jésuites du
xvie siècle jusqu’à nos
jours. N’est-il pas d’emblée évident que les courants qu’ils représentent sont multiformes ? Cet ouvrage le montre
avec précision : la distance apparaît considérable entre les controverses d’un Bellarmin et
les réflexions sur le dialogue œcuménique ou
interreligieux ; entre les traités d’un Suárez
sur la Somme théologique et les écrits d’Henri
de Lubac ou de Karl Rahner ; entre les problèmes agités dans le cadre de la crise janséniste et ceux qui l’ont été à l’époque de Vatican II ; entre l’apologétique des xviiie et xixe
siècles et les ouvertures à la culture moderne
et à la mondialisation ; entre les questionnements européens, américains, africains et asiatiques… Sans doute faut-il chercher l’inspiration commune des théologiens jésuites dans
les Exercices spirituels. D’où l’importance qu’ils
ont donnée aux débats sur la grâce et la liberté,
ainsi qu’à la réflexion sur le Christ. Et puis,
dans la diversité même de leurs expressions,
ces théologiens ont toujours voulu œuvrer
« avec l’Église » et « dans l’Église ».
Comment pourrions-nous passer sous silence Défis d’une évangélisation renouvelée.
Les apports de Pierre Teilhard de Chardin, un
PHILIPPINES
Tandis que les jésuites aux Philippines continuent
à distribuer des secours aux victimes du typhon
Haiyan (appelé là-bas « Yolanda »), des chercheurs de leur Université de Davao (Philippines
méridionales) préparent une trousse de survie
qui aidera les gens à rester en vie plus longtemps,
chaque fois que se produiront à nouveau de semblables catastrophes. Forte de l’expérience acquise à la suite du typhon Haiyan et des autres
événements dramatiques survenus précédemment, la faculté d’ingénierie de l’Université de
Davao a mis au point une trousse de survie comprenant une lampe à énergie solaire, un chargeur
pour téléphone portable et un purificateur d’eau.
L’Université a été fondée par les jésuites en 1948.
SYRIE
Le père Frans van der Lugt, un jésuite hollandais
qui vit dans la ville syrienne assiégée de Homs, a
écrit récemment une lettre où sont décrites en
détail les conditions extrêmes auxquelles sont
soumis tous ceux qui vivent encore dans la ville.
Selon ses propos, les syriens manquent de nourriture et de carburant, et dans les maisons qui ont
été abandonnées les vivres sont épuisés. « La maladie a frappé certains d’entre nous et frappe à la
porte d’autres personnes. Depuis plus de 15 mois
aucun aliment n’est arrivé dans notre région ;
pendant des mois nous avons pu compter sur des
réserves locales mais celles-ci sont désormais
vides », écrit le P. van der Lugt. Celui-ci décrit le
manque de ravitaillement en Syrie de manière
très précise et désolante. « Nous survivons grâce
au peu de nourriture qui reste encore dans nos
maisons mais qui, rapidement, se réduiront à de
la semoule de blé dont nous verrons également
vite la fin. Nous remercions Dieu que chacun de
nous reçoive encore 1 kg de farine par semaine,
mais nous ne savons pas combien de temps cela
pourra durer. »
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
21
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page22
Vie & Partenariat
livre sous l’égide de l’Association des Amis de
Pierre Teilhard de Chardin, qui fait suite au
colloque international de 2012, à la Grégorienne. Ce colloque a réuni des spécialistes
de Pierre Teilhard faisant autorité dans plusieurs champs du savoir — scientifique, théologique, philosophique, spirituel, socio-politique — et qui tous, montrent la fécondité
de la pensée de Pierre Teilhard de Chardin
pour le temps présent. En effet, se mettre à
son écoute est toujours stimulant, plus spécialement au moment où, cinquante ans après
l’ouverture du concile Vatican II, l’Église promeut un renouvellement de l’évangélisation
pour la transmission de la foi.
Homme d’une foi profonde, passionné de
recherche, Pierre Teilhard a contribué à rendre
toute sa vitalité à la foi chrétienne en faisant
confiance au monde, attitude fondamentale
de la constitution Gaudium et Spes. Aujourd’hui, il peut encore aider à relever les défis
que rencontre le christianisme contemporain.
22
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
Pour prolonger votre réflexion sur les défis
actuels posés au christianisme, nous vous suggérons la lecture de ce très beau livre, Cyberthéologie, aux accents teilhardiens. Son auteur,
le P. Antonio Spadaro, est directeur de la revue
Civiltà Cattolica où il traite des questions surgissant à propos des nouvelles technologies
de communication. En effet, nous devons
nous interroger : Internet change-t-il notre
mode de pensée ? Les nouvelles technologies
digitales ne sont plus des instruments complètement étrangers à notre corps et à notre
esprit. Le Web n’est plus un instrument, mais
un « milieu » dans lequel nous vivons. Et si le
Web change notre mode de vie et de pensée
ne changera-t-il pas (… et déjà il la change)
également notre manière de penser et de vivre
la foi ? Si les chrétiens réfléchissent à internet,
ce n’est pas seulement pour apprendre à bien
« l’utiliser », mais parce qu’ils sont appelés à
aider l’humanité à comprendre le sens profond
du Net lui-même dans le projet de Dieu : non
comme instrument à utiliser, mais comme
milieu à « habiter ». Dans le développement
de la communication, l’Église voit l’action de
Dieu qui mène l’humanité vers son accomplissement. Internet, avec sa capacité d’être
du moins potentiellement, un espace de communion, fait partie du chemin de l’homme
vers cet accomplissement…
Sur ce chemin, nous vous souhaitons de
très belles lectures !
Nadège Guillaume,
Promotion et communication
aux éditions Lessius
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page23
La Compagnie en Europe et dans le monde
Cura personalis,
cura mundi
Rencontre européenne des
directeurs des écoles fondamentales
T
ous les trois ans, le JECSE (Jesuit European Committee for Secondary and
Primary Education) organise un séminaire
qui réunit les directeurs des écoles fondamentales (maternel et primaire). En ce mois d’octobre 2013, après Loyola (2007) et Porto
(2010), nous étions une centaine venant de
neuf provinces jésuites européennes à nous
retrouver à l’Escorial, près de Madrid.
En conclusion du séminaire, Marie-érèse
Michel, présidente du JECSE, nous a offert
une synthèse percutante dont je reprends les
éléments ci-dessous. A partir des exposés et
des expériences vécues sur place elle a identifié
plusieurs appels, qui nous projettent dans
l’avenir. Vous pouvez trouver le texte complet
(en anglais) de son intervention sur le site du
JECSE (www.jecse.org).
Partant de la tradition ignatienne, le P. Patxi
Alvarez, s.j. (secrétariat de la Compagnie pour
la Justice sociale et l’écologie) nous a invités
à développer une « sensivité » nouvelle, fondée non
sur la volonté, mais sur la
proximité : se faire plus
proche, développer une
connaissance intérieure des
élèves, des éducateurs, des
parents, mais aussi du mon-
de frappé par les dommages écologiques et ce
pour prendre soin de la création. Il nous invitait aussi à ouvrir les yeux et les oreilles en
accueillant et développant les intelligences
multiples, l’approche artistique, la célébration… Tout cela pour développer davantage
la conscience de la rude réalité de la pauvreté
et des inégalités dans et autour de nos écoles
et pour promouvoir la justice à travers le service, la relecture et un pas à pas d’actions qui
donnent prise sur la réalité et ouvrent l’espoir.
De son côté, le P. John Dardis (président
de la conférence des provinciaux européens),
se demandait si nous avions des rêves pour
l’Europe : « If your dreams don’t scare you,
they are not big enough » (« Si vos rêves ne
vous effrayent pas c’est qu’ils ne sont pas assez
grands »). Face a une situation de crise (famille, guerres et flux migratoires, finances,
sécularisation), quelle vision développer ? Jésus, à travers sa proximité, annonce un Royau-
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
23
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page24
La Compagnie en Europe et dans le monde
me radicalement nouveau. Et dans nos écoles,
où est la nouveauté ? Comment apprenonsnous à nos élèves à être « world friendly » et à
repérer les signes de la présence de Dieu au
travail ? Sans doute s’agit-il moins de parler
de Dieu que de permettre de faire l’expérience
de Dieu. Comment ouvrir à la liberté dans un
discernement des idéologies qui la tuent ?
Comment intégrer la dimension mondiale ?
Tout cela demande de développer sans cesse
profondeur et créativité à partir d’un regard
confiant posé sur chaque élève et en lui donnant d’expérimenter, de goûter, de relire, de
s’engager.
Chacun de ces développements a été l’occasion d’échanges d’expérience en petits
groupes. Ils permettent de découvrir les convergences par-delà des systèmes scolaires très
différents allant de l’école privée à l’école publique.
Comme à chaque séminaire organisé par
le JECSE, nous avons été invités à vivre un
temps d’exercices spirituels. Sous la forme
d’une marche méditative dans les splendides
jardins autour de l’Escorial, nous avons cheminé avec les disciples d’Emmaüs, nous laissant rejoindre sur nos routes respectives.
La détente aussi fut de la partie avec une
très belle animation réalisée par une équipe
de directeurs des écoles de la Province.
Pour terminer, je reprends les paroles
24
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
mêmes de Marie-érèse Michel :
« A présent, il est de votre responsabilité de
trouver des manières d’agir nouvelles dans
votre propre contexte, avec vos différentes
équipes, parce que nous avons entendu la nécessité urgente de prendre soin de notre monde, de mieux gérer la diversité, de renouveler
notre approche si nous voulons être de vrais
agents de transformation. […] si nous nous
engageons davantage, si nous célébrons davantage ensemble et si nous construisons davantage nos communautés scolaires, alors
l’espoir (pas l’optimisme) sera au rendez-vous
et nous rendra plus vivants, offrant au monde
alentour de nouveaux signes. »
Bernard Peeters, s.j.
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page25
La Compagnie en Europe et dans le monde
Dialogue
interreligieux
Voyage du 17 au 21novembre 2013
M
gr De Kesel et Mgr Lemmens, le grand
rabbin Guigui et des imams de Belgique accompagnés de chrétiens, de juifs et
de musulmans se sont rendus au Maroc.
But de la visite : voir comment la cohabitation religieuse s’y passe entre les trois religions
monothéistes.
1re étape : Casablanca. Nous y avons visité
l’église Notre-Dame, la prestigieuse mosquée
Hassan II, et le musée Juif. En soirée, le rabbin
Guigui introduisait le groupe auprès du président des communautés juives du Maroc.
Tous les intervenants ont fait part de la tolérance effective et du respect de la mémoire
juive. Lors du dîner au cercle juif, l’émotion
était palpable quant au caractère exceptionnel de la
rencontre.
différentes nationalités. Aucun n’est Marocain.
Chaque dimanche, environ trois cents fidèles
(d’origine sub-saharienne ou expatriés européens) se réunissent pour l’eucharistie. Il n’y
a pas de chrétiens marocains.
S’il n’existe pas de contacts officiels avec la
communauté musulmane, Mgr Landel insiste
cependant sur le vivre ensemble et la rencontre
avec les marocains, tous musulmans. L’archevêque fait partie du protocole officiel du Maroc. Une fois par an, une réception officielle
est offerte par le roi Mahommed VI. Mgr Landel sera de ceux qui peuvent saluer personnellement le roi. Quant aux questions délicates, comme par exemple les mariages isla-
Ce qui compte,
c’est le vivre
ensemble
2e étape : Rabat. Nous y
avons été reçus à la cathédrale Saint-Pierre par Mgr
Vincent Landel, archevêque. Il est de nationalité
française. L’archidiocèse
compte trente prêtres, de
La mosquée Hassan II, à Casablanca
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
25
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page26
La Compagnie en Europe et dans le monde
mo-chrétiens, Mgr Landel explique qu’il s’agit
surtout d’accompagner, sans aucune volonté
de prosélytisme. Mais il ne célèbre guère de
baptêmes, ni de mariages de crainte d’être accusé de prosélytisme.
Quand cette question est posée, il propose
que le mariage ait lieu à l’étranger… Dans la
toute petite boutique du fond de l’église cathédrale, se trouvent quelques chapelets,
quelques images du pape François. Mais des
bibles en vente ? il y a un exemplaire. Si elle
est vendue, on ira en chercher une autre au
bureau…. Pas de prosélytisme. La délégation
s’est ensuite rendue au conseil supérieur des
Oulémas (théologiens musulmans). Véritable
référence, c’est ce conseil qui dit le magistère
et oriente les manières de faire et de parler des
imams du pays. Au niveau hiérarchique, il est
juste en dessous du Premier ministre et du roi
Mohammed VI, qui a aussi le titre de « Commandeur des croyants »
Mohammed Youssef, secrétaire général du
L’église Notre-Dame de la Route, à Casablanca
conseil des Oulémas du Maroc, nous dit que
le jour est mémorable. Quatre femmes théologiennes s’occupent principalement de l’activité pastorale qui concerne les femmes.
La prière,
selon le rabbin Albert Guigui
La mosquée Hassan II, à Rabat (intérieur)
26
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
3e étape : Fez, ville impériale, pour un temps
de visite et partage à la synagogue. Le rabbin
Guigui y donne la parole à chaque religion
avant de synthétiser ce qu’est pour lui la prière :
un temps de proximité avec Dieu, un moment
de paix intérieure.
Visite ensuite de la bibliothèque de l’Université Al Quaraouiyine et de sa mosquée,
considérée comme la plus ancienne université
du monde islamo-arabe.
Le dernier soir, nous avons encore rencontré le professeur Mohamed Amine Smaili,
professeur d’études islamiques à l’Université
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page27
La Compagnie en Europe et dans le monde
Hassan II. Pour lui, « le Maroc est une terre
de tous les croyants, et nous faisons ensemble
un travail pour que nous nous sentions unis.
La famille d’Abraham a beaucoup de problèmes mais nous sommes tous de la même
famille ».
« Les défis en Europe sont
nombreux »
Une parole qui doit trouver son écho en
Belgique. Les Marocains et qui sont domiciliés
en Belgique se sentent belges, mais leurs valeurs culturelles et religieuses sont marocaines,
et donc musulmanes. Le recteur de la mosquée Al Buraq de Malines organise régulièrement une « mosquée portes ouvertes ». A
Malines, 20 % de la population sont musulmans. Pour le rabbin Guigui : « Nous avons
vécu un dialogue plus fraternel dans l’unité.
C’est ce message qui doit nous accompagner.
Les défis en Europe sont nombreux. Chaque
religion seule ne pourra les relever à elle seule.
Notre défi est d’être unis dans la diversité. »
Un défi que travaillent justement à relever les
animateurs du KMS (Kerkwerk Multicultureel
Samenleven) qui étaient du voyage. Ils vivent
déjà ce « vivre ensemble » dont Mgr Lemmens
a pu rappeler combien il était partagé par les
participants à ce périple.
Un participant au voyage,
Tommy Scholtes, s.j.
Mgr De Kesel, Mgr Landel et Mgr Lemmens
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
27
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page28
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
LA PAIRELLE
Centre spirituel ignatien
25, rue Marcel Lecomte
5100 Wépion
081 46 81 45 & 081 46 81 11
[email protected]
www.lapairelle.be
◆ Après-midi « Pause arc-en-ciel ». Durant le
temps pascal, prendre un après-midi de pause
pour lire un texte de l’écriture et vivre un moment d’intériorité et d’expression artistique.
Possibilité de participer à 1, 2 ou… après-midi.
Mardi : 1er avril, 29 avril ; 20 mai, 10 juin de
14 h 00 à 17 h 30 avec Dominique Bokor-Rocq,
aquarelliste, et Sr Renée Parent, s.s.m.n. .
◆ Week-end ados « Let’s go ». Pour les 12–17
◆ « Comment faire des choix dans sa vie ? »
18–30 ans. Du 14 (20 h 00) au 16 (17 h 00) mars
avec Marie-Pierre et Denis Latour, P. Eric Vollen, s.j.
◆ « Une lettre pour un temps de crise de foi…
» L’épître de Jacques du 14 (18 h 30) au 16
(17 h 00) mars avec le Fr. Dominique Collin,
o.p., auteur de Mettre sa vie en paraboles et
de plusieurs ouvrages.
◆ Week-end en famille « Jonas ». Week-end
d’approfondissement pour les couples ayant
déjà fait un week-end Jonas. Nous y approfondirons des éléments propres à Esdac qui aident
à discerner et décider du 21 (20 h 00) au 23
(14 h 00) mars avec Sr Françoise Schuermans,
s.s.m.n. et le P. Daniel de Crombrugghe, s.j.
◆ Nous préparer au mariage : « Aimer, c’est
choisir » du 21 (20 h 00) au 23 mars (17 h 00)
avec le P. Xavier Léonard, s.j., Bernadette et
Baudouin van Derton.
◆ « Monothéismes, athéismes : quelle place
pour le divin aujourd’hui ? » Samedi 22 mars
2014 de 9 h 30 à 17 h 00 avec le P. Paul Valadier, s.j., philosophe français et auteur de
nombreux ouvrages.
◆ « Les Psaumes, prières pour notre temps »
du 28 (18 h 30) au 30 (17 h 00) mars avec Christine Pellistrandi, théologienne, diplômée d’hébreu, attachée à l’institut d’Histoire des textes
(CNRS).
◆ « Comment cheminer au long terme ? » Pour
couples de moins de 10 ans de mariage. Les
enfants sont les bienvenus. Du 28 (18 h 30) au
30 (17 h 00) mars avec le P. Tommy Scholtes,
s.j., conseiller spirituel national des Équipes
Notre-Dame, avec l’aide de couples des END.
28
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
ans du V. 4 (18 h 30) au D. 6 (17 h 00) avril
avec le P. Daniel de Crombrugghe, s.j., Sophie
Materne, et Sr Françoise Schuermans, s.s.m.n.
◆ « La solitude dans la vie de couple » du V. 4
(18 h 30) au D. 6 (17 h 00) avril avec Brigitte et
Pierre-Paul Van Parijs, et le P. Pierre Ferrière, s.j.
◆ « Environnement et justice sociale : invita-
tion à une spiritualité engagée » du V. 4
(18 h 30) au D. 6 (17 h 00) avril avec Claire Brandeleer, Claire Wiliquet, P. Jean-Marie Faux, s.j.
du Centre Avec, centre de recherche et d’action sociales des jésuites, et le P. Etienne Vandeputte s.j., directeur de La Pairelle.
◆ « Suivre Jésus non-violent, un défi quoti-
dien ! » découvrir dans l’évangile selon Marc le
chemin de non-violence que Jésus nous a ouvert du L. 7 (18 h 00) au D. 13 (14 h 00) avril avec
Benoît & Ariane Thiran, formateurs au sein de
l’ASBL « Sortir de la Violence ».
◆ « Les films bibliques annoncent-ils bien la
Parole ? » du V. 11 (18 h 30) au D. 13 (17 h 00)
avril avec Luc Aerens, diacre permanent, professeur à l’institut Lumen Vitae.
◆ « Célébrer les jours saints » du Me. 16
(18 h 30) au D. 20 (10 h 00) avril avec le P. Christophe Renders, s.j., Natalie Lacroix et Sr Fiona
Maguire, r.s.a. .
◆ « Je suis venu apporter le glaive et non la
paix » du V. 25 (18 h 30) au D. 27 (17 h 00) avril
avec Dominique Martens, professeur de théologie biblique à l’institut Lumen Vitae et le P.
Etienne Vandeputte, s.j.
◆ « Entre rêves et réalités » Jeunes couples –
jeunes familles (moins de 10 ans de mariage).
S’aimer au fil du temps, donner un nouvel élan
à notre amour, vivre plus de complicité. Du
No
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page29
ne
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
S. 26 (9 h 30) au D. 27 (17 h 00) avril avec Didier
& Bénédicte Tierens, et le P. Eric Vollen, s.j.
◆ « Le défi d’un nouveau souffle » Autour des
25 ans de mariage. S’aimer au fil du temps,
donner un nouvel élan à notre amour, vivre
plus de complicité du S. 26 (9 h 30) au D. 27
(17 h 00) avril avec Bernadette et Baudouin van
Derton, et le P. Guy Vanhoomissen, s.j.
◆ Journée de La Pairelle : « Femmes appelées à
témoigner du Christ ». Samedi 3 mai de 9 h 30
à 17 h 00 avec Mary Ellen Dolan, prêtre de
l’Église épiscopale (États-Unis et Europe), infirmière en psychiatrie, études de théologie
dans une université catholique romaine et au
séminaire anglican.
◆ « Prier, discerner, s’engager ». Week-end
pour nous laisser rejoindre par le Seigneur sur
la route de notre quotidien. Du S. 3 (9 h 30) au
D. 4 (16 h 30) mai avec Rita Dobbelstein et Sr
Alice Tholence, r.s.a.
◆ « Si tu savais le don de Dieu » du Me. 14
(9 h 30) au Me. 21 (17 h 00) mai avec le P.
Claude Flipo, s.j., Michel Danckaert et Bernadette van Derton.
◆ Blocus : s’encourager à étudier dans un lieu
propice à l’étude aide lorsque les examens approchent ! entre le V. 16 (20 h 00) mai et le D.
1er (16 h 00) juin .
◆ Journée de La Pairelle : « Que faisons-nous
exactement quand nous dialoguons » ? Samedi
24 mai de 9 h 30 à 17 h 00 avec Dennis Gira, auteur du Dialogue à la portée de tous… (ou
presque). Spécialiste du bouddhisme et du dialogue interreligieux, théologien, chercheur et
écrivain.
◆ « Fonder ma vie en Christ ». Retraite de gué-
rison intérieure accompagnée du J. 29 mai
(9 h 30) au D. 1er juin (17 h 00) avec le P. Pierre
Depelchin, s.j., le P. Paul Favraux, s.j., Cécile
Deneyer, Sr Christiane Dupuis, Béatriz Gaillet,
Françoise-Marie Mineur, José Mpongo, l’abbé
Jean-Claude Soyeur et Anne Verhaegen.
◆ « Trouver Dieu en toute chose » : retraite de
l’École de prière contemplative du V. 6
(18 h 30) au D. 8 (17 h 00) juin avec Thérèse
Crispin et Cécile Gillet.
◆ « Laisser passer le souffle ». La retraite alter-
nera travail de la voix et contemplation biblique. Du Ma. 10 (9 h 30) au S. 14 (17 h 00) juin
avec Elisabeth Goethals, soprano, professeur
de chant diplômée du Conservatoire royal de
Bruxelles, formée en Anatomie pour la voix et
Cinétique respiratoire ; et Sr Sigrun Gross, r.s.a.
◆ « Présence du Seigneur, force de nos âmes,
douceur de charité, tendresse de Dieu ». Au
rythme des Exercices spirituels laissons la lumière du Christ guider notre vie sur le chemin
de l’offrande et du don. Du Ma. 17 (18 h 30) au
J. 26 (9 h 00) juin avec le P. Robert Huet, s.j. et
Rita Dobbelstein.
◆ « Souffler… prier… mûrir un choix… » Re-
traite à la carte. Pour les 18–35 ans. Entre le
Ma. 24 (19 h 00) juin et le J. 3 (9 h 00) juillet
avec le P. Xavier Léonard, s.j. et une équipe de
La Pairelle.
◆ « Écouter la Parole à la suite du Christ ». Ini-
tiation aux Exercices spirituels de saint Ignace
du V. 27 (18 h 30) juin au Me. 2 (17 h 00) juillet
2014 et du J. 17 (18 h 30) au Ma. 22 (17 h 00)
juillet 2014 avec Michel Danckaert, Sr Alice
Tholence, r.s.a., P. Etienne Vandeputte, s.j., et
Bernadette van Derton.
◆ « Venez et vous verrez » (Jn 1, 39) Retraite de
l’École de prière contemplative du V. 4
(18 h 30) au L. 7 (18 h 00) juillet 2014 avec le P.
Daniel de Crombrugghe, s.j., Cécile Gillet,
Joëlle et Michel Desmarets.
◆ « Saint Paul, évangélisateur ». Session bi-
blique organisée par la Fondation Jacques
Loew et ouverte à tous. Du S. 5 (10 h 00) au J.
10 (17 h 00) juillet 2014 est ouverte à tous. Intervenants : Mgr Claude Ducarroz, Prévôt (Fribourg) ; P. Philippe Hennebique, m.o.p.p. ; Fr.
Masseo Caloz, capucin, bibliste.
◆ « Prier l’église » du V. 11 (18 h 30) au Ma. 15
(17 h 00) juillet 2014 avec Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg.
◆ « Marcher et prier ». Une expérience de re-
traite : 3 jours de marche (env. 15 km par jour)
entrecoupés de 2 jours à la Pairelle du V. 11
(18 h 30) au Me. 16 (18 h 00) juillet 2014 avec le
P. Philippe Marbaix, s.j., Alix Crassaert.
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
29
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page30
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF
LIÈGE
Carmel de Mehagne
27, chemin du Carmel
4053 Embourg
04 365 10 81
[email protected]
BRUXELLES
Communauté du Chemin Neuf
3, avenue Arthur Dezangré
1950 Kraainem
0472 435 425
[email protected]
LOUVAIN-LA-NEUVE
Chapelle des Bruyères
14, rue René Magritte
1348 Louvain-la-Neuve
0472 435 425
www.chemin-neuf.be
Charles Schaller, 1160 Auderghem, 0472 674
364, « Matinée Net for God », vendredis 21
mars, 25 avril, 23 mai, 20 juin 2014 à 10 h 00.
Rencontre, prière et formation à partir d’un
film vidéo, diffusé dans 66 pays, 700 points
net et en 20 langues. Le thème du film nous
aide à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint
dans le monde, œuvre de paix et d’unité.
◆ LG : Exercices spirituels, du dimanche 2 au
dimanche 9 mars 2014. Retraite en silence
selon les Exercices spirituels de saint Ignace
de Loyola. Pour ceux et celles qui désirent se
situer sous le regard de Dieu, reconnaître l’appel du Christ pour eux et choisir d’y répondre.
Enseignements, prière personnelle et communautaire, accompagnement quotidien.
◆ LG : Anamnèse, du mercredi 30 avril au di-
manche 4 mai 2014. Retraite en silence de 4
jours pour accueillir la lumière de Dieu sur son
histoire. Enseignements, prière personnelle et
communautaire, accompagnements quotidiens.
GROUPES DE PRIERE
◆ LG : Journée FOI (Fraternité œucuménique
◆ LG + BXL : tous les mardis à 20 h 30 pour
tous. Une heure de prière et de louange, à
l’écoute de la Parole et de l’Esprit Saint, afin
d’accueillir Dieu dans notre quotidien.
◆ LG : Mardi de désert « Huit personnes de la
Bible qui nous montrent un chemin », mardis
1er avril, 6 mai et 3 juin 2014 de 9 h 30 à 15 h 00.
Journée de ressourcement à l’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. Prendre le
temps de s’arrêter et se laisser rejoindre par
Dieu dans le silence. Enseignement, prière silencieuse, eucharistie, repas simplifié, écoute
spirituelle.
◆ LG : Week-end jeunes, du samedi 19 avril
(15 h 00) au lundi 21 avril (14 h 00) 2014. Un
week-end international pour les 18–30 ans aux
Pays-Bas pour fêter ensemble le Christ ressuscité.
◆ LG + BXL + Louvain-la-Neuve (Chapelle des
Bruyères, 14 rue René Magritte, 0477 228 182)
+ Namur (rue Henri Lecocq 126, Salzinnes,
0497 800 788), « Soirée Net for God », mardis
25 mars, 22 avril, 20 mai, 24 juin 2014 (à
20 h 30, LLN à 20 h 15). Bruxelles, 23 Avenue
30
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
internationale) dimanche 8 juin 2014. Vivre la
Pentecôte ensemble : « Recevez l’Esprit
Saint ! » Pour les couples et les familles de la
mission Cana, les jeunes 18/30, les JCN (jeunes
du Chemin Neuf), les fraternités missionnaires
et tout le réseau Net for God.
NOTRE-DAME DE JUSTICE
9, avenue Pré-au-Bois
1640 Rhode-Saint-Genèse
023582460
[email protected]
TRIDUUM PASCAL
◆ M. Thérèse Puissant-Bayens et Dominique
Dubbelman, P. Xavier Dijon, s.j. et Sr Odile
Lambert, s.c.m. : les 3 jours saints sont une véritable catéchèse nous introduisant au mystère du Christ mort et ressuscité pour que
nous ayons la vie en abondance ; seront proposés des introductions à la prière et à la liturgie du jour, des temps de silence et de partage, de chants et d’expression artistique ;
No
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page31
ne
Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene
offices du Triduum à 20 h 15, chemin de croix
le Vendredi saint à 15 h 00 et Messe de la Résurrection le dimanche à 10 h 30 ; du jeudi 17
(10 h 00) au dimanche 20 avril (12 h 00).
Dieu », les dimanches 30 mars, 18 mai et 29
juin de 9 h 30 à 17 h 30.
◆ Chemin de prière contemplative selon saint
◆ « La maison des familles », Bénédicte Ligot,
Ignace. Joëlle Desmarets-Mariage, Yvan de
Menten, formés à l’école de prière contemplative à La Pairelle et Sr Cécile-Marie Raths,
s.c.m., « contempler comment à travers sa Parole Dieu nous rejoint chacun là où nous
sommes » une merveilleuse façon d’entrer
dans la prière, les jeudis 20 mars, 24 avril, 22
mai et 19 juin de 19 h 15 à 21 h 30.
Norbert & Pauline de Hemptinne, et P. Alain
Mattheeuws, s. j, l’abbé Philippe Néouze du
diocèse de Paris, pour fiancés ou couples mariés qui veulent enraciner leur amour dans
l’Amour et découvrir ou vivifier la grâce de
leur sacrement de mariage : 3 axes de la liberté
humaine : unité, fidélité, fécondité, les dimanches 23 mars et 27 avril, de 9 h 15 à 17 h 30.
FAMILLES
REPARTIR DU CHRIST
ART ET VIE SPIRITUELLE
◆ Bénédicte Ligot, Annalisa Orsini, Isabelle
Prost, Marie-Thérèse Puissant-Baeyens, Sr Cécile-Marie Raths, s.c.m., P. Gabriel Gérard,
o.m.i. : « une journée par mois de ressourcement » : lire, prier, partager la Parole pour en
vivre, avec possibilité d’accompagnement, les
mardis 25 mars, 29 avril et 27 mai de 9 h 00 à
15 h 00.
◆ Marcher-prier en forêt de Soignes, Béatrice
Petit, Cécile Cazin, Christine Gaisse, Sr Paule
Berghmans, s.c.m. « Marcher dans la beauté et
le silence de la forêt, méditer, prier, chercher
◆ Atelier-rencontre : « Parole, prière, pein-
ture », Joëlle Desmarets-Mariage, enseignante
et artiste, un temps de rencontre pour exprimer et partager la Parole biblique par l’expression artistique qui ouvre le cœur pour accueillir pleinement l’amour de Dieu, un
chemin de foi et de guérison afin de vivre
« comme est bon le Seigneur », les jeudis
20mars, 24 avril, 22 mai, 19 juin, de 14 à 16 h 30 ;
pas d’aptitude artistique particulière, mais un
peu d’audace et de lâcher-prise.
Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
31
Echos BML 2014-01 30-01-14 14h39 Page32
Le billet d’humeur
ROLAND FRANCART, S.J.
ABÉCÉDAIRE 2014
A. ANNIVERSAIRES : Grande Guerre (100 ans), Canal de Panama
(100 ans), Naissance de Jijé (Joseph Gillain) (100 ans), Rétablissement de la Compagnie de Jésus (200 ans).
B. BITCOIN : De 10 à 1000 $, cette monnaie virtuelle, sans banque
centrale, mais avec une « ambassade » à Montréal a fluctué
en 2013. Menace ou opportunité en 2014 ?
C. COMPAGNIE : Fête à Saint-Michel pour les jésuites français
et belges et leurs collaborateurs, avec la participation du
Père Général, du 15 au 17 août.
D. DIRECTOIRE LITURGIQUE : Projet d’un livret commun avec la
France, le Proche-Orient, l’Afrique Occidentale, le Québec,
sous la supervision du P. Bernard Sesboué.
E. ECHOS : De meilleures photos, des articles plus attrayants,
des nouvelles abondantes de nos communautés, un calendrier des retraites et haltes spirituelles.
G. GELUCK ET DIEU : mauvais plan pour une relecture de la Genèse. Jean Effel avait fait beaucoup mieux avant.
J. JUBILÉS : 50 ans de vie religieuse pour les Pères Claude Jeukens
(La Colombière), Paul Gilbert et Jean-Louis Ska (Rome) et
100 ans du P. André Folon (La Colombière).
L. LA COLOMBIÈRE : 20 ans d’existence et deux centenaires, les
Pères Marcel Hondermarq et André Folon.
M. MZEE MUNZIHIRWA : 18 ans de l’assassinat de l’archevêque de
Bukavu, ancien Provincial d’Afrique Centrale.
N. NOUVEAU PATRON DE LA COMPAGNIE : saint Joseph, fêté le 19
mars.
P. PIERRE FAVRE , savoyard (comme moi), nouveau saint, fêté le
2 août.
Q. QUIZZ : cherchez l’intrus entre Pierre Piret, Xavier Dijon, Guy
Vanhoomissen et Paul Favraux !
R. RE V U E S J É S U I T E S : Fidélité, Lessius et Lumen Vitae, œuvre
commune des Provinces de France et Belgique Méridionale
& Luxembourg.
Roland Francart, s.j.
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Echos • no 1 • janvier – mars 2014 •
Echos BML 2014-01 - couv 30-01-14 14h33 Page3
s
•
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Rédacteur en chef
Secrétaire de rédaction
Comité de rédaction
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Rue Fauchille, 6 – 1150 Bruxelles
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avec la mention : « Soutien aux Échos »
TOMMY SCHOLTES, S.J.
ROLAND FRANCART, S.J.
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Bd Saint-Michel, 24 – 1040 Bruxelles
tél. : 0478 26 97 28 – [email protected]
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BIETLOT, 6060 Gilly
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Les derniers numéros des Échos sont consultables sur le site www.jesuites.be.
Ceux qui souhaitent déposer des informations (sous forme d’article, nouvelle, récit, etc.) dans les Échos ou sur le site peuvent le faire
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© BML, MMXIV
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fidélité
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• 14 × 21 cm • 208 p.
10,00 €
ISBN 978-2-87356-594-7
www.fidelite.be
• P 402014 • Trimestriel • No 1 • janvier – mars 2014 • Bureau de dépôt : Namur 1 • Ed. resp. : Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •
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