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COMMISSION VERITE, JUSTICE ET RECONCILIATION
POINT DE PRESSE n°39
(Mardi, 15 novembre 2011)
Les audiences se sont poursuivies ce mardi 15 novembre 2011 au siège de la CVJR à Lomé, pour
la phase finale, dans la région maritime. L’audience de ce jour a permis d’écouter quinze (15)
victimes et témoins dont quatre (04) à huis clos et deux (02) en privé. En dehors de la tragédie du Fréau
Jardin, les témoignages recueillis ce jour concernent les atteintes à la vie de personnalités politiques,
civiles et militaires ; il s’agit notamment de :
• l’assassinat de Tavio Amorin, le 23 juillet 1992 ;
• l’assassinat du Colonel Eugène Koffi Tépé, le 25 mars 1993 ;
• l’enlèvement et l’assassinat du député Edeh Gaston du CAR, le 13 février 1994 ;
• l’enlèvement et la disparition de David Bruce, le 6 septembre 1994 ;
• l’assassinat du Capitaine Philippe Djobo Azoti, le 27 janvier 1996 ;
• et un certain nombre de cas d’agressions physiques, d’arrestations et de détentions
arbitraires ; et
• autres violations des droits humains.
Au sujet de la tragédie de Fréau Jardin, l’audition de M. Abdoulaye Yaya, procureur de la
République au moment des faits, a permis de mieux situer les niveaux de responsabilité lié à la tuerie
qui a endeuillé cette marche organisée le 25 janvier 1993 par le Collectif de l’opposition démocratique
(CODII).
Quant aux assassinats de Tavio Amorin et du député Edeh Gaston, ils ont été éclairés
respectivement par les auditions du Dr David Ekoudé Ihou, ministre de la Santé à l’époque pour le
premier, et de Akalo Kodjo, témoin rescapé du drame, secondé par Me Yawovi Agboyibo, alors
président du CAR pour le second.
Par ailleurs, des membres de la famille Tépé ont relaté les circonstances de l’assassinat du Colonel
Eugène Koffi Tépé et de ses 3 neveux, survenu dans le cadre de la tentative de coup d’Etat du 24 au 25
mars 1993 au camp RIT.
La disparition de David Bruce a fait l’objet d’une audition très suivie en audience privée.
La Commission note, à l’analyse de tous ces témoignages, qu’avec le processus de démocratisation
enclenché dans les années 1990, le Togo a été le théâtre d’un cycle de violences militaires et politiques
regrettables. Les responsables de ce cycle de violences sont à chercher au niveau de certaines
autorités politiques, proches du pouvoir ou de l’opposition, mais aussi d’une organisation militaire
dénommée Brigade Rouge, bras armé d’une minorité de répression, proche de l’armée et de la police,
mais dont l’existence est officiellement inconnue des Forces Armées Togolaises.
La Commission présente sa compassion et ses condoléances à toutes les victimes. Elle déplore une fois
encore les arrestations et détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires et les violences
exercées au nom de l’appartenance à un parti politique.
La Commission exhorte les auteurs présumés à faire acte de contrition ; elle encourage les victimes à
ne pas cultiver l’esprit de vengeance et à privilégier le pardon. Elle rappelle enfin que c’est à la lumière
des informations fournies par les différents intervenants au cours des audiences (publiques, in camera
et privées) ainsi que des rapports de ses investigations, qu’elle fera ses recommandations finales à
l’attention du peuple togolais dans le sens de l’apaisement.
Demain, mercredi 16 novembre 2011, les audiences seront consacrées aux dossiers des audiences sur
requête et à divers autres cas d’atteinte à la vie de personnalités politiques.
Fait à Lomé, le 15 novembre 2011
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