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L'Orient-Le Jour | Les chrétiens du Moyen-Orient : le chemin de la récon...
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OPINIONS
samedi, décembre 4, 2010
Pilar LARA
La réunion le mois dernier à Rome du synode des évêques du Moyen-Orient est une première de
l'histoire de l'Église, pour deux raisons principales : c'est la première fois que se réunit un synode
régional pour le Moyen-Orient, et c'est aussi la première fois qu'il convoque des laïcs, hommes et
femmes, pour appuyer avec leur expérience le travail des pères synodaux.
J'ai eu le privilège d'être une des personnes présentes et j'ai pu exposer mon témoignage direct, qui
repose sur mon expérience concrète acquise sur le terrain pendant ces vingt dernières années. En
effet, la Fondation Promotion sociale de la culture que je préside travaille dans le domaine de la
coopération au développement et est l'organisation espagnole la plus importante dans cette région.
La composition des 185 participants invités au synode (melkites, maronites, syriens, chaldéens,
arméniens, latins et coptes) traduit la richesse spirituelle, culturelle et historique du Moyen-Orient.
Mais cette diversité offre aussi certains risques, non négligeables, pour la permanence de la
présence chrétienne dans la région. En premier lieu parce que les six millions de chrétiens
catholiques actuellement recensés au Moyen-Orient sont divisés et dispersés en communautés, en
fonction de leur confession et/ou rite propre. De plus, la situation persistante de guerres, conflits,
crises économiques et politiques qui prévalent depuis des années pousse à l'émigration les habitants
de la zone, à la recherche d'une vie plus digne et sûre. Face à ces défis, le synode exhorte les
communautés chrétiennes à se rapprocher entre elles pour être plus fortes et pouvoir se constituer
en interlocuteur solide et constructif dans le processus de dialogue avec les autres religions
présentes dans la région.
Après presque vingt ans de travail dans la région, je continue à être surprise par l'ampleur de
l'ignorance de l'Occident quant aux problèmes spécifiques des communautés chrétiennes de cette
partie du monde. Surtout, ce qui me paraît bien plus grave, la non-reconnaissance du potentiel que
ces communautés sont capables d'offrir quant à la construction de la paix dans cette zone
caractérisée par les conflits permanents sociaux et politiques.
Le christianisme offre au monde, même dans le scénario du Moyen-Orient, un message de paix,
malheureusement très peu estimé et reconnu jusqu'à présent. L'Église catholique au Moyen-Orient,
ainsi que dans tous les pays où elle est présente, est à l'origine de nombreuses initiatives sociales,
en particulier dans les domaines de l'éducation. À l'évidence, les établissements éducatifs
constituent le pilier concret de la présence chrétienne dans ces pays, et même pour quelques-uns,
l'école et l'université sont les seuls lieux de présence et de formation chrétienne. Dans ce contexte,
le synode nous rappelle que le christianisme et les minorités chrétiennes peuvent jouer un rôle
primordial pour établir la paix et la coexistence entre les différents peuples et religions du MoyenOrient.
Pour cela, le synode nous invite à en faire plus et nous propose un saut qualitatif. Il s'agit de
renforcer le témoignage des chrétiens, hommes et femmes, à tous les niveaux : personnel, familial
et social. Dans une société où la religion est omniprésente mais où, en général, la foi est surtout
synonyme de lieu de culte et de clergé, il s'agit d'encourager et d'appuyer les laïcs à prendre part
activement à la construction de leur identité chrétienne fidèle au message évangélique.
L'éducation est le levier du développement et elle se doit de fournir les valeurs chrétiennes
nécessaires pour la vie sociale. Toute personne a l'obligation de se doter d'une formation intégrale
qui lui permette d'acquérir les meilleures conditions pour avancer dans sa vie professionnelle et
chrétienne, en particulier au Moyen-Orient où, de façon spectaculaire, ces valeurs ainsi que
l'espérance qui est une vertu essentielle dans un monde en perpétuel reconstruction sont en crise.
Cela implique que la formation spirituelle et culturelle qu'offre l'Église en soit imprégnée, en
particulier celles qui se réfèrent au pardon et à la réconciliation. Une formation doctrinale et
religieuse chrétienne, intelligible et accessible à tous, devrait être offerte au sein de la propre
famille et à l'école. Je dirais même plus : cette formation ne doit pas s'arrêter aux portes des classes
et devrait être continue tout au long de la vie. En effet, c'est seulement ainsi qu'il sera possible aux
chrétiens d'Orient, hommes et femmes, d'affronter les défis énormes qui menacent leur survie.
Je ne voudrais pas terminer sans faire l'éloge de la force des habitants de cette région, capables de
supporter des situations chaque fois plus complexes en termes de conflits et qui, en dépit de tout,
essaient de maintenir une vie normale, de reconstruire et recommencer toutes les fois qu'il le faut,
sans oublier leur solidarité chaque fois plus organisée et active avec ceux qui en ont le plus besoin.
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Pilar LARA
Présidente de la Fondation Promotion sociale de la culture
07/12/2010 10:05

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