Coffre TTKM corrigé

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Coffre TTKM corrigé
1Std2a Culture design et art : Corrigé du devoir du 21 novembre 2012
Coffre-malles du pharaon Toutankhamon, v. -1350, XVIIIème dynastie
Document 1 : la tombe de Toutankhamon, au moment de sa découverte par H. Carter. Le
désordre résulte de lʼintervention très ancienne de pillards.
Document 2 : Un autre coffre décoré trouvé dans la tombe. Bois, environ 70 cm de largeur.
Son contenu nʼest pas connu.
Question 1 : Ce coffre-malle correspond à un type que lʼon rencontrera bien plus
tardivement. Vous ferez lʼanalyse de la forme et de la structure de cet objet, en essayant
de comprendre à quelles nécessités elles correspondent.
Question 2 : Un Pharaon, un tombeau, 2000 objets dont celui que vous étudiez. Vous
ferez la saisie des données de ce coffre peint, en réfléchissant particulièrement au statut
des peintures qui lʼornent et leur relation avec le coffre.
● Il sʼagit dʼun objet mobilier dʼune tombe royale du nouvel empire égyptien. Cet objet fait
partie du mobilier funéraire mais peut avoir connu un usage antérieur du vivant du défunt.
● Il sʼagit dʼun objet usuel artisanal dont la fonction est de contenir, protéger, et transporter.
Cʼest un bagage mais aussi un meuble.
● Lʼobjet correspond à un type dont on a au moins 2 exemplaires dans le tombeau. Ce
type sʼest perpétué jusquʼau XXème siècle. Réalisé en planche de bois par un menuisier
inconnu, il ne semble pas de facture précieuse comme un certain nombre dʼobjets de cette
tombe dʼun illustre défunt.
● Le coffre rassemble et contient des objets nécessaires au voyage dans lʼau-delà du
Pharaon Toutankhamon, de façon que ces objets ne soient pas posés de façon libre dans
le tombeau. Il peut sʼagir dʼobjet petits, fragiles ou précieux. De dimensions réduites, le
coffre peut -être porté par une seule personne.
●Peut-être visible dans lʼespace de vie du pharaon avant son décès, il nʼest plus destiné à
être vu des vivants une fois scellé dans le tombeau.
● Il est décoré, dʼune façon couvrante, avec des panneaux peints historiés correspondant
aux faces. Aux arêtes correspond un décor de cadres abstraits sauf une frise de fleurs.
● Les peintures semblent répétitives.
● Ces peintures font la différence avec lʼautre coffre de la tombe en lui conférant une
valeur particulière, notamment liée à la minutie des peintures et à lʼhabilité du peintre.
Elles ont un thème guerrier sans doute en rapport avec le contenu.
Question 3 : Vous ferez lʼanalyse descriptive (pas dʼinterprétation à ce stade) de cette
peinture en vous appuyant sur la grille ci-jointe.
Iconographie :
● il sʼagit dʼune scène de bataille montrant le triomphe du pharaon sur des ennemis défaits
dans un désordre indescriptible. Il est juché sur un char et tend son arc contre les
africains. Derrière lui, ses troupes le suivent: 2 vautours, très certainement des Dieux, le
surmontent et lʼencadrent, ainsi que des éléments de texte.
Composition-Cadrage :
● cadre très saturé, avec des figures le remplissant.
Aucune dʼelles nʼest à bord perdu. Les africains
touchent le cadre comme si il les enfermait.
● Un cadre constitué de bandes multiples aux motifs
abstraits entoure la scène historiée.
● La composition, très claire, sʼorganise
en 3 parties non cloisonnées mais
nettement différentes. Les africains, le
Pharaon, son armée. : La scène suit un
mouvement droite-gauche qui semble
suggérer une lecture dans ce sens.
● Des lignes de forces obliques
nombreuses assurent la dynamique de
lʼoffensive. La séparation entre les
parties, le corps du pharaon, les chevaux,
les bannières...
● Le point focal de la composition est
nettement le pharaon. Placé au milieu, il
est au milieu dʼune zone moins saturée
qui le met en valeur. Beaucoup plus
grand que tous les autres personnages,
il sʼimpose comme le sujet principal.
● Il y a un contraste frappant entre la
composition très chaotique du groupe
des africains, et lʼalignement ordonné
des égyptiens qui occupent les 2/3 de
la composition.
Facture, interprétation plastique :
● Il sʼagit dʼune facture très graphique, avec des aplats de couleur, un dessin net au cerne
très fin discret. il nʼy a pas de traces de pinceau.
● Très méticuleuse, elle développe une foule de détails très fouillés, et de textures
graphiques qui viennent notamment orner le Pharaon. Lʼenchevrêtrement des africains, en
ne permettant plus une vision différenciée, constitue aussi une surface graphique assez
homogène.
● Les figures et les attitudes des égyptiens sont stéréotypées et répétitives, inclinées et
parallèles, elles transcrivent lʼoffensive dynamique.
Celles des africains, plus libres, expriment leur détresse et leur défaite.
● Tous les personnages sont cependant représentés en suivant les codes égyptiens
visage de profil, épaules de face, jambes de profil, une torsion anatomique conceptuelle.
● Le mouvement est à la fois très présent dans la composition, mais il reste assez figé
dans ces formes-types.
● Les effets de décalage chez les égyptiens, et le chaos graphique des africains créent un
effet cinétique ou au moins dynamique.
● Il nʼy a pas de rendu de lumière ni dʼombre, ni de modelé.
● La polychromie existe mais a une palette très limitée. Les couleurs dʼorigine sont peutêtre passées.
Mode de représentation de lʼespace :
● Organisée en frise, avec un principe de juxtaposition, la composition générale est plutôt
sans profondeur. Il nʼy a pas dʼarrière plan.
● Il nʼy a pas de plan fuyant au sol, cʼest le bord du cadre qui en tient lieu. Des lignes de
sol sont par ailleurs répétées dans la composition pour organiser en registres les
fantassins.
● Lʼéchelle très supérieure du pharaon ne traduit pas une notion dʼespace mais une
échelle hiérarchique. Il est plus important donc il est plus grand.
● Les africains jonchant le sol sont représentés en perspective rabattue, ils sont vus de
dessus.
● La profondeur est en fait uniquement traduite par des systèmes de plans successifs
décalés pour les figures.
Question 4 : Vous chercherez à interpréter cette oeuvre dans ses différentes
significations, en vous interrogeant notamment sur le pourquoi de cette peinture, sur cet
objet, et dans ce lieu.
● Cette peinture commémore une victoire militaire qui a probablement existé. Elle en
fabrique une image glorieuse absolument centrée sur le Pharaon. Il apparait à la tête de
son armée, même si des égyptiens le précèdent. Cette situation dʼavant-garde valorise
son rôle de chef et son courage.
● Lʼimage visualise une victoire totale, les ennemis sont défaits et dans un désordre total.
Ceci traduit nettement la puissance civilisatrice du pharaon et la barbarie des africains.
● Il se peut quʼil y ait une lecture religieuse, sous la tutelle des Dieux les égyptiens
triomphent dans lʼordre, et les africains, offensant les Dieux, sont renvoyés à un chaos
«infernal».
● Les Dieux, figurés sous la forme de vautours, encadrent le pharaon et ainsi sʼaffirme leur
caution et leur tutelle sur lʼarmée égyptienne. Toutankhamon est le bras armé des Dieux.
●Ce coffre concentre donc sur tous ses panneaux les victoires militaires du Pharaon. On
ne sait pas ce quʼil contient mais il est de toutes façons un bagage de gloire destiné à
perpétuer celle-ci dans le monde des morts. Le pharaon cherche donc à y parvenir
auréolé de son mérite triomphal.
● Toutankhamon parvient donc dans lʼau-delà avec cette image de grand chef militaire,
mais aussi comme celui qui accomplit la volonté des Dieux,qui cautionnent la bataille dans
lʼimage. Il affirme donc ainsi sa piété.
● Au même titre que toutes les images du défunt déposées dans le tombeau et ailleurs,
ces figures sont dépositaires de son âme et garante de sa vie éternelle.
● Ces peintures ont aussi probablement un rôle indicateur du contenu de coffre.
● Même si il nʼest pas fait usage de matériau précieux, la facture très soignée et détaillée
de cette peinture rappelle les objets précieux et confère certainement à ce coffre ordinaire
une valeur exceptionnelle, probablement liée à son contenu.

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