chapitres 2 et
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chapitres 2 et
3e - Contrôle n°2 - Chapitres 2 et 3 Document 1 - La Chambre des députés en 1936 Document 2 - Les Accords de Matignon, 7 juin (nombre de sièges par parti) Document 3 - Caricature de Dubosc, 1936 « Article 1. là délégation patronale admet l'établissement immédiat de contrats collectifs* de travail. […] Article 3. Les employeurs reconnaissent la liberté d'opinion ainsi que les droits pour les travailleurs d'adhérer librement et d'appartenir à un syndicat. Ils s'engagent à ne pas prendre en considération le fait d'appartenir ou de ne pas appartenir à un syndicat pour décider de l'embauche, de la répartition du travail, de la discipline ou du licenciement. Article 4. Les salaires [...] seront rajustés selon une échelle décroissante commençant à 15 % pour les salaires les moins élevés, pour arriver à 7 % pour les salaires les plus élevés. Article 5. Dans chaque établissement employant plus de dix ouvriers, il sera institué deux ou plusieurs délégués ouvriers suivant l'importance de l'établissement. Ces délégués ont qualité pour présenter à la direction les réclamations visant l'application du code du travail, des tarifs de salaires et des mesures d'hygiène et de sécurité. Article 6. La délégation patronale s'engage à ce qu'il ne soit pris aucune sanction pour faits de grève. Article 7. La délégation ouvrière demandera aux travailleurs en grève de décider la reprise du travail. » * C'est-à-dire de conventions collectives. QUESTIONS (à traiter dans l’ordre) Document 1 1. Qui remporte les élections législatives ? (0,5 point) 2. Qui devient président du Conseil ? (0,5 point) Document 2 3. Par qui ces accords ont-ils été signés ? (1 point) 4. Quels sont les droits acquis par les travailleurs ? Que concèdent-ils en échange ?(1 point) 5. Quelles améliorations économiques leurs sont accordées ? (1 point) Document 3 6. Quelle est la nature de ce document ? (1 point) 7. Qui sont les personnages sur la plage et en quoi dérangent-ils ce couple ? (1 point) 8. Quelle autre mesure a complété, avec les congés payés et les accords de Matignon, l’œuvre sociale du Front Populaire ? (1 point) Synthèse À l’aide de vos observations et de vos connaissance personnelles, présentez en une vingtaine de lignes de lignes l’œuvre du Front Populaire. (10 points) Repères chronologiques Datez :le temps de la Bible, le siècle de Saint-Louis (Louis IX), le Ier Empire (3 points) 3e - Contrôle n°2 - Correction 1. Le Front populaire, composé du parti communiste, de la SFIO et des radicaux, remporte les élections législatives d’avril-mai 1936. 2. Le socialiste Léon Blum (il appartient à la SFIO) devient le président du Conseil. 3. Les accords de Matignon ont été signés par une délégation patronale, une délégation ouvrière, et par le gouvernement. 4. Les salariés obtiennent l’établissement de contrats collectifs, c’est-à-dire de conventions collectives (art. 1), ainsi que le droit d’être représentés par des délégués dans chaque entreprise employant plus de dix ouvriers pour « présenter à la direction les réclamations visant l’application du code du travail, des tarifs de salaires et des mesures d’hygiène et de sécurité » (art.5). Les accords de Matignon confirment par ailleurs la liberté syndicale des travailleurs, en stipulant, d’une part, que l’appartenance syndicale ne doit pas entraîner de discrimination lors « de l’embauche, de la répartition du travail, de la discipline ou du licenciement » (art. 3); d’autre part, qu’aucune sanction ne doit être prise pour fait de grève (art. 6). En contrepartie, la délégation ouvrière s’engage à demander « aux travailleurs en grève de décider la reprise du travail » (art. 7). 5. Sur le plan économique, des augmentations de salaires sont consenties aux travailleurs. Elles s’échelonnent en fonction du niveau de salaire, en « commençant à 15% pour les salaires les moins élevés, pour arriver à 7% pour les salaires les plus élevés » (art. 4) 6. Le document 3 est une caricature. 7. Les personnages représentés sur la plage sont des travailleurs profitant de leurs premiers congés payés. Le couple représenté au premier plan appartient, comme l’indiquent leur tenue vestimentaire et leurs propos, à une autre catégorie sociale : la bourgeoisie. Ce couple de bourgeois est incommodé par la présence de travailleurs sur la plage : ils estiment que les ouvriers « se baignent dans [leur] océan, respirent [leur] air, et se font brunir par [leur] soleil ». Cela montre, sur un ton caricatural et humoristique, qu’ils s’offusquent de voir que les pratiques qui jadis étaient leur privilège (tourisme balnéaire de luxe, XIXe-début XXe s.), se démocratisent et deviennent accessibles à tous ou presque (tourisme de masse) avec l’institution des congés payés. 8. En plus des congés payés et des accords de Matignon, l’instauration de la semaine de 40h (contre 48h auparavant) vient parachever l’œuvre sociale du Front populaire. Synthèse. Le Front populaire est une coalition de gauche, parvenue au pouvoir en 1936, qui a adopté d’importantes lois sociales, dans un climat mêlant euphorie populaire et fortes divisions politiques. Depuis le début des années 1930, une grave crise économique et politique, venue des États-Unis, affecte la France et le reste du monde. Au lendemain des émeutes du 6 février 1934, communistes, socialistes, radicaux s’unissent pour faire face à l’agitation des ligues d’extrême-droite, qui menace de renverser la République. Ces partis constituent le Front populaire, qui apporte une réponse originale à la crise : à l’inverse de l’Allemagne, qui y répond par l’instauration de la dictature nazie, la France, État où la démocratie est déjà profondément enracinée, se donne un gouvernement qui fait du progrès social son objectif principal. Aussitôt parvenu au pouvoir (en fait, seuls les radicaux et socialistes participent au gouvernement, le PCF se contentant de le soutenir à l’Assemblée), le Front populaire doit répondre à une énorme attente populaire, qui se manifeste par des grèves massives dans tout le pays (mai-juin 1936). Les Accords de Matignon permettent aux représentants syndicaux d’obtenir du patronat, grâce à l’arbitrage gouvernemental, des avancées sociales considérables (conventions collectives, confirmation et extension des libertés syndicales), ainsi que des améliorations économiques substantielles (augmentation des salaires). Ces accords historiques sont complétés par l’instauration de la semaine de 40h et des congés payés. L’atmosphère de l’été 1936, avec les premiers congés offerts aux familles ouvrières, est marquée par une certaine euphorie, à laquelle contribue le développement des loisirs populaires : colonies de vacances, auberges de jeunesse se développent alors… Réponse originale et démocratique aux difficultés du temps, le Front populaire marque durablement l’imaginaire collectif français. Il est cependant vite en difficulté, victime de la persistance des difficultés économiques, de la virulence de l’opposition de droite et d’extrême-droite, de ses divisions internes (les idées des socialistes, des communistes et des radicaux sont de moins en moins conciliables), ainsi que d’une conjoncture internationale défavorable (la France reste en effet impuissante devant la Guerre civile en Espagne, ainsi que devant les ambitions de l’Allemagne d’Hitler). C’est logiquement que le Front populaire disparaît en 1938, cédant la place à une nouvelle majorité, qui devra rassembler les pays et affronter les prémisses de la Seconde Guerre mondiale. 3e - Contrôle n°2 - Chapitres 2 et 3 Document 1 Documents 2a et 2b « Merci à notre cher Staline pour notre enfance heureuse » Affiche, 1938 « Ce n'était pas des koulaks1; ils ne possédaient que deux chevaux, une vache, un porc et quelques poulets, c'est-à-dire ce que tout le monde avait par chez nous. [...] Seulement, Vorvan ne voulait pas adhérer au collectivisme. On avait beau l'y pousser continuellement, il faisait la sourde oreille. Alors, on lui prit tout ce qui lui restait de grain et on le menaça. Peine perdue. « C'est ma terre, répétait-il, mes animaux et ma maison à moi; je ne les donnerai pas au Gouvernement. » Alors il vint des gens de la ville - de ces gens qui ont pour mission de chasser les honnêtes paysans de leurs foyers. Ils dressèrent l'inventaire de ce que possédait Vorvan et le dépouillèrent de tout, jusqu'à la dernière marmite, jusqu'à la dernière serviette; son matériel agricole et son cheptel furent attribués à la ferme coopérative. Quant à Vorvan, on déclara que c'était un koulak et un agent des koulaks; le soir, on vint l'arrêter. Où est maintenant ce pauvre Vorvan, Dieu seul le sait. » VA. KRAVCHENKO, j'ai choisi la liberté, 1947. « Viens nous rejoindre au kolkhoze, 1. Koulaks: paysans riches, considérés camarade! » Affiche, 1930 comme ennemis du régime. Document 4 Documents 3a et 3b L’art officiel « Dans notre pays, les principaux héros des oeuvres littéraires, ce sont les bâtisseurs actifs de la vie nouvelle : ouvriers et ouvrières, kolkhoziens, kolkhoziennes, membres du Parti, ingénieurs, Jeunes communistes, pionniers. La force de notre littérature, c'est qu'elle sert la construction du socialisme. » A. Jdanov, Discours au 1er Congrès des écrivains soviétiques, 1934. Ci-contre : V; Moukhina, sculpture, L’ouvrier et la kolkhozienne, 1936 « Le Comité central1 propose à tous les secrétaires du parti et à tous les représentants du NKVD2 de recenser tous les éléments antisoviétiques. Les plus actifs seront immédiatement arrêtés et fusillés après passage administratif de leur dossier devant les troïkas3. Les autres, moins actifs mais néanmoins antisoviétiques, seront internés et déportés. Le Comité central proposera dans un délai de cinq jours [...] la quantité des personnes à fusiller et à déporter. » J. STALINE (2 juillet 1937). 1. Comité central : organe dirigeant du Parti communiste. 2. NKVD : police politique. 3. Troïkas: juges politiques. QUESTIONS (à traiter dans l’ordre) Document 1 1. Quelle image de Staline ce document donne-t-il ? (1 point) Documents 2a et 2b 2. Comment s’effectue la collectivisation des terres ? Pourquoi est-ce un aspect important de la politique de Staline ? (3 points) Documents 3a et 3b 3. Qui sont les héros de l’art soviétique ? Pourquoi ? (1 point) Document 4 4. Que risquent ceux qui résistent à l’encadrement de la société? (2 points) Synthèse En utilisant les documents, les réponses précédentes et vos connaissances, rédigez une synthèse d’une vingtaine de lignes répondant à la question suivante : « quel type de régime Staline instaure-t-il en URSS ? » (10 points) Repères chronologiques Datez : la bataille d’Alésia, Hugues Capet, le Second Empire (3 points). 3e - Contrôle n°2 - Correction 1. L’image que cette affiche de propagande de 1938 donne de Staline est positive : sur cette image, il est entouré d’un jeune garçon et d’une fillette qui lui offrent des fleurs et le remercient « pour [leur] enfance heureuse ». Représenté en uniforme, souriant d’un air bienveillant, il a une image conforme à son surnom de « petit père des peuples » : l’autorité du dictateur aurait quelque chose de paternel… Cela correspond du reste à son immense et paradoxale popularité dans son pays et même au-delà. 2. La collectivisation des terres s’effectue de plusieurs manières. Elle peut résulter de l’adhésion des paysans au projet communiste, encouragée par une propagande utilisant tous les supports possibles (affiches : doc.1b, « viens nous rejoindre au kolkhoze, camarade! »; films : « La Ligne Générale » d’Eisenstein); mais cette adhésion étant minoritaire, les autorités ont recours à la force, s’en prenant violemment à ceux qui « ne voulaient pas adhérer au collectivisme », les qualifiant de « koulaks », c’est-à-dire de paysans aisés, même quand il s’agissait de familles modestes (« ils ne possédaient que deux chevaux, une vache, un porc et quelques poulets »). Quand l’intimidation ne suffisait pas (« on lui prit tout ce qui lui restait de grain et on le menaça. Peine perdue »), il n’était pas rare que ces paysans soient arrêtés et exécutés : « où est maintenant ce pauvre Vorvan, Dieu seul le sait »). La collectivisation forcée présente une importance capitale dans la politique de Staline. Elle correspond en effet à l’application du programme marxiste d’abolition de la propriété privée des moyens de production. Imposée par Staline à partir de 1929 au moment où il met un terme à la NEP, elle est représentative de la voie de développement économique et des choix idéologiques de l’Union soviétique de Staline. 3. Pour A. Jdanov, les héros de l’art soviétique sont « les bâtisseurs de la vie nouvelle : ouvriers et ouvrières, kolkhoziens, kolkhoziennes, membres du Parti, ingénieurs, Jeunes communistes, pionniers ». Cette conception de l’art, développée en 1934 à l’occasion du 1er Congrès des écrivains soviétiques, fait la part belle aux travailleurs (le PCUS n’est-il pas le grand parti des travailleurs, garant de la « dictature du prolétariat »?) et montre la volonté de Staline d’une production artistique mise au service du régime; cette conception s’impose alors non seulement dans la littérature, mais aussi dans les arts plastiques (Cf. évolution des avant-gardes russes dans les années 1920-1930 : Rodchenko, Malevitch, Deineka), le cinéma, la sculpture (Cf. « l’ouvrier et la kolkhozienne », de Vera Moukhina), l’architecture… Dans l’URSS stalinienne, l’art ne vaut qu’à partir du moment où il « sert la construction du socialisme ». 4. Staline qualifie en 1937 ceux qui refusent l’encadrement de la société « d’éléments antisoviétiques ». Une police politique (Tcheka, NKVD, Guépéou) les surveille, les traque, et applique des méthodes pour le moins expéditives : « les plus actifs seront immédiatement arrêtés et fusillés après passage administratif de leur dossier devant les troïkas. Les autres, moins actifs mais néanmoins antisoviétiques, seront internés et déportés ». Les années 1930 sont d’ailleurs marquées par une violente « purge » orchestrée par Staline, éliminant de nombreux cadres de la Révolution de 1917 après des simulacres de procès (il parle ici de simple « passage administratif » des dossiers…) : en effet, pour mieux asseoir son pouvoir totalitaire, Staline fait déporter et exécuter de nombreux opposants ou rivaux supposés ; l’exemple le plus connu est celui de L. Trotski, assassiné au Mexique en 1940. Synthèse Joseph Dougachvili, dit Staline, succède à Lénine à la tête du PCUS et de l’URSS après sa mort en 1924. Il s’impose au pouvoir en 1927 après avoir écarté ses principaux rivaux. Il instaure alors une dictature totalitaire d’inspiration socialiste. Le régime stalinien constitue l’un des totalitarismes qui ont marqué le XXe s., et présente toutes les caractéristiques de ce type de régime. En effet, l’URSS de Staline se caractérise par un strict encadrement de la population, sommée d’adhérer au Parti unique, aux Komsomols, aux pionniers, etc., à l’aide d’une propagande omniprésente, qui vise à susciter la motivation au travail (Cf. le stakhanovisme, ou encore I. Ehrenburg glorifiant la construction industrielle), ainsi que le culte du chef : des cérémonies, des défilés sont organisés ; l’art est mis au service du régime : d’innombrables poèmes, affiches, films, œuvres de toutes sortes sont produits à la gloire de Staline… Quand la propagande s’avère insuffisante, le pouvoir recourt à la terreur politique. C’est ainsi qu’au sein même du Parti, de violentes purges, principalement dans les années 1930, déciment les rangs des hauts dignitaires de l’Armée rouge et des anciens héros de la révolution de 1917, suspects de vouloir conspirer contre Staline ou susceptibles de lui faire de l’ombre. La terreur politique est également à l’ordre du jour quand Staline, interrompant en 1929 la NEP, décide la collectivisation forcée de l’économie : composante essentielle du projet politique marxiste au même titre que la dictature du prolétariat, elle consiste en une confiscation, au profit de la collectivité, des moyens de production. La collectivisation fait l’objet d’une propagande active (Cf. par exemple le film de S. Eisenstein : la Ligne Générale), mais la manière forte est souvent employée : dans les campagnes, les « koulaks » (paysans aisés) sont anéantis en tant « qu’ennemis de classe », et les paysans peu empressés d’adhérer à la collectivisation sont réprimés sans ménagement. Staline conservera longtemps malgré cela un grand prestige en URSS et dans le monde (principalement auprès des communistes), du fait du rôle de l’URSS dans la défaite nazie en 1939-45 et de l’importance du mouvement communiste dans le monde, pour lequel il fut une référence avant d’être renié. N. Khrouchtchev éprouvera d’ailleurs les pires difficultés à mettre en œuvre la « destalinisation » quand il lui succèdera après sa mort en 1953. 3e - Contrôle n°2 - Chapitres 2 et 3 Document 1 : « Un peuple, un État, un chef ! » (affiche, 1934) Document 2 : La population embrigadée « La jeunesse apprend à penser allemand, à agir allemand... Ce garçon ou cette fille entre à 10 ans dans nos organisations et 4 ans plus tard dans la jeunesse hitlérienne... (puis) nous les prenons dans le Parti, dans le Front du travail, dans l'armée, les SA ou dans les SS... Ainsi ils ne seront plus jamais libres dans toute leur vie. » D'après un discours d'Hitler à Reichenberg, 2 décembre 1938. « Ma pédagogie est dure. La faiblesse doit être chassée à coups de fouet. Dans mes séminaires grandira une jeunesse qui effraiera le monde. Je veux une jeunesse brutale, impérieuse, […] et cruelle. La jeunesse doit être tout cela. Elle doit supporter la souffrance. II ne doit y avoir en elle rien de faible ou de tendre. Le fauve libre et magnifique doit à nouveau briller dans ses yeux. Forte et belle: voilà comme je veux ma jeunesse. Elle pratiquera tous les exercices physiques. Je veux une jeunesse athlétique. C'est la première chose, et la plus importante. C'est ainsi que j'effacerai des millénaires de domestication humaine. Aussi j'aurai devant moi le fruit pur et noble de la nature. Ainsi je pourrai créer du nouveau […] Je veux qu'elle apprenne à vaincre, dans les plus rudes épreuves, la crainte de la mort. C'est là le stade de la jeunesse héroïque. » H. Rauschining, Conversations avec Hitler « L'État devra prendre soin que seul l'individu sain procrée des enfants. [...] Tout le système d'éducation et de culture doit viser à donner aux enfants de notre peuple la conviction qu'ils sont supérieurs aux autres peuples… » D’après Adolf Hitler, Mein Kampf (1926) Document 3 : « Race des seigneurs » et « peuples inférieurs » « La loi la plus générale et la plus impitoyable en ce monde est […] la lutte des races pour leur espace vital, c'est-à-dire […] avec d'autres peuples s'opposant à l'épanouissement de leur propre vie nationale. […] La manière dont races et peuples mènent cette lutte pour l'espace vital est déterminante pour l'idéal national, culturel et pédagogique. Les uns choisissent la voie de la frugalité, de la discipline, de la ténacité, du travail et d'une pénétration presque insensible dans les régions déjà peuplées. Ceux-là se caractérisent en général par une fécondité au-dessus de la moyenne, mais évitent autant que possible la lutte ouverte pour assurer à leur descendance un espace vital. À ces « races de coolies et de fellahs » se rattachent le surnombre de la population du globe, le gros des hommes de couleur d'Asie et d'Afrique et les populations Est-baltes et asiatiques de la Russie. Une fraction restreinte, mais puissante, de la population mondiale a choisi le parasitisme. Feignant intelligemment de s'assimiler, elle cherche à s'établir parmi les peuples sédentaires, à priver ceux-ci du fruit de leur travail par des ruses mercantiles et, en minant perfidement leur esprit, à prendre elle-même le pouvoir. L'espèce la plus connue et la plus dangereuse de cette race est la juiverie. Le troisième groupe, enfin, mène la lutte avec franchise, audace, et conscience de sa supériorité raciale. C'est le groupe des races de Seigneurs et de Guerriers. Elles affrontent la nature […]. Mais elles savent aussi prendre le glaive en main […]si d'autres races, notamment des races inférieures, refusent à leur descendance un espace vital insuffisamment exploité. […] La plus importante d'entre elles est la race nordique qui a conquis plus de la moitié du globe grâce à sa puissance de travail et sa combativité, et le domine pratiquement en son entier par sa technique et sa science. De ces races, la plus grande de toutes est la race allemande. » D’après Adolf Hitler, Mein Kampf (1926) QUESTIONS (à traiter dans l’ordre) Document 1—1. Quelles idées cette affiche exprime-t-elle ? (3 points) Document 2—2. Quels sont les moyens d’embrigadement de la population? (2 points) Documents 3—3. Montrez que l’Allemagne nazie est un État raciste (2 points) Synthèse— En utilisant les documents, les réponses précédentes et vos connaissances, rédigez une synthèse d’une vingtaine de lignes montrant que l’Allemagne nazie est une dictature totalitaire et raciste (10 points) Repères chronologiques— Datez : les débuts du christianisme, l’imprimerie, le règne de Louis XIV (3 points). 3e - Contrôle n°2 - Correction 1. Sur cette affiche, un slogan, figurant sous le portrait d’Adolf Hitler, résume les idées nazies : « un peuple, un État, un chef ! » : « Un peuple » : la croyance dans la supériorité de la race aryenne justifie le racisme, notamment contre les Slaves. L’idéologie nazie est également marquée par un antisémitisme violent. C’est ainsi que l’arrivée des nazis au pouvoir se solde par l’instauration de lois antisémites, organisant une politique de discrimination et d’humiliation des Juifs allemands, laquelle va crescendo jusqu’à la mise en œuvre de la « solution finale ». « Un État » : l’idéologie nazie est imprégnée de pangermanisme, d’où l’annexion de territoires occupés par des populations allemandes (Autriche en mars 1937, Sudètes en octobre 1937, plus tard les territoires du NE de la France…). Surtout, Hitler développe l’idée selon laquelle les Aryens, par la guerre, pourront réaliser la conquête de l’espace vital. « Un chef » : Hitler est le chef suprême du pays, le Führer. Le culte du chef, organisé par une propagande omniprésente, orchestrée par Goebbels et animée par des créateurs parfois talentueux, comme Leni Riefensthal, caractérise le régime nazi ; il s’agit d’une composante essentielle du totalitarisme, qui s’accompagne de l’écrasement de toute forme d’opposition. 2. L’encadrement de la population dans tous les aspects de sa vie quotidienne constitue une autre composante d’un régime totalitaire. Pour les nazis, il s’agit de forger des hommes nouveaux, dignes représentants de la race aryenne, animés de « la conviction qu'ils sont supérieurs aux autres peuples ». D’où une attention toute particulière portée à la jeunesse, que le Führer veut « brutale, impérieuse et cruelle ». Le jeune Allemand « entre à 10 ans dans [les] organisations [nazies]et 4 ans plus tard dans la jeunesse hitlérienne », pour, selon Hitler, apprendre « à penser allemand, à agir allemand », afin qu’il n’y ait « en elle rien de faible ou de tendre »… Les nazis souhaitent l’avènement du « stade de la jeunesse héroïque ». Les jeunes Allemands sont donc étroitement conditionnés par l’Hitlerjügend et autres organisations de jeunesse imposant défilés en uniformes à la gloire du Führer, exercices physiques à connotation militaire… Dans le régime nazi, « ils ne seront plus jamais libres dans toute leur vie ». Adultes, ils sont embrigadés « dans le Parti, dans le Front du travail, dans l'armée, les SA ou dans les SS ». 3. L’idéologie nazie repose sur une vision raciste du monde et des peuples. Elle place au premier rang de l’humanité les « races de Seigneurs et de Guerriers », membres de la race nordique (aryenne) « qui a conquis plus de la moitié du globe grâce à sa puissance de travail et sa combativité, et le domine pratiquement en son entier par sa technique et sa science ». Ces races mènent « la lutte [pour l’espace vital] avec franchise, audace, et conscience de [leur] supériorité raciale ». Pour les nazis, parmi ces races, « la plus grande de toutes est la race allemande ». En dessous dans la hiérarchie des races imaginée par Hitler, se situent d’autres groupes, parmi lesquels « le surnombre de la population du globe, le gros des hommes de couleur d'Asie et d'Afrique et les populations Est-baltes et asiatiques de la Russie », qu’il considère comme des « races de coolies et de fellahs », qui mènent « la lutte pour l’espace vital » par « la voie de la frugalité, de la discipline, de la ténacité, du travail et d'une pénétration presque insensible dans les régions déjà peuplées ». Au plus bas niveau de sa hiérarchie raciste, Hitler place « une fraction restreinte, mais puissante, de la population mondiale », qui « a choisi le parasitisme ». Pour lui, « l'espèce la plus connue et la plus dangereuse de cette race est la juiverie ». L’antisémitisme nazi repose sur le fantasme d’une conspiration juive pour contrôler le monde (à cette conspiration, il associe le communisme) : « feignant intelligemment de s'assimiler, elle [la juiverie] cherche à s'établir parmi les peuples sédentaires, à priver ceux-ci du fruit de leur travail par des ruses mercantiles et, en minant perfidement leur esprit, à prendre elle-même le pouvoir ». Cette théorie antisémite trouve son aboutissement ultime dans le génocide. Synthèse. Adolf Hitler, chef du NSDAP, parti national-socialiste (« nazi ») des travailleurs allemands, accède au pouvoir le 31 janvier 1933, quand le président Hindenburg le nomme chancelier. Très vite, il met fin à l’éphémère République de Weimar et instaure un régime raciste et totalitaire. La conception du monde formulée par Hitler dans Mein Kampf repose sur l'idée que la race allemande (« aryenne ») est supérieure aux autres. Il revient donc à l’État nazi d'assurer la domination de la « race des seigneurs » en préservant sa pureté, d’où une société fortement encadrée, tout entière unie autour de son chef, et une politique étrangère visant à intégrer dans le Reich tous les peuples de « culture allemande », puis à conquérir l’« espace vital » (Lebensraum). Pour réaliser ces objectifs, l'Allemagne devra faire la guerre, ce qui implique une population nombreuse, une jeunesse saine et forte, prête à tous les sacrifices, et surtout une cohésion raciale obtenue en éliminant les forces « dissolvantes » de la société allemande, comme les Juifs. Ainsi sont prises des mesures dites de « protection de la race » : encouragement à la natalité au profit des « aryens », mais aussi mesures eugénistes : stérilisation d'individus « tarés », élimination physique de malades incurables et de vieillards impotents, etc. Parallèlement, une législation raciale est mise en place, dirigée essentiellement contre les Juifs. Inaugurée par un boycott des magasins juifs, accompagné de pillages, la persécution se traduit en 1935 aux « lois de Nuremberg », qui éliminent les Juifs de certaines professions, les privent de la citoyenneté allemande et les soumet à des humiliations (port de l'étoile jaune, exclusion des lieux publics). À partir de 1938, le régime s'engage dans une politique d'élimination qui aboutira pendant la guerre à la monstrueuse « solution finale ». Le Führer détient la totalité du pouvoir. Les membres de son cabinet, amis personnels et hauts dignitaires du parti, n'ont qu'un rôle d'exécutants et le Reichstag (Parlement) doit se contenter d'écouter ses discours et d'acclamer ses décisions. Le NSDAP est devenu le parti unique. La Gestapo et la SS constituent les instruments d'une répression, dirigée principalement contre les communistes et les socialistes. Les méthodes sont d'une brutalité et d'une sauvagerie inouïes : assassinats, tortures, « suicides » organisés et déportations. Toute opposition au régime est éliminée. La mobilisation idéologique de la population s'opère par une propagande omniprésente, confiée à Goebbels. Il s'agit d'abord d'empêcher toute opposition intellectuelle et pour cela, la presse, la radio, le cinéma, l'édition sont étroitement surveillés. Les bibliothèques sont expurgées. Des milliers de livres sont brûlés en place publique (autodafés). De nombreux savants et intellectuels sont contraints de quitter l'Allemagne (Einstein, Thomas Mann, Stefan Zweig). Le régime utilise les grands media (cinéma, radio), ainsi que les imposantes parades de Nuremberg ou de Berlin, pour mobiliser et fanatiser les masses. La jeunesse fait l'objet des soins attentifs du régime. Pour former des corps et des esprits disciplinés plutôt que des intelligences cultivées, Hitler met l'accent sur les organisations de jeunesse dépendant du parti et rendues obligatoires en 1936 : Junkvolk, puis Hitlerjugend. Le régime imposé par Hitler à partir de 1933, raciste et totalitaire, entraîne à partir de 1939 l’Europe et bientôt le monde dans une Seconde Guerre mondiale. Ce conflit, qui oppose le camp des dictatures et celui des démocraties, constitue un tournant dans l’histoire du XXe siècle, tant par le bouleversement géopolitique qu’il entraîne que par le traumatisme né des crimes contre l’humanité perpétrés par les nazis.