Le JDD 7 avril 2016

Transcription

Le JDD 7 avril 2016
7 avril 2016
Salah Abdeslam va poser "beaucoup de
problème" au personnel des prisons
INTERVIEW - Gardien de prison passé par Toulouse et Fleury-Mérogis, secrétaire général du
syndicat pénitentiaire des surveillants, Jérôme MASSIP décrypte pour le JDD les conditions de
détention réservées aux détenus sensibles comme Salah Abdeslam.
Des zones entières peuvent être réservées à l'accueil de détenus très sensibles. (Reuters)
Comment sont traités les détenus sensibles tel que Salah Abdeslam, qui devrait arriver dans une
prison française dans les prochaines semaines?
Sous réserve que des mesures spécifiques soient mises en oeuvre pour ce détenu en particulier, la
procédure classique pour ce type de profil est l'isolement complet. C'est-à-dire qu'il sera non seulement
mis à l'écart dans une cellule mais aussi dans un endroit de la prison complètement isolé. Il est fort
probable qu'une équipe de surveillants lui soit spécialement dédiée. En général, il s'agit d'une dizaine de
surveillants qui se relaient en personne de nuit comme de jour. Ils sont chargés de lui apporter les repas, le
courrier ou de l'accompagner à la salle de sport s'il le souhaite. Et aussi de vérifier son intégrité
physique, qu'il n'est pas malade...
Le ministre de la Justice a affirmé vouloir mettre en oeuvre "tous les moyens pour garantir" que
Salah Abdeslam rende des comptes. La piste d'une vidéosurveillance continue a même été évoquée.
Est-ce une option réaliste?
La vidéosurveillance continue, ça ne se pratique pas du tout! S'ils font ça, toutes les associations de
défense des droits de l'homme vont leur tomber dessus. Mais c'est du pipeau! Comme tout détenu, il
pourra toujours communiquer par la fenêtre car toute cellule doit avoir une ouverture qui laisse entrer la
lumière naturelle. Tant qu'il n'y aura pas d'établissements entièrement consacrés à ce type de détenus, ils
pourront toujours contaminer les autres.
Comment les surveillants de prison réagissent face à ce type de disposition?
Le dernier détenu de ce type dont je me souviens est Antonio Ferrara. Pour le surveiller, une vingtaine de
surveillants avaient été mobilisés au sein d'une équipe baptisée Icare à la prison de Fleury-Mérogis et tout
un étage avait été fermé. Ce type de procédure pose beaucoup de problème au personnel car elle prend des
surveillants assignés à d'autres services. Et avec tout les problèmes d'effectif que vous connaissez, ce sera
une dizaine de postes qui ne seront pas compensés.
Vincent Lenoir - leJDD.fr

Documents pareils