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Résumés : Les organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada : Impacts et mesures Les organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada : Élaboration d’une typologie – Questions de définition et de classification DOCUMENT DE TRAVAIL SUR LES IMPACTS ET MESURES DES ORGANISMES BÉNÉVOLES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ AU CANADA RÉSUMÉ Préparé pour le Projet sur les organismes bénévoles dans le secteur de la santé Octobre 1999 Barbara Legowski Terry Albert *Le document complet n’est disponible qu’en anglais Avant-propos Le rôle rempli par les organismes bénévoles est de plus en plus reconnu dans la vie canadienne. Leur apport est manifeste dans plusieurs communautés, mais il n’a pas encore été analysé de façon systématique. En 1999, le Centre canadien de philanthropie, les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques, Santé Canada et le Regroupement des organisations nationales bénévoles ont entrepris un projet commun afin de permettre aux chercheurs de commencer à analyser l’apport des organismes volontaires qui oeuvrent dans le domaine de la santé. Deux documents furent commandés pour jeter les fondements d’études empiriques plus poussées dans ce domaine. L’un de ceux-ci, Developing a Typology of the Voluntary Health Sector in Canada: Definition and Classification Issues, fut préparé dans le but de se pencher sur l’importante question de définir les types d’organismes qui devraient être inclus dans de telles études et d’élaborer un système pertinent de classification de ces organismes. L’autre document, A Discussion Paper on Outcomes and Measurement in the Voluntary Health Sector in Canada, fut préparé afin de fournir des orientations sur la façon de mesurer l’apport économique et social des organismes bénévoles dans le secteur de la santé. Il est à espérer que ces deux documents complémentaires contribueront à ouvrir la voie à d’autres travaux de recherche portant sur la valeur économique et sociale des organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada. On peut obtenir des exemplaires des deux documents et de leur résumé respectif en s’adressant à l’un ou l’autre des organismes participants. Le Comité de gestion du projet entend profiter de l’occasion pour remercier les nombreuses personnes qui ont participé à la réalisation de ces études. Des représentants de plusieurs organismes clés ont donné de leur temps en faisant part de leurs observations au moment de discussions avec les auteurs et nous les remercions de leur apport valable. Nous remercions aussi les cinq lecteurs anonymes pour leurs commentaires et suggestions utiles. Mais, en bout de ligne, les documents reflètent les vues et les opinions des auteurs et ceux-ci assument la responsabilité des erreurs et des omissions qu’ils pourraient contenir. Nous transmettons des remerciements tout spéciaux à Santé Canada pour l’appui financier apporté au projet. Membres du Comité de gestion du projet sur les organismes bénévoles dans le secteur de la santé Catherine Adam, Santé Canada Terry Albert, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Karl Benne, Santé Canada Katie Davidman, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Angela Febbraro, Centre canadien de philanthropie Michael Hall, Centre canadien de philanthropie Rhonda Hynds, Regroupement des organisations nationales bénévoles Mary Jane Lipkin, Santé Canada Graham Lowe, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Penny Marrett, Regroupement des organisations nationales bénévoles Kathryn McMullen, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Jim O’Brien, Association canadienne du diabète Octobre 1999 Introduction et contexte Les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques, le Centre canadien de philanthropie (CCP), Santé Canada et le Regroupement des organisations nationales bénévoles ont conclu une entente en vue d’entreprendre une étude des organismes bénévoles dans le secteur de la santé. Le projet, intitulé Les organismes bénévoles dans le secteur de la santé: une évaluation de sa taille, de sa portée et de sa valeur, a pour but d’évaluer l’apport de ces organismes: · · · en donnant au secteur un profil et une définition par le biais d’une délimitation de ses frontières et de l’élaboration d’un système de classification; en analysant et en mesurant l’apport économique et non économique du secteur sur les plans qualitatif et quantitatif; et en assurant la diffusion des résultats de la recherche vers une diversité d’auditoires, y compris les organismes bénévoles du secteur de la santé, les gouvernements, les chercheurs et d’autres parties intéressées. Le document, A Discussion Paper on Outcomes and Measurement in the Voluntary Health Sector, qui fut entrepris en vue de répondre au deuxième objectif du projet, est résumé ci-après. Le document a pour but de : · · · présenter un survol des études disponibles concernant la mesure des résultats en matière de santé; considérer la faisabilité de mesurer les intrants, les extrants et les réalisations des organismes sans but lucratif dans le secteur de la santé; et présenter des recommandations sur ce qui peut être mesuré pour déterminer l’apport de ces organismes à la santé des Canadiens et au système de soins de santé. Le présent document vise donc à contribuer en partie à l’atteinte du deuxième objectif du projet. Il fut préparé sans se référer à une typologie des organismes bénévoles sans but lucratif (OBSS). Pour cette raison, les auteurs ont adopté une approche délibérément générique pour la mesure des résultats et des activités. En d’autres termes, au lieu de mettre l’accent exclusivement sur les résultats et d’autres mesures dans le domaine de la santé, le document a été préparé en utilisant une ligne de démarcation floue entre la santé et les services sociaux. C’est dans ce sens que le document représente un rapport provisoire qui devra être mis à jour lorsqu’une typologie aura été mise au point pour les OBSS. On considère aussi que cet objectif pourra être atteint en s’appuyant sur un processus de consultation approfondie avec les OBSS. En bout de ligne, ce travail initial contribuera à éclairer la méthodologie de recherche et l’élaboration de travaux de recherche sur l’évaluation des diverses dimensions de la valeur de l’apport des organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada. Définition des organismes bénévoles du secteur de la santé Les travaux de recherche pour la préparation du présent document furent entrepris sans se fonder sur une définition préalable des limites à l’intérieur desquelles les organismes bénévoles oeuvrent dans le secteur de la santé ou de leur classification. Une définition pratique du secteur fut donc 1 élaborée pour définir sa portée pour la durée du projet. Le processus de définition a comporté deux étapes : on a d’abord identifié les organismes de santé ou les organisations qui oeuvraient dans le domaine de la santé; puis, on a déterminé les activités précises de ces organisations qui avaient un impact sur la santé. Deux systèmes de classification existants des organismes furent d’abord considérés : celui de Revenu Canada et celui de la Classification internationale des organismes sans but lucratif (CIOSBL). Des définitions holistiques de la santé et du paradigme de la santé de la population furent aussi considérées pour délimiter le secteur. Cette approche offrait la possibilité d’élargir considérablement la portée des organismes bénévoles du secteur de la santé compris dans notre étude. La classification utilisée par Revenu Canada pour les organismes de charité enregistrés et les organismes sans but lucratif non enregistrés ayant la santé comme principale raison d’existence fut choisie de préférence à celle de la CIOSBL même si, à première vue, les catégories employées par Revenu Canada semblent comporter certains chevauchements et une certaine ambiguïté1. La CIOSBL semblait trop sélective sur le plan institutionnel, tandis que la classification de Revenu Canada avait une portée plus vaste. La portée extrêmement étendue de la définition qui découle de l’utilisation d’un paradigme de santé de la population fut rejetée 1) à cause des difficultés pratiques de relier les résultats des programmes à des éléments déterminants de la santé de la population et (2) parce que les données réunies à ce jour pour décrire les organismes bénévoles faisant potentiellement partie du secteur de la santé par Revenu Canada, entre autres, se limitaient aux organisations qui se reconnaissaient elles-mêmes comme oeuvrant dans le domaine de la santé. Par ailleurs, il aurait semblé présomptueux de classer des organisations dans le secteur de la santé, alors que celles-ci ne considéraient pas que leurs activités contribuaient directement à l’atteinte de résultats en matière de santé. Puis, une dimension fondée sur cinq domaines d’activité fut ajoutée à la classification de Revenu Canada qui est basée sur les organisations. Les domaines d’activité représentent un moyen de relier des procédés organisationnels à caractère discret à des résultats précis et mesurables en matière de santé; par résultat en matière de santé, on entend : un changement au niveau de la santé d’une personne, d’un groupe de personnes ou de la population qui est attribuable à une intervention ou à une série d’interventions (Rissel, Ward et Sainsbury, 1996). La définition retenue d’un organisme bénévole dans le secteur de la santé fut donc la suivante : le groupe d’organismes formels constitués d’organismes de charité enregistrés ou d’organisations sans but lucratif n’ayant pas le statut d’organisme de charité mais dont l’objectif établi ou l’intérêt immédiat dans le domaine de la santé se manifestait sous forme d’un apport dans les domaines suivants d’activités qui contribuent à atteindre des résultats en matière de santé : prestation de services visant à prévenir la maladie ou à promouvoir la santé, et prestation de soins; recherche; défense des droits; levée de fonds; et réglementation des praticiens 2 Cadre conceptuel pour les résultats et leur mesure Après avoir délimité le groupe des organismes bénévoles oeuvrant dans le secteur de la santé aux fins de nos recherches, nous avons combiné les domaines d’activité organisationnelle définissant le secteur à un modèle traditionnel de performance organisationnelle reliant les intrants aux résultats; par résultats, on entend les avantages obtenus par les participants durant et après leur participation aux activités des programmes (Plantz, Greenway et Hendricks, 1997 – voir la figure 1). Selon Osborne et Tricker (1996), ce modèle illustre les différentes étapes d’un processus de production de service qui forme un cadre conceptuel pour étudier la performance organisationnelle. Figure 1 – Des intrants aux résultats Intrants → Activités → Extrants → Résultats initiaux → Résultats intermédiaires → Résultats à plus long terme Non seulement le cheminement des intrants vers les résultats fournit-il le cadre par l’intermédiaire duquel on peut mesurer la performance organisationnelle, mais il représente aussi la trajectoire sur laquelle la valeur peut être calculée. Il y a une valeur intrinsèque qui peut être mesurée à chaque point de la trajectoire (voir la figure 2). Figure 2 – La trajectoire de la valeur : des intrants aux résultats Intrants → Procédés → Extrants → Résultats (court terme, intermédiaire, plus long terme) VALEUR → 3 La combinaison des domaines d’activité organisationnelle à la trajectoire de la valeur organisationnelle a servi de fondement au cadre conceptuel de nos recherches. Nous avons ajouté à cela un domaine sociétal qui tient compte du fait que les produits et les services des organismes sans but lucratif retournent dans la collectivité. Ils ajoutent une valeur à la cohésion et au capital social, c’est-à-dire que la répartition de cette valeur ajoutée à un caractère davantage social que privé (Comité directeur du projet sur le cadre de comptabilité sociale, 1998 – le Comité directeur, comme on le désignera par la suite; Jensen, 1998; Veenstra, 1995). Ainsi, le cadre conceptuel de la recherche respecte le modèle classique de la façon dont une organisation peut mesurer sa performance, tout en faisant avancer la discussion sur les types de valeur ou d’impact que l’on peut attribuer aux activités entreprises (voir le tableau1). Pour comprendre ce qui se passe dans le domaine des techniques de mesure générale et, plus précisément, de mesure des résultats, le document examine brièvement les méthodes de mesure de la performance que la science de l’évaluation met à la disposition des organismes sans but lucratif. Sur le plan historique, les organismes sans but lucratif ont mesuré les intrants et les extrants organisationnels et connexes aux programmes en se laissant guider en bonne partie par les exigences en matière d’évaluation de leurs bailleurs de fonds (Plantz, Greenway et Hendricks, 1997). Voici des exemples d’intrants : recettes, éléments d’actif, personnel rémunéré, bénévoles et heures de bénévolat; et des exemple d’extrants : nombres de clients servis, nombre de programmes offerts. Des mesures plus élaborées des extrants tiennent compte de l’aspect de la qualité des services offerts, comme les taux d’infection dans les hôpitaux. En général, les organisations font rapport sur l’importance des efforts déployés et sur le nombre de personnes aidées. Plus récemment, les bailleurs de fonds et le grand public ont accordé plus d’importance aux décisions fondées sur l’optimisation des ressources comme critère de répartition, ce qui nécessite d’avoir accès à des données sur les résultats des programmes – ils veulent savoir si les bénéficiaires retirent des avantages des services offerts et quel en est le rapport coût-avantage (Le groupe d’experts sur la saine gestion et la transparence dans le secteur bénévole, 1999). 4 Tableau 1 – Données proposées pour déterminer la valeur de l’apport des organismes bénévoles dans le secteur de la santé DOMAINES D’ACTIVITÉ ORGANISATIONNELLE Levée de fonds Recherche Services Prévention/ promotion de la santé/ éducation Défense des droits DOMAINE SOCIÉTAL Réglementation Soins Intrants – ressources - Heures de bénévolat; heures de travail du personnel rémunéré; heures de formation consacrées aux bénévoles; dépenses de formation des bénévoles; budgets des programmes et des services Procédés - Renseignements descriptifs sur les types de programmes et de services offerts Extrants - # donateurs - $ amassés - # publications - # citations - # présentations - conclusions - # documents publiés - # campagnes d’information - # clients/ patients servis - # décideurs contactés - # communiqués - # licences émises - # licences révoquées - # plaintes en matière de pratiques professionnelles/ enquêtes Résultats - diversité de la base de donateurs - caractère soutenable de la base de donateurs - expansion de la base de donateurs - exemples d’utilisation et d’application des conclusions par des praticiens et le grand public - autres exemples de transfert du savoir - pourcentage de la population cible atteinte - modifications des connaissances, des attitudes et du comportement - effet sur l’incidence des maladies - maintien de l’état de santé actuel - taux réduit ou déclin - taux de guérison - exemples de changements de politiques - questions reconnues ou profil accru - améliorations mesurables de la qualité de vie - services ajoutés ou adaptés pour répondre aux besoins - exemples de confiance du public à l’égard d’une profession de la santé - évaluations des avantages personnels par les bénévoles 5 - taux de rendement social sur l’investissement L’abandon des intrants et des extrants traditionnels découle d’une logique intuitive. En conséquence, la science de l’évaluation offre un éventail croissant de méthodologies pour mesurer non seulement les résultats des programmes mais aussi divers autres aspects de leur processus de prestation. Les techniques s’étendent d’expériences scientifiques rigoureuses avec des groupes témoins à des évaluations qui mettent délibérément en cause de nombreux participants et recueillent une multitude de points de vue de façon à attirer une clientèle aussi large que possible vers un programme particulier, ce qui se traduit par un avantage accessoire sur le plan du fonctionnement du programme. Cette insistance croissante sur la mesure des résultats soulève de nombreuses questions. D’abord, la définition et la mesure des résultats peuvent s’avérer complexes parce que les résultats possèdent de multiples dimensions. Par exemple, la combinaison de techniques de mesure possibles et de divers horizons de temps peut se traduire par plusieurs résultats différents pour une activité donnée faisant l’objet d’une évaluation. Ce phénomène est illustré dans le schéma 1 ci-dessous, selon lequel les résultats possèdent trois dimensions, réparties le long de trois axes. On aperçoit le long de l’axe des X les domaines d’activité sociétale et organisationnelle. On trouve le long de l’axe des Y les résultats directs et indirects, les résultats directs étant ceux qui représentent le but ultime d’une activité, tandis que les résultats indirects sont des approximations des résultats ultimes ou des ponts vers ceux-ci. L’axe des Z représente des résultats en tenant compte de leur dimension dans le temps. Les périodes de temps varient entre le court, le moyen et le long terme. Schéma 1 – Les dimensions des résultats Axe des Z Long terme Moyen terme Court terme Domaine d’activité organisationnelle Levée de fonds Recherche Services Défense Réglemen des droits -tation Domaine sociétal Axe des X RÉSULTATS Directs Indirects Axe des Y 6 Légende L’axe des X représente les domaines d’activité organisationnelle et sociétale. L’axe des Y représente la nature des résultats. L’axe des Z représente l’horizon de temps au cours duquel les résultats peuvent être mesurés. La mesure de la plupart des résultats met l’accent sur le plus court terme. Les évaluations d’interventions pour lesquelles il y a un long décalage entre la prestation du service et l’émergence d’un résultat ne sont pas très répandues à cause des aspects complexes que représentent la collecte de données longitudinales, des dépenses réparties sur plusieurs années et une distorsion alimentée largement par les bailleurs de fonds en faveur de résultats observables rapidement ou à court terme. Auto-évaluation et mesure dans les organismes sans but lucratif Le choix des techniques d’évaluation fait l’objet d’un débat ininterrompu parmi les organismes sans but lucratif. Ceux-ci assurent souvent la prestation de services sociaux et de soins de santé à caractère complexe, ce qui, à certains égards, représente leur propre créneau (Hirshhorn, 1997; Webber, 1994). Les résultats pour ce genre de services sont difficiles en soi à évaluer ou trop imprécis ou à portée trop vaste pour être facilement mesurables à l’aide de techniques quantitatives que favorise un cadre de pensée positiviste. De plus, les organismes sans but lucratif suscitent l’intérêt d’un éventail vaste et complexe d’intervenants, ce qui rend difficile la décision à prendre sur le choix des résultats à mesurer et sur la façon de le faire, compte tenu notamment des ressources limitées dont ces organismes disposent (Table ronde sur le secteur bénévole, 1997). Le point de vue ou le contexte concernant le choix de la mesure représente une considération importante. Ainsi, certains soutiennent que ce qui est perçu comme valable concernant les services ou les produits d’une organisation a un caractère subjectif et négociable, alimenté par des personnes qui évoluent dans un contexte précis et susceptible de se modifier à mesure qu’il y a une interaction entre les intervenants (Forbes, 1998). Les études en matière d’évaluation incitent les organisations à déterminer elles-mêmes les résultats ou les autres aspects de la prestation de programmes pour lesquels l’évaluation des résultats contribuera à optimaliser l’efficacité des programmes et à éviter de ne mesurer que ce qui intéresse des intervenants puissants comme les bailleurs de fonds (Plantz, Greenway et Hendricks, 1997). Dans les faits, on invite les bailleurs de fonds à éviter d’imposer au secteur bénévole un processus de mesure des résultats à moins que l’on ne comprenne parfaitement ses limites et ses possibilités d’impact négatif. Par exemple, le fait de relier d’une façon incorrecte une source de financement à la mesure de résultats précis peut avoir les conséquences suivantes : détournement de ressources des services au profit d’activités de mesure de résultats, sans offrir d’avantage direct pour les programmes; effet défavorable sur les programmes de prévention et de développement dont les résultats sont plus difficiles à mesurer; promotion de processus d’« écrémage » de la clientèle (choix délibéré de clients ou de programmes qui sont plus susceptibles de donner des résultats positifs, ce qui contribue à accentuer les inégalités au niveau de l’état de santé); effet dissuasif sur la prise de risque et l’innovation; et stimulation de la concurrence entre les organismes au lieu de favoriser leur coopération (Plantz, Greenway et Hendricks, 1997). 7 Outre les risques mentionnés ci-dessus d’insister d’une façon indue sur la mesure des résultats, il faut aussi considérer les questions d’éthique qui entourent la divulgation de renseignements par les organismes à but non lucratif. La mesure des résultats s’accompagne de la diffusion sur la place publique de nouveaux renseignements, ce qui permet de relier, par exemple, les intrants aux résultats (coût-avantage). Le fait de rendre publics de nouveaux renseignements sur la performance d’un organisme à but non lucratif peut contribuer à compromettre la valeur qu’un organisme accorde à la protection des renseignements personnels de certains clients ou membres du personnel; certaines organisations pourraient aussi être tentées de corriger les résultats afin de les rendre plus attrayants; des renseignements peuvent être mal interprétés s’ils sont diffusés ou utilisés en dehors de leur contexte; et des organismes pourraient se retrouver dans une situation désavantageuse par rapport à leurs concurrents, notamment les organismes à but lucratif, qui ne sont pas tenus de diffuser dans le même mesure les résultats de leur performance. La science de l’évaluation offre de nombreuses approches en matière de mesure de la performance, mais les obstacles à l’évaluation de programmes par les organismes à but non lucratif sont pour la plupart liés à des problèmes de capacité, qui sont attribuables à l’insuffisance des moyens de financement, à la nécessité d’une meilleure formation et à une aide accrue dans ce domaine, et au besoin d’avoir accès à des indicateurs comparatifs fondés sur des travaux de recherche (Zacharakis-Jutz et Gajenayake, 1994; Rodriguez-Spagnolo, 1992; Taylor et Sumariwalla, 1993). Dans certains cas, les organismes sont réticents à mesurer leur performance parce qu’ils craignent les répercussions négatives des bailleurs de fonds si les résultats laissent à désirer. Ces réticences sont aussi liées, d’une part, à l’absence de directives de la part des bailleurs de fonds concernant les résultats d’évaluation qu’ils seront disposés à reconnaître et, d’autre part, à l’impression que les décisions en matière de financement sont influencées davantage par des motifs politiques que par des décisions rationnelles, ce qui signifie que des évaluations même positives ne seraient pas nécessairement un gage de financement. En dépit de ces réticences, des organisations associées et certains organismes de financement encouragent et aident les plus petites organisations à mesurer leurs réalisations en leur offrant de participer à des séances de formation, des ateliers de travail, des projets pilotes et en mettant à leur disposition des instruments de mesure. Les organisations de plus grande taille ont l’avantage de disposer de ressources plus abondantes, de sorte qu’elles sont probablement à l’avant-garde en ce qui concerne la mesure des résultats. Dans les faits, certains de ces organismes utilisent les résultats positifs comme des instruments publicitaires pour attirer des dons et d’autres sources de financement. Néanmoins, compte tenu de l’absence de mesures d’impact normalisées et de la perception largement répandue de la nécessité pour les organismes sans but lucratif de rendre des comptes, la mesure des résultats demeure dans l’ensemble une activité réactive et ponctuelle (Comité directeur, 1998). Des résultats définis au niveau des organisations individuelles peuvent avoir une certaine valeur, mais ils ne sont pas fondés sur une unité de mesure commune entre les organisations. Donc, pour corriger cette situation, il serait utile d’étudier plus à fond la possibilité d’utiliser la notion de comptabilité sociale et de bilan social comme approche en matière de mesure des résultats. En se fondant sur des critères d’évaluation et une démarche d’évaluation participative qui se prête bien à la culture du secteur à but non lucratif, cette technique permet d’attribuer une valeur économique comparative aux activités sans but lucratif et de mettre en relief leur apport au domaine social. Plus précisément, cette approche permet de calculer un taux de rendement social 8 sur l’investissement pour chacun des programmes ou des organismes, dont les divers éléments peuvent être cumulés pour l’ensemble des organismes sans but lucratif du secteur de la santé (Comité directeur, 1998; Richmond, 1999). Encore une fois, cette question mérite un examen plus poussé. D’autres unités communes ou des mesures universelles des résultats dans le domaine de la santé comprennent des mesures comme l’espérance de vie pondérée par la qualité de l’existence (QALY) qui résulte d’interventions ou de programmes précis. Il s’agit de mesures génériques et composites qui permettent de combiner des gains sur le plan de l’espérance de vie à des gains en matière de qualité de l’existence; ces mesures génériques sont très différentes des mesures liées spécifiquement à l’état de santé, comme la pression artérielle, le taux de glycémie, le taux de cholestérol, etc. En soi, la QALY pourrait théoriquement être utilisée pour mesurer les résultats en matière de santé attribuables aux programmes d’organismes précis ou de l’ensemble des organismes qui oeuvrent dans une collectivité ou une province. Les outils des économistes de la santé sont fondés sur quatre approches principales en matière d’évaluation économique, dont deux peuvent comprendre la QALY au dénominateur du rapport coût-efficacité, en vertu duquel les coûts des programmes ou des interventions sont reliés à leurs conséquences ou à leurs résultats (Drummond et coll., 1987). Il faudrait examiner la faisabilité d’employer cette mesure des résultats en matière de santé dans le contexte de la prochaine étape de conception des travaux de recherche sur l’évaluation des organismes sans but lucratif dans le secteur de la santé. Conclusions La pertinence du document dans le contexte des objectifs principaux de l’étude à plus vaste portée des organismes bénévoles dans le secteur de la santé est liée à la faisabilité de la conception et de la méthodologie des recherches ultérieures visant à déterminer la valeur de l’apport du secteur. Il y a lieu de croire que l’unité d’observation pour le secteur est celle de l’organisme. Le document a permis de démontrer qu’une valeur économique ou quantitative peut être calculée de façon discrète à partir des intrants et des extrants organisationnels. L’importance et la pertinence de mesurer les apports aux domaines d’activité organisationnelle et au domaine d’activité sociétale ne sont pas remises en question, mais la première priorité pourrait se limiter à certaines mesures additives simples qui pourraient s’appliquer à tout le secteur. Il pourrait s’agir des intrants et des extrants par domaine d’activité. Les questions de conception de la recherche et de méthodologie qui demeurent en suspens concernant le projet plus vaste sur les organismes bénévoles dans le secteur de la santé ont une importance majeure pour le choix des variables à mesurer ainsi que sur la façon dont toutes les données utilisées sont appelées à contribuer à l’atteinte des objectifs de la recherche. Par exemple, si l’unité d’observation retenue est l’organisation, il s’ensuit que l’univers doit ensuite est défini – l’univers géographique est vraisemblablement le Canada. Nous avons établi une définition pratique et une portée des organismes bénévoles dans le secteur de la santé aux fins de ce document, mais la typologie finale servira à déterminer les limites véritables du secteur. Entretemps, une question méthodologique cruciale est celle qui consiste à déterminer s’il faudra établir un échantillon statistique d’organismes bénévoles dans le secteur de la santé. Dans un tel cas, il faudrait examiner différentes approches. Par exemple, si une méthode multidimensionnelle était retenue qui serait axée sur des organismes à l’échelle nationale et provinciale et sur un 9 échantillon de villes (de taille petite, moyenne et grande), il serait alors possible de brosser un tableau multidimensionnel et de mettre au point des mesures de cet univers géographique par le biais de techniques d’extrapolation et d’autres méthodes d’estimation. Une autre approche pourrait être celle de la modélisation par composante, avec l’identification de « laboratoires naturels » comme Peterborough ou Sherbrooke – des villes dont la compacité et la généralisabilité ont permis d’entreprendre des enquêtes et des études de marketing commercial. Par ailleurs, des études de cas offriraient la possibilité d’approfondir nos connaissances des intrants, des extrants et des résultats à l’échelle des organisations et des programmes. Sur le plan de ce qu’on devrait mesurer, les éléments possibles de données à recueillir sont indiqués au tableau 1, qui donne un aperçu simplifié du cadre conceptuel initial. Il faudrait procéder à une compilation préliminaire, à une consultation sectorielle et à une évaluation par des spécialistes avant d’entreprendre toute initiative de collecte de données. De plus, il faudrait prendre en considération les questions d’éthique décrites dans notre document. Étant donné que la faisabilité de recueillir des données sur les résultats de programmes individuels et sur leur apport au domaine sociétal est limitée par rapport aux données sur les intrant et les extrants, il serait utile de considérer la possibilité d’opter pour une version plus simple de ces apports. Par exemple, on pourrait demander à des bénévoles d’une organisation de livrer leur évaluation personnelle de ce que le bénévolat a ajouté à leur existence selon leur apport par domaine d’activité (par exemple, par l’intermédiaire de levées de fonds). Enfin, sur le plan de l’élaboration d’une macro-mesure de la valeur sociale, nous recommandons que la technique de comptabilité sociale soit analysée de façon plus approfondie et qu’elle soit considérée au moment des consultations sectorielles et de l’évaluation par des spécialistes. Note 1. Selon Revenu Canada, les organismes de charité enregistrés comprennent les hôpitaux, les organismes de soins de santé autres que les hôpitaux, les organismes de bienfaisance dans le secteur de la santé, les fiducies de bienfaisance dans le secteur de la santé et les organismes dans le secteur de la santé non compris dans les catégories ci-dessus. Les organismes sans but lucratif non enregistrés dans le secteur de la santé sont des organisations classifiées comme étant connexes à la santé. 10 Références Drummond, M. F., G. Stoddard et G. W. Torrance (1987), « Methods for the Evaluation of Health Care Programmes », Oxford Medical Publications, Oxford. Forbes, Daniel P. (1998), « Measuring the Unmeasurable: Empirical Studies of Nonprofit Organization Effectiveness from 1977 to 1997 », Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly, vol. 27, no 2, juin, p. 183-202. Hirshhorn, Ronald (1997), « The Raison d’Être of Nonprofits », dans l’ouvrage publié sous la direction de Ronald Hirshhorn, The Emerging Sector: In Search of a Framework, Étude no |01 des Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques. Jenson, Jane (1998), Les contours de la cohésion sociale : l’état de la recherche au Canada, Étude no F|03 des Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques. Le groupe d’experts sur la saine gestion et la transparence dans le secteur bénévole (1999), Consolider nos acquis : pour une meilleure gestion et transparence au sein du secteur bénévole au Canada, rapport final, février. Osborne, Stephen et Mike Tricker (1996), « Researching non-profit organizational effectiveness: A comment on Herman and Heimovics », Voluntas, vol. 6, no 1, p. 85-92. Plantz, Margaret C., Martha Taylor Greenway et Michael Hendricks (1997), « Outcome Measurement: Showing Results in the Nonprofit Sector », cité en direct le 5 janvier 1999 à www.unitedway.org/outcomes. Richmond, Betty Jane (1999), « Counting on Each Other: A Social Audit Model to Assess the Impact of Nonprofit Organizations – A Summary ». Rissel, Chris, Jeanette Ward et Peter Sainsbury (1996), « An Outcomes Approach to Population Health at the Local Level in NSW: Practical Problems and Potential Solutions », Australian Health Review, vol. 19, no 2, p. 23-39. Rodriguez-Spagnolo, Rosana Georgia (1992), « A Study of Program Evaluation Capacity in Nonprofit Organizations (Michigan) », thèse de doctorat, Université du Michigan. Steering Committee, Social Accounting Framework Project (1998), Counting on Nonprofits: The Final Report of the Social Accounting Framework Project, United Way of London and Middlesex. Table ronde sur le secteur bénévole (1997), « Backgrounder: Accountability in the Voluntary Sector ». Taylor, M. E. et Russy D. Sumariwalla (1993), « Evaluating Nonprofit Effectiveness: Overcoming the Barriers », dans l’ouvrage publié sous la direction de D. R. Young, R. M. Hollister et V. A. Hodgkinson, Governing, Leading and Managing Nonprofit Organizations, JosseyBass Publishers, San Francisco. Veenstra, Gerry (1995), « Social Capital: What is it? », Centre for Health Economics and Policy Analysis, Département de sociologie, Université McMaster. 11 Webber, Henry S. (1994), compte rendu sur l’ouvrage Accounting – A Social Institution: A Unified Theory for the Measurement of the Profit and Nonprofit Sectors, de Julius Cherny, Arlene R. Gordon et Richard J. L. Herson, Quorum Books, New York, 1992, dans Social Service Review, vol. 68, 1994, p. 285-286. Zacharakis-Jutz, Jeff et Stanley Gajenayake (1994), « Participatory Evaluation’s Potential among Nonprofit Organizations », Adult Learning, juillet-août. 12 ÉLABORER UNE TYPOLOGIE DES ORGANISMES BÉNÉVOLES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ AU CANADA: QUESTIONS DE DÉFINITION ET DE CLASSIFICATION RÉSUMÉ Préparé pour le Projet sur les organismes bénévoles dans le secteur de la santé Octobre 1999 Angela R. Febbraro Michael H. Hall Marcus Parmegiani *Le document complet n’est disponible qu’en anglais Avant-propos Le rôle rempli par les organismes bénévoles est de plus en plus reconnu dans la vie canadienne. Leur apport est manifeste dans plusieurs communautés, mais il n’a pas encore été analysé de façon systématique. En 1999, le Centre canadien de philanthropie, les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques, Santé Canada et le Regroupement des organisations nationales bénévoles ont entrepris un projet commun afin de permettre aux chercheurs de commencer à analyser l’apport des organismes volontaires qui oeuvrent dans le domaine de la santé. Deux documents furent commandés pour jeter les fondements d’études empiriques plus poussées dans ce domaine. L’un de ceux-ci, Developing a Typology of the Voluntary Health Sector in Canada: Definition and Classification Issues, fut préparé dans le but de se pencher sur l’importante question de définir les types d’organismes qui devraient être inclus dans de telles études et d’élaborer un système pertinent de classification de ces organismes. L’autre document, A Discussion Paper on Outcomes and Measurement in the Voluntary Health Sector in Canada, fut préparé afin de fournir des orientations sur la façon de mesurer l’apport économique et social des organismes bénévoles dans le secteur de la santé. Il est à espérer que ces deux documents complémentaires contribueront à ouvrir la voie à d’autres travaux de recherche portant sur la valeur économique et sociale des organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada. On peut obtenir des exemplaires des deux documents et de leur résumé respectif en s’adressant à l’un ou l’autre des organismes participants. Le Comité de gestion du projet entend profiter de l’occasion pour remercier les nombreuses personnes qui ont participé à la réalisation de ces études. Des représentants de plusieurs organismes clés ont donné de leur temps en faisant part de leurs observations au moment de discussions avec les auteurs et nous les remercions de leur apport valable. Nous remercions aussi les cinq lecteurs anonymes pour leurs commentaires et suggestions utiles. Mais, en bout de ligne, les documents reflètent les vues et les opinions des auteurs et ceux-ci assument la responsabilité des erreurs et des omissions qu’ils pourraient contenir. Nous transmettons des remerciements tout spéciaux à Santé Canada pour l’appui financier apporté au projet. Membres du Comité de gestion du projet sur les organismes bénévoles dans le secteur de la santé Catherine Adam, Santé Canada Terry Albert, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Karl Benne, Santé Canada Katie Davidman, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Angela Febbraro, Centre canadien de philanthropie Michael Hall, Centre canadien de philanthropie Rhonda Hynds, Regroupement des organisations nationales bénévoles Mary Jane Lipkin, Santé Canada Graham Lowe, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Penny Marrett, Regroupement des organisations nationales bénévoles Kathryn McMullen, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques Jim O’Brien, Association canadienne du diabète Octobre 1999 Résumé L’absence d’un vocabulaire commun pour décrire le secteur bénévole sans but lucratif ainsi qu’un désaccord au sujet des dimensions précises du secteur sur lesquelles les chercheurs devraient concentrer avant tout leur attention sont des éléments qui compromettent une meilleure compréhension du rôle que les organismes bénévoles du secteur de la santé remplissent dans la société canadienne. La présente étude vise donc à faire ressortir la nécessité d’utiliser un vocabulaire plus précis lorsqu’il est question du secteur bénévole sans but lucratif et à proposer un cadre de classification préliminaire pour guider des recherches structurées portant sur le rôle joué par les organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada. L’étude se divise en deux parties principales. Premièrement, elle présente un relevé et une analyse des diverses désignations qui furent utilisées pour caractériser les organismes bénévoles sans but lucratif (par exemple, secteur sans but lucratif, à but non lucratif, bénévole, philanthropique) et elle propose une désignation et un cadre définitionnel qui pourront être utilisés dans des travaux ultérieurs. Deuxièmement, l’étude s’emploie à analyser plusieurs systèmes de classification qui furent mis au point pour les organismes du secteur bénévole sans but lucratif et elle donne un aperçu de certains principes qui pourraient être employés pour déterminer le bien-fondé d’un système de classification donné. Nous mettons en relief dans l’étude des caractéristiques organisationnelles majeures que les chercheurs doivent considérer lorsqu’ils évaluent l’apport économique et social des organismes bénévoles sans but lucratif, et nous proposons un système permettant de classifier ces organismes. En bout de ligne, ce système de classification peut être utilisé pour déterminer de quelle façon des organismes bénévoles dans le secteur de la santé, comme des organisations de bienfaisance vouées à la santé, des cliniques de soins communautaires ou des organisations locales de soins de santé, contribuent à la santé et à la vie des Canadiens. 1 Désignations et définitions Avant d’élaborer un système de classification qui permettra de faciliter une évaluation de l’apport économique et social des organismes bénévoles qui oeuvrent dans le secteur de la santé, il nous faut établir un vocabulaire commun – un système de désignations et de définitions – applicable au secteur bénévole sans but lucratif. Pour donner un aperçu de l’état actuel de la typologie, nous avons analysé plusieurs désignations utilisées pour identifier le secteur bénévole sans but lucratif. Le tableau 1 donne un aperçu de ces désignations et de leurs éléments définitionnels. Comme le tableau l’indique, certaines définitions incluent ou excluent certains types d’organismes et certaines d’entre elles trouvent leur origine dans diverses disciplines universitaires précises, comme l’économie ou la sociologie. Chacune de ces désignations possède ses points forts et ses points faibles dans le contexte de leur utilisation dans des études portant sur l’apport des organismes bénévoles du secteur de la santé au Canada. Par exemple, la désignation secteur de bienfaisance met l’accent sur l’appui que des entités comme des hôpitaux et d’autres organismes de santé peuvent recevoir sous forme de dons de charité privés, mais elle ignore le fait que de tels apports ne représentent pas nécessairement la seule ou la principale source de leurs recettes (Martin, 1985; Sharpe, 1994). La désignation secteur indépendant met l’accent sur le rôle important que de telles organisations remplissent en tant que « troisième force » à l’extérieur de l’appareil gouvernemental et du secteur privé, mais elle omet de tenir compte du fait que plusieurs de ces organismes (par exemple, les hôpitaux et d’autres organismes de santé) sont loin d’être financièrement autonomes (Salamon et Anheier, 1992). La société civile est une expression très générale qui désigne toutes les organisations appelées à remplir une fonction d’intermédiaire entre les particuliers et l’État (Holloway, 1998). On considère généralement que la désignation économie sociale s’applique au domaine de l’économie compris entre le secteur privé, le secteur à but lucratif et le secteur public (gouvernement). Toutefois, il est difficile d’attribuer une définition claire à cette désignation, surtout dans le contexte de son utilisation au Canada. Elle peut aussi porter à confusion parce qu’elle évoque un système intégré d’institutions 2 qui visent à atteindre des objectifs sociaux communs, tandis que, dans la réalité canadienne actuelle, ce secteur comprend un groupe d’organisations fortement fragmentées, qui fonctionnent dans l’« ombre » du secteur privé à but lucratif (Quarter, 1992). La désignation secteur bénévole est peut-être l’expression favorite de plusieurs personnes qui oeuvrent dans ce secteur (Klatt, 1997). Elle met l’accent sur l’apport significatif des bénévoles au niveau de la gestion ou du fonctionnement des organisations de ce secteur, bien qu’elle masque le fait que la majorité des tâches dans ce secteur sont exécutées par des employés rémunérés (Sharpe, 1994). Le secteur sans but lucratif représente une désignation légèrement différente en ce sens qu’elle insiste sur le fait que les organisations dans ce secteur n’existent pas surtout pour permettre à leurs propriétaires de réaliser des profits; mais elle omet de reconnaître que ces organisations font parfois des profits considérables (Salamon et Anheier, 1992). On a critiqué l’utilisation de l’expression sans but lucratif parce qu’elle définit le secteur d’une façon résiduelle ou négative (c’est-à-dire, en insistant sur ce qu’il n’est pas au lieu de mettre l’accent sur ce qu’il est) et qu’elle met en relief les aspects économiques du secteur au détriment de ses aspects sociaux ou de ses autres apports à caractère moins matériel (Lohmann, 1992; Salamon et Anheier, 1992; Scott, 1997). Une désignation utile pour les organismes bénévoles dans le secteur de la santé devrait tenir compte des aspects à caractère social et connexe à la santé de leurs interventions en plus des aspects purement économiques. Il serait hautement souhaitable que l’expression ait une portée assez vaste pour comprendre la diversité des organismes qui participent à des activités de promotion de la santé, sans toutefois être trop vaste pour la vider de son sens ou la rendre inutilisable. De plus, la désignation idéale devrait avoir un caractère positif, en ce sens qu’elle devrait permettre de définir le secteur en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il apporte à la vie des Canadiens, et non pas en fonction de ce qu’il n’est pas. Enfin, la désignation devrait être acceptable aux membres qui font partie du secteur. Compte tenu de ces considérations, il y a lieu de croire qu’une désignation utile pour les organismes bénévoles du secteur de la santé au Canada en est une qui combine les termes 3 Tableau 1 – Désignations et principaux éléments définitionnels Désignations Secteur sans but lucratif Origine Économie Société civile --- À but non lucratif Économie/ Comptabilité/ Droit Économie sociale --Les communes Sociologie Secteur bénévole Sociologie Tiers secteur et secteur indépendant Science politique Secteur non gouvernemental Comprend Segment de l’ordre social non axé sur le marché, l’État ou le ménage; organisations bénévoles traditionnelles, hôpitaux, universités, organisations religieuses, associations économiques et commerciales. Exclut Peut exclure les organismes de secours mutuel (par exemple, caisses populaires, clubs sportifs, syndicats, associations professionnelles et regroupements de gens d’affaires). Organisations qui servent d’intermédiaire entre les particuliers et l’État, qui ne font pas partie du processus électoral mais qui permettent aux citoyens de participer au développement d’une démocratie; peuvent comprendre des organisations au service de leurs membres (par exemple, coopératives, organismes religieux, associations professionnelles) et d’autres types d’organisations (par exemple, des organismes nongouvernementaux). Organisations de secours mutuel et d’intérêt public; organisations assujetties à une contrainte de non-répartition. Coopératives, organismes sans but lucratif de service public, organisations mutuelles sans but lucratif au service de membres. Organisations qui participent directement au processus d’élection/de scrutin; organismes publics. À l’extérieur du foyer et hors du milieu familial; sans liens avec des États politiques et des marchés économiques. Clubs, associations et groupes caractérisés en grande partie ou exclusivement par une appartenance non coercitive ou une participation libre et sans contraintes; organisations indépendantes du gouvernement et sans but lucratif. Peut comprendre des organismes du secteur parapublic (par exemple, hôpitaux et universités). Organisations à l’extérieur de l’appareil structuré de l’État politique. Syndicats ouvriers, associations professionnelles et associations de gens d’affaires. Organisations à régie non autonome; celles dont les activités ont un caractère purement commercial; celles dont la gestion repose sur des modèles non démocratiques. Organisations à vocation non philanthropique et non associées à des œuvres de charité. Toutes les institutions du secteur parapublic (par exemple, hôpitaux et universités). Organismes des secteurs public et privé. Organisations gouvernementales. --Secteur des sociétés de bienfaisance et secteur philanthropique Droit et philanthropie Comprend généralement des organisations qui, par des interventions privées, recherchent le bien public; organisations vouées au bien-être d’autrui et organismes de charité légalement enregistrés et fondations de bienfaisance (c’est-à-dire, celles qui oeuvrent dans le domaine de la santé, la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’enseignement, l’avancement des valeurs religieuses ou d’autres activités bénéfiques à l’ensemble de la collectivité). Organismes de charité non enregistrés. 4 bénévole et sans but lucratif. Dans le contexte de cette désignation intégrée, l’élément bénévole dépeint le secteur sous un jour positif ou actif, tandis que l’élément sans but lucratif permet de dissocier le secteur de tout ce qui a trait au marché et à l’État. Cette désignation permet aussi d’éviter de faire des hypothèses non réalistes en ce qui concerne la nature de la participation des travailleurs aux activités de ce secteur (c’est-à-dire que toutes les tâches ont un caractère bénévole). Élaboration d’un système de classification Le survol présenté ci-dessus des désignations et des définitions indique qu’un éventail de distinctions peuvent être faites en ce qui concerne les organismes bénévoles sans but lucratif. Il est peut-être nécessaire de tenir compte de certaines de ces distinctions dans un système de classification mis au point pour le secteur bénévole sans but lucratif, y compris les organismes bénévoles du secteur de la santé. Dans les prochaines sections, nous passons en revue les systèmes de classification existants et nous recommandons un cadre de classification préliminaire qui pourra être utilisé dans des travaux de recherche futurs portant sur l’apport économique et social des organismes bénévoles qui oeuvrent dans le secteur de la santé. Les termes typologie, taxonomie, classification et catégorisation sont tous utilisés pour décrire des approches visant à répartir des objets dans des groupes en se fondant sur des similitudes ou des divergences par rapport à un certain ensemble de caractéristiques prédéterminées. Une classification a pour but de faire ressortir la structure et les relations des objets entre eux et par rapport à d’autres objets et de simplifier ces relations pour nous permettre de faire des énoncés généraux concernant les groupes d’objets (McKelvey, 1982; Sokal, 1974). Dans le cadre de leur analyse des systèmes de classification du secteur sans but lucratif, Salamon et Anheier (1992, 1997) présentent cinq critères pour évaluer les systèmes de classification. Il s’agit des suivants : 5 1. Économie – Un système de classification efficace doit répartir le grand nombre d’entités dans le secteur bénévole en un nombre raisonnable de regroupements, en utilisant un nombre restreint de critères de répartition. 2. Signification – Le système doit permettre d’établir des regroupements en fonction de différences significatives et valables concernant les entités à l’étude. En d’autres termes, les caractéristiques distinctives utilisées pour répartir des milliers d’organismes du secteur bénévole devraient permettre de créer des groupes relativement homogènes. 3. Rigueur – Le système devrait être rigoureux et fiable. Les critères devraient aussi être suffisamment clairs et fondés sur des renseignements facilement accessibles pour que différentes personnes puissent regrouper les mêmes organismes de la même façon. 4. Richesse combinatoire – Le système devrait offrir une diversité interne suffisante pour faire ressortir les relations, les comparaisons et les contrastes intéressants. Les critères devraient être évalués à la lumière des besoins de l’économie. 5. Capacité organisationnelle – Le système devrait offrir une flexibilité suffisante pour s’adapter à des conditions différentes de celles qui existaient au moment de son élaboration. (Il s’agit d’un aspect particulièrement important pour des travaux à l’échelle internationale.) Systèmes de classification existants Il est utile d’examiner les systèmes de classification existants afin de déterminer s’ils sont applicables à la recherche portant sur les organismes canadiens du secteur bénévole qui oeuvrent dans le domaine de la santé ou s’ils offrent au moins un point de départ pour orienter les efforts déployés dans ce domaine. Le tableau 2 donne un aperçu des principales caractéristiques des systèmes de classification existants et de leurs dimensions organisationnelles. 6 Tableau 2 – Systèmes de classification SYSTÈME DE CLASSIFICATION Classification internationale type des industries (CITI) UNITÉ D’ANALYSE Entreprise DIMENSIONS ORGANISATIONNELLES Le caractère des biens et des services produits (par exemple, services de santé) L’utilisation qu’on fait des biens et services (par exemple, services de santé personnels). ORIGINE/ UTILISATION CRITÈRES DE CLASSIFICATION DANS LE GROUPE DES ORGANISMES BÉNÉVOLES SANS BUT LUCRATIF Conçue par les NU pour des comparaisons économiques/industrielles à l’échelle internationale. Un maximum de 50 pour cent du financement de l’organisation peut provenir soit du gouvernement ou d’initiatives génératrices de recettes (activités commerciales ou des membres). Les facteurs, le processus et la technologie de production (activité principale, par exemple, recherche). Système nord-américain de classification des industries (SNACI) Établissement Les facteurs, le processus et la technologie de production (activité principale, par exemple, recherche). Conçu par les gouvernements canadien, américain et mexicain en vue de fournir des données industrielles et économiques à l’échelle nord-américaine. Un maximum de 50 pour cent du financement de l’organisation peut provenir soit du gouvernement ou d’initiatives génératrices de recettes (activités commerciales ou des membres). Taxonomie nationale des entités exemptées (TNEE) Organisation Le champ économique – domaine/secteur (par exemple, santé). Conçue par le centre national de données sur les organismes de charité aux États-Unis pour offrir un moyen de structurer les données du IRS sur les organismes exempts d’impôt. Seuls les organismes qui sont considérés comme des entités exemptes d’impôt par le IRS aux États-Unis. Mises au point à des fins de perception fiscale et de renseignements au Canada. Seuls les organismes qui sont classifiés officiellement comme étant des organismes de charité enregistrés en vertu du droit fiscal canadien. La démarche ou l’activité dans laquelle l’organisation est engagée (par exemple, recherche). Classifications canadiennes des organismes de charité/ Revenu Canada Organisation Désignation légale (organisme de charité, fondation de bienfaisance, organisme sans but lucratif). Secteur/domaine, (par exemple, santé, éducation). 7 SYSTÈME DE CLASSIFICATION UNITÉ D’ANALYSE DIMENSIONS ORGANISATIONNELLES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DANS LE GROUPE DES ORGANISMES BÉNÉVOLES SANS BUT LUCRATIF ORIGINE/ UTILISATION Objectif ou but principal (par exemple, éducation, santé). Classifications tirées des catégories de Revenu Canada : Sharpe (1994) et Hall et Macpherson (1995) Organisation Désignation officielle (organisme de charité, fondation de bienfaisance, organisme sans but lucratif). Mises au point pour aider les chercheurs à analyser le secteur des organismes de bienfaisance. Seuls les organismes qui sont officiellement classifiés comme des organismes de charité en vertu du droit fiscal canadien. Mise au point pour faciliter des comparaisons internationales des secteurs sans but lucratif. La CIOSBL emploie cinq critères pour inclure des organismes dans le secteur bénévole sans but lucratif : Secteur/domaine (par exemple, santé, éducation). But ou objectif principal (par exemple, éducation, services de santé). Classification internationale des organismes sans but lucratif (CIOSBL) Établissement Activité économique principale (par exemple, culture et loisir, éducation et recherche, santé). 1. Structuré – L’organisme doit être institutionnalisé dans une certaine mesure. 2. Privé – L’organisme doit être institutionnellement distinct du gouvernement. 3. Aucune répartition de bénéfices – L’organisme ne doit remettre aucun bénéfice réalisé aux propriétaires ou aux administrateurs. 4. Autogéré – L’organisme doit être en mesure de contrôler ses propres activités; en d’autres termes, il ne doit pas être régi d’une façon tellement étroite par le gouvernement ou l’entreprise privée que le fonctionnement de l’organisme pourrait être considéré comme faisant partie de celui de ces institutions. 5. Bénévole – La participation de bénévoles doit jouer un rôle significatif au sein de l’organisme, que ce soit au niveau du déroulement de ses activités (participation de bénévoles aux programmes) ou sur le plan de la 8 SYSTÈME DE CLASSIFICATION UNITÉ D’ANALYSE DIMENSIONS ORGANISATIONNELLES ORIGINE/ UTILISATION CRITÈRES DE CLASSIFICATION DANS LE GROUPE DES ORGANISMES BÉNÉVOLES SANS BUT LUCRATIF gestion de ses affaires (membres bénévoles au sein du conseil d’administration). Classification proposée dans l’étude de DRHC Organisation Domaine d’activité (par exemple, santé, éducation, recherche). Mode organisationnel (par exemple, fonction publique, entité au service de ses membres, coopérative). Mise au point pour aider à analyser les problèmes de ressources humaines dans le secteur bénévole sans but lucratif (tiré de la CIOSBL). Semblables à ceux de la CIOSBL, mais avec modifications proposées afin d’ajouter d’autres dimensions au système de classification et d’introduire une certaine flexibilité dans le système canadien. En ce qui concerne la ligne de démarcation avec le secteur public, on propose de permettre aux chercheurs d’inclure ou d’exclure les hôpitaux et les universités, selon les besoins de l’analyse. En ce qui concerne la ligne de démarcation avec le secteur privé, on propose qu’il serait plus utile de remplacer la contrainte de non-répartition de bénéfices par un critère de non-maximisation des bénéfices. Cette approche permettrait d’inclure les coopératives et les caisses populaires, qui ont joué un rôle important dans le développement du secteur sans but lucratif au Canada (voir Davidman, Betcherman, Hall, et White, 1998). Mise au point afin de classifier les organismes mentionnés dans une enquête nationale réalisée au Canada sur le comportement des donateurs, les activités bénévoles et la participation civique. Semblables à ceux de la CIOSBL, mais avec modifications proposées afin d’ajouter d’autres dimensions au système de classification et d’introduire une certaine flexibilité dans le système canadien. En ce qui concerne la ligne de démarcation avec le secteur public, on propose de permettre aux chercheurs d’inclure ou d’exclure les hôpitaux et les universités, selon les besoins de l’analyse. En ce qui concerne la ligne de démarcation avec le secteur privé, on propose qu’il serait plus utile de remplacer la contrainte de non-répartition de bénéfices par un critère de non-maximisation des bénéfices. Cette approche permettrait d’inclure les coopératives et les caisses Type d’activité (droits sociaux et réglementation, liens dans la communauté, services juridiques). Statut juridique (par exemple, organisme de charité enregistré, fondation privée, organisme sans but lucratif). Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation (ENDNP) Organisation Activité principale (par exemple, santé, éducation et recherche). 9 SYSTÈME DE CLASSIFICATION UNITÉ D’ANALYSE DIMENSIONS ORGANISATIONNELLES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DANS LE GROUPE DES ORGANISMES BÉNÉVOLES SANS BUT LUCRATIF ORIGINE/ UTILISATION populaires, qui ont joué un rôle important dans le développement du secteur sans but lucratif au Canada (voir Davidman, Betcherman, Hall, et White, 1998). Système de classification de la commission des organismes de charité du Royaume-Uni Organisation Les bénéficiaires et les groupes de clients (par exemple, particuliers, institutions, environnement). Mis au point par la commission des organismes de charité afin de : Les organismes définis comme faisant partie de la catégorie générale des organismes de charité doivent satisfaire à quatre critères : a) fournir aux décideurs, chercheurs, praticiens et autres commentateurs un tableau économique permettant d’identifier le secteur bénévole du R.-U. 1. b) fournir, sur une base annuelle, les données les plus à jour et les plus fiables sur le secteur bénévole. Gestion autonome – Des organismes qui ne sont pas rattachés à l’appareil gouvernemental ou à des entreprises privées, en excluant : (a) des organismes de charité enregistrés qui sont des organes publics non rattachés à un ministère ou des organismes paragouvernementaux (par exemple, les musées britanniques); et (b) des institutions financières qui font partie du secteur des entreprises dans le système des comptes nationaux (par exemple, le Charities Official Investment Fund ou COIF). 2. Aucune répartition de bénéfices – Des organismes qui ne distribuent pas de bénéfices aux actionnaires, sauf les coopératives. 3. Des objectifs qui mettent en cause un bien public à plus vaste portée. Des organismes qui assurent la prestation d’un bien public dont la portée s’étend audelà des membres. Sont exclus : (a) les sociétés fraternelles et les sociétés d’épargne immobilière; (b) les associations de locataires; (c) les clubs sociaux et de sport; (d) les écoles indépendantes; et (e) les syndicats. 4. Des organes religieux non sacramentaux ou des lieux de culte – Des organismes qui sont avant tout des organismes religieux sacramentaux et des lieux de culte sont exclus de la définition d’organismes de charités généraux. La fonction de l’organisme/le mode de fonctionnement (par exemple, finances/ressources, revendication, information et recherche). Le secteur industriel/champ (domaine) de fonctionnement (éducation et formation, santé). Tenter de corriger les lacunes de la CITI, de la CIOSBL et de la TNEE. 10 Même si on a proposé d’utiliser une diversité de dimensions organisationnelles, notre analyse des systèmes de classification existants indique que la plupart font appel à une seule dimension économique organisationnelle qui met l’accent sur l’activité principale d’une organisation. De tels systèmes peuvent être utiles pour comprendre les apports économiques mais ils peuvent restreindre notre aptitude à comprendre les organisations sous l’angle de leur apport social à portée plus vaste ou connexe à la santé. Un système de classification proposé La première tâche dans un processus d’élaboration d’un système de classification consiste à définir précisément les types d’organisations que l’on entend classifier. Nous recommandons aux chercheurs d’employer la définition opérationnelle utilisée aux fins de la classification internationale des organismes sans but lucratif (CIOSBL) (Salamon et Anheier, 1997). Selon la CIOBSL, les organismes bénévoles sans but lucratif possèdent les caractéristiques suivantes : (1) ils sont structurés (c’est-à-dire, institutionnalisés dans une certaine mesure mais pas nécessairement constitués officiellement en société); (2) il s’agit d’organismes privés (c’est-à-dire, institutionnellement distincts de l’appareil gouvernemental; (3) ils sont autogérés (c’est-à-dire en mesure de contrôler leurs propres activités); (4) ils ne procèdent pas à une répartition de bénéfices (c’est-à-dire qu’ils ne remettent pas les bénéfices réalisés à leurs propriétaires ou à leurs administrateurs); et (5) ils ont un caractère bénévole (c’est-à-dire qu’ils s’appuient sur une certaine participation de bénévoles, soit pour la conduite des activités de l’organisme ou au niveau de sa gestion). Par conséquent, le secteur bénévole sans but lucratif dans son ensemble peut comprendre des organisations aussi diversifiées que des universités, des orchestres, des centres de jour, des hôpitaux, des compagnies mutuelles d’assurance, des syndicats, des organismes religieux, des partis politiques, des groupes d’entraide et des soupes populaires pour les sans-abri. Après avoir défini le monde plus vaste des organismes bénévoles sans but lucratif, il faut maintenant considérer ce qu’on entend par organismes bénévoles sans but lucratif dans le 11 secteur de la santé. La santé peut-être définie dans un sens très large et de nombreux types d’organismes bénévoles peuvent participer indirectement à des activités de promotion de la santé, mais nous recommandons que l’analyse initiale de l’apport des organismes bénévoles dans le secteur de la santé se limite aux organisations qui sont mêlées directement à la prestation de services de santé ou qui ont un impact immédiat ou à court terme sur la santé (par exemple, des cliniques locales de service communautaire). Cette approche respecte les critères de la CIOSBL, en vertu de laquelle les organismes de santé sont définis comme étant ceux qui participent directement à des activités connexes à la santé, à la prestation de soins de santé, qu’il s’agisse de services généraux ou spécialisés, à la gestion des services de soins de santé et à des services de soutien dans le domaine de la santé (Salamon et Anheier, 1992). La CIOBSL permet de regrouper les organismes de santé en quatre catégories : (1) les hôpitaux et les centres de réadaptation; (2) les maisons de soins infirmiers; (3) les centres de santé mentale et d’intervention d’urgence; et (4) d’autres centres de soins de santé (c’est-à-dire, des centres de santé publique et d’éducation au mieux-être, des cliniques de consultations externes, des services médicaux de réhabilitation et des services médicaux d’urgence). Le cadre mis au point pour la CIOBSL a déjà été utilisé avec succès dans le contexte de l’Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation (ENDBP). Il représente donc un point de départ utile pour une étude des organismes bénévoles dans le secteur de la santé au Canada. Choisir les dimensions des classifications Plusieurs principes peuvent être utilisés pour guider les décisions relatives aux dimensions pertinentes qu’il convient de retenir pour un système de classification : (a) le système devrait être suffisamment général pour qu’il puisse être appliqué à tout un éventail d’objectifs; (b) le système devrait comporter des liens avec les systèmes de classification actuellement utilisés; (c) le système devrait permettre de structurer les renseignements pour qu’ils soient pertinents dans le contexte de l’élaboration de politiques; et (d) le système devrait privilégier des dimensions dont l’utilité a pu être prouvée dans d’autres contextes. 12 En se fondant sur les critères énoncés ci-dessus, nous concluons que le système de classification le plus utile pour les organismes bénévoles sans but lucratif du secteur de la santé au Canada est un système qui intègre les critères de la Classification internationale des organismes sans but lucratif (CIOSBL) et ceux du Système de classification de la commission des organismes de charité du Royaume-Uni (voir le tableau 2). La CIOBSL tient compte de la structure de l’économie et elle permet de parvenir à un juste équilibre en tenant compte de la nécessité de capter la diversité des activités bénévoles à but non lucratif sans créer un nombre de catégories trop élevé. Même si la CIOSBL n’utilise qu’un seul principe de structuration (domaine d’activité économique), la définition d’organisme sans but lucratif utilisée dans cette classification a une portée suffisamment vaste pour lui donner une possibilité d’application étendue dans une démarche visant à mieux comprendre l’apport des organismes bénévoles sans but lucratif dans le secteur de la santé (par exemple, des organismes locaux de services de santé ou des organismes d’entraide), tout en étant assez précise pour exclure des organismes (par exemple, des hôpitaux) qui sont contrôlés d’une façon tellement étroite par le gouvernement qu’ils ne peuvent pas être considérés comme étant autogérés. Le système de classification de la commission des organismes de charité du RoyaumeUni, mis au point par le Conseil national des organismes bénévoles du Royaume-Uni (NCVO), possède plusieurs avantages par rapport à d’autres systèmes de classification. Son avantage le plus marqué est lié à l’utilisation d’un système de classification multidimensionnelle dont les catégories retenues ont vraisemblablement une certaine pertinence pour évaluer les valeurs à l’intérieur du système de santé. Par exemple, non seulement une compréhension du domaine d’activité économique (par exemple, santé par rapport à services sociaux) mais aussi une connaissance des bénéficiaires de ces services et du rôle de l’organisation sont des éléments qui contribueraient à faciliter l’élaboration de politiques dans les domaines de la prestation de services. Nous proposons donc qu’une classification des organismes bénévoles sans but lucratif dans le secteur de la santé comprenne les deux dimensions suivantes : (1) les groupes de bénéficiaires ou de clients – particuliers (par exemple, personnes âgées, enfants), les institutions (par exemple, 13 hôpitaux) ou l’environnement (par exemple, conservation, patrimoine); et (2) les fonctions ou les modes de fonctionnement – financement, ressourcement (par exemple, versement de subventions, levée de fonds), bâtiments ou installations (par exemple, complexes domiciliaires ou de loisir), prestation de services (par exemple, formation, soins de santé), revendication, information et recherche (par exemple, organisation de campagnes, conseils), et représentation (par exemple, groupes de coordination, associations professionnelles). Nous recommandons aussi que le système de classification tienne compte de deux caractéristiques majeures des organismes qui auront vraisemblablement un effet sur leur fonctionnement : (1) leur statut juridique (par exemple, organismes de charité enregistrés ou non enregistrés); et (2) la taille de l’organisme (mesurée en fonction de ses recettes). Nous proposons donc l’utilisation d’un système de classification des organismes bénévoles sans but lucratif qui comprend les cinq dimensions organisationnelles suivantes : (a) principal domaine d’activité en utilisant les catégories de la CIOSBL; (b) bénéficiaires des services, en utilisant les catégories de la commission des organismes de charité du Royaume-Uni (particuliers, institutions, environnement); (c) fonction de l’organisme, en utilisant les catégories de la commission des organismes de charité du Royaume-Uni (financement, ressourcement; utilisation de bâtiments ou d’installations; prestation de services; revendication, information et recherche; représentation). (d) statut juridique (organisme de charité non enregistré, association locale, organisme constitué en société à but non lucratif, organisme de charité enregistré); et (e) importance des recettes (faible, moyenne, élevée). De plus, notre examen des systèmes de classification existants, ainsi que de leurs points forts et de leurs points faibles, nous incite à conclure qu’une classification initiale des 14 organismes bénévoles à but non lucratif qui oeuvrent dans le domaine de la santé devrait avoir un caractère non hiérarchique et que les catégories devraient être traitées comme si elles se chevauchaient au lieu d’être de nature discrète. Il est important d’insister sur le caractère préliminaire du système de classification que nous proposons. Il est de nature théorique et il faudra le soumettre à des tests empiriques afin de déterminer sa validité, son utilité pratique, son applicabilité et sa pertinence en matière de politiques. Un aspect majeur sera notamment son utilité dans des études empiriques axées sur l’apport et la valeur des organismes bénévoles et à but non lucratif qui œuvrent dans le secteur de la santé. De façon plus générale, il faudra que l’identificateur, la définition ou le système de classification proposé soit soumis et résiste avec succès à l’application de critères additionnels, comme les réactions recueillies à la suite de consultations avec les membres d’ organismes bénévoles et à but non lucratif dans le secteur de la santé, d’ enquêtes et d’ études de cas, afin de maximiser son utilité pour ces organismes au Canada. 15 Références Davidman, K., G. Betcherman, M. H. Hall et D. White (1998), « Work in the nonprofit sector: The knowledge gap », The Philanthropist, vol. 14, no 3, p. 34-48. Hall, M. H. et L. G. Macpherson (1995), « The structure of the charitable sector: A provincial perspective », Research Bulletin, vol. 2, no 3, Centre canadien de philanthropie. Hems, L. et A. Passey (1996), The UK voluntary sector statistical almanac 1996, NCVO Publications, Londres. Holloway, R. 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