Le collectif prime-t-il sur l`individu

Transcription

Le collectif prime-t-il sur l`individu
Café philo
www.alderan-philo.org
Association Aldéran
Le collectif prime-t-il sur lʼindividu ?
Supports de réflexion
***
L’État, raison d’être de l’individu
C’est seulement dans l’Etat que l’homme a une existence rationnelle. Ce que toute éducation a en vue, c’est
que l’individu ne demeure pas un être subjectif, mais qu’il se donne une objectivité dans l’Etat. Un individu
peut bien faire de L’Etat un moyen lui permettant d’atteindre ceci ou cela. Mais le vrai, c’est que chacun
veuille la Chose elle-même et qu’ill se soit défait de ce qui est inessentiel. Tout ce que l’homme est, il le doit à
l’Etat; c’est seulement en celui-ci qu’il a son essence. Toute valeur que l’homme possède, toute effectivité
spirituelle, il ne les a que par l’Etat. Car son effectivité spirituelle, c’est qu’à lui-même en tant qu’être doué de
savoir, son essence, le rationnel se donnent à titre d’objet, c’est qu’ils aient pour lui une existence objective,
immédiate; c’est seulement ainsi qu’il est conscience, seulement ainsi qu’il est au sein de la coutume éthique,
de la vie juridique et éthique de l’Etat. Car le vrai est l’unité de la volonté universelle et de la volonté
subjective, et l’universel réside, à l’intérieur de l’Etat, dans les lois, dans des déterminations universelles et
rationnelles.
Hegel,
La raison dans l’histoire
***
L’Homme n’existe pas, il n’existe que des hommes, des individus humains
L'espèce n'est rien, et l'individu qui franchit les bornes de son individualité n'en est justement que plus luimême, plus individuel. Il n'est lui, il n'est individu que pour autant qu'il s'élève, qu'il franchisse, qu'il ne reste
pas ce qu'il est; sinon il est fini, mort. L'homme n'est qu'un idéal, et l'espèce n'est qu'une pensée. Être un
homme ne signifie pas représenter l'idéal de l'Homme, mais être soi, l'individu.
Max Stirner (1806 - 1856)
L'unique et sa propriété
***
Association Aldéran - 29, rue de la Digue, 31300 Toulouse
Tél. : 05 61 42 14 40 - Email : [email protected]
www.alderan-philo.org Page 1
Penser l’homme demande de penser l’individu humain
Dès lors que nous voulons déterminer la fin de l'homme, nous posons d'abord un concept de l'homme. Or il
n'existe que des individus... Chaque individu ne devrait-il pas être une tentative pour parvenir à une espèce
supérieure à l'homme, à l'aide de ses traits les plus individuels. Ma morale consisterait à dépouiller l'homme
toujours davantage de son caractère général et à le spécialiser, à le rendre jusqu'à un certain point
incompréhensible aux autres.
Friedrich Nietzsche (1844 - 1900)
Ainsi parlait Zarathoustra
***
L’individu, fondement de la société
La raison dit d'abord que la réalité humaine, c'est l'individu. C'est l'être humain, avec ses défauts et ses qualités
ses aspirations et ses besoins. C'est chacun de nous : c'est la vie. La vérité sociale palpite et respire.
On fait preuve d'ignorance et, œuvre d'utopie quand on méconnaît socialement cette seule source de la vérité
vivante, c'est-à-dire quand on préconise un principe qui va à l'encontre d'une tendance fondamentale ou d'un
intérêt profond de la nature humaine. Tout l'organisation collective des hommes doit se ramener à l'homme, se
vivifier de la vie individuelle, et dans la plus grande mesure possible, respecter l'autonomie individuelle. Telle
est la première croyance rationnelle.
Henri Barbusse (1873-1935)
ch. Le premier terme : l’individu , in “La lueur dans l'abîme”
***
Individualisme ou personnalisme ?
Une opposition classique entre personnalisme et individualisme est celle du conservatisme (lié à la
personnalité) opposé aux forces de changement, de progrès et d'innovation (liées à l’individu)
C’est en surmontant cette perpétuelle contradiction entre la nécessité d’une transformation permanente,
réclamée par la loi même de notre être, et le désir de garder cette “forme” d’adaptation acquise laborieusement
et prometteuse de vie-sans-frictions, que l’être humain deviendra vraiment un individu.
Karlfried Graf Dürckheim
***
Une des multiples expressions du personnalisme : l’anthropocentrisme.
DES ÉTOILES ET DES HOMMES
Parmi les Milliards de Galaxies de l'Univers,
il est une Galaxie Spirale quelconque,
A la périphérie de cette Galaxie est un petit Soleil Jaune,
parmi des centaines de milliards d'autres Étoiles,
Au coeur des Planètes de ce Système Solaire
est une minuscule Planète Bleue de rien du tout,
Association Aldéran - 29, rue de la Digue, 31300 Toulouse
Tél. : 05 61 42 14 40 - Email : [email protected]
www.alderan-philo.org Page 2
A la surface de cette Planète,
vivent des milliards et des milliards d'Êtres Vivants
depuis plusieurs milliards d'années,
Parmi eux, quelques milliards de l'Espèce dite "Humaine",
apparue voilà quelques dizaines de milliers d'années,
Et au milieu de ces milliards d'êtres humains, il en est un,
apparu voici quelque dizaines d'années, Vous,
Qui croît être la mesure de toute chose,
Qui rêve d'être le centre du monde.
William Ruthenford
***
Les mécanismes de destruction de l’individualité sont des mécanismes de déshumanisation
Et je regagnai mon wagon. Je me disais : ces gens ne souffrent guère de leur sort. Et ce n'est point la charité ici
qui me tourmente. Il ne s'agit point de s'attendrir sur une plaie éternellement rouverte. Ceux qui la portent ne
la sentent pas. C'est quelque chose comme l'espèce humaine et non l'individu qui est blessé ici, qui est lésé. Je
ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente, c'est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente ce n'est
point cette misère, dans laquelle, après tout, on s'installe aussi bien que dans la paresse. Des générations
d'Orientaux vivent dans la crasse et s'y plaisent. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent
point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C'est un peu, dans chacun
de ces hommes, Mozart assassiné.
Seul l'Esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'Homme.
Saint-Exupéry (1900-1944)
Dernier chapitre de Terre des hommes, 1939
***
La nécessité de la défense de l’individualité
Je ne sais pas ce que nous réservent les années à venir. De monstrueux changements se préparent, des forces
dessinent un futur dont nous ne connaissons pas le visage. Certaines d'entre elles nous semblent dangereuses
parce qu'elles tendent à éliminer ce que nous tenons pour bon. Il est vrai que deux hommes réunis soulèvent
un poids plus aisément qu'un homme seul. Une équipe peut fabriquer des automobiles plus rapidement et
mieux qu'un homme seul. Et le pain qui sort d'une fabrique est moins cher et de qualité plus uniforme que
celui de l'artisan. Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la
production standardisée, ce sera le tour de notre pensée. Toute idée non conforme au gabarit devra être
éliminée. La production collective ou de masse est entrée dans notre vie économique, politique et même
religieuse, à tel point que certaines nations ont substitué l'idée de collectivité à celle de Dieu. Il est trop tôt. Là
est le danger. La tension est grande. Le monde va vers son point de rupture. Les hommes sont inquiets.
Aussi, il me semble naturel de me poser ces questions: En quoi crois-je ? Pour quoi dois-je me battre ? Et
contre quoi dois-je me battre?
Notre espèce est la seule créatrice et elle ne dispose que d'une seule faculté créatrice : l'esprit individuel de
l'homme. Deux hommes n'ont jamais rien créé. Il n'existe pas de collaboration efficace en musique, en poésie,
en mathématiques, en philosophie. C'est seulement après qu'ait eu lieu le miracle de la création que le groupe
peut l'exploiter. Le groupe n'invente jamais rien. Le bien le plus précieux est le cerveau isolé de l'homme.
Association Aldéran - 29, rue de la Digue, 31300 Toulouse
Tél. : 05 61 42 14 40 - Email : [email protected]
www.alderan-philo.org Page 3
Or, aujourd'hui, le concept du groupe entouré de ses gendarmes entame une guerre d'extermination contre ce
bien précieux : le cerveau de l'homme. En le méprisant, en l'affamant, en le réprimant, en le canalisant, en
l'écrasant sous les coups de marteau de la vie moderne, on traque, on condamne, on émousse, on drogue
l'esprit libre et vagabond. Il semble que notre espèce ait choisi le triste chemin du suicide.
Voici ce que je crois : l'esprit libre et curieux de l'homme est ce qui a le plus de prix au monde. Et voici pour
quoi je me battrai: la liberté pour l'esprit de prendre quelque direction qui lui plaise. Et voici contre quoi je
me battrai : toute idée, religion ou gouvernement qui limite ou détruit la notion d'individualité. Tel je suis, telle
est ma position. Je comprends pourquoi un système conçu dans un gabarit et pour le respect du gabarit se doit
d'éliminer la liberté de l'esprit, car c'est elle seule qui, par l'analyse, peut détruire le système. Oui, je
comprends cela et je le hais, et je me battrai pour préserver la seule chose qui nous mette au-dessus des bêtes
qui ne créent pas. Si la grâce ne peut plus embraser l'homme, nous sommes perdus.
John Steinbeck (1902 - 1968)
A l'est d'Eden
Pour approfondir ce sujet
***
- L'individualisme est un humanisme, François de Singly, Éditions de L'aube, 2005
- La fin de l’homme, Francis Fukuyama, La Table Ronde, 2002
- L'Individualisme, Pierre Hayat, Éditions Quintette, 1998
- Les grands courants de l'individualisme, Gisèle Souchon, Armand Colin, 1998
- De l'individualisme révolutionnaire, Alain Jouffroy, Gallimard, 1997
- Magazine littéraire, N°264 avril 1989 : dossier spécial : l’individualisme, le grand retour
- Écrits sur le personnalisme, Emmanuel Mounier (1961), Seuil, 2000
- L’Homme révolté, Albert Camus (1951), Éditions Gallimard, 1988
- L’Être et le néant, essai d’ontologie phénoménologique, Jean-Paul Sartre (1943), Gallimard, 1981
- Dialectique du moi et de l’inconscient, Carl Gustav Jung, Gallimard folio essais, 1991
- Propos sur le bonheur, Alain (1928), Folio essais, 1987
- Babbit, Sinclair Lewis (1922), Stock, 1969
- Martin Eden,Jack London (1908) , 10-18, 1973
- Le loup des mers, Jack London (1904), Hachette
- Humain, trop humain, Friedrich Nietzsche (1878), idées / Gallimard, 1981
- Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (1885), Gallimard, 1975
- L'unique et sa propriété, Max Stirner (1845), Table Ronde, 2000
- Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau, Gallimard, 1990
Association Aldéran - 29, rue de la Digue, 31300 Toulouse
Tél. : 05 61 42 14 40 - Email : [email protected]
www.alderan-philo.org Page 4

Documents pareils