Jaume Cabré (prononcez Djaumeu Cabrrrrrré !) est un auteur

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Jaume Cabré (prononcez Djaumeu Cabrrrrrré !) est un auteur
Jaume Cabré (prononcez Djaumeu Cabrrrrrré !) est un auteur espagnol, qui vit à côté de Barcelone et
écrit en catalan. Son dernier livre est un coup de cœur des libraires : la librairie Lucioles à Vienne lui a
consacré une vitrine entière ! « Confiteor » est son 4ème roman, qu’il a mis huit ans à écrire : c’est
long, mais quand on a lu son ouvrage, on comprend qu’il ait fallu autant de temps pour rédiger un tel
monument.
« Confiteor », ce sont les premiers mots de la prière « Confiteor deo omnipotenti », en latin « je
confesse à dieu tout puissant … que j’ai pêché… ». Le héros, Adrià Ardevol, commence le roman en
disant « J’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable » Adria est né
à Barcelone dans les années noires du franquisme dans une famille qui a fait fortune dans le
commerce des antiquités ; il se sent coupable toute sa vie de la mort violente de son père. Atteint de
la maladie d’Alzheimer, il rédige dans sa vieillesse une longue lettre à Sara, la femme qui fut l’amour
de sa vie : il va évoquer les lourds secrets qui accompagnent l’histoire de sa famille. Le récit va être
articulé autour de 3 objets d’une haute valeur symbolique : un violon fabriqué en 1754 à Crémone
par le célèbre luthier Storioni, une médaille et un morceau de tissu à carreaux. Le récit va nous
entraîner dans un enchevêtrement de personnages, de lieux et d’époques.
Voici donc un résumé bien succinct pour une œuvre aussi riche : ce qui ne peut être rendu, c’est
l’incroyable souffle romanesque qui vous emporte à la lecture. Le style est au début déstabilisant
pour le lecteur : l’auteur passe d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre, de la 1ère à la 3ème
personne au milieu même d’une phrase : mais on s’habitue vite à ce récit composé comme une
pièce de musique : les voix s’enchaînent comme les différents instruments le font au cours d’une
symphonie, en reprenant le thème musical avec des variations. Le style est aussi le reflet des images
et récits qui sont bousculés par la maladie dans le cerveau d’Adria.
L’auteur exige de l’attention du lecteur, mais croit aussi en notre intelligence de lecteur, n’hésite pas
à nous bousculer, nous fait confiance, et c’est un vrai bonheur de lecture.
Récit puissant, qui mène le lecteur au bord du gouffre et du vertige, «Confiteor » est un livre qu’on
n’oublie pas. L’auteur dit dans un entretien qu’il a l’impression de « s’évanouir » à la fin de son travail
d’écriture tant son travail a été un compagnonnage intime avec son récit. Après, pour « revenir à
lui », il n’a qu’une solution : se remettre au travail et écrire. Mais nous lecteurs, quand son récit se
termine, nous avons aussi l’impression d’être abandonnés : et ce sentiment, il n’y a que les très
grands écrivains qui peuvent nous le donner.
Cet article a utilisé des éléments du supplément « livres » du journal « Le Monde » du 20.09.2013.

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